Par Rick Falkvinge.
Nos parents, dans leur monde analogique, pouvaient lire les informations de manière anonyme, comme ils le voulaient, où ils voulaient, et quand ils voulaient. Pour nos enfants du monde numérique, un flic pourrait aussi bien regarder par-dessus leur épaule : l’État connaît la source des informations qu’ils lisent, quels articles, pendant combien de temps, et dans quel ordre.
Pour nos parents du monde analogique, lire les informations était une activité à laquelle l’État ne s’intéressait pas, et effectivement il n’avait pas à s’en mêler. Nos parents achetaient le journal du matin en échange de quelques pièces au coin de la rue, allaient dans un endroit calme où ils pouvaient s’installer quelques minutes, et commençaient à lire, sans que personne n’interfère.
Quand nos enfants du monde numérique lisent les informations, l’État sait non seulement quelle source ils ont choisi de lire, mais aussi, exactement quels articles ils ont lus, dans quel ordre, et pendant combien de temps. Et plusieurs entreprises commerciales en savent autant. Cela pose au moins trois problèmes majeurs.
Quand l’État sait quelque chose, il se sert de l’information
Voici le premier : comme l’État détient ces données, il essaiera de s’en servir. Plus précisément, il essaiera de s’en servir contre l’individu concerné, éventuellement dans une stratégie de détection anticipée des crimes futurs. Nous avons déjà vu que toutes les données collectées par un État seront, à terme, utilisées contre les individus concernés, avec une absolue certitude.
Dans l’économie de l’attention, les données qui trahissent à quoi nous prêtons attention, en quelles proportions, et pendant combien de temps, sont absolument cruciales pour la prédiction de notre comportement. Et dans les mains d’un État qui fait l’erreur fondamentale de s’en servir pour prédire des crimes, le résultat peut être funeste pour les individus et tout simplement inadmissible de la part d’un gouvernement.
Dès lors que l’État utilise ces données, de quelque manière que ce soit, positive ou négative, elles deviendront inévitablement des « métriques d’Heisenberg » – l’utilisation des données finira par modifier ces mêmes données.
Par exemple, si quelqu’un au sein de l’État décide que se renseigner sur la frugalité est probablement un indicateur de pauvreté, et détermine l’attribution des aides de l’État en fonction de ce critère, alors cette politique va immédiatement inciter les gens à se renseigner davantage sur la frugalité. Les « métriques d’Heisenberg » sont des métriques que leur processus de mesure rend immédiatement invalides1.
Ce que l’État sait, d’autres le savent aussi
Le second problème c’est qu’il n’y a pas que l’État, mais aussi d’autres acteurs commerciaux, qui chercheront à faire usage de ces mesures, quand bien même ce sont des « métriques d’Heisenberg ». Peut-être que quelqu’un pensera que lire des fanzines sur l’acrobatie à moto aura des conséquences sur votre intégrité physique et donc sur votre prime d’assurance voiture.
Votre comportement est connu
Le troisième problème est subtil et sournois, mais bien plus grave : l’État sait non seulement quels articles vous lisez et dans quel ordre, mais il sait aussi, par conséquent, quel est le dernier article que vous avez lu et ce que vous avez fait juste après l’avoir lu. En d’autres termes, il sait très précisément quelle information vous a mené à cesser de lire et à adopter plutôt tel ou tel comportement spécifique. C’est un renseignement bien plus important que d’avoir une connaissance générale de vos habitudes et préférences en matière d’information.
La capacité à prédire les actions d’une personne avec un degré élevé de certitude est bien plus dangereuse que la vague connaissance de ses préférences en termes de loisirs.
Nos parents du monde analogique avaient, parmi leurs droits à la vie privée, la possibilité de choisir leur source d’informations anonymement, sans que quiconque ait la permission (ni la possibilité) de savoir quels articles ils lisaient, dans quel ordre ou pour quelle raison. Il n’est pas déraisonnable que nos enfants aient le même droit à la vie privée, un droit équivalent à celui du monde analogique.
Notre vie privée est sous notre entière responsabilité.
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-  Le phénomène tient son nom du principe d’incertitude d’Heisenberg, communément confondu avec « l’effet de l’observateur », qui survient lorsqu’une chose ne peut être mesurée sans être altérée par le processus de mesure.
Le principe d’incertitude d’Heisenberg n’a en réalité rien à voir avec cela ; il stipule qu’il n’est pas possible de mesurer précisément la vitesse et la position d’une particule subatomique en même temps, ce qui ne concerne pas du tout les « métriques d’Heisenberg ». ↩
Un bel article à destination des paranos, avec un beau titre ronflant et appuyé par une construction de l’argumentaire à la limite de la malhonnêteté intellectuelle.
Voilà une curieuse manière de défendre les libertés, et de plus en plus je me demande si le comité de rédaction de Contrepoints lit les articles avant de les publier. Dommage, quand on voit la qualité de la grande majorité des publications de ce site.
C’est l’article d’un militant engagé qui, comme indiqué en titre de l’article, “n’hésite pas à afficher des opinions tranchées parfois provocatrices”. Il exprime plus des inquiétudes et une méfiance vis-à -vis des Etats qu’un état actuel des choses, même si ce que la Chine met actuellement en place pour contrôler et restreindre la liberté de parole, de déplacement, etc, y correspond. Récemment, plusieurs abus aux soins de santé ont été mis au jour, en Grande-Bretagne, par vérification des publications Facebook. Je pense que la taxation aux signes extérieurs de richesse va suivre le même chemin. Quant aux entreprises qui n’engagent plus sans avoir vérifié les profils facebook, elles sont légion. Et que dire de Google et de sa politique de présenter d’abord les articles ,correspondant aux recherches précédentes, ce qui est de nature à renforcer les présupposés et les préjudices sous couvert d’une liberté d’accès à l’information ( d’où la nécessité d’un moteur de recherche comme Qwant, qui se targue de conserver un modèle aléatoire de recherche )
Je vous pense mûr pour quitter Contrepoints, dont l’un des objectifs, finalement, est -comme l’auteur de l’article, que vous déclarez “limite malhonnête” sans avoir pris connaissance de ceci : “Il n’hésite pas à afficher des opinions tranchées parfois provocatrices.”
En tant que “parano”, j’adopte son point de vue, et vous renvoie à ce qui se passe en Chine… Y seriez-vous libre de vos opinions et commentaires ?
Effectivement j’ai “quitté Contrepoints” depuis cette année, puisque j’ai arrêté de le soutenir financièrement.
Mais vous, l’avez vous rejoint une fois seulement, avant d’avoir un avis sur ce sujet ?
Seuls les paranos survivent
@ fm06
Oui, mais avec quelles angoisses!
l’information est dirigée par des organes de Presse et de journalistes redevable de l’état de leur sudvention et niche fiscale …comment voulez vous qu’elle vous informe objectivement…a quand une loi pour interdire 1)sudvention de l’état (Presse) ..2) niche fiscale des journalistes…meme la France insoumise qui critique la Presse ne dépose pas une loi pour les annuler ..!!!
@ Lou 17
Ben oui! Mais les insoumis défendent tous les salariés, évidemment!
Quand un commerçant répercute une taxe augmentée qui diminue ses ventes, il râle contre l’état, pas sur ses clients disparus!
L’opposition critique toutes les décisions de la majorité: c’est le jeu démocratique! Mais ce ne serait pas mieux avec J.L.Mélenchon au pouvoir!
Conclusion après avoir lu l’article, n’allez plus sur internet depuis votre ordinateur ou votre téléphone, achetez votre journal chaque jour au kiosque à journaux et payez en liquide!
Et pourtant les actes terroristes islamiques continuent, perpétrés par des délinquants fichés S et à chaque fois, on a la même réponse “on ne peut pas suivre tous les fichés S”!
Alors je pense que l’Etat n’a pas la capacité d’analyser tout ce que je lis et pour en faire quoi?
Comme vous le dites, et contrairement à ce que dit l’article, on n’en est pas (encore) à prédire avec une relative certitude les comportements des gens.
Par contre, si l’Etat vous prend en grippe, pour quelque raison que ce soit, il a à sa disposition une masse de données dans laquelle il peut piocher à loisir pour vous trouver une quelconque raison de vous ennuyer (de plus, avec l’inflation législative, les raisons ne manquent pas).
Et si l’Etat actuel ne le fait pas, qui peut garantir que cela restera ainsi à l’avenir?
Oui, il faut être parano, mais pas trop. Le citoyen lambda pourra utiliser des contre-mesures pour noyer l’Etat dans les données contradictoires. Quand vous allez sur Contrepoints et restez sur un article ou enchaînez plusieurs articles dans un ordre : on sait seulement que vous avez ouvert ces pages internet, absolument pas si vous les avez lu ou pas… Vous pouvez donc ouvrir toutes sortes d’articles de toutes sortes de media et les lire ou pas…
Il ne faut jamais oublier que les gens qui contrôlent l’Etat ont infiniment moins de ressources en intelligence que la masse des gens qu’ils veulent contrôler.
Quand on veut suspecter ou accuser quelqu’un de quoique ce soit, on se moque de savoir s’il a lu ou pas l’article subversif. On se contente de dire qu’il a “consulté” des sites pernicieux. Cela suffit.
un peu de realisme
les outils existent;
– il y a, dans les datacenter des “log” qui indiquent exactement vos dates et heures de connexions, tout simplement pour les facturer a votre provider.
-il y a des programmes qui sont capables de ressortir ces données
ces programmes sont deja utilisés pour detecter les “radicalisations; et ils sont efficaces
ils sont deja utilisés pour vous “profiler” en vue de vous offrir des pubs adaptés
ils ont utilisés par certains etats pour “noter” leurs ressortissants; la chine l’a annoncé
pouvez vous jurer qu’ils ne serons pas, un jour, utilisés systématiquement en France ?
D’où la parade : ne vous laissez pas convaincre par les pubs “adaptées”, allez systématiquement chez le concurrent dont votre navigateur ne fait pas la pub !
@ MichelO
Il existe déjà des logiciels anti-mouchards ou anti-trackers et d’autres anti-pub qui fonctionnent très bien!
Bien sûr qu’il faut rester prudent sur internet!
Ma messagerie me prévient si un mail est suspect et m’interdit d’ouvrir une pièce jointe si je n’ordonne pas de passer outre!
Nous ne sommes pas des pigeons de l’année!
Avec un bloqueur de pubs, comme j’utilise aussi, il peut être quasiment impossible d’obtenir une information complète, les sites en ligne vous refusant l’accès si vous ne le désactivez pas. Je préférerais de loin donner de fausses informations aux sites qui m’ennuient par leurs pubs que simplement les ignorer.
Je suis pour la liberté de penser !
Je ne suis pas de gauche et ne le serai jamais : ces traites à la nation me filent de l’urticaire !
Le politiquement correct ? Qu’ils se le gardent : tout le monde “il est beau” tout le monde “il est gentil” : et mon oeil ?
C’est parfaitement effrayant. Mais je constate qu’parés avoir consulté le prix d’un pneu de voiture sur un site commercial, je suis abreuvé de pub de Pneus, (c’est gonflant, excuses, mais je m’éclate).
Les horreurs exposées dans cet article sont donc parfaitement fondées. En même temps faut bien mourir de quelques chose, le seul problème et de repousser l’échéance.
On a raison de craindre les indiscrétions.
Il faut donc apprendre à tirer les rideaux: il y en a à travers lesquels même la NSA n’y voit goutte.
Oui !
J’espère que les 11 “paranos” (ceux qui m’ont permis d’atteindre mon record de signes négatifs sur ce site) ont au moins pris le minimum des dispositions qui seraient cohérentes avec leur point de vue, sinon ce serait un comble !
Utilisation systématique d’un vpn (à domicile ou en itinérance), bannissement complet des applications de localisation, des historiques de navigation et autres cookies, et de tout compte nominatif (facebook, twitter et autres, emails, inscriptions sur des sites, etc …), préférence pour le courrier par rapport aux emails (à condition de faire confiance à la Poste, ce qui n’est pas mon cas), encryptage de leurs smartphones et de leurs disques, etc ….
L’obtention d’informations sur la vie privée ne peut être empêchée. En revanche, leur usage peut être contrôlé, par le biais de sanctions spectaculaires visant à le décourager.
Principe d’incertitude et effet d’observateur ont en effet tout a voir…
Ce sont en réalité deux façons de décrire le même phénomène à l’oeuvre à l’échelle quantique.
C’est parce qu’il n’est pas possible de déterminer simultanément deux grandeurs d’une particule (Principe d’incertitude) que le fait d’en mesurer précisément une impacte notre connaissance sur l’autre…
Pour l’instant ce sont surtout les entreprises privées qui profitent de leurs quasi infinies connaissances de nos comportements.
L’Etat lui se fout de savoir si nous avons lu 3 pages du dernier Goncourt avant de partir au boulot.
En revanche, si entre temps nous avons commis un meurtre, toute notre vie sera désormais epluchée.
@Jean Roule Du cable
Bonjour,
“L’Etat lui se fout de savoir si nous…”
Je pense qu’il est tout de même clair que l’Etat, socialo-communiste, nous veut à sa botte. Et depuis longtemps. Autrement pourquoi aurait-il créé un fichier rempli de données personnelles des juifs de France avant la Seconde Guerre mondiale ? (Que les R.G de l’epoque ont préféré transporter ailleurs au lieu d’y mettre le feu. Au final, le fichier est “tombé” entre les mains de la Gestapo.)
Il y a en France le fichier T.E.S (Titres Electroniques Sécurisés) qui regroupe des données sur tous les possesseurs de passeports (29 millions en 2016) et de cartes d’identité. Ce fichier peut être croisé avec d’autres systèmes à fichiers collecteurs de données (Sécu, C.A.F, FISC…). Pouvez-vous être sûr que l’Etat ne se servira pas de ces fichiers et du fait que vous lisiez CP pour vous refuser un passeport par exemple ? Certes il y a une très faible probabilité, mais aucune certitude. Tout comme est faible celle de se faire tuer par un être aux noirs desseins, faible mais pas impossible.