L’ère du complotisme : la maladie d’une société fracturée

Promesse manquée de la réappropriation de la parole citoyenne, le discours horizontal répétitif et robotisé des réseaux sociaux, tue non seulement la réflexion, le libre arbitre, mais aussi la créativité, alimentant le terreau de la pensée complotiste.

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Illuminati crédits John Urch (CC BY-NC-ND 2.0)

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L’ère du complotisme : la maladie d’une société fracturée

Publié le 4 juillet 2018
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Par Farid Gueham.
Un article de Trop Libre

« À l’époque d’Internet, tout événement dramatique trouve sur les réseaux sociaux des « analyses » expliquant que la version officielle cache des intérêts secrets selon un plan devant être soigneusement décrypté.[… ] Ces théories du complot ont remis au goût du jour des discours d’inspiration fasciste et antisémite, leur donnant une coloration « moderne ». Sur fond d’islamophobie et de haine des juifs, elles sont sous-tendues par une idéologie réactionnaire qui se nourrit des problèmes sociopolitiques contemporains ».

Marie Peltier, chercheuse et enseignante à Bruxelles, ouvre une porte sur un horizon tourmenté, un siècle en manque de repères, où les tragédies comme le 11 septembre viennent ironiquement réinjecter du sens « dans un Occident, désarmé à bien des égards : en déclin religieux, en désillusion idéologique, en manque « d’ennemi » identifié après la fin de la guerre froide ».

L’implacable prophétie de Samuel Huntington devait donc se réaliser. Le choc des civilisations est derrière nous. Teintées d’une dimension culturelle et même religieuse, ces croisades sont les nouveaux temps forts de l’affrontement physique de ces deux mondes, au-delà des axes politique ou symbolique.

 

Le 11 septembre, un mythe fondateur

C’est au nom de la guerre contre le terrorisme, alors que l’opinion publique est encore sous le choc des attentats, que les offensives américaines vont être lancées en Afghanistan. Une rupture dans la stratégie militaire, nourrie d’arguments dont on sait aujourd’hui qu’ils étaient infondés, à commencer par les armes chimiques.

Internet va jouer un rôle fondamental dans la scénarisation de la lutte anti-terroriste et l’émergence de ce que l’on pourrait qualifier de « problème musulman ». C’est notamment l’œuvre des réseaux d’extrême droite, corollaire de la théorie du grand remplacement.

 

Cassure générationnelle et entrée dans un nouveau paradigme

« L’entrée dans les années 2000 correspond à une fracture générationnelle dont nous n’avons pas fini de prendre la mesure. Dans la nouvelle génération, la plupart des jeunes n’ont plus de lien direct avec la mémoire de la seconde guerre mondiale ».

L’entrée dans l’ère numérique coïncide avec cette rupture générationnelle, tant elle bouleverse le rapport au temps et à la mémoire.

Ce qui se limitait alors aux champs de la transmission orale et écrite est aujourd’hui atomisé, dispersé, dans une logique de démocratisation, et paradoxalement, comme le rappelle Marie Peltier, dans un mouvement de crise de la transmission.

« Avec le web, c’est à la fois à un rapport aux sources problématique et à une libération de la parole […] vecteurs d’une transmission à bien des égards biaisée et apersonnelle, que nous assistons ».

Parallèlement à la quantité incroyable de ressources en ligne, et à son accessibilité, cette révolution transforme en profondeur notre rapport au savoir et à la fiabilité de l’information. Sur les réseaux sociaux, les images sont sorties de leurs contextes. Des clichés de bombardement en Syrie sont publiés avec le hashtag #GazaUnderAttack, mettant en avant des bombardements qui n’auront lieu que cinq jours après les publications en question.

Sur ce même espace des réseaux sociaux, la parole citoyenne, sans balise ni modération, prend le chemin de dérives idéologiques inédites. Manque de rigueur intellectuelle et désinformation jouent le rôle de miroir grossissant pour des images d’injustice qui, si elles ne sont pas clairement identifiées, n’en demeurent pas moins réelles.

« Le phénomène est bien plus profond qu’une désormais récurrente maladresse des internautes : cette libération de la parole sur le web, donnant à chacun ou presque la possibilité de s’exprimer sur les forums, les pages de débats les réseaux sociaux, d’insulter impunément derrière un pseudo, de troller tout ce avec quoi et avec qui l’on n’est pas d’accord a aussi ouvert le champ à des dérives idéologiques se mouvant dans des espaces paradoxalement de plus en plus clivés ».

Promesse manquée de la réappropriation de la parole citoyenne, le discours horizontal répétitif et robotisé des réseaux sociaux tue non seulement la réflexion, le libre arbitre, mais aussi la créativité, alimentant le terreau de la pensée complotiste. Les réseaux sociaux agissent comme des boucles, des mantras obsessionnels et hypnotiques qui enferment les internautes dans des bulles binaires, faites de vérité pure ou de mensonge absolu, sans aucune nuance.

 

Le complotisme, une tradition antisémite

Depuis le XIXe siècle, la sémantique du complot franc-maçon et des Illuminés va progressivement se cristalliser autour de la question antisémite et de l’idée d’un complot juif.

« En 1806, Augustin Barruel va rédiger un faux foncièrement antijuif qu’il fait signer d’un certain capitaine Jean-Baptiste Simonini. Cette lettre prétend que toutes les sociétés secrètes du monde sont dirigées par une secte internationale judaïque, qui tirerait son pouvoir de l’or qu’elle détient ». 

Des éléments de contexte permettent également de comprendre l’essor de cette croyance antisémite, souvent doublée d’une inspiration antirévolutionnaire et conspirationniste, que l’on peut retrouver en 1886 dans la France Juive de Drumont. En 1917, le régime communiste porté par la révolution de février, maintient la diffusion des « Protocoles des sages de Sion », et institutionnalise les pogroms pendant la guerre civile russe entre 1917 et 1923.

Les pamphlets antijuifs se verront accorder un certain crédit, tantôt relayés par des industriels comme Henry Ford, ou par des médias grand public comme le Times de Londres. Par ailleurs, il est intéressant de constater comment le complotisme actuel, d’origine « arabe » ou « musulmane », puise, sur le plan des mécanismes, dans la tradition antisémite européenne.

« Le militant et pamphlétiste d’extrême droite Alain Soral, […] a largement puisé dans la littérature complotiste et antisémite des XIXe et XXe siècles pour fomenter son discours. Sa maison d’édition Kontre Kulture réédite d’ailleurs de nombreux ouvrages de cette époque, que Soral commente abondamment dans des vidéos postées sur son site Égalité et Réconciliation », rappelle Marie Peltier.

 

Quel sens à retrouver ? Les perspectives pour sortir du complot

Et si l’inclusion devait être le nouvel horizon du débat démocratique ?

Dans la lignée des fake news, le complotisme contemporain est le pur produit d’une crise de confiance. Mais ne faut-il pas voir dans cette crise, comme dans toutes les autres, un appel désespérer, pour plus de démocratie et plus de transparence ? La montée de l’individualisme dans la société et sur internet est une des expressions de cette mise à mal des valeurs humanistes et progressistes qui sont notamment aux fondements d’une Union européenne fissurée.

Enfin, contrepartie impérative de la démocratisation et de la massification de l’accès à internet et à l’information, un impératif de réappropriation des outils critiques s’impose. Et dans un contexte de fin des idéologies, le ré-enchantement d’un discours politique, suscitant enthousiasme et adhésion, représente un ultime enjeu de société.

Le combat contre le complotisme sera à la fois virtuel et IRL « in real life ».

« Si le discours conspirationniste prospère par écrans interposés, il faut non seulement investir ce champ, mais aussi proposer des espaces alternatifs au Web, où la rencontre se vit, avant d’être mise en scène et exposée ». 

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  • fracture par les valeurs la façon de penser, cette fracture a la particularité de rendre le dialogue impossible.

    • J’ai souvent réfléchi à cette difficulté.
      Une certaine propagande, répétée sur les médias mainstream, est indifférente au réel, aux faits prouvés: ce qui compte, c’est ce que les gens croient. Je pense à la fameuse théorie du réchauffement climatique, certaines théories écologistes, ou encore la détestation a priori d’Assad ou Poutine. Ce ne sont que des exemples.
      Découle de ce matraquage une fragilité des convictions qui en sont issues. C’est cette fragilité qui induit souvent de la violence envers les contradicteurs: faute d’argument, ce sont alors eux qui sont attaqués comme portant atteinte à une opinion supposée majoritaire qui cimente et sécurise le groupe, et non leurs convictions.

      A contrario, une conviction issue de la vérification rigoureuse des faits, assortie du scepticisme qui accompagne toute démarche scientifique, est plus solide. Remettre en question cette conviction-là suppose de faire la démonstration de son insuffisance, ce dont les victimes de la propagande sont incapables.

      D’où les incompréhensions dans une relation dissymétrique dans laquelle une partie cherche des partenaires pour un débat, tandis que l’autre voit des adversaires qu’il faut exclure.

      Le pluralisme, le débat et la culture sont indispensables en démocratie. Quand Mme Nyssen prétend sauver cette dernière avec la loi fake news, de fait elle l’enterre.

      • @ La petite bête
        « A contrario, une conviction issue de la vérification rigoureuse des faits, assortie du scepticisme qui accompagne toute démarche scientifique, est plus solide. »
        Patatras!
        Les conditions que vous demandez pourront être approchées plus ou moins, suivant le degré d’objectivité du témoin dans sa constatation des faits, mais immédiatement beaucoup moins dans leur récit et encore moins dans leur interprétation des faits. Il faut n’avoir jamais rencontré un magicien-illusionniste pour croire qu’on « sait » sans douter!
        Vous savez que s’il est possible de prouver qu’une tentative de complot a eu lieu, il n’est pas possible de prouver qu’aucune tentative n’a eu lieu: le débat reste donc logiquement inévitable, théoriquement. Humain = subjectif!
        Votre dernier alinéa est donc correct!

    • Le complotisme nait de l’opacité. Quand les choses sont claires sur la table, il n’y a pas de complotisme. Plus on considère qu’on n’a pas a informer les gueux qui ne peuvent pas comprendre, plus cela crée un terreau extrêmement fertile aux idées noires…

  • fracture du fait des valeurs, de la façon de penser , une fracture qui rend le dialogue impossible parce que toute tentative de dialogue arrive toute de suite à l’affrontement..On en arrive à se demander si il est possible de faire société avec des gens qui souhaitent la censure, pensent que les lois ne s’appliquent pas à tout le monde mais aux « salauds ». Je^pense toutefois que la fracture est antérieure à l’ère numérique, je me souviens d’avoir du défendre le pen…l’archétype du salaud étendu à tout son électorat d’ailleurs.
    Internet est juste un révélateur peut être un amplificateur

    • Internet dépouille les informations du contexte qui permettait de stimuler ou non notre sens critique et notre scepticisme. A « c’est sûrement vrai, je l’ai lu dans le journal », mon grand-père répondait « le papier ne refuse pas l’encre ». Pour internet, personne ne répond « Internet ne rejette pas les électrons »…

      • Vous pensez vraiment que les informations mainstream donnent ces éléments de compréhension, sans filtre idéologique?

        • En fait, sans que ce soit parfait, ils en donnent beaucoup plus qu’on ne croit quand on n’a pas suivi les cours de décryptage d’un spécialiste de l’URSS, par exemple. Le filtre idéologique est paradoxalement bien plus facile à identifier et à cerner, pour qui est motivé, dans une information de journal radio, télé, ou papier, que sur internet où en recherchant soi-même l’info on a l’impression d’échapper à ce conditionnement partisan.

          • Ce que vous dites me semble juste dans la mesure où on a tendance à chercher les informations qui nous confortent davantage que celles qui nous dérangent. Il convient donc de varier ses sources et ne jamais abandonner son esprit critique.

          • La détection du filtre utilisé par un média repose plus sur une méthode de recherche des informations qu’une motivation. En effet, particulièrement dans les contextes belliqueux (et nous sommes en plein dedans avec la russophobie ambiante) la propagande fait la loi. Comme 90% de cette propagande consiste à cacher certaines informations, il est nécessaire d’aller pêcher toutes les informations pertinentes chez les adversaires ou ennemis. Ce pourquoi nos élites politico-médiatiques cherchent à supprimer les sources comme RT ou Spoutnik qui sapent la propagande occidentale.

    • Oui, je pense aussi qu’internet n’est qu’un révélateur. « Big Brother » a commencé par nous prévenir que le FN, pardon « l’extrême droite », c’est dangereux. En plus, il ne faut pas s’en approcher, c’est contagieux. Il est vrai qu’une politique migratoire sensée, une justice efficace et une police qui maintient la sécurité et l’ordre public, ça sent déjà « les heures les plus sombres de notre histoire ». Vous ne voudriez tout de même pas être de ce côté-là?
      Big Brother vous a dit et répété de ne pas fréquenter des populistes. Le populisme, ça fait « peuple », ça fait peu cultivé, ça fait Deschiens. Quelle satisfaction de faire partie de l’élite, celle qui sait ce qui est bon pour le peuple (alors que lui, ne le sait même pas). Quel bonheur de se sentir du bon côté, là où justement Big Brother voulait que vous soyez soyez!

      Big Brother vous dit maintenant: les complotistes sont à éviter. Car les systèmes de pouvoir organisés et occultes, ça n’existe pas. Pas plus que les connivences cachées et les manipulations. Tout est transparent, et c’est Big Brother qui vous le dit. Dès que tu vois l’ombre d’un complot, d’une manigance, d’une conspiration, d’une machination, fuyez aussitôt: d’ailleurs vous n’êtes pas fait de ce bois-là, vous qui débusqez habilement les fake news et analyses avec pertinence l’actualité (que te fournit Big Brother).

      Toutes ces lignes Maginot de la pensée, Big Brother les a installées en nous. Pendant des années. Et internet vient bousculer l’histoire contruite par l’oligarchie.
      Si vous voulez retrouver la liberté de vous informer et de comprendre, il va falloir vous défaire des pré-jugés que vous avez acceptés, il va falloir entendre ceux que Big Brother qualifie d’extrémistes, de populistes et de complotistes, peut-être même de racistes, d’antisémites d’ homophobes et autres négationnistes (j’en oublie?). Il va falloir oser regarder du mauvais côté. Votre liberté de penser est à ce prix.

  • En elles-mêmes, les discussions sur les résosocios, quand bien même elles alimenteraient le complotisme, ne dépassent guère l’efficacité ou la dangerosité de propos de comptoirs. Elles ne sont que la traduction de l’impuissance et parfois de la bêtise des « gens qui ne sont rien » comme dirait l’autre…
    Car ce ne sont pas les résosocios qui ont menti sur les armes de destruction chimique en Irak pour déclencher la guerre. Plus près de nous, les résosocios, reflétant la pensée du peuple tres majoritairement hostile au 80, n’ont pas fait bouger d’un iota la position d’un premier ministre autiste et autoritaire.
    Sur les résosocios, on vient avec ses idées toutes faites et on repart avec les mêmes. Je ne crois donc pas beaucoup à l’idée selon laquelle les mauvais penchants de l’humanité, antisémitisme, complotisme, voire terrorisme, s’amplifieraient fans ces endroits virtuels. Ils s’y révèlent, certes, ce qui devraient inciter les Etats à être sensibles à ce pouls de la population, mais ne s’y amplifient pas.

  • Le diagnostique est faux. Internet est à l’image de ces utilisateurs, avant c’était pareil pour le papier et avant encore idem pour la transmission orale. Le complotisme est aussi vieux que l’humanité. Est-ce vraiment un problème au regard des progrès constants des humains. En élargissant le spectre du sens critique je n’ai pas de difficulté à y intégrer le complotisme qui consiste aussi en une remise en question avec raisonnement. Son gros point faible est un certain manque d’objectivité mais sur le principe la mécanique reste la même : apporter un autre point de vue.

    • j’ajouterais qu’on tente de ne viser qu’internet mais les gens ont de quoi se poser des questions aussi…c’est pas comme si l’Etat ne nous gavait que de vérités, à force que nous bourrer le mou en nous racontant que des conneries je comprends celle st ceux qui y réfléchissent à deux fois avant de croire ce qu’on leur raconte.

  • On aurait pu penser que les réseaux sociaux serviraient à socialiser, mais pas du tout : ils servent de caisse de résonance pour s’affirmer en s’opposant. Ils ne rassemblent pas des constructeurs, mais des contempteurs. Dans un club à la mode d’autrefois, c’était exactement le contraire. Mais sur internet, il faut trouver contre quoi s’associer, et si on ne trouve pas, on crée de toutes pièces un complot bouc émissaire.

  • A l’heure où la bien pensance et la pensée unique verrouillent toutes les informations il ne reste plus que les réseaux sociaux pour s’exprimer – et encore , les  » modérateurs  » veillent . Presse , radio , télé tous les médias reprennent en boucle ce que doit avaler le peuple , cet ignorant pour qui il faut réfléchir .
    C’est pour son bien voyons !

    • Très juste! Je me fais même censurer sur le site du Figaro, un comble vu la devise de ce journal qui n’était pas de gauche jusqu’à peu. Mais depuis la candidature de Trump, c’est un déchaînement de haine. Ils ont même un jour diffusé 3 articles anti-Trump en même temps et n’ont pas hésité à s’en prendre à sa femme.

  • Ben Laden formait ses terroristes en Afghanistan et les Talibans avaient fait assassiner Mahoud car ils n’arrivaient pas à le vaincre! C’est pour cela qu’il fallait intervenir pour stopper la peste islamiste!
    Ce n’était pas un complot !
    Et il faudrait que l’auteur évite de mettre sur le compte de l’islamophobie le ressentiment des victimes du djihadisme!

  • Internet, c’est comme une nuit de beau temps sans lune, un océan d’ombre où des propos imparfaits, oubliés aussitôt que rapidement parcourus, servent de toile de fond à des propos brillants d’anonymes qui passent comme des comètes pour illuminer le ciel.

    Internet me frappe d’admiration pour le genre humain, pour sa générosité à s’exprimer avec intelligence, pour l’insignifiance de son éventuelle méchanceté car Internet permet qu’elle soit limitée à n’être que verbale. Or les mots ne tuent pas, quoi qu’en disent ceux qui voudraient supprimer la liberté d’expression, alors que cette liberté n’a besoin de personne, et certainement pas de ces envieux censeurs, pour diffuser les antidotes des poisons qu’elle secrète inévitablement.

    Internet, c’est comme la terre qui composte nos déchets pour en faire un terreau nourricier. Internet recycle les sophismes et les propos outranciers pour faire progresser l’intelligence. C’est ainsi que se poursuit la création du monde dont nous participons de manière plus démocratique que jamais. Il me semble.

    L’auteur de l’article semble jeune sur la photo. Pourquoi perd-il son temps à rapporter des analyses dépassées qui semblent sorties d’une vieille armoire qui sent le renfermé? Pour susciter une réaction qui dise le contraire? Si c’est le cas, voilà qui est fait.

  • Le complotisme n’est pas le pur produit d’une crise de confiance. C’est l’accusation de complotisme (qui n’existait pas il y a quelques années) promue par la propagande dominante, qui vise à saper la confiance dans les medias alternatifs. Or le pluralisme est nécessaire à une démocratie: si l’on considère que les gens peuvent choisir pour qui voter, il faut considérer aussi qu’ils sont calables de faire le tri entre les bobards et la vérité. D’ailleurs les vraies fake news sont rapidement débusquées contrairement aux fake news d’Etat.

  • « les offensives américaines vont être lancées en Afghanistan. Une rupture dans la stratégie militaire, nourrie d’arguments dont on sait aujourd’hui qu’ils étaient infondés, à commencer par les armes chimiques. »

    Confusion. L’argument des armes de destruction massive a été utilisé pour justifier l’attaque contre l’Irak. L’intervention en Afghanistan, deux ans avant l’Irak, était une expédition punitive, une bonne vieille politique de la canonnière qui, dans ses premiers objectifs, a plutôt été une réussite.

  • Dans son titre, l’article postule que la société est fracturée. Il pourrait même dire qu’elle est fracturée multiple, en mille morceaux. Mais le terme de fracture est péjoratif car il fait référence à un accident qui aurait provoqué des cassures.

    Or ce que nous vivons aujourd’hui peut se comprendre, non comme un accident qui aurait fissuré un corps social antérieurement homogène, mais comme un processus de différentiation qui relève d’un principe d’évolution. Car c’est ainsi que nous évoluons, en nous différentiant de plus en plus.

    La conséquence est qu’il n’y a plus de groupe d’appartenance qui soit majoritaire. Tous sont minoritaires et aucun n’est légitime pour imposer sa loi aux autres. Nous ne pouvons nous mettre d’accord que sur des principes éthiques qui permettent à chacun de vivre sa différence comme une application particulière de ces principes. C’est le sens d’un individualisme bien compris qu’il conviendrait de réhabiliter au lieu de le désigner comme cause de divisions.

    La démocratie peut être comprise comme étant le régime politique qui accepte la différentiation comme source d’évolution. Au contraire des régimes totalitaires qui divisent les hommes en groupes hostiles pour régner sur eux et leur imposer une loi artificiellement commune qui bloque leur évolution.

    L’individualisme n’est un danger que pour une dictature, il ne l’est pas pour une démocratie… sous réserve que chacun soit éduqué à savoir composer avec autrui.

    Dans certains pays, l’éducation rend les citoyens capables de s’entendre ; dans d’autres, l’intoxication idéologique fabrique des incapables majeurs que leur manque d’éducation pour savoir s’entendre place sous la coupe de pouvoirs abusifs.

    Ce n’est pas grave, avec Internet, tout le monde aujourd’hui peut s’éduquer et les gens devraient finir par savoir s’entendre pour retrouver leur (idéal de) liberté… et la créativité qui va avec en dépit des combats d’arrière-garde dont l’article se fait l’écho.

  • dire que le complot est partout, tout comme que le complot n’existe pas, est sans doute faux. Il existe un complot pour dénoncer toute forme de complotisme se basant sur la dénonciation des complots de toute évidence farfelus.
    Il y a des stratégies militaires, financières ou politiques qui sont bel et bien des complots. Exemple, les armes de destructions massives, qui ont permis d’envahir l’Irak en 2003.

    • L’article de Frédéric Lordon paru dans Le Monde Diplomatique en novembre dernier, d’une rare pertinence, fait comprendre ce qu’est l’esprit complotiste et quel milieu instrumentalise le concept de ‘théorie du complot’ (le système politico-médiatique). Relisez donc Antigone de Sophocle pour y voir un adepte du complotisme à l’oeuvre (il s’agit du roi-tyran Créon).

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