Peter Thiel quitte la Silicon Valley qu’il juge intolérante

Selon Peter Thiel, qui intervenait à l’université de Stanford le mois dernier, « la Silicon Valley est un parti unique », pointant ici les accointances des géants de la tech avec la gauche politique et culturelle.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Peter Thiel quitte la Silicon Valley qu’il juge intolérante

Publié le 21 février 2018
- A +

Par Frédéric Mas.

Selon le Wall Street Journal, l’entrepreneur milliardaire Peter Thiel a déclaré qu’il prévoyait de quitter la Silicon Valley pour se relocaliser à Los Angeles. Il compte également y redéployer ses investissements et se retirer en partie de l’industrie de la haute technologie, secteur dans lequel il a brillé depuis ces 20 dernières années.

Ce n’est pas le manque d’opportunités économiques qui chasse le cofondateur de Paypal de la baie de San Francisco, mais le climat idéologique du milieu de la tech qui, selon lui, est devenu intolérable. Peter Thiel a en effet soutenu la candidature de Donald Trump, et se définit à la fois comme conservateur et libertarien engagé, ce qui apparaît comme une grande originalité dans une région et un secteur d’activité traditionnellement plus à gauche que le reste du pays.

Le parti unique de la Silicon Valley

Selon Peter Thiel, qui intervenait à l’université de Stanford le mois dernier, « la Silicon Valley est un parti unique », pointant ici les accointances des géants de la tech avec la gauche politique et culturelle. Ceci apparaît comme un nouvel épisode dans la série des tensions entre la morale de l’élite cognitive américaine et le reste de sa population.

Précédemment, Mark Zuckerberg s’était illustré en se rapprochant du parti démocrate, défendant publiquement le revenu universel et la nécessité de combattre les fake news sur les réseaux sociaux, quitte à encourager un certain nettoyage idéologique que certains conservateurs ont jugé partisan.

Plus récemment, le licenciement de James Damore par Google pour un rapport jugé sexiste a fait couler beaucoup d’encre. Se basant essentiellement sur des études scientifiques pour expliquer le peu de femmes dans le secteur de la tech, son étude avait été jugée contraire aux principes éthiques favorisant la diversité de l’entreprise. Depuis, Damore a tiré la sonnette d’alarme sur le climat d’intolérance progressiste qui sévissait dans l’entreprise, le tout du point de vue libéral classique.

L’entrepreneur libertarien

Peter Thiel s’est illustré par son attachement à la pensée libertarienne, qu’il a commencé à connaître en tant qu’étudiant en philosophie sur le campus de Stanford dans les années 1980.

Il a participé par la suite à la création du Seasteading Institute, qui a pour objectif de créer des villes flottantes autonomes avec pour ambition de mettre fin au monopole de l’État sur la gouvernance, et de questionner le concept même de citoyenneté.

Ces villes déliées de toute emprise étatique, tout comme son engagement dans la net economy, le transhumanisme et la conquête de l’espace, illustrent la même conviction profonde, la nécessité d’échapper au piège et aux limitations de la politique grâce à la technologie.

Le conservateur engagé

Peter Thiel n’est cependant pas un libertarien « pur sucre », il est aussi un conservateur de longue date engagé auprès du parti républicain, ce qui l’a conduit à soutenir la candidature de Donald Trump et à lui verser 1,25 million de dollars lors de sa campagne présidentielle. C’est sans doute ce qui l’a mené à être traité en paria par ses pairs de la Silicon Valley.

En témoignent ainsi les relations tendues qu’il a désormais avec le pdg de Netflix Reed Hastings au sein du conseil d’administration de Facebook. Hastings a jugé catastrophique l’engagement du milliardaire, ce qui pourrait aussi participer à l’éloignement de ce dernier du fameux réseau social.

Si l’engagement de Peter Thiel en faveur du président actuel peut légitimement susciter la critique, en particulier au regard de ses propres positions libertariennes, le rejet du pluralisme politique au nom d’une sorte de morale progressiste qui n’admet pas la contradiction n’est ni bon pour la compétition des idées, ni bon pour le business. La tolérance, qui fut un temps le patrimoine commun de tous les libéraux1, s’applique aussi aux conservateurs.

  1. Sur le sujet, Minogue, Kenneth, The Liberal Mind.
Voir les commentaires (12)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (12)
  • Ah, cette belle morale (libertarienne ?) qui voit tous les mêmes siéger dans de multiples conseils d’administrations… C’est comme pour le CAC 40 chez nous.

    Viens chez moi, j’habite chez toi !

    Le PDG de Netflix et celui de PAYPAL siégeant chez Facebook -nous racontez-vous – et autres jeux de chaises musicales en circuit fermé des grandes entreprises… Marc Zuckerberg siégeant chez Netflix ou chez Paypal ou chez Apple, ou chez… Tim Cook d’Apple siégeant chez Oracle ou chez…

    Viens chez moi, j’habite chez ta copine !

    Comment voulez-vous qu’il n’y ai pas de problèmes de consanguinité politico-moralo-mariage pour tous. Et tous pourr… (Coluche inside) ?

    J’ai un compte Paypal, et – à l’insu de mon plein gré – on a versé des sous à Trump ou à Poutine pour sa belle réélection populaire.

    • On vous explique que justement ce ne sont pas des libertariens mais des gauchistes tous ces gens, à part Thiel d’où l’article…

    • Bonjour Tom Alix,

      Le corporatisme que vous décrivez (Président de Netflix siégeant au conseil d’administration de Facebook et inversement) n’est pas libertarien ou libéral, c’est justement de la connivence et ce que le libéralisme ne veut pas.

      Ensuite pour votre compte Paypal, vous avez librement consenti à utiliser ce système pour diverses raisons (ergonomie, sécurité, etc.). De fait l’argent que l’entreprise a gagné est sa propriété et si son PDG veut soutenir telle ou telle partie politique c’est son choix. Enfin, si le soutien M. Thiel à Donald Trump vous dérange, vous arrêtez d’utiliser Paypal, c’est aussi simple que cela.

    • Perso, j’ai un compte au Ministère des Finances et à l’insu de mon plein gré, j’ai probablement abondé celui de Cahuzac. Mais la différence fondamentale, c’est que chez les libéraux, vous avez le droit de fermer votre compte Paypal (ce que vous avez fait, j’imagine…). Alors que celui que j’ai au Ministère… Lol

  • Bah , la new technologie est pour la concentration du pouvoir,Facebook Netflix ou autres veulent toutes les parts de leur marché,Google est le dictateur suprême…..ils défendent tous des valeurs de gauche,ils souhaitent être votre conscience ,décider ce qui est bien ou mal pour vous…vous êtes branché..non , enchaîné !

  • Le progressisme n’a jamais été libéral.

    Le progressisme n’est qu’un fascisme modernisé.

    • Très juste! Il le prouve tous les jours avec ce Tribunal de l’Inquisition érigé contre tout contrevenant à leurs idées anti-démocratiques!

    • @Cavaignac : Si vous êtes contre le progressisme à marche forcée, alors vous êtes un libéral.

      Si vous avez des préférences personnelles conservatrices, mais que vous êtes contre le conservatisme à marche forcée, alors vous êtes un libéral.

      En revanche, si vous êtes contre le progressisme à marche forcée, mais que le conservatisme à marche forcée vous dérange moins que le progressisme volontaire, alors vous n’êtes pas un libéral, vous êtes un conservateur qui s’est égaré sur un site libéral.

      • Le fascisme était justement progressiste, et socialiste!

        • « Le fascisme était justement progressiste, et socialiste! »

          @Virgile : L’islamisme, c’est du conservatisme, doit-on pour autant rejeter le conservatisme en bloc ? Evidement que non. Un libéral rejette le conservatisme à marche forcée émanant, par exemple, d’islamistes forçant des femmes à se voiler contre leur gré, mais un libéral tolère le conservatisme volontaire émanant, par exemple, de petites mamies qui n’emmerdent personne en cuisinant une galette des rois lors de la fête chrétienne de l’Épiphanie.

          De même : un libéral rejette le progressisme à marche forcée émanant, par exemple, d’un gouvernement pénalisant certains sites internet décourageant les femmes d’avorter (« délit d’entrave numérique à l’IVG »), mais un libéral tolère le progressisme volontaire émanant, par exemple, d’une femme qui refuse de se voiler.

          Par conséquent, Cavaignac a tort lorsqu’il poste un message affirmant que « le progressisme n’a jamais été libéral » étant donné que cela revient à dire qu’un libéral doit rejetter le progressisme même lorsqu’il est volontaire.

  • Soutenir une bonne femme pourrie jusqu’à l’os, corrompue et incompétente, comme prouvé par ses mails non protégés, ne gêne en rien les patrons de la Silicon? De plus on apprécie leur amour de la démocratie!

  • La Silicone Valley m’a toujours évoqué Pamela Anderson.
    A partir d’un certain âge, il faut beaucoup d’argent pour sauver les apparences et d’entregent politiquement correct pour séduire les distributeurs de subventions publiques et tourner encore.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Avec Internet et les réseaux sociaux, la bêtise se porte mieux que jamais. Or, elle est « une défaite de la pensée critique », écrit Pierre-André Taguieff. Raymond Aron ou Karl Popper, parmi d’autres, s’inquiétaient du rôle majeur qu’elle joue dans l’histoire. Pourtant, elle est trop souvent négligée.

 

Une question majeure

« On lutte, avec raison et parfois avec quelque succès, contre l’ignorance, l’erreur, l’illusion et le mensonge. Au nom de la vérité et de la connaissance scientifique, on lutte aussi contre les rumeurs,... Poursuivre la lecture

Extrait de Philippe Nemo, Histoire des idées politiques aux Temps modernes et contemporains, PUF, 2002, p. 779-781.

 

Si l’on entend par socialisme une doctrine, ou une famille de doctrines, condamnant la propriété privée, prônant la mise en commun des biens, imposant des conduites normées qui restreignent la liberté individuelle, il est clair – et les premiers socialistes ont explicitement revendiqué cette parenté – que le socialisme peut et doit être rapproché des « communautés primitives » ayant précédé l’émergence de l’... Poursuivre la lecture

Yves Guyot, dans son ouvrage La Tyrannie Socialiste, offre une critique acerbe du socialisme qu'il perçoit comme une menace pour l'économie de marché et la liberté individuelle. À l’heure où la gauche forme un Nouveau Front Populaire, il semble tout à fait opportun de citer les travaux d’un libéral qui a affronté les socialistes de son temps.

 

Le Socialisme, entre errance et incompréhension économique depuis le XIXe siècle

Dans La Tyrannie Socialiste, Yves Guyot dénonce la conception erronée des socialistes concernant la r... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles