Donald Trump sur le libre-échange : bluff ou pas bluff ?

Donald Trump rencontre aujourd’hui Jean-Claude Juncker à Washington. Hier, il a proposé sur twitter le libre-échange total entre Etats-Unis et Union Européenne. Alors, il bluffe ou il ne bluffe pas ?

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Donald Trump sur le libre-échange : bluff ou pas bluff ?

Publié le 25 juillet 2018
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Par Frédéric Mas.

Donald Trump a déclaré « avoir une idée », sur Twitter mardi, c’est-à-dire la veille de sa rencontre avec le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker : il a proposé que les États-Unis comme l’Union Européenne se débarrassent de leurs droits de douane, des barrières et des subventions dans le domaine du commerce. Ainsi, pour le président américain, on pourrait parler de marché libre et de « commerce équitable ».

Le président américain est familier des déclarations intempestives sur Twitter, souvent provocatrices, exagérées, quand elles ne sont pas contradictoires entre elles. Lundi dernier, c’est par tweets interposés qu’il a provoqué son homologue iranien, suscitant inquiétudes et effarement partout dans le monde.

En matière de libre-échange, si la proposition radicale de Donald Trump s’apparente à une idée à la fois innovante et véritablement juste, puisque favorable au commerce et à la prospérité de tout l’Occident, elle peut légitimement susciter le scepticisme. En effet, en pratique, Donald Trump s’est engagé dans une guerre commerciale tous azimuts au nom de la protection des travailleurs américains, revenant sur les traités Trans-pacifique et transatlantique, ou encore en taxant les importations d’acier et d’aluminium en provenance de l’Union Européenne. Les premiers effets négatifs de ce retour au protectionnisme économique se sont déjà faits sentir par la pénalisation de la compétitivité et des consommateurs américains.

Une fois écartée la provocation, sans doute faut-il voir dans ces tweets deux idées derrière l’idée :

  • – il s’agit d’abord de mettre les Européens devant leurs contradictions, car ils sont les premiers à utiliser l’arme protectionniste contre les États-Unis. Comme l’a montré Bill Wirtz, l’Union Européenne taxe ordinairement beaucoup plus les produits en provenance des États-Unis que les autres, et c’est ça que Donald Trump veut faire tomber. Bien entendu, prendre des mesures de rétorsions comme il le fait n’est pas une réponse adaptée, puisque c’est le consommateur américain qui payera les pots cassés de l’intensification de la guerre commerciale.
  • – Donald Trump fonctionne au bluff pour remporter une négociation qu’il envisage, en diplomatie comme en politique, comme un deal commercial. Dans son livre sur l’art de négocier, Trump explique que l’un des secrets de son succès est de mettre la pression permanente sur la partie adverse, quitte à exagérer. Dans le cas du commerce entre États-Unis et Europe, proposer le libre-échange total cherche sans doute à abaisser les prétentions protectionnistes européennes. Si Donald Trump bluffe en proposant beaucoup plus de libre-échange, peut-être que l’Europe acceptera de revoir à la baisse ses attentes mercantilistes, au plus grand bénéfice de tout le monde ?

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