Par Aurélien Chartier.
Il y a des livres dont on ne peut s’empêcher de finir la lecture, un peu hébété, comme étonné de revenir au monde réel après avoir été transporté dans un autre univers, parfois féérique, parfois cauchemardesque. Dans cette seconde catégorie, on trouve dans mon cas La ferme des animaux de George Orwell, placé par erreur dans la catégorie des livres pour enfants de ma bibliothèque locale. Difficile de décrire le choc de découvrir cette critique acerbe du communisme à l’âge de 9 ans.
Quelques 20 ans plus tard, j’ai pourtant l’impression d’avoir reçu exactement le même choc à la lecture du livre de la réfugiée nord-coréenne Yeonmi Park. La fermeture de ce pays au reste du monde empêche de savoir avec précision ce qui se passe sur place. Loin de la propagande du gouvernement, Je voulais juste vivre est un témoignage qui permet de se rendre compte de l’état dramatique des droits de l’homme dans un des derniers bastions communistes.
La vie quotidienne en Corée du Nord
Plus important peut-être, le livre éclaire de nombreux aspects de la vie quotidienne en Corée du Nord qu’un Occidental ne pourrait imaginer. Il dépeint un univers dystopique où la faim, le froid et la police gouvernementale sont des menaces permanentes.
La faim d’abord, avec les famines massives des années 1990 une fois que l’aide de l’URSS et de la Chine se soit tarie. Si la situation du pays n’était guère idyllique auparavant, Park notait que les gens mangeaient à leur faim. Elle n’a pas eu cette chance, son récit ayant le thème de la nourriture en fil rouge continu. Une fois son père arrêté pour contrebande et sa mère essayant désespérément de le sauver, elle manque de mourir de faim avec sa sœur, contraintes de chasser des insectes afin de survivre au printemps. Ce printemps que nous considérons comme symbole de la vie est l’exact opposé en Corée du Nord où la fin de l’hiver signifie aussi la fin des réserves de nourriture.
Le froid aussi sévit dans le nord du pays avec de nombreuses coupures d’électricité, parfois pendant plusieurs semaines. Une seule ligne d’eau courante n’étant pas gelée durant l’hiver, les deux sœurs doivent se relayer pour attendre dans le froid leur tour d’obtenir un seau d’eau courante. Pyongyang, vitrine du pays à l’étranger, se doit de montrer une façade de ville normale. Ce n’est pas le cas du reste du pays où les usines ont cessé de fonctionner avec la fin de l’aide soviétique.
Des stratégies de survie
Les gens survivent donc de ce qu’ils peuvent cultiver dans des conditions que l’on ne peut qualifier que de moyenâgeuses. Park décrit ainsi des scènes surréelles où des paysans se battent pour des défécations humaines et animales afin de les utiliser comme fertilisant. Les enfants sont encouragés à se retenir d’aller aux toilettes à l’école, afin de réserver leurs selles pour la culture familiale plutôt que pour celle commune de l’école.
Une autre manière de survivre est la contrebande, ce qui nous amène à la menace la plus dangereuse : celle du gouvernement. La contrebande est considérée comme un outil capitaliste et est bien entendu interdite. Toutefois, le gouvernement se voit obligé d’assouplir cette position après les famines massives. Mais la punition reste extrêmement sévère pour ceux qui deviennent trop visibles comme le père de Park. Enfermé dans un camp de labeur forcé pendant plusieurs années, il cause également l’ostracisation du reste de sa famille.
Le régime a mis en place un système complexe de 3 castes : révolutionnaires, gens « normaux » et hostiles au gouvernement. Elles contiennent chacune plus de 50 sous-castes. Chaque crime rétrograde la famille entière dans une caste inférieure, la coupant de certaines activités ou occupations. Dans les régions les plus dévouées au régime, des sessions de critiques sont organisées au cours desquelles les gens s’accusent les uns les autres sur leurs manquements. Le livre décrit une atmosphère étouffante de pression sociale où on ne peut faire confiance qu’à sa plus proche famille.
Les films occidentaux pour tenir
Un autre élément particulièrement intéressant est que malgré la censure officielle du monde extérieur, la contrebande permet d’obtenir des copies de films et séries venant de Corée du Sud. Malgré les risques encourus, les Nord-Coréens sont très friands des médias provenant de leurs voisins. Park explique cela par le fait que cela leur permet d’échapper à la réalité qui les entoure.
Cette consommation de films occidentaux montre aussi un exemple particulièrement troublant de double-pensée orwellienne où les Nord-Coréens restent convaincus de vivre dans le meilleur pays au monde tout en voyant des personnes ordinaires vivre dans un luxe qu’ils n’obtiendront jamais. Cette même double-pensée qui leur permet d’ignorer les enfants pauvres mendiant dans la rue, avant de finir par disparaitre, victimes de la faim.
Park décrit ensuite son voyage en Chine dans le milieu du trafic humain avec des histoires tout aussi épouvantables. Enfin, la dernière partie du livre relate son arrivée en Corée du Sud et son adaptation difficile à la société moderne. Cette partie plus optimiste permet de finir le livre sur une note d’espoir, mais n’efface en rien l’horreur de la dictature nord-coréenne. Ce témoignage bouleversant permet de mesurer à juste titre l’importance fondamentale des libertés que nous avons en Occident et la nécessité de les défendre au quotidien.
Yeonmi Park, Je voulais juste vivre, Livre de Poche, 2017, 384 pages.
« l’état dramatique des droits de l’homme dans un des derniers bastions communistes ».
le régime communiste a toujours été un régime dictatorial qui sous prétexte d’égalité a imposé au « peuple »une idéologie mortifère ( Staline ) .qu’on me cite un seul pays ou un tel régime ait réussi!
La France? Enfin, pour le moment…
On a dit : « réussi », il n’a pas dit : « s’est maintenu ».
Là bas, c’est bien la merde.
« Le régime a mis en place un système complexe de 3 castes : révolutionnaires, gens « normaux » et hostiles au gouvernement. »
Ouvrez les yeux, nous avons le même système : la Nomenklatura et ses amis, ceux qui ont voté Macron et les pestiférés d’extrême droite.
Tous les régimes communistes, tous les totalitarismes aboutissent au même résultat. Y compris la « république » française.
Très juste, y compris aux USA lorsque Hillary a osé traiter les défavorisés de gens déplorables! Il y a l’establishment, les électeurs démocrates… et les gens déplorables!
@Virgile : Hillary Clinton est une politicienne corrompue jusqu’à l’os qui possède un nombre incalculable de défauts et de casseroles. Par exemple, tel que je l’expliquais dans un ancien message : « C’est impossible d’apporter son soutien à Clinton si on est vraiment libéral (au sens français du terme) car tout le programme de Clinton est anti-libéral. Un tel programme fera beaucoup plus de mal que de bien à tout ceux qu’il prétend défendre, c’est-à-dire aux pauvres, aux femmes, et aux minorités. Clinton est pire que Trump au sujet de la fiscalité, du port d’arme, de la santé, et elle est tout aussi protectionniste que lui. En politique étrangère c’est plus difficile de se prononcer : à priori Clinton est pire que Trump, mais en réalité tous les deux sont plus ou moins des va-t-en-guerre. »
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Ainsi donc, étant donné tous les défauts facilement identifiables d’Hillary Clinton, cela ne sert strictement à rien de mentir en lui ajoutant des défauts qu’elle n’a pas ou en lui attribuant des fautes qu’elle n’a pas commise. C’est un mensonge total de prétendre qu’elle a injustement qualifié de «déplorables» l’ensemble des électeurs de Trump (ou les défavorisés.)
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En réalité, le propos de Clinton, bien que maladroit et hypocrite, était beaucoup plus nuancé et pertinent qu’il ne le paraissait. Clinton a qualifié de «déplorables» uniquement la partie des électeurs de Trump qui sont, je cite, « racistes, sexistes, homophobes, xénophobes, islamophobes, tout ce que vous voulez », tout en prenant auparavant le soin de préciser que c’était de sa part une exagération (une « grossière généralisation ») de prétendre que ces «déplorables» représentaient en terme de proportion la « moitié » des électeurs de Trump.
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Dans ce même discours Clinton a de surcroît pris le soin de préciser que l’autre partie des électeurs de Trump n’étaient nullement à ses yeux des gens irrécupérables et que par conséquent il fallait essayer de les comprendre et d’avoir de l’empathie pour eux : « that other basket of people are people who feel that the government has let them down, the economy has let them down, nobody cares about them, nobody worries about what happens to their lives and their futures, and they’re just desperate for change. It doesn’t really even matter where it comes from. They don’t buy everything [Trump] says, but he seems to hold out some hope that their lives will be different. They won’t wake up and see their jobs disappear, lose a kid to heroin, feel like they’re in a dead-end. Those are people we have to understand and empathize with as well. » ( Source : https://www.politifact.com/truth-o-meter/article/2016/sep/11/context-hillary-clinton-basket-deplorables/ )
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En conclusion : les « racistes, sexistes, homophobes, xénophobes » que Hillary Clinton a critiqué sont une réalité, donc reprocher à Clinton de les avoir qualifié de « déplorables » c’est en quelque sorte lui reprocher d’appeler un chat un chat, c’est-à-dire lui reprocher de dire la vérité.
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Clinton est fautive d’être une politicienne corrompue, Clinton est fautive de promouvoir des politiques anti-libérales, Clinton est fautive d’avoir complètement exagéré le nombre des « déplorables » qu’il y a parmi les électeurs de Trump, Clinton est fautive d’être une hypocrite qui fait semblant de ne pas comprendre qu’il n’y a pas de différence entre les « déplorables » qu’elle critique et, par exemple, les rappeurs avec lesquelles elle adore s’afficher. (Ces rappeurs sont fiers d’être homophobes, sexistes, racistes anti blanc, fiers d’être incultes, fiers d’avoir été des cancres à l’école, fiers d’avoir des casiers judiciaires long comme le bras, etc…) Cependant Clinton n’est nullement fautive d’avoir constater qu’il y a parmi les électeurs de Trump des «déplorables»
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Non seulement ces « déplorables » existent mais en plus ils sont réellement irrécupérables : ils refuseront toujours d’assumer les conséquences de leurs choix personnels, ils n’admettront jamais leur part de responsabilité dans leurs échecs personnels (échec scolaire ou professionnel ou familial ou autre.)
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Si Trump se souciait vraiment de cette partie « déplorable » de son électorat, s’il s’intéressait réellement à l’avenir des « déplorables », il leur aurait dit la vérité : « vous êtes en partie responsable de votre situation actuelle. » Au lieu de ça, en bon politicien, Trump s’est juste contenté de leur dire ce qu’ils voulaient entendre, grosso modo : « Vous n’êtes responsables de rien ! Rien n’est jamais de votre faute ! Tout est toujours la faute du libre-échange, de la Chine et des immigrés illégaux ! Tout est toujours la faute de quelqu’un d’autre ! »
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Certes, ça aurait été mieux que Clinton critique les « anti-musulmans » plutôt que les « islamophobes » ( Car on peut être opposé à l’islam en tant que religion rétrograde sans forcément être opposé aux musulmans en tant qu’individus.) Cependant, si on fait abstraction des maladresses au niveau de la forme, fondamentalement la phrase de Clinton sur les « déplorables » est probablement l’une des seules bonnes choses qu’elle ait dite durant toute la campagne électorale. C’est l’une des seules phrases de Clinton qui n’était pas un mensonge. Aussi paradoxale que cela puisse paraitre c’est le seul moment où elle s’est montré aussi politiquement incorrect que Trump.
N’importe quoi. La France de Macron serait le « même régime » que celui de la Corée du Nord. Dire cela c’est non seulement totalement à côté de la plaque, mais en plus c’est un manque d’empathie profondément irrespectueux pour les victimes de ces régimes dictatoriaux.
Des propos à gerber. Surtout après un tel article qui rappelle les monstruosités de ces régimes communistes.
Non, mon bon monsieur, la souffrance que vous fait subir Macron n’est pas comparable à la souffrance vécue par Yeonmi Park.
@Raphaël
Votre réponse semble indiquer que vous appartenez à la 2ème catégorie, les gens « normaux » qui se font des illusions sur la 1ère catégorie et qui sont indifférents aux drames que vivent ceux de la 3ème catégorie. Par inconscience ou lâcheté, c’est selon.
Essayer de vous opposer au système avec efficacité si vous en avez les capacités, et vous allez mieux comprendre la réalité du pays dans lequel vous vivez. Vous verrez qu’elle fait peur. Et ce sont les meilleurs qui en ont le plus peur car les incapables n’en ont rien à craindre.
(Quant à Macron, ce n’est qu’une marionnette de plus dans l’histoire qui ne fait que passer, inutile d’en parler).
Oui, mais on en prend le chemin, petit pas après petit pas.
Les flics sont venus me menacer un jour à mon domicile pour un courrier pas très bisou adressé à leur directeur, lequel fut viré à la demande de Sarkozy pour insuffisance de résultats. Comme quoi…
@RX33
Bonsoir,
« Ouvrez les yeux, nous avons le même système : la Nomenklatura et ses amis, ceux qui ont voté Macron et les pestiférés d’extrême droite. »
Ca fait très Ancien Régime :
la Nomenklatura : la nouvelle aristocratie dont macron est le roi ;
« ceux qui ont voté Macron » et qui le vénèrent : le nouveau clergé, avec a nouvelle religion et ses bigots ;
« les pestiférés d’extrême-droite » : le Tiers-Etat, les gueux, les bourgeois Kapitaliste et tout ce qui est contre les deux premiers.
« Tous les régimes communistes, tous les totalitarismes aboutissent au même résultat. Y compris la « république » française. »
Yep ! Dire qu’il y en a certains qui soutiennent ce système ! Nous nous trompons peut-être tous, les S.T.O devaient être une cure thermale. Non ? (Je sais que ce n’était pas le cas, mon grand-père y avait été envoyé.)
Ce témoignage doit rappeler celui de Kravchenko (« j’ai choisi la liberté ») ?
le communisme ne tient que par l’esclavagisme dans lequel il maintient une partie de la population (les camps de travail).
Les autres n’étaient pas esclaves ? Un peu de sérieux. n’importe qui pouvait finir au goulag, y compris les bourreaux.
Ce n’est en fait que de l’esclavage. Il faut désigner un tel état par son terme approprié! Une personne ne possédant aucun droit, à la propriété d’un particulier ou d’un état, n’est rien d’autre. Dans l’antiquité il y avait des esclaves publics!
Et dire que dans ce pays les médias nous balancent du Mélanchon à LONGUEUR de journée…