Par André Guimond.
La ministre de la Culture n’a pas donné de détails sur ce plan de sauvetage, mais elle avait réaffirmé au début du mois que son financement incomberait aux éditeurs de presse (actionnaires de Presstalis) tout en confirmant que l’État accorderait un prêt assorti de strictes conditions pour permettre la survie de l’entreprise. D’après les informations de l’AFP, ce prêt s’élèverait à 90 millions d’euros, soit la moitié du coût total du plan de redressement du groupe.
Ce n’est pas la première fois que l’État doit intervenir pour aider la société. Le distributeur avait été sauvé d’un dépôt de bilan en 2012 grâce à l’accord trouvé entre les éditeurs de presse et l’État. Le coût global pour le plan de restructuration avait été estimé à environ 200 millions d’euros et près de 1 250 emplois devaient être supprimés en trois ans, soit la moitié des salariés de l’époque.
La baisse des ventes de la presse papier serait la cause de cette crise prolongée.
Pour Presstalis, la chute des volumes de distribution est un énorme problème économique. Il a moins de ‘papier’ à trier, donc moins de chiffres d’affaires sur lequel prendre sa commission. Mais, que les remorques soient pleines ou à moitié vides, il a toujours autant de camions à faire partir pour livrer les marchands
explique le journaliste Jérôme Lefilliâtre dans un reportage publié dans Libération.
Vieilles erreurs jamais corrigées
Mais cela ne semble pas être la seule explication. Ni la plus importante. Sept éditeurs de presse indépendants ont souhaité « faire entendre leur voix » face au plan de sauvetage du distributeur. Ils ont notamment constaté « l’attractivité des publications sur papier », et ce malgré le discours ambiant. « Ces dernières années, nous avons lancé, avec succès, de nombreux magazines », écrivent-ils.
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D’autres journaux grands publics, tels que le Times maintiennent un taux d’abonnés à l’édition papier presqu’aussi élevé qu’à la version numérique. Les difficultés de Presstalis ont en effet commencé bien avant, lorsque la société s’appelait encore Nouvelles messageries de la presse parisienne (NMPP).
Les dirigeants de l’époque ont commis des erreurs de gestion afin de favoriser une embauche excessive. « Alors qu’il n’ont dû faire face à aucun investissement, ils vont observer les coûts s’alourdir, les grèves s’enchaîner », comme le rappelle Gérard Conreur sur France Culture. Les NMPP étaient alors sous la coupe du Syndicat du Livre, qui gérait seul les recrutements.
Des erreurs qui n’ont jamais été entièrement corrigées. Les effectifs de Presstalis sont restés constants pendant des années, et ce malgré la baisse du volume de journaux à acheminer. « Ainsi, depuis la modernisation des imprimeries, le comptage des paquets de journaux se fait automatiquement. Mais il y a toujours des employés de Presstalis pour regarder ces paquets toute la nuit ! », soulignait Le Figaro en 2013.
Si les conditions de travail actuelles restent favorables (sept semaines de congés payés, quatorze mois de rémunération), c’est le recours important à l’intérim qui est régulièrement pointé du doigt. « C’est ce qui coûte vraiment cher », confie à Libération un administrateur de Presstalis « qui ne veut pas être cité ».
Pratiques coûteuses pour le contribuable
Le quotidien raconte notamment l’histoire de Loïs Fortune, 24 ans, qui « travaille à la SAD [société d’agences et de diffusion] quatre soirs par semaine depuis quatre ans. Tous les six mois, la direction l’arrête deux mois, pour être dans les clous légaux, puis le fait reprendre ».
La pratique est bien connue dans certains secteurs soumis à des variations d’activités saisonnières, comme l’hôtellerie et la restauration. Dans les autres secteurs, l’objectif est nettement comptable : il s’agit de pouvoir diminuer ses charges salariales et de se débarrasser de son personnel rapidement.
C’est ce pourquoi les interventions de l’État font grincer les dents. En décidant de sauver Presstalis, le gouvernement valide tacitement cette pratique contraire aux intérêts des salariés et coûteuse pour le contribuable. C’est en définitive ce dernier qui paye pour les choix douteux qui se succèdent depuis des décennies et qui sont aussi bien l’œuvre des dirigeants que des syndicalistes.
Parmi ces derniers, en effet, on retrouve Laurent Joseph, délégué central Presstalis SGLCE-CGT et président d’uMen, la mutuelle pour les professionnels du spectacle, de la communication… et de la presse !
M. Joseph n’est pas coutumier des décisions les plus économiquement raisonnables. Ce dernier a, par exemple, joué un rôle clé dans le divorce tendu entre le groupe Audiens et son ancien adhérent, la Mutuelle Audiens (renommé plus tard uMen ). La mutuelle avait souhaité rejoindre le groupe Vyv (fruit du rapprochement de la MGEN, du groupe Istya et d’Harmonie mutuelle) afin de devenir « la référence du monde de la culture et des médias ».
Un choix hasardeux quand on sait qu’uMen ne représente que 0,5 % des 10 millions d’adhérents du groupe Vyv et que celle-ci enchaîne depuis les déboires financiers. On le voit, les choix de Laurent Joseph en dehors de Presstalis ne sont pas les plus heureux. Ce qui pose la question : les stratégies téméraires des dirigeants du syndicat du livre vont-elles continuer de coûter cher au contribuable français et à la presse indépendante ?
la presse papier est a disparaitre ,c est ineluctable …les survivants s acrochent a la vie …!!
Ca coûte cher au contribuable ? La belle affaire, “c’est l’Etat qui paie”, dirait l’autre. Tant que ces braves gens bien respectables peuvent continuer leurs magouilles tranquillement, c’est le principal. Touchez pas au grisbi !
Et syndicalistes et politiciens s’entendent parfaitement dans le racket de la France!
Le syndicat du Livre gérait seul les recrutements ” joli fake
ou alors précisez quand
dans les années 70 les embauches c’était à l’étage du siège nmpp rue Réaumur
MORILLE Alain