Pourquoi les conservateurs devraient défendre le marché

Les conservateurs devraient comprendre que le marché, comme la tradition, repose sur un ordre spontané.

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Pourquoi les conservateurs devraient défendre le marché

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 27 mars 2018
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Par Jonathan Frickert.

En France, l’idée de tradition est associée aux milieux réactionnaires. Pourtant, lors du début de mes études de droit, j’ai appris que le mot « tradition » venait du latin tradere1, signifiant « transmettre ». La tradition est ainsi moins un état qu’un échange, relevant ainsi d’un processus permettant à une institution d’émerger, d’évoluer ou de disparaître. On peut penser aux standards, comme la largeur des chemins de fer.

Cette dimension a déjà eu ses théoriciens. Friedrich Hayek, grand spécialiste de l’oeuvre de d’Edmund Burke et pour qui « une société libre qui réussit est toujours dans une large mesure une société attachée à des traditions2 », s’est toujours défendu d’être conservateur. Pour cause : il était traditionaliste. Pour ces partisans de la raison cumulative, la légitimité des institutions est fondée sur la prescription, c’est-à-dire leur pérennité dans le temps, élément-clef de la coutume.

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Si ce terme a, en France, une connotation plus à droite que celui de conservateur, il est pourtant bel et bien un élément essentiel de la pensée libérale, bien davantage que ne l’a le terme « conservateur » en France, à l’inverse de la vision anglo-saxonne où le terme de conservative a un sens bien plus proche de celui de traditionnaliste que de conservateur.

Il est ainsi nécessaire de rappeler à nos amis conservateurs l’adéquation d’une société libérale à la défense de leurs valeurs.

Un ajustement spontané et réciproque de l’offre et de la demande

Pour comprendre en quoi les traditions défendues par les conservateurs sont issues de mécanismes de marché, il paraît évident de définir ce dernier.

Un marché est un lieu fictif ou réel de rencontre entre une offre et une demande. Dans le cadre d’un marché libre, cette rencontre se fait dans un cadre de prix libres et de concurrence des acteurs. La théorie libérale veut qu’offre et demande s’adaptent l’une à l’autre naturellement. C’est cette adaptation qui nous permet aujourd’hui d’évoquer la mécanique de marché.

Cette idée s’applique à l’économie, mais fonctionne également dans d’autres situations, comme le marché politique, qui n’est pourtant pas monnayé, ou les relations humaines, fonctionnant sur des situations de contrat tacite et de concurrence implicite des demandeurs et des offreurs, qui sont dans ces cas d’espèce les mêmes personnes.

Le marché est donc un réseau décentralisé de rencontre volontaire entre individus permettant d’aboutir à un équilibre par des ajustements réciproques. De ce fait, il peut s’appliquer à énormément de sujets.

Les valeurs conservatrices : fruits d’un processus de marché

Quelles sont les grandes institutions défendues par les conservateurs ? Sélectionnons les plus emblématiques : la religion, le travail, l’État-nation, la famille et, dans une moindre mesure, la monnaie.

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Une des principales valeurs défendues par les conservateurs est évidemment la religion, porteuse de valeurs morales. Seulement, certains oublient que la religion n’est pas née telle quelle, mais a évolué dans le temps.

Sans entrer dans les détails de la construction du catholicisme, dont l’extension aux territoires païens d’Europe a imposé de fixer Noël sur l’équinoxe d’hiver et d’intégrer une part de polythéisme par l’instauration des saints que nous trouvons aujourd’hui sur notre calendrier, nous ne ferons que reprendre l’échelle historique des religions du sociologue Yves Lambert3.

En effet, cette échelle montre très bien l’adaptation de la pensée religieuse aux grandes évolutions de l’humanité. L’apparition de l’écriture, de structures sociales complexes ou de l’universalisme, a permis le passage des religions de chasseurs-cueilleurs, dans des sociétés de tradition orale dépourvues d’État, aux religions modernes. Les religions ont ainsi su évoluer avec les moeurs politiques et intellectuelles des sociétés. L’offre spirituelle s’est adaptée à la demande.

Le cas du travail est particulièrement représentatif. De nombreux conservateurs parlent ainsi de « valeur travail ». Or, la notion de travail est particulièrement mouvante depuis au moins deux millénaires. La forme standard du travail est ainsi passée par plusieurs phases : de l’esclavage, le travail est devenu servage, puis salariat, avant l’émergence actuelle du freelance, laissant le lien de subordination au placard.

Si le travail est une idée qui a fait son chemin, sa forme et, de fait, ses défenseurs évoluent régulièrement.

La souveraineté ne fait naturellement pas exception à ce modèle, avec l’émergence de l’État-nation occidental après les empires, les cités-États et les royaumes divers, et qui ne constitue qu’une étape dans un processus historique.

Cette évolution fait écho à celle, non pas de la forme de souveraineté, mais de son détenteur, avec le passage de l’autocratie à la démocratie.

Valeur fondamentale évoquée à tour de bras par les conservateurs : la famille, et sa clef de voûte, à savoir la conjugalité. Qu’il s’agisse du passage de la polygamie à la monogamie, de l’endogamie à l’exogamie, ou encore l’évolution de l’union maritale à travers le mariage, cette institution ne fait pas exception à la mécanique de marché, même si la récupération par les jacobins via le mariage civil en 1792 a rendu cette institution vulnérable aux instrumentalisations électorales et aux vélléités constructivistes, à l’inverse de l’autre côté de la Manche, où cette question est beaucoup moins polémique.

Dans une moindre mesure, il est intéressant également d’évoquer la monnaie. Quoi de similaire entre le troc du Néolithique, l’instauration de l’argent-métal sous l’Antiquité, l’argent-papier au Moyen-Âge ou encore la dématérialisation actuelle dont la suite logique n’est autre que les cryptomonnaies ?

Tout cela est une suite d’adaptations à une demande fluctuante dans le temps. L’histoire humaine en est pleine, comme le cas des langues où l’anglais, langue mondiale, malgré une histoire coloniale similaire à celle de la France, a bien mieux réussi son implantation internationale par un processus se rapprochant dans une moindre mesure d’un processus de marché. Des processus où la mécanique de marché joue certes un rôle moins évident mais qui tranchent tout de même avec la tentative constructiviste artificielle et hors-sol de l’espéranto.

Tradition et marché, alliés objectifs contre l’idéologie du progrès

Le rappel de ce lien entre tradition et processus de marché n’est qu’un des éléments permettant de rappeler que les libéraux ne sont de loin pas les adversaires des conservateurs, au contraire des progressistes qui sont les ennemis naturels à la fois de la liberté et de la tradition.

On reproche souvent au libéralisme son absence de considération pour le caractère politique de l’individu. L’ordre spontané des institutions humaines est une nouvelle preuve que ce type de reproches ne tient pas debout.

  1.  À ne pas confondre avec l’anglais to trade dont la racine est germanique.
  2.  Friedrich Hayek, La Constitution de la Liberté, 1960.
  3.  Yves Lambert, La naissance des religions : de la préhistoire aux religions universalistes, 2009.
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  • J’aime bien cette distinction qui est faite dans la 1ère partie du texte entre le traditionalisme de Hayek (apprendre du passé) et le conservatisme (revenir au passé).
    Mais du coup je ne vois pas très bien où veut en venir la 2ème partie, si ce n’est pour appuyer à l’aide d’exemples concrets la démonstration que le conservatisme est une forme de constructivisme orienté vers le passé, et donc incompatible avec des valeurs libérales.

    • Le conservatisme est davantage une volonté de conserver, un statu quo. Le retour au passé est l’apanage des réactionnaires.
      La seconde partie a pour objectif de montrer que les valeurs defendues par les conservateurs sont sujet aux processus de marché, et que defendre les premières en critiquant les seconds est donc parfaitement incoherent.

      • @JFrickert Avez vous déjà remarqué à quel point le présent devient rapidement du passé ? Dès lors, quelle différence entre les conservateurs et les réactionnaires ?
        Quand à votre 2ème remarque, il est plutôt question dans l’article de défendre les seconds en critiquant les premières … ou au moins de les laisser continuer à évoluer selon les processus du marché, ce qui est l’inverse du conservatisme.

        • « Avez vous déjà remarqué à quel point le présent devient rapidement du passé ? Dès lors, quelle différence entre les conservateurs et les réactionnaires ? »
          La distinction est une affaire de degré et de méthode, de la même manière que le progressiste n’est pas révolutionnaire.

          « Quand à votre 2ème remarque, il est plutôt question dans l’article de défendre les seconds en critiquant les premières … ou au moins de les laisser continuer à évoluer selon les processus du marché, ce qui est l’inverse du conservatisme. »
          Je réponds à cela dès l’introduction en distinguant la notion de conservatisme des deux côtés de la Manche. Ce n’est pas une critique des institutions mais leur explication en tenant compte de leur caractère processuel et non statiques.

          • Différence de degré… peut-être, mais pas de nature !
            Et si pour vous la tradition s’apparente à un échange, je la conçois plus comme une tentative de « copier-coller » qui, et c’est heureux, échoue toujours, au moins dans les démocraties.
            Car le danger du conservatisme est double : il veut imposer ses valeurs morales non seulement à ses contemporains mais aussi aux générations futures !

            • Le conservatisme n’est dangereux que lorsqu’il est constructiviste. Un authentique libéral n’a rien contre un couple BCBG catholique qui s’est jamais touché avant le mariage, tant que c’est un choix consenti, de même pour un couple homosexuel. Tout est une question de consentement.
              Les conservateurs français souhaitent figer les choses. Or, et c’est toute la question que j’ai essayé de poser dans cet article, si nous voulons convaincre les conservateurs du bienfondé de la pensée libérale pour aboutir à une offre libéral-conservatrice, il faut démontrer que leur travail n’est pas de figer des institutions qui n’ont pas à l’être, mais de défendre les bienfaits de la raison cumulative et de l’ordre spontané.
              En clair, de défendre la filiation au sens large, comme fruit naturel de la liberté, et non une image d’Epinal étriquée et stagnante.

  • Je pense que vous oubliez une dimension historique spécifique à la France et que sans cette dimension, toute analyse est forcement faussée (ce qui est d’ailleurs le point de Burke)

    Burke a été le livre de chevet des contre-révolutionnaires. Parler de sa vision de la propriété à la fois historique et utilitariste est pratiquement un crime dans ce pays où le droit de propriété (et tout l’édifice légal, fiscal et social) repose que la valeur travail (car le seul droit décrété égalitaire – je dis bien égal en droit)

    Bref, les conservateurs Français sont socialistes pour la grande majorité, tout simplement parce qu’ils ne sont pas conservateurs (selon votre définition), mais traditionalistes : la tradition de ce pays étant celle issue de la révolution et de son égalitarisme.

    Dans l’autre sens, nombre de libéraux de ce pays sont totalement repeint de la dialectique matérialiste marxiste … aboutissement de cet « intellectualisme » que Burke dénonçait également (et avec raison) et qui a transformé la politique en une bataille d’arguments et de rhétorique.

    • Le libéralisme lui-même n’est pas dans la tradition politique française (malgré l’apport des penseurs français à cette pensée). Ce que vous dites du conservatisme y participe.
      Or, si nous voulons aboutir à un changement de paradigme pour permettre aux idées libérales de l’emporter dans ce pays, il est largement nécessaire de déconstruire un certaine doxa bien ancrée chez les conservateurs. C’est ce que j’ai tenté de faire ici à travers l’idée de tradition.

      • Absolument d’accord, et le nouveau paradigme ne peut être que libéral-conservateur. La primaire de Fillon a prouvé qu’il existe un socle assez important de conservateurs très opposés au socialisme et à l’égalitarisme uniforme.

        J’ai retrouvé des similitudes dans d’autres « groupes » qui généralement ne votent pas.

        Le gros problème est le centre qui se cramponne au politiquement correct et à la doxa républicaine-laïque-socialiste et qui par son jeu d’alliances bloque tout effort libéral. L’exemple typique est Nous Citoyens qui a été phagocyté par les centristes et qui a en quelques mois perdu complètement son âme.

  • « Une des principales valeurs défendues par les conservateurs est évidemment la religion, porteuse de valeurs morales »
    La religion peut être vue sur de multiples facettes, hors le principe des conservateurs est de rester bloquer sur les traditions et de ne surtout pas y déroger quoiqu’il arrive, marché ou pas marché.
    D’autres ont une vision plus progressiste ou même philosophique de la religion, plus liberale : les religions naissent à contre courant de conservatisme : akhenaton contre les polythéistes, jesus et mahomet contre les conservatismes hebreu de l’époque… Pareil pour la famille ou le travail.

    • « La religion peut être vue sur de multiples facettes, hors le principe des conservateurs est de rester bloquer sur les traditions et de ne surtout pas y déroger quoiqu’il arrive, marché ou pas marché. »
      C’est pourquoi j’ai opéré dès le départ une distinction entre conservateurs au sens français, et conservateurs au sens britannique, dont je me sens proche, à la manière d’Edmund Burke.
      J’ai été frappé par l’adoption du mariage entre personnes de même sexe (contre lequel j’étais à l’époque même si le simple fait de l’évoquer est devenu un crime dans ce pays) des 2 côtés de la Manche. Les conservateurs britanniques ont été beaucoup plus intelligents et le sujet en a été bien moins polémique.
      Si cela participe naturellement de la tradition jacobine et progressiste française, cela témoigne également d’une vision du conservatisme qui, de fait, empêche l’émergence d’un libéral-conservatisme français que j’aspire à voir dans ce pays.

  • Sujet intéressant mais traité de manière plutôt confuse, à mon avis. Pour gagner en clarté (du moins j’espère), il convient dès le départ de distinguer ce qui relève de la morale et ce qui relève du Droit. La morale traite de ce qui est jugé comme bien et mal et est donc nécessairement subjective. Le Droit traite de ce qui est permis et interdit. Le libéralisme est la seule doctrine (anti politique) reposant sur une définition universelle (valable pour tous) et cohérente (non contradictoire) du Droit : personne n’a le droit d’imposer sa volonté à autrui par la violence physique ou la menace de son emploi. Le Droit (ou liberté) de chacun est borné par celui des autres. Le Droit est objectif. Le nier, c’est nier tout principe de justice et s’en remettre à la loi du plus fort, loi qui se passe de toute argumentation.
    La croyance en une religion, en la valeur du travail, en la famille monogame composée d’un homme, d’une femme et de leurs enfants relèvent du domaine de la morale. Il est possible et probable que ces croyances aient émergées d’un long processus de confrontation-adaptation mais il en va de même pour la croyance en d’autres religions, d’autres appréciations de la valeur du travail et d’autres types de familles.
    L’État-nation ne relève pas de la morale. C’est une construction politique, historiquement fondée sur la conquête violente et donc, sur une négation du Droit.
    D’une manière générale, toute « politique » vise à étendre la « loi » (qui doit alors être correctement désignée sous le terme de règlement) au delà du Droit. Les politiques produisent des règlements qui sont en opposition avec le Droit, car tout règlement vise à introduire une asymétrie dans l’attribution de (pseudo) droits qui sont reconnus à certains et refusés à d’autres (exemple : le « droit » de port d’armes est reconnu formellement aux policiers, aux militaires, aux gardes du corps des politiques, et de fait aux délinquants et aux criminels, mais refusé aux citoyens pacifiques).
    Le marché, défini comme « un réseau décentralisé de rencontre volontaire entre individus permettant d’aboutir à un équilibre par des ajustements réciproques » s’inscrit parfaitement dans le Droit parce qu’il repose sur le volontariat. Dit autrement, le marché est l’une des expressions mêmes du Droit. Au contraire, les processus dont émergent les institutions politiques s’inscrivent dans une négation du Droit. Ils ne sont pas « volontaires », ils sont contraints. Dès lors, on ne peut pas dire que les institutions politiques émergent de processus de marché. Le système qui émerge des processus politiques, c’est le socialisme.
    Plus le socialisme s’étend, ce qui est le cas en France mais aussi ailleurs, plus ceux qui sont au pouvoir vont tenter de et parvenir à inclure leurs propres valeurs morales dans le domaine politique. Les croyances de certains deviennent des religions d’État. Cette imposition est d’autant plus facile que les conséquences des choix de ceux qui les adoptent sont supportées par d’autres (par exemple, si certaines femmes décident d’avoir des enfants toutes seules, elles peuvent compter sur la redistribution politique pour s’en sortir, idem pour ceux qui refusent de travailler).
    Comme il se trouve que les croyances actuellement imposées par les moyens politiques sont contraires à celles des conservateurs (telles que les a énumérées Jonathan Frickert), il y a en effet actuellement une convergence d’objectif entre libéraux et conservateurs : exclure tout ce qui relève de la morale du champ politique. Il appartiendra alors aux conservateurs de s’abstenir de vouloir imposer leurs propres valeurs dans le champ politique, donc de devenir libéraux.

    • Votre phrase de conclusion est redoutable pour nos conservateurs français. Ceux qu’on a vu à l’oeuvre, par exemple, contre le mariage pour tous, qui prétendaient interdire, au nom de leurs valeurs, l’extension d’un dispositif aux homosexuels, alors que cette extension ne leur retirait pourtant aucun droit à eux-mêmes !
      A moins de corrompre totalement la notion de libéralisme, il est impossible de se dire libéral et en même temps de chercher à imposer sa morale à autrui. Un liberalisme qui ne serait pas aussi sociétal ne saurait être qualifié de libéralisme.
      S’il est exact que les libéraux ne sont pas nécessairement les adversaires des conservateurs, il n’est pas moins exact qu’on ne saurait être l’un et l’autre. On est l’un ou bien l’autre.
      Etre partisan d’un marché libre est une condition nécessaire du libéralisme, mais elle est loin d’être suffisante.

      • La question du MPT était beaucoup plus complexe que ce que la doxa nous disait. L’argumentation du « donner des droits » était la face émergée d’un iceberg bien davantage porté par une volonté collectiviste (liberté des couples et non liberté des individus en vertu du respect de leurs convictions et de leur identité) que par une authentique pensée libérale (qui aurait été de purement et simplement abolir le mariage civil pour arracher cette institution des mains de l’Etat pour la renvoyer dans l’ordre spontané).

        Je note enfin qu’il a été largement utile de distinguer les 2 visions du conservatisme. Celle que beaucoup évoquent ici est justement celle qui empêche de voir émerger une offre burko-thatchérienne. Cette offre ne pourra émerger que si les conservateurs acceptent qu’ils sont en réalité traditionnalistes et partisans de la raison cumulative contre le rationalisme étatiste.
        Il est ainsi parfaitement possible d’être à la fois conservateur et libéral, dès lors qu’on accepte la polysémie du premier.

        • Oui, il est parfaitement possible d’être à la fois conservateur et libéral, dès lors qu’on accepte la polysémie du premier.
          Il est aussi parfaitement possible d’être à la fois conservateur et anti-libéral, nous avons même le 1er parti politique qui correspond à cette description.
          Il est aussi parfaitement possible d’être à la fois conservateur et collectiviste, nous avons même le 1er syndicat qui correspond à cette description.
          Les conservateurs c’est comme les chasseurs, il y a les bons et les mauvais.

          Plaisanterie mise à part, je ne trouve pas du tout évidente votre manière de passer par le marché pour légitimer les valeurs qui vous conviennent (et de plus, ont-elles besoin de cela ?).
          Avec un tel raisonnement et un bon argumentaire, les valeurs les plus collectivistes pourraient devenir libérales.

          • Je ne légitime rien du tout. Je ne fais que rappeler des évidences. A aucun moment de cet article je ne dis que je les soutiens. Cela relève uniquement de votre interprétation :).

            • … pour légitimer (auprès des libéraux) des valeurs qui vous conviennent (comme représentatives de celles des conservateurs) …

              • Je vous défie de trouver dans cet article un seul élément qui montre que je suis partisan de telle ou telle valeur. Je vous conseille de vous lever de bonne heure. Au contraire, je me fout de ces institutions. Je ne les défends ni ne les pourfends. Je défend un processus de marché libre. Si demain le mariage disparaît naturellement dans le cadre de ce type de processus, je ne le pleurerait pas. De même pour les autres.
                Vu votre verve, je doute que vous soyez aussi tranquille que moi sur ces sujet :).

                • Décidément …
                  (…) pour légitimer auprès des libéraux les valeurs que vous avez choisies comme étant représentatives des conservateurs (…)
                  Ça va mieux comme cela ?

                  Sinon, autrement dit :
                  On pourrait vous suivre, même avec un grand intérêt, si vous aviez fait un inventaire de ces idées conservatrices qui pourraient ne pas être incompatibles avec le libéralisme, et ce dans quelles conditions, par exemple : l’aspect libéral du catholicisme vs la philosophie d’Ayn Rand, la Valeur-Travail selon les libéraux vs selon Marx, idem pour l’Etat-Nation, la famille, les monnaies (et l’intérêt des crypto-monnaies justement).
                  Mais là, je ne vois pas en quoi l’évolution de ces idées conservatrices les rendrait libérales, sous prétexte que cette évolution serait similaire à un phénomène de marché.
                  Je vous cite : « Le rappel de ce lien entre tradition et processus de marché n’est qu’un des éléments permettant de rappeler que les libéraux ne sont de loin pas les adversaires des conservateurs, au contraire des progressistes qui sont les ennemis naturels à la fois de la liberté et de la tradition. »
                  Non, ça ne prouve rien. Les libéraux ne sont adversaires d’aucune forme de pensée, du moment qu’on leur laisse vivre la leur tranquillement, qu’elle soit conservatrice ou progressiste d’ailleurs (il serait donc impossible d’être libéral et progressiste ?).
                  Et enfin si vous voulez tout savoir, je ne suis pas croyant, je vis en couple depuis longtemps sans être marié, et j’ai de grandes difficultés avec les concepts d’état, de nation, et d’état-nation sous quelque forme que ce soit.

                  • Une nouvelle fois, je ne dis pas que ces institutions sont libérales, mais que le processus qui a abouti à leur emergence est un processus de marché tout ce qu’il y a de plus classique.
                    Je vous invite donc à lire l’article tel qu’il est, et non tel que vous souhaiteriez qu’il soit ?.

                    • Alors … une fois que l’on a admis que « le processus qui a abouti à leur émergence est un processus de marché » (ce qui n’est pas forcément évident, voir plus bas, mais ce n’est pas mon sujet ici), je ne sais pas pour vous mais j’ai tendance à rechercher quel est le message global de l’article, « à quoi veut-il en venir, que veut-il nous montrer ? ».
                      – les conservateurs peuvent être libéraux, contrairement aux progressistes ?
                      – les conservateurs devraient toujours être libéraux ?
                      – les libéraux sont forcément conservateurs ? (thèse exprimée ci-dessous)
                      – autre chose ?
                      – rien de plus ?
                      Je n’ai toujours pas la réponse, mais si vous le souhaitez vous pouvez très bien continuer à vous abstenir.

                    • Je vous invite donc à lire la conclusion de l’article.
                      En guise de bonne foi, je vous fais meme un petit copier-coller des familles :).
                      « Le rappel de ce lien entre tradition et processus de marché n’est qu’un des éléments permettant de rappeler que les libéraux ne sont de loin pas les adversaires des conservateurs, au contraire des progressistes qui sont les ennemis naturels à la fois de la liberté et de la tradition. »
                      Ne me remerciez pas :).

                    • Très bien, vous avez une fois de plus réussi à contourner les questions posées, et à ce stade je n’ai plus envie de continuer à tourner en rond avec vous.
                      Mais sachez tout de même que c’est exactement ce genre d’articles approximatifs et très discutables, mais dont leurs auteurs ne supportent aucune remise en cause, qui m’ont fait arrêter ma contribution financière à ce site.
                      Vous n’aurez réussi qu’à me conforter dans ma décision.

                    • Vous me demandez où je veux en venir. La réponse se trouve dans l’article et j’ai meme pris la peine de vous faire un copier-coller.
                      Je crois plutot que la reponse que je vous donne ne correspond pas à l’intention cachée que vous me pretiez. C’est votre droit le plus stricte et je vous remercie de me conforter dans cette idée.

                    • Vous m’avez posé une question à choix multiples. La conclusion penche naturellement et clairement pour la deuxieme proposition.
                      Lorsque je dis que les traditions sont issues d’un processus de marché et que donc les conservateurs n’ont pas à craindre ce dernier, cela signifie evidement que les conservateurs ont tout intérêt à etre liberaux.
                      Vous me demandez si je veux dire A, B, C ou D, mais depuis 4 commentaires je vous repond B. Si pour vous, cela signifie que je contourne la question, c’est votre droit le plus strict.

      • Etre libéral signifie être tolérant, c’est à dire accepter ce que l’on réprouve, et ça signifie revendiquer que la liberté et la responsabilité priment sur l’autorité du souverain.

        Ça n’a absolument rien à voir avec ce que vous dites. Arrêtez d’imposer votre vision du libéralisme comme si c’était la vérité, alors que l’on vous répète à longueur de journée sur ce site de la part de la quasi totalité des libéraux que ce n’est que votre vision.

        Une loi positive n’est jamais libérale. Point barre. Et toutes celles qui donnent des droits à certains au frais de la princesse le sont encore moins.

        • La majorité, sinon la quasi-totalité, des libéraux de ce site est « conservatrice-libérale ». Fait confirmé une fois de plus avec cette véritable déclaration d’amour de Jonathan Frickert au conservatisme, ode à l’union contractuelle entre la carpe conservatrice et le lapin libéral.
          Pour moi, cette union n’est pas fertile et nécessite de faire tellement de compromis dans la parade amoureuse que chacune de ses deux composantes s’en trouve profondément altérée…
          Il y a quand même des limites au mariage pour tous ! 🙂

    • En effet, j’aurais du commencer par là. Il m’apparaissait inutile d’encombrer l’argumentation en rappelant des évidences pour les libéraux. J’avais déjà peur de passer pour Captain Obvious du fait du sujet même de l’article.

      Toutefois, les institutions humaines ne sont pas forcément des morales. Vous évoquez l’Etat-Nation, qui est une institution humaine (dont la construction, contrairement à ce que vous évoquez, est plus complexe qu’un simple coup de massue), et qui ne relève effectivement pas de la morale. Le travail, l’argent ou les langues, que j’évoque également, ne relèvent pas non plus de la morale. Or, ce sont des valeurs défendues par les conservateurs.
      Cet article n’avait pas pour objectif de parler de morale, mais d’institutions chères aux conservateurs et prouver que par leur nature même, ils sont des fruits d’un mécanisme de marché que beaucoup rejettent en faisant du vilain marché l’ennemi principal.

      • Je ne vois pas, concrètement, de qui vous parlez quand vous évoquez ces conservateurs français qui seraient hostiles au marché.

        • Zemmour, Polony, Wauquiez, Dupont-Aignan, même Madame Le Pen, qui passent leur temps à vociférer contre « l’ultralibéralisme » et autres quolibets sans fondement autre qu’une volonté d’attirer l’électorat français majoritairement rallié aux idées socialistes.

          • Si c’est à eux que le « libéral » de 25 ans que vous êtes souhaite faire les yeux doux, et envisage de faire un bout de route commune, je vous prédis que vous finirez par y arriver, mais pas de la façon que vous espérez.
            Avec le temps et l’âge, le plus probable est que vous finissiez par épouser leur idéologie réactionnaire, en mettant en sourdine vos exigences dans le domaine économique.
            Mais la réciproque n’est pas vrai. Ceux que vous citez (à part Wauquiez, pur opportuniste, et qui à ma connaissance n’est pas anti-marché) ne feront pas un pas vers un chouïa de libéralisme. Ce sont des souverainistes réactionnaires. Votre projet est donc mort-né.

            • Ces gens là n’ont aucun intérêt, ce ne sont que les idiots utiles du pouvoir, qui n’existent que pour servir de faire valoir aux idées gauchistes qu’ils défendent eux même : le FN est un parti d’extrême gauche, Polony fait ouvertement l’apologie du socialisme et se dit elle même socialiste, Wauquiez a été obligé de prendre Calmels comme n°2 pour éviter l’explosion du parti ….

              https://www.contrepoints.org/2017/07/22/190481-front-national-un-programme-economique-dextreme-gauche

              Le message de l’auteur était (je présume) destiné aux conservateurs libéraux qui ont été privé de représentation avec la manipulation qu’à eut à subir Fillon.

            • 28 dorénavant. La biographie n’est plus à jour, mais merci de vous inquiéter de mon âge :).
              Je ne souhaite pas faire un quelconque bout de chemin. Au contraire, j’ai rompu idéologiquement avec ce conservatisme socialiste il y a 5 ans lorsque j’ai opéré ma conversion libérale, conversion dont je ne regrette strictement rien.
              Donc l’avenir que vous me promettez n’est autre que mon passé.
              Vous me reprochez mon jeune âge, et pourtant c’est bien vous qui avez la vision la plus obtus. Regardez un peu en dehors des frontières franco-françaises, et vous verrez la pensée burkéenne que je défend existe ailleurs dans le monde, et pas qu’en Grande-Bretagne : chez certains libertariens américains, en Suisse, …
              Et le fait que monsieur Jean Roule Du Cable considère cela comme mort-né n’enlève rien à la conviction que j’ai dans la justesse de mes idées. Je vous en fais d’avance mes plus sincères excuses ;).

      • @Jonathan Frickert
        Je vous remercie d’avoir pris la peine de me répondre. Loin de moi l’idée de lancer une polémique mais de parfaire notre défense mutuelle du libéralisme.
        Tout d’abord, malgré tout le respect que j’ai pour Friedrich Hayek, ses idées de « raison cumulative » et « d’ordre spontané » ne me semble pas pouvoir être à la base d’une quelconque défense du libéralisme. Au cours de l’histoire, « l’ordre spontané » a le plus souvent accouché du socialisme, doctrine très ancienne, qui domine le monde presque sans discontinuité depuis la nuit des temps. La « raison cumulative » sert aussi bien à parfaire les instruments de domination que d’autres choses.
        A ce propos, de tous temps, les hommes de pouvoir n’ont pu asseoir ce pouvoir sans le support d’une idéologie. La force brute n’a jamais suffi. Il est donc exact que « la construction de l’État Nation est plus complexe qu’un simple coup de massue ». Cependant, l’usage de la force ou la menace de son emploi reste absolument nécessaire à la conquête et au maintien du pouvoir politique. Supprimez la menace de la prison si vous refusez de vous conformer aux règlements édictés par les hommes de pouvoir et vous verrez que très rapidement, un certain nombre de citoyens pacifiques cesseront de s’y conformer, puis d’autres et ainsi de suite. L’État Nation n’est donc bien pas issu de processus de marché libre. Bien sûr, il reste la concurrence entre États, laquelle peut d’un côté limiter l’appétit des dirigeants (les États les moins socialistes sur le plan intérieur étant les plus puissants) tout comme parfaire les instruments de domination.
        Le travail, l’argent et la langue, sans autres précisions, ne relèvent effectivement pas de la morale. C’est la conception que chacun en a, l’usage que chacun en fait, qui en relèvent. Quant à l’argent, sa manipulation par les hommes de pouvoir est tout simplement contraire au Droit (c’est du vol).
        Je trouve justement dommage que vous vous soyez abstenu de parler de morale. La principale souffrance des conservateurs aujourd’hui, est qu’ils se voient imposer une « morale » qui n’est pas la leur. Nous, libéraux, ne pouvons que les soutenir et les encourager à refuser cette imposition, à revendiquer et reconquérir le droit de vivre selon leurs propres codes moraux, par exemple, de donner à leurs enfants l’éducation et l’enseignement qu’ils souhaitent (ce qui passe par la liberté scolaire), de refuser de subvenir aux besoins de gens avec lesquels ils ne se sentent aucune affinité (ce qui passe par une remise en question de « l’État providence »), de payer pour une radio et une télévision qui ne fait que dénigrer leurs valeurs (ce qui passe par la fin de la « redevance » et la liberté des ondes)…
        Par contre, nous ne pouvons ni les encourager ni les soutenir à vouloir remplacer une forme de socialisme (de type « social démocrate ») par une autre (de type « conservateur »). Les conservateurs doivent prendre conscience que la négation imposée de leurs valeurs est le résultat inévitable du socialisme.

        • Vous avez raison. Je voulais éviter de faire traîner l’article en longueur. Il pourra être complété par un article plus touffu le cas échéant dans l’avenir.

    • « La morale traite de ce qui est jugé comme bien et mal et est donc nécessairement subjective.  »

      Il y a longtemps que la morale n’est plus subjective (Décalogue). D’ailleurs, si la morale existe, sa source échappe nécessairement à l’humain. D’où la nécessité (à rebours) du sacré, du divin. A défaut de sacré, la morale ne peut plus exister. Ce qui est subjectif en revanche, c’est l’éthique, c’est-à-dire le rapport de chacun à la morale. Comment dois-je décider de me comporter pour me conformer à la morale ? Comment est-ce que je juge le comportement d’autrui par rapport à la morale ?

      Les révolutionnaires l’avaient bien compris lorsqu’ils tentaient de remplacer Dieu par la Raison dans un pathétique réflexe de survie. Même sans Dieu, la société humaine a besoin d’une certaine dose de sacré, d’une source de la morale qui surpasse l’humain, faute de quoi elle se délite rapidement. Même encore aujourd’hui, notre société qui se prétend laïque ne peut s’empêcher d’appliquer l’essentiel du Décalogue parce que, objectivement, on ne fera jamais aussi utile, pertinent, efficace et surtout simple à comprendre même pour le moins subtil de nos contemporains.

      Et on n’oublie pas que le 10e commandement condamne définitivement toute forme de socialisme et de collectivisme. Grâce à lui, on sait immédiatement, sans avoir besoin de faire une longue thèse, que l’Etat obèse est objectivement immoral et ceux qui agissent en son nom également.

      • La morale du Décalogue est particulière car 4 de ses derniers articles constituent en même temps l’une des premières expressions connues du Droit, prouvant que le libéralisme trouve ses racines très loin dans l’antiquité. La relation est à double sens :
        – aucune morale ne peut être contraire au Droit, car pour pouvoir l’exprimer, il faut nécessairement être propriétaire de son corps (la propriété de son corps étant le pendant de l’interdiction du meurtre)
        – l’adoption des 5 derniers articles de la morale du Décalogue par une majorité de gens est nécessaire à l’avènement d’une société respectueuse du Droit.
        Comme l’homme n’a jamais vécu dans une société respectueuse du Droit, nous devons en conclure que Droit et morale du Décalogue sont loin de s’imposer à tout le monde.
        L’origine divine ou sacrée du Droit est tout aussi loin de s’imposer à tout le monde. Le Droit peut très bien avoir émergé d’esprits humains soucieux de pacifier les relations humaines ou « humanistes ».
        Ensuite, il existe d’innombrables croyances dont personne ne peut prouver qu’elles sont contraires au Droit, et, de ce fait, nécessairement subjectives. L’éthique n’est alors plus la relation de chacun avec LA morale, mais avec sa propre morale, définie comme ensemble de croyances, non contraires au Droit, de ce qui est « bien » … et « mal ».

        • L’ignorance du Décalogue, et l’aveuglement consécutif qu’exprime la variété des croyances, ne peuvent tenir lieu de morale concurrente mais plutôt de situation de vie amorale, non par faute mais par simple méconnaissance.

          La morale ne s’invente pas mais s’impose à l’humain par un processus de découverte (révélation puis transmission de la connaissance). La morale est du même ordre que les lois immuables de la nature existant indépendamment de toute volonté humaine. La liberté d’agir, en particulier la liberté d’être immoral, mais également le droit (vu comme éthique collective), sont sur un plan inférieur, encadrés et bornés par des Lois qui préexistent à l’humain. Ce n’est pas péjoratif. C’est juste ainsi, sans discussion possible. On ne choisit pas non plus la loi de la gravité. On se contente de vivre avec, dans le cadre qu’elle impose à tous. L’équivalent de l’immoralité dans ce cas, c’est se jeter dans le vide en pensant que ça va bien se terminer. Eh bien, c’est pareil avec la morale. Ceux qui l’ignorent finissent toujours mal.

          Le concept de morale propre, individualisée, est éminemment absurde, car contradictoire avec un principe supérieur commun de vie. Mais la confusion tient probablement au double sens du mot qui fait référence soit à la loi supérieure, indépassable, forcément unique, valable pour tous et à toutes les époques, soit à la somme des traditions et comportements tolérés ou non au sein d’une société à un moment donné. Mais on voit bien que les deux sens n’ont pas la même valeur, la même profondeur, la même nécessité impérative.

          • Bonsoir Cavaignac.
            Si je remplace le mot « morale » par le mot « Droit » dans votre 2e paragraphe, je suis parfaitement d’accord avec vous sur ce 2e paragraphe.
            Pour vous la morale est la morale fondamentale. Toute croyance qui s’y oppose ne peut être qu’immorale. On est d’accord.
            Donc, pour qu’on se comprenne, j’appellerai « Morale » cette morale fondamentale à partir de ce point.
            J’ai considéré que relève de la morale les croyances individuelles ou partagées (par plusieurs individus) de ce qui est bien et mal. Je les appellerai « croyances » à partir de ce point.
            Comme vous l’écrivez à juste titre, la Morale, comme la loi de la gravité et toutes les lois de la nature, sont pré-existantes à l’homme et se découvrent par un processus d’apprentissage et de transmission. Si ces lois de la nature se découvrent, comme nous vivons toujours à un moment donné dans le cours du temps, c’est qu’il reste et restera toujours des lois à découvrir, des lois découvertes mais à parfaire et à compléter. Même l’énoncé de la Morale a pu être parfait et complété au cours du temps. Il le sera encore. La nature est complexe, si complexe que l’homme, dont l’intelligence est très limitée (c’est aussi une loi de la nature) restera toujours fondamentalement ignorant.
            A tout instant, un nombre infini de lois n’ont encore été ni découvertes ni énoncées. A tout instant, chaque individu, aussi érudit soit-il, ignore la quasi totalité des lois qui ont été déjà découvertes et énoncées. Vous-même avez mis l’accent sur le rôle de l’ignorance. C’est là, qu’en dehors de toute mauvaise foi, s’ouvre un espace infini aux croyances de toutes sortes. L’immense majorité de ces croyances n’entre pas forcément en conflit avec la Morale, du moins, souvent, on n’en sait rien. Et ces croyances participent elles-même du processus de découverte des lois.

        • « Le Droit peut très bien avoir émergé d’esprits humains soucieux de pacifier les relations humaines ou « humanistes ». » C’est évident, tout énoncé est issu d’esprits humains qui les ont formulés à un moment donné.

          Mais ceci ne veut absolument rien dire : ce n’est pas parce que Newton a été le premier à énoncer la loi de la gravitation que cela influence de quelque façon que ce soit cette particularité physique de la matière.

          Rien n’est dans les mots : les mots ne sont qu’une tentative de simplifier le réel dans le but de le rendre plus accessible.

          Les préceptes du Décalogue tentent de formaliser une réalité qui découle des capacités et des limites de l’être humain, et si l’on en recherche les origines, elles découlent de sa nature humaine, simienne, mammifère, animale, vivante, constitué de matière animée par des énergies et des réactions chimiques … mais elles découlent aussi de toute l’histoire qu’ont vécus les ascendants et l’environnement dans lequel ils ont évolué, histoire et environnements dont l’homme ne peut se soustraire car elle sont réalités : le passé est réalité, certes inaccessible, mais néanmoins réalité.

          Maintenant appelez cette réalité (la somme des ascendants , des environnements antérieurs et des interactions entre les deux ) comme vous voulez (évolution, nature, thermodynamique …) mais cette explosion qui va de l’énergie pure à l’état actuel, qui nous est inaccessible (car passée et révolue) et qui tend non pas vers le chaos, mais vers l’ordre et la connaissance est
          transcendante car cohérente : nous sommes capable d’en isoler des parties pour en écrire des lois, d’y trouver cohérence et simplification afin de la décrire et de la prédire.

          La morale est une de ces lois, qui provient de la réalité de monde et de l’homme tels qu’ils sont et absolument pas d’un monde tel que nous voudrions qu’il soit.

          Même si depuis Rousseau et les romantiques, il est de mode de dire que les choses peuvent être telles que nos caprices et nos fantasmes voudraient qu’elles soient : même si un jour nous pourrions nous soustraire aux effets de la gravité, cela ne changer absolument pas la particularité qu’a la matière de tomber quand elle y est soumise.

          • La Nature, l’Ordre spontané, ou encore le Dessein divin sont quand même largement des mythes qui empruntent beaucoup plus au religieux qu’à la science.
            Ces « machins » ont toujours été utilisés par le Pouvoir pour établir, sans justification démontrable ni reproductible, que les choses qu’Il avait décidé, devaient être ainsi et pas autrement !
            Et l’Histoire regorge bien évidemment de nombreux exemples de ces ordres « naturels », « spontanés » ou « divins » qui ont été balayés par d’autres.

          • Bonsoir Stéphane.
            Entièrement d’accord. Voir ma réponse à Cavaignac ci-dessus.

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