Le coquelicot, nouveau symbole des anti-pesticides

Le coquelicot est le symbole mal choisi d’une guerre absurde contre le monde moderne et l’agriculture de qualité.

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Like a watercolor painting by Marilylle Soveran(CC BY-NC 2.0)

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Le coquelicot, nouveau symbole des anti-pesticides

Publié le 17 septembre 2018
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Par Wackes Seppi.

Il y a eu dans le JDD du 1er septembre 2018 « Audrey Pulvar, Nagui, Sophie Marceau… L’appel des personnalités pour des cantines bio et locales », avec 24 autres signatures.

Il y a eu dans Le Monde du 3 septembre 2018 (date sur la toile), pleine page intérieure dans la version papier et grosse pustule en Une, « « Le plus grand défi de l’histoire de l’humanité » : l’appel de 200 personnalités pour sauver la planète » (notre analyse ici).

Il y a eu dans Libération du 7 septembre 2018 un « Réchauffement climatique: « Nous en appelons aux décideurs politiques »», un « appel des 700 ».

Il y a eu dans Charlie Hebdo », le 12 septembre 2018, « Nous voulons des coquelicots ».

Ce qu’il y a de formidable dans ce demon de ouf – ce monde de fou – c’est que l’opération de com’ a pris les devants. Le Monde de M. Stéphane Foucart – oui, le monde est petit… enfin au sens de l’étroitesse des liens dans le monde de l’activisme – nous apprend déjà que :

Une centaine de personnalités – scientifiques, artistes, militants, même l’Église catholique – réclament l’interdiction immédiate de tous les pesticides de synthèse.

Euh ! Minute ! L’auteur principal de la prose militante nous informe, via Le Monde de M. Foucart que :

Le texte est signé par cent personnes qui ne sont pas particulièrement connues ou médiatiques, mais qui sont le reflet de la société française.

Les copies avant l’original… le service après-vente avant la vente

Mais ne boudons pas le plaisir de commenter ce texte prodigieux avant même d’en voir l’original, la liste des « personnalités » et le reste du numéro de Charlie Hebdo dont on nous dit qu’il est « entièrement consacré à la question des pesticides et de leurs conséquences sur l’environnement ».

Car nous disposons même du texte.

« Nous ne reconnaissons plus notre pays ; la nature y est défigurée. Le tiers des oiseaux ont disparu en quinze ans, la moitié des papillons en vingt ans ; les abeilles et les pollinisateurs meurent par milliards. Les grenouilles et les sauterelles sont comme évanouies ; les fleurs sauvages deviennent rares. Ce monde qui s’efface est le nôtre et chaque couleur qui succombe, chaque lumière qui s’éteint est une douleur définitive. Rendez-nous nos coquelicots ! Rendez-nous la beauté du monde ! »

Question chronologie

Cette merveille littéraire a-t-elle été pondue pour coïncider avec la reprise des travaux de l’Assemblée nationale sur le projet de loi « agriculture et alimentation » (selon le dernier titre en usage « pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous ») ?

Ou pour stimuler les ventes de « Nous voulons des coquelicots » de M. Fabrice Nicolino et M. François Veillerette, maintenant directeur et porte-parole de Générations Futures, la petite entreprise qui fait le bonheur du biobusiness ?

Le livre sort en librairie le 13 septembre. Il est publié par la maison d’édition LLL, Les liens qui libèrent, qui a été « créée en association avec Actes Sud », la maison d’édition de Mme Françoise Nyssen, ministre de la Culture.

Que veulent-ils ?

Un truc signé par « [u]ne centaine de personnalités – scientifiques, artistes, militants, même l’Eglise catholique » qui, en fait, « ne sont pas particulièrement connues ou médiatiques » comporte nécessairement une revendication.

Là, nous avons l’embarras du choix.

M. Stéphane Foucart nous précise que c’est un « appel demandant l’interdiction immédiate de tous les pesticides de synthèse ».

Mais bien plus virulente est la présentation du « bref ouvrage en forme de plaidoyer, coécrit par Fabrice Nicolino et le militant anti-pesticides François Veillerette » – c’est l’hommage prénatal de M. Foucart :

Non, nous ne voulons plus. À aucun prix. Nous exigeons protection. Nous exigeons de nos gouvernants l’interdiction de tous les pesticides en France. Pas demain. Maintenant. Assez de discours, des actes.

Nous vous ferons grâce de la description apocalyptique d’un monde dans lequel les auteurs – et leurs futurs lecteurs – ont survécu par extraordinaire. Sauf pour la première phrase :

Les pesticides sont des poisons qui détruisent tout ce qui est vivant.

« Pas demain. Maintenant. »

Ces gens – les auteurs et les signataires présents et à venir (car, si nous avons bien compris, c’est le point de départ d’une campagne) – ont-ils une idée de l’énormité de leur revendication ?

L’appel se veut selon M. Nicolino « un grand mouvement en faveur de la vie ». En l’occurrence, c’est peut-être une réalité…

Ils seront ravis, les petits cryptogames qui envahissent les feuilles de la vigne ou de la pomme de terre et détruisent la grappe ou font pourrir le tubercule ; les mauvaises herbes – oups ! Les « adventices » – qui concurrencent nos cultures ; les petites bêtes qui boulottent notre blé.

Qui dit stop aux « pesticides » exige également la damnation des « biocides ». Les moustiques pourront nous piquer et nous transmettre (ou nous transmettront bientôt) de gentils virus qui nous infligent de belles fièvres comme la dengue ou le chikungunya ou encore le zika ou le Virus du Nil occidental.

Les agriculteurs (et les gestionnaires de la santé publique) trouveront sans nul doute – « pas demain. Maintenant – des solutions. On claque des doigts… et Joséphine Ange gardien est là… L’INRA nous dira sentencieusement que c’est possible, tout en publiant un tableau avec plein de cases rouges

Le rendement du blé chutera d’une moyenne de quelque 74 quintaux/hectare à quelque 29 quintaux/hectare (c’est le tarif actuel en « bio »)… Nous cesserons d’exporter et d’alimenter une balance commerciale bien mal balancée et nous importerons de quoi faire la soudure…

(Source)

C’est évidemment dans l’hypothèse où les agriculteurs utiliseront des techniques « alternatives » pour réduire la présence des mauvaises herbes – oups ! Des adventices – dans leurs champs. Mais nos deux activistes ont une revendication : « Rendez-nous nos coquelicots ! Rendez-nous la beauté du monde ! » Alors, quelle densité de coquelicots dans les champs de blé ?

Et comme il ne serait question de discrimination, quelle densité d’autres plantes messicoles ? Quel sacrifice en termes de rendement ?

(Source)

Usurper le symbole du coquelicot, quelle honte !

Cet « appel » n’est pas seulement imbécile sur le plan du fond. M. Foucart nous informe :

Les premiers signataires entendent faire vivre l’appel pendant plusieurs mois et se fixent comme objectif de rassembler cinq millions de signatures en deux ans, par le truchement d’un site Internet en préparation. Une petite cocarde en tissu, en forme de coquelicot, est aussi en cours de fabrication. Fabrice Nicolino espère qu’elle deviendra rapidement à la défense de l’environnement ce que la petite main jaune arborant le « Touche pas à mon pote » de SOS-Racisme a été à l’antiracisme.

C’est une injure aux quelques 750 000 Britanniques – 950 000 pour l’ensemble de l’Empire Britannique – qui ont perdu la vie, majoritairement sur le sol de France, lors de la Première Guerre Mondiale (et aux autres victimes de guerre) et dont les Britanniques d’aujourd’hui honorent la mémoire en portant un poppy à la boutonnière dans les premiers jours de novembre.

Pourquoi le coquelicot ? Il y a le poème In Flanders Fields. C’était aussi une des première plantes à fleurir sur les champs de bataille après les bombardements. Comme aujourd’hui sur les friches fraîchement remuées.

Sur le web

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  • Le retour du Lyssenkisme.

  • Pourquoi pas la folle avoine ? Ah oui c’est moins visible et moins glamour donc moins vendeur. Si ces personnes veulent voir des coquelicots qu’ils visitent des parcelles de céréales bio. A raison de 50 à 200000 graines par pied et d’une longévité de plus de 50 ans dans le sol, les coquelicots ont plus d’avenir que ces gugus.

  • 22 pied de coquelicot au m² pour 5% de baisse de productivité , on est dans un champs de coquelicot !? 😉

  • Prendre comme référence le rendement actuel du bio est encore gentil. Il s’agit du rendement du bio entouré de champs protégés.

    C’est la même chose qu’en médecine, on peut ne pas se protéger soi-même si tous les autres le font. C’est le principe de la couverture vaccinale.

    Aucun risque d’une infestation catastrophique pour l’instant. Mais si la loi interdit les pesticides de partout, plus moyen de se comporter en passager clandestin.

    • Quelle couverture vaccinale?

      Celle qui transforme une maladie infantile presque toujours bénigne en maladie tardive très dangereuse, catastrophe prévisible et prévue conséquence de la débilité des vaxxers utilisée par les mêmes vaxxers qui sont les communistes de la médecine.

  • Ces signataires ne sont que des bobos des villes!!!
    Ils font le jeu des lobby du bio qui ne valent pas plus cher que les autres lobby.
    Il fallait bien trouver de nouvelles niches pour arriver à faire acheter à la société de consommation occidentale qui est équipée , voiture, frigidaire, machine à laver le linge, la vaisselle, etc., on a bien trouver l’obsolescence pour obliger à renouveler le matériel mais ce n’est pas suffisant.
    Alors on a trouvé le bio qui permet d’augmenter les prix en plus du renouvellement de l’équipement, et de l’achat de produits bio pour se nourrir.
    Ils n’ont jamais eu l’idée de participer au développement des pays en voie de développement mais ils y auraient trouver une clientèle autrement plus nombreuse. Et au moins ils auraient rendu plus de services à toute une partie de l’humanité qui n’a rien!

    • Oh mais si, ils pensent très largement aux pays en voie de développement, il faut bien que les « produits naturels » si bons pour leur santé soient produits quelque part. Et en général la culture des plantes utilisées pour remplacer les glyphosates et autres ne se passe pas de ces pesticides de synthèse.
      Mais au-moins, ça ne se passe pas chez nous, c’est dans certains pays d’Afrique, on pourra toujours s’indigner plus tard.

    • @ lapaladine
      Assez d’accord avec vous que la mode bio, on en parle beaucoup en France où les agriculteurs en ont besoin pour augmenter leur revenu trop limité, pas forcément ailleurs.

      En Allemagne où on est souvent assez naturiste et pro-santé, cela se passera aussi sans doute, mais pas dans l’indifférence de Bayer-Monsanto:faut pas charrier!

      • en Allemagne ils ont de la mémoire!
        le pb sur les germes de fenugrec bio a quand même tué 54 personnes et « blessé » plus de 2000 autres (soit en fauteuil roulant soit dialysé a vie) en 20011 ou 2012…
        je ne retrouve pas de cas aussi « cata » en ali conventionnel.

        • @ yann
          Merci pour votre intervention.
          Je n’avais plus le souvenir de cette intoxication alimentaire infectieuse (Escherichia coli) très sérieuse.Il y avait 2 facteurs: la contamination d’origine X et la germination en milieu humide et chaud qui a démultiplié ces bactéries.

        • Une catastrophe sanitaire dont les journalistes parlaient tous les jours et qui a disparu des écrans le lendemain du jour où le bio a été mis en cause

  • C’est trop cool l’agriculture biologique ,d’exportatrice la France devient importatrice ,les francais ne seront plus obèses et pour cause il n’y aura pas de frigo pour tout le monde ni d’électricité ni un tas d’autres machins, l’état lui sera toujours plus gros et gourmand ,, tiers monde , nous voilà…..

  • J’adore la chute de cet article fort bien documenté ! Il y a déjà beaucoup de friches industrielles en France, bientôt la plaine de Beauce sera une gigantesque friche car à n’en pas douter les agriculteurs cesseront de cultiver quoi que ce soit s’ils ne disposent plus de pesticides …

  • Très bon article et un livre à ni acheter ni lire!

    • @ Mariah

      Le lire, pourquoi pas? L’acheter n’est pas nécessaire!
      Connaitre les idées assénées et répandues peut toujours être utile pour qui veut se déterminer (pour ou contre, à la française, ou avec des nuances).

      Par contre le coquelicot est une gaffe imbécile, évidemment!

  • Faut-il rapprler à ces bonnes consciences urbaines qui rêvent de la campagne, que les plus de 60 ans qui sont typiquement les enfants de l’agriculture intensive ont une espérance de vie qu’on n’a jamais connue auparavant, quand il n’y avait pas de « pesticides » justement? Savent-ils au moins ce que signifie précisément ce mot?

  • la nouvelle donne écologiste sur les bords de route : FAUCHAGE RAISONNE….

  • Le coquelicot est certainement un symbole judicieusement choisit.

    il y a eut des articles dans la presse. « He minute, … le texte est signé par cent personnes qui ne sont pas particulièrement connues… ».
    Cela veut il dire qu’il faut être connu pour avoir raison? Je reconnais bien la l’amalgame d’une pensée confusionnelle, la reconnaissance ne doit elle pas être de nature scientifique?

    « un truc signé… comporte nécessairement une revendication… » »pas demain, maintenant » »… ont ils une idée de l’énormité de leur revendication? ».
    Bien sûr qu’ils ont une idée de l’énormité de la revendication, si c’est mauvais aujourd’hui pourquoi attendre à demain? Si on propose d’attendre à demain n’est ce pas dans le fond pour dire que, ce n’est pas si mauvais que cela après tout, on peut bien attendre quelques cancers supplémentaires avant de l’interdire, ou plutôt de continuer à l’accepter puisque de toute façon la relation pesticides-cancer n’est pas formellement démontrée. Avez-vous une idée de l’énormité de votre propos d’attendre à demain?

    « les moustiques pourront nous piquer et nous transmettre… »
    J’habite en bord de Saône, autant dire une zone propice aux moustiques. Cet été j’ai été surpris de ne pas être piqué par des moustiques alors que la nuit ma fenêtre est grande ouverte. En fait, j’ai réalisé que dans mon jardin (propice à la biodiversité et sans chimie) quelques chauve-souris ont élu domicile. Elles sont bien plus efficace que la chimie contre les moustiques, vous pouvez me croire.

    « le rendement du blé chutera… »
    Pourquoi faire des rendements de blés extraordinaires? Pour les revendre aux pays étrangers, par exemple aux africains qui ont faim. La revente de céréales en Afrique se fait à un coût inférieur à ce qui est produit sur place. Résultat: les paysans africains délaissent leur culture et vont grossir les bidonvilles. Il suffit que la production en France soit autosuffisante, pourquoi exporter vers l’Afrique? Ce qu’il leur faut c’est une aide agronomique, pas une exportation à bas prix qui casse leur agriculture et les rend encore plus dépendant.

    « cet appel n’est pas seulement imbécile sur le plan du fond… c’est une injure aux quelques 750.000 britanniques qui ont perdu la vie … sur le sol de France… »
    Je vous rappelle M. Wakes Seppi qu’à l’époque où ces soldats ont perdu la vie les coquelicots fleurissaient en nombre sur le sol de France. Votre utilisation de cet argument alors que précisément c’est la chime qui a conduit à la disparition des coquelicots est une ignominie.
    Pouvez-vous dire aux lecteurs de cet article quels sont les financiers qui vous paye? Qui vous arrose pour ce travail de larbin? Etes-vous un fonctionnaire onusien retraité comme l’indique une simple recherche sur gogle? Tout est bon pour faire chauffer la gamelle ?

    • vous avez bien récité votre catéchisme vert, c’est bien, vous aurez une belle photo d’un coquelicot.
      Une religion
      et rien ne peut aller contre les dogmes d’une religion
      mais à force, les gens vont un jour se réveiller
      quant la baguette sera à 3 euros, le litre de fuel à 5 euros et le kwh à 3 euros
      et c’est bien parti

    • « une ignominie » oui c’est une ignominie de faire autant preuve de bêtise/non compréhension de ce qu’on lit (et dit apparemment).
      le coup des chauves souris pour ne plus être gêné par les moustiques est géniale et démonstratif de ce que valent vos «  »idées ».
      Pour finir comme d’habitude , les anti « on ne sait plus quoi » (et on s’en fou) n’ayant pas d’argument valables (a part des chauves souris) on dénigre celui qui émet des opinions différentes puisque incapable de contre argumenter. Toujours aussi minable comme démarche (et trop facile mais là, c’est du niveau de ceux qui exploitent cette technique)

  • Les commentaires sont fermés.

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