Le protectionnisme de l’État appauvrit les consommateurs

Mieux comprendre comment le protectionnisme favorise des groupes au détriment des intérêts des individus : l’exemple de Donald Trump et des machines à laver.

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Trump by IoSonoUnaCamera(CC BY-SA 2.0)

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Le protectionnisme de l’État appauvrit les consommateurs

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 4 février 2018
- A +

Par Bill Bonner.

Les taxes douanières pèsent sur les individus et ne rendent pas le commerce plus équitable. Elles ne font qu’avantager de petits groupes d’intérêt.

Cette semaine, le président américain a fait un état des lieux. Il n’a pas mentionné le fait que les États-Unis sont en train de faire faillite. Ou que la hausse des taux d’intérêt menace le système d’argent factice. Ou que les baisses d’impôts, en plus des dépenses pour la défense, les infrastructures et l’aide sociale, provoqueront à coup sûr une catastrophe budgétaire. Ou que ses politiques commerciales protectionnistes feront augmenter les prix à la consommation, grimper plus encore les taux d’intérêt et diminuer la production.

Le protectionnisme appauvrit les consommateurs

Nous avons donc l’embarras du choix – mais aujourd’hui, examinons de plus près les restrictions commerciales.

« Les actions du président font à nouveau ressortir clairement que l’administration Trump défendra toujours les travailleurs, agriculteurs, éleveurs et entrepreneurs américains », a déclaré le représentant au Commerce Robert Lighthizer la semaine dernière.

« Les guerres commerciales sont menées au quotidien », a ajouté le secrétaire au Commerce Wilbur Ross à Davos.

Lighthizer faisait allusion à une manoeuvre hardie de la part du président américain : imposer des taxes douanières et des frais d’importation sur les machines à laver, réfrigérateurs et panneaux solaires fabriqués à l’étranger.

Si on les laisse faire, les acheteurs et les vendeurs ne sont jamais en guerre. Ils coopèrent plutôt à des accords gagnant-gagnant.

L’un comme l’autre s’attend à sortir gagnant… sans quoi l’accord ne se ferait pas. Et puisque c’est généralement le cas, l’économie en sort gagnante aussi.

Le boulanger fait du meilleur pain que le plombier. Les branchements du plombier ont moins de fuites. En échangeant l’un avec l’autre, ils terminent tous deux plus riches que s’ils n’avaient rien fait.

Restreindre le commerce avec des tarifs et des réglementations, en revanche, produit des gagnants et des perdants… et appauvrit la société.

Gagnants et perdants faciles à trier

En ce qui concerne les dernières barrières commerciales à ce jour, elles ont en tout cas fait au moins un gagnant évident : le fabricant d’électroménager Whirlpool… dont les lobbyistes avaient poussé le président à agir. Et dont le cours de l’action a grimpé de 3% immédiatement après l’annonce de M. Lighthizer.

Il y a aussi les fabricants de panneaux solaires Sunrun et First Solar, et leurs lobbyistes, qui profitent du fardeau supplémentaire imposé à leurs concurrents.

Il était moins clair de distinguer contre qui ou quoi l’administration Trump défendait les agriculteurs, les entreprises etc.

Qui étaient les perdants ? C’est ce que nous espérons éclaircir aujourd’hui.

Le consommateur, grand perdant du protectionnisme

Whirlpool Corporation compte 28 000 salariés aux États-Unis. Quelques milliers d’entre eux fabriquent des machines à laver, des réfrigérateurs et autres appareils électroménagers.

Mais des centaines de millions d’Américains utilisent des machines à laver et des réfrigérateurs. Alors tandis que les actionnaires, les salariés et les gros bonnets de l’entreprise gagnent, les consommateurs perdent.

Les consommateurs achètent leurs appareils électroménagers sur le marché libre, cherchant la meilleure qualité au prix le plus bas. À présent, ils paieront plus, les autorités imposant des droits de douane allant jusqu’à 50%.

Mais attendez… Whirlpool n’est-il pas confronté à une « concurrence déloyale » ?

Une concurrence libre permet de détecter quelle est la meilleure affaire et dirige les ventes et les profits (s’il y en a) vers le producteur le plus efficace.

Celui qui en donne le plus au consommateur pour son argent obtient le plus d’activité. C’est la seule véritable mesure du commerce « équitable ».

Lorsque la concurrence n’est pas libre, elle dirige les ventes et les profits vers les favoris politiques du moment.

Et là, un avertissement : voici qu’arrivent les sottises.

Les étrangers manipulent leurs devises. Il y a une surcapacité dans le secteur des machines à laver. Les entreprises étrangères paient des impôts moins élevés. Les étrangers n’achètent pas nos machines à laver. Les étrangers ne paient pas assez leurs travailleurs. Les étrangers n’ont pas les mêmes mesures de protection environnementale. Les étrangers font travailler les enfants… et n’offrent pas de repas sans gluten à la cantine.

« Concurrence déloyale », avancent les preux chevaliers du commerce équitable.

Des preux chevaliers qui ne « jouent pas leur peau »

Mais ce ne sont pas les pays qui achètent des machines à laver ; ce sont les consommateurs, les particuliers.

Ils utilisent leur jugement, leurs idées toutes faites et leurs illusions pour choisir celle qui leur offre, à leur avis, le meilleur rapport qualité/prix. Comme le dit Nassim Taleb dans son nouveau livre Jouer sa peau – Asymétries cachées de la vie quotidienne, ils « jouent leur peau ».

C’est leur temps… leur argent… et leurs vêtements qui sont en jeu. Si la soi-disant « manipulation monétaire » – quel que soit cet animal bizarre – compte pour eux, ils sont libres de le prendre en considération.

Les preux chevaliers, eux, ne jouent pas leur peau. Peu leur importe que vous ayez moins de choix, que vous payiez plus, et que vous obteniez une moins bonne affaire.

Ils peuvent aligner toutes les sottises qu’ils veulent… et chanter leurs propres louanges en prétendant représenter « les travailleurs » et « les entreprises » et en affirmant qu’ils sont les seuls à savoir quel accord est « équitable ».

La réalité du protectionnisme : elle profite à quelques-uns

Ce qu’ils font réellement est tout différent – mais c’est ce que font toujours les gouvernements : exploiter la majorité au bénéfice de quelques-uns.

Un lecteur australien signale qu’aux antipodes, le prix d’une installation d’énergie solaire est moitié moins cher qu’aux États-Unis.

L’auteur du courrier attribuait cette différence aux réglementations plus lourdes aux États-Unis, qui réduisent largement les bénéfices de l’énergie solaire.

À présent, avec de nouveaux coûts imposés aux panneaux solaires fabriqués à l’étranger, le secteur tout entier – qui était censé être la plus grande source de nouveaux emplois aux États-Unis ces 10 prochaines années – fait grise mine.

Mais les actions du fabricant de panneaux solaires américain SunPower ont grimpé de près de 10% depuis mercredi dernier.

La majorité paie. Quelques-uns profitent.

Pour plus d’informations, c’est ici.

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  • Quand j’achète une machine à laver française (si ça existe), admettons que je paie le prix fort et qu’elle me coûte 20% de plus qu’une machine étrangère.
    – la machine française génère des impôts sur la société fabricante qui sont perçus en France, les employés français paie des impôts sur le revenu en France, une partie de leur salaire alimente les caisses de retraite et de la sécu, etc.
    – la machine étrangère, dans un marché concurrentiel sans douane, ne génère pas ces rentrées d’argent dans le système français qui alimente le système étranger.
    – le consommateur français qui paie plein pot d’impôts, de taxes, et de charges de toutes sortes en France a intérêt à ce que l’argent qui dépense pour une machine à laver reste dans le système français plutôt qu’il parte à l’étranger dans un autre système. L’économie immédiate qui réalise en payant un peu moins cher un produit étranger, lui coûte au final plus cher parce qu’il alimente le système économique d’un autre Etat.
    Pour les non-libéraux, la protection de leur système se justifie économiquement, même si c’est pour de mauvaises raisons (morale, etc…).
    Le socialisme impose le protectionnisme et l’enfermement.
    La démocratie c’est la liberté de choix pour chaque individu, et dans certaines démocratie, comme la France par exemple, une majorité d’individus ont choisis librement de sacrifier leur liberté réelle à une sécurité potentielle procurée par l’Etat.
    J’ai été chômeur de longue durée et à l’époque, j’étais soulagé par toutes les aides procurées par l’Etat, avant de m’apercevoir que je m’étais enfermé moi-même avec l’aide de l’Etat dans une situation qui nuisait gravement à mes intérêts, mais qui profitait à ceux qui se gavent au passage sur le flux d’argent abondé par les autres.

    • Vous oubliez un élément essentiel : l’entreprise « protégée » n’innovera plus.

      • Ce n’est pas trop grave, l’entreprise « protégée » peut copier les innovations, avec un temps de retard il est vrai. Voyez les constructeurs français d’automobiles…

      • Cela se saurait si le marché aboutissait à mettre à disposition des consommateurs les produits les plus innovants… Vous confondez innovation et progrès. Et combien d’innovation ont été mises au placard par rachat de brevet ou lobbyisme pour ne pas casser les situations de rente ?

        • Très peu voir aucune.
          Un brevet a une durée de 20 ans et son contenu, bien que son contenu est protégé, il est accessible à tous. C’est d’ailleurs pour cela que toutes les grandes entreprises technologiques surveillent en permanence l’arrivée de nouveaux brevets dans leurs secteurs d’activité. Soit pour les acheter ou simplement orienter leurs propres services de R&D pour ne pas prendre de retard sur une innovation importante. De plus, un brevet peut difficilement couvrir tous les aspects d’une découverte ou innovation et la concurrence s’infiltre dans les failles du brevet. Il y en a toujours.

      • Il suffit de prendre l’exemple des vins suisses.
        Le blanc, hyper protégé a longtemps été une piquette bonne à faire du vinaigre. Le rouge, moins protégé, surtout depuis les dernières mesures de libération du marché, a vu la qualité remonter en flèche, au point de faire partie des meilleurs vins au monde.
        Idem pour le fromage. maintenant l’Etivaz est connu dans tout le monde.

      • L’entreprise protégée en profitera aussi pour faire monter ses prix jusqu’à être légèrement moins cher que les étrangers. Au final, le consommateur perd sur toute la ligne

  • Fake news ! Trump n’est absoluemment pas protectionniste ! Trump est merveilleux, Trump c’est le plus fort, Trump lui au moins il tient ses promesses, Trump est à la fois le visionnaire ultra pragmatique et le négociateur hors pair dont les Américains avait cruellement besoin ! Et quand bien même Trump serait un idiot de protectionniste tout comme l’idiote Hillary Clinton, peu importe, car Trump est contre l’immigration illégale (surtout celle qui ne vient pas de Norvège.) C’est la seule chose qui compte. Build That Wall ! Build That Wall ! Les Américaines sont saines et sauves maintenant que Trump est au pouvoir ! Il va les protéger contre les mexicains et les musulmans qui veulent les attraper par la cha… sans leur consentement ! Gloire à Trump ! In Trump We Trust !

  • 1 @ commando
    Trump, Poutine,Xi Jinping, sont les présidents modèles dans un monde globalisé. »mondialisation des activités ».
    les présidents Européens vivent dans un monde de bisounours…
    il y en a même qui se croient encore obligé d’aider l’ Afrique..;comme à la belle époque ……
    Triste France…..

  • Un peu confus. La justification du libre-échange est l’optimisation globale de la création de richesses. Les mesures protectionnistes de Trump nuisent-elles plus ou moins à cette optimisation que ne l’auraient fait les accords douaniers avec certains petits copains de Clinton ? Le libre-échangisme est aujourd’hui une utopie fumeuse, et par conséquent le protectionnisme est une réalité multiforme omniprésente, dans laquelle il est assez stérile de se livrer à des comparaisons entre les mesures prises par les uns ou prises par les autres. Quant à mettre la création d’emplois ou leur destruction dans la balance, comme si un emploi était une richesse, ça n’a pas sens. Sinon, notre état qui crée des fonctionnaires comme les lapines créent des lapereaux serait le plus grand créateur de richesses au monde !

  • Le libre échange à l’échelle planétaire est valable à la condition que tout le monde joue le jeu. Ce qui n’est pas le cas de la Chine par exemple, qui triche en manipulant sa monnaie, sous évaluée, et des mesures protectionnistes envers les produits étrangers.

    • @Virgile :
      Extrait d’un texte sur wikibéral : « Un des arguments parfois avancés par les partisans du protectionnisme est celui de la symétrie : « notre pays doit se protéger, parce que les autres pays en font autant et protègent leur marché intérieur ». C’est un non sequitur : si les autres pays décident de renchérir le prix des produits importés par des mesures protectionnistes, ils sont les premiers perdants, et il n’y a aucune raison pour les imiter dans leurs erreurs. »

  • Le pouvoir d’achat n’a pas besoin de protectionisme pour être appauvri ,il suffit d’augmenter les impots.et on augmente les impôts parcequ’il n’y a pas assez……d’entreprises et de salariés……..pour les payer.
    L’essentiel en économie n’est pas le pouvoir d’achat mais le pouvoir d’entreprendre ,la il faut du libéralisme ,ailleurs..ça dépend.

    • Mais dans quel(s) but(s) ? Entreprendre pour quoi ? Pour accumuler une rondelette somme sur un compte en banque ? Pour tenter de faire aboutir une idée révolutionnaire qui changera la face de l’humanité ? Et cetera.

      Aujourd’hui, la notion d’entrepreneuriat est détruite par la finance capitaliste mondialisée. La finance mondialisée est la rente dans toute sa splendeur, donc ennemie de l’entrepreneur. D’ailleurs, la prise de risque des banques sur les nouveaux projets en est une belle preuve. Nous ne sommes plus dans du libéralisme. Le démantèlement des lois permettant aux multinationales de prospérer et de transformer des marchés en situation de rente s’imposera à terme à moins de vouloir se retrouver dans une société éco-fasciste.

  • En achetant des panneaux solaires chinois, le consommateur américain alimente certes une industrie subventionnée à l’étranger, mais cela lui permet de produire une électricité meilleur marché et stimulera la concurrence des autres fournisseurs d’énergie etc. A la fin, c’est le consommateur d’électricité américain (et qui souvent utilise l’électricité pour produire autre chose) qui est le véritable bénéficiaire des subventions de l’Etat Chinois. Le panneau solaire n’est qu’un petit élément du marché de l’énergie. Si les chinois veulent dépenser leur argent à subventionner cette industrie, c’est leur problème.

  • Articles intéressants sur le protectionnisme: http://www.slate.fr/story/80311/protectionnisme-probleme
    http://www.contrepoints.org/2013/09/24/140011-protectionnisme-philosophie-guerre
    http://www.contrepoints.org/2011/06/20/31123-que-savez-vous-du-protectionnisme
    http://www.contrepoints.org/2011/04/01/19468-le-protectionnisme-un-mal-non-necessaire
    http://www.alainmadelin.fr/blog/analyses/lettre-ouverte-a-arnaud-montebourg-aux-protectionnistes-et-aux-dirigistes-de-tous-bords-2/
    http://economie-analyses-actualites-opinions.over-blog.com/article-protectionnisme-108813811.html
    Le protectionnisme ne fonctionne pas pour faire une relance macro-économique et / ou pour promouvoir le rééquilibrage de la balance commerciale. Le protectionnisme est une mauvaise idée même quand il est utilisé temporairement. Le protectionnisme conduit à une baisse de la production et une hausse de l’inflation.
    http://faculty.washington.edu/ghiro/BCGMainText.pdf
    Appendix: http://faculty.washington.edu/ghiro/BCGAppendix.pdf

    Le problème des droits de douane, outre le fait qu’on fait supporter la charge au consommateur, réside dans la division verticale du travail. Le processus de production est segmenté et se fait désormais à travers différents pays, qui s’échangent entre eux des biens intermédiaires, qu’ils vont transformer ou assembler avant de les réexporter.
    Finalement, augmenter le droit de douane engendre un surenchérissement du coût des inputs et donc du prix final des biens exportés.
    Prenons ensuite le cas de la France: on a affaire à des échanges de biens similaires avec des pays similaires (86% du commerce entre la France et l’Allemagne est un commerce de similitude). L’instauration de droits de douane n’aurait aucun sens.
    Enfin, comme le disait Smith, il ne convient pas de produire soi-même un bien que l’on peut se procurer moins cher à l’étranger. Le libre-échange permet une meilleure allocation des ressources productives, et davantage encore selon le principe ricardien des avantages comparatifs, qui peut s’appréhender en termes de coût d’opportunité.
    Il permet une augmentation de l’utilité du consommateur, qui voit le prix des biens diminuer et leur variété augmenter (cf. Lancaster et toute la théorie basée sur le modèle Chamberlin).

    Un article intéressant sur les bienfaits du libre échange: https://dievolkswirtschaft.ch/fr/2017/05/scheidegger-07-2017fr/
    (la bibliographie est en bas sur le côté droit de l’article)

  • Un papier montrant que le commerce entre les USA et la Chine a certes détruit des emplois aux USA dans certains secteurs mais que cela est compensé par la création d’autres emplois dans d’autres secteurs: http://voxeu.org/article/reconsidering-china-shock-trade
    Ce papier montre que ce que dit Trump sur les le commerce avec la Chine est totalement faux. Ce n’est pas néfaste pour l’emploi américain.

    Un excellent article très complet sur le commerce international: https://menghublog.wordpress.com/2015/05/10/pop-internationalism-paul-krugman-1996/

    Pourquoi le commerce international, et quelles seraient les conséquences du protectionnisme? http://www.cepii.fr/CEPII/fr/publications/pb/abstract.asp?NoDoc=10617

    voici une étude empirique qui trouve un lien de causalité robuste entre libéralisation des échanges et croissance économique. http://www.nber.org/papers/w14264

  • L’argument central en faveur du protectionnisme qu’avancent ses partisans est le plus souvent la préservation des emplois nationaux : un pays à haut niveau de vie et salaires élevés ne pourrait soutenir la concurrence de pays où les salaires sont beaucoup plus bas, et par conséquent où les produits et services sont moins chers. Des droits de douane (droits d’entrée pour les marchandises importées) ou des quotas d’importation seraient donc nécessaires pour rétablir l’équilibre vis à vis de cette concurrence « déloyale ».
    En réalité, le protectionnisme accélère le déclin. Il permet certes de sauver temporairement quelques emplois et industries, mais en réduisant le niveau de vie et le revenu des consommateurs de produits étrangers (car ce sont eux qui payent les droits de douane !), en augmentant les coûts de production interne (les producteurs employant des produits du secteur protégé, plus chers), en rendant par conséquent moins compétitifs les producteurs au niveau international. Finalement, il diminue l’attractivité du pays pour les étrangers qui, ne pouvant y vendre leurs produits, ne disposent pas en retour de fonds dans la monnaie du pays protectionniste.
    Le résultat est que, pour sauver quelques emplois inefficaces, un bien plus grand nombre d’emplois efficaces sont détruits ou non créés. Au lieu de profiter de la loi des avantages comparatifs en se spécialisant dans des secteurs à forte valeur ajoutée, le pays préfère prolonger la survie de secteurs non rentables.
    Les politiciens protectionnistes ne mettront évidemment en exergue que les côtés positifs, visibles (« on a sauvé des emplois ») sans insister sur les côtés négatifs (voir aussi la parabole de la vitre cassée). Quand le coût des emplois « sauvés » devient excessif et ne peut plus être assumé, on assiste à des reconversions douloureuses : le protectionnisme n’a servi qu’à repousser le problème à un peu plus tard, au bénéfice des politiciens du moment.
    Si la logique protectionniste était poussée jusqu’au bout par les politiciens, on aboutirait à des pays qui vivraient en autarcie totale et emploieraient des techniques complètement dépassées : n’aurait-il pas fallu protéger l’emploi des charrons, sabotiers, forgerons, conducteurs de diligence, vendeurs de bougies, porteurs d’eau, allumeurs de réverbères, etc. Le rêve secret du protectionniste, c’est d’aboutir à un monde figé pour toujours, en contradiction avec toute réalité. Le protectionniste est un réactionnaire !
    Il est d’ailleurs étonnant de voir resurgir, de la part de certains intellectuels (par exemple Emmanuel Todd, et avant lui Maurice Allais), la préconisation d’instaurer un « protectionnisme continental », cela plus de deux cents ans après le Blocus Continental napoléonien qui avait réussi à appauvrir davantage le continent…
    Si le but affiché du protectionnisme est d’entraver les importations étrangères et de favoriser l’exportation des produits nationaux (mercantilisme), on peut dire que le protectionnisme est contradictoire puisqu’il va à l’encontre même de ce but, les étrangers ne disposant pas de suffisamment de monnaie nationale pour acheter les produits nationaux (du fait de la barrière protectionniste qui les empêche de vendre leurs produits). Le protectionniste, méconnaissant la nature de l’échange économique, croit qu’exportations et importations sont déconnectées, et qu’on peut agir sur les unes sans impact en retour sur les autres.
    le problème des gens qui veulent le protectionnisme s’est qu’ils disent vouloir le protectionnisme pour protéger les producteurs nationaux contre les producteurs étrangers ce qui est faux le protectionnisme ne se fait pas au détriment des producteurs étrangers mais bien au détriment des consommateurs qui payent le prix du protectionnisme. le libre échange est toujours bénéfique en volume total mais il se fait toujours au détriment d’une catégorie de personnes soit les consommateurs (exportations) soit les producteurs (importations). en général, c’est plutôt au détriment des producteurs. c’est l’un des gros problème en france: quand il y a le libre échange, pour que cela profite à tout le monde, il faut restructurer l’économie ce qui demande bien sur une période transitoire où une catégorie de personne est perdante mais en France, on est incapable de restructurer l’économie voilà pourquoi les francais détestent tant la mondialisation. le marché du travail est beaucoup trop rigide en France ce qui fait qu’un ouvrier qui perd son boulot parce qu’un secteur d’activité (par exemple sidérurgie) n’est plus assez compétitif sur le marché mondiale restera au chomage sans avoir de chance de retrouver en un emploi là où dans un pays comme la suisse qui a un marché de l’emploi flexible, l’ouvrier aurait assez facilement retrouvé un emploi. aujourd’hui, beaucoup de gens inversent la logique du commerce international. ils croient qu’il faut exporter un maximum et importer un minimum alors que le but du commerce international est justement d’importer. bien sûr, il faut payer les importations et pour les payer, il faut exporter. si un pays ne fait qu’importer (exemple la grèce) et n’exporte rien, il n’a d’autre choix que de s’endetter.
    Le protectionnisme constitue d’abord une erreur pour les consommateurs, qui ne peuvent se procurer certaines marchandises ou qualités, ou alors à des prix trop élevés. Le libre-échange, au contraire, favorise le consommateur. Mais le protectionnisme n’est pas non plus une bonne chose pour les producteurs nationaux; il leur ôte des débouchés (car les pays étrangers prennent des mesures de rétorsion) et surtout il laisse les producteurs nationaux, non soumis à la rigueur de la concurrence étrangère, « s’endormir » au lieu de s’adapter. Le protectionnisme, supprimant l’aiguillon de la concurrence étrangère, n’est pas un facteur de progrès, mais de stagnation économique et de faible productivité. Même pour des pays peu développés, l’existence d’une concurrence étrangère est un bon stimulant, et l’on sait qu’ils compensent leur éventuel retard technique par des coûts salariaux plus faibles par exemple. Ce sont d’ailleurs les pays en voie de développement les plus ouverts aux échanges internationaux qui ont connu le décollage le plus rapide, comme le montre l’exemple des NPI (Nouveaux pays industrialisés), en particulier ceux du Sud-Est asiatique, tandis que ceux qui refusaient l’ouverture internationale s’enfonçaient dans la misère. pour les usa. lisez ceci: http://www.libreafrique.org/Helge_USA_protectionnisme_160812
    Beaucoup de protectionnistes utilisent l’argument que les usa ont été protectionnistes à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle.
    le protectionnisme nuit automatiquement à toutes les entreprises autres que celles qu’il privilégie en amputant le pouvoir d’achat général, et plus directement à celles qui dépendent d’approvisionnements étrangers pour maintenir leur compétitivité, ainsi qu’aux exportateurs qui ont besoin que l’étranger vende dans le pays pour avoir les moyens d’acheter des produits du pays.

  • L’emploi industriel US est plus menacé par le robot que par le Chinois et le Mexicain, mais c’est moins vendeur (Brookings): https://www.bcgperspectives.com/content/articles/lean-manufacturing-innovation-robots-redefine-competitiveness/

    Même chose pour la France ce n’est pas le libre échange qui est responsable de la désindustrialisation:
    L’ouverture commerciale – ou « mondialisation » – n’est responsable qu’à 13 % du recul de la part de la production industrielle en France. L’essentiel est dû au progrès technique et aux évolutions de notre consommation. https://blocnotesdeleco.banque-france.fr/billet-de-blog/les-causes-de-la-desindustrialisation-en-france

  • C’est marrant mais l’un des plus grands économistes sur le sujet (la mondialisation et les échanges internationaux) c’est Krugman. C’est l’idole des gauchistes pourtant ceux ci ne l’écoutent pas sur sa spécialité. Il a démontré les bienfaits du libre échange et de la mondialisation. C’est pour cela qu’il a reçu son prix nobel. Personne ne peut l’accuser d’être un libéral. Il y a une quasi unanimité des économistes (y compris chez les économistes de gauche) sur les bienfaits du libre échange (des sondages montrent que plus 90 % des économistes sont pour). Le libre échange est l’un des rares sujets où il n’y a pas de controverse. Sur la plupart des sujets, il y a des controverses mais pas sur ce sujet

  • Grâce au libre échange et au commerce, la diminution de la violence dans le monde est incontestable http://www.liberation.fr/debats/2017/11/17/steve-pinker-la-diminution-de-la-violence-dans-le-monde-est-un-phenomene-massif-et-incontestable_1610799
    (Et cela vient d’un homme de gauche pas vraiment un libéral)

  • Une étude de l’INSEE a chiffré, pour la période 1995-2001 l’ampleur des emplois perdus dans le secteur industriel à cause de délocalisations : en moyenne, 13.500, dont plus de la moitié vers des pays à hauts salaires. Ce chiffre est à comparer aux 6,8 millions d’emplois dans le secteur secondaire en France.
    http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/ECOFRA05b.PDF
    Une seconde étude du Conseil d’Analyse Economique, écrit ainsi : « les restructurations d’entreprises s’étant produites en Europe entre le 1er Janvier 2002 et le 15 juillet 2004 concernent 1456 entreprises et ont entrainé la suppression de 780 394 emplois, ce qui correspond à 0,42% des 192 millions emplois européens. Ramené à 1 an, on obtient un taux de 0,17%. Chaque année, c’est donc 0,17% des emplois européens qui disparaissent dans des restructurations. »
    http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/054000102/index.shtml
    Les délocalisations ne représentent, selon le rapport, que 4,74% des emplois supprimés (36 977) pour restructuration et 7,14% (100) des entreprises restructurées. En terme d’emploi, cela correspond donc en deux ans et demi à 36 977 suppressions donc 0,019% de la totalité des emplois européens. Rapporté à 1 ans, on obtient un taux de 0,0076%. Chaque année, c’est donc 0,0076% des emplois européens qui disparaissent dans des délocalisations. ». « Au niveau de la France, les 8 000 suppressions d’emplois survenues en 2001 suite à des fermetures d’unités de productions correspondent à 0,032% des 25 millions d’emplois français.
    Un rapport du Sénat expose les mêmes conclusions que les précédents rapports.
    http://www.senat.fr/rap/r03-374/r03-3740.html
    Je vous invite aussi à consulter cet article : http://www.wikiberal.org/wiki/D%C3%A9localisation
    quand au sophisme: « on trouvera toujours dans les pays pauvres des désespérés prêts à travailler 24/24 et se tuer au travail pour se payer un bol de riz. »
    Si ces gens acceptent de faire ça au lieu d’autres choses, c’est qu’ils ont quelque chose à y gagner, sinon ils ne le feraient pas. Il faut aussi regarder le cadre préexistant sinon c’est caricatural, exemple : en Chine de nombreux agriculteurs du Changjiang préfèrent quitter la campagne pour rejoindre les villes, afin d’y trouver un emploi manufacturier basique (exemple de Foxconn à Shenzhen), car ils jugent que les conditions de vie y sont meilleures qu’avant.
    Bien qu’il soit vrai que les conditions de vie ne sont pas « occidentales », l’augmentation de la demande et l’accroissement de la spécialisation, provoque un boom des salaires, avec une croissance qui permet une augmentation de la consommation intérieure et de financer des infrastructures meilleures, bref pour ces pays les délocalisations sont bonnes, et au nom de quoi n’auraient-ils pas le droit de nous faire concurrence ? Au nom de la loi de la majorité ?
    Comment peut-on se prévaloir d’aider les pays pauvres, et ne pas vouloir de leur concurrence ?
    Les pays riches peuvent se permettre des avantages comparatifs qu’eux ne peuvent pas, ainsi il faut miser sur la formation, l’innovation, la recherche, comme le font la Suisse, la Suède, la Finlande, le Danemark, les Pays-Bas, le Luxembourg, Le Japon, la Corée du Sud, etc.
    Dire que l’on veut éviter les délocalisations dans les pays pauvres car les travailleurs de ces pays seront exploités c’est totalement absurde. Peut être que les conditions de vie peuvent nous paraître horrible mais pour ces gens, c’est toujours meilleur que ce qu’ils ont avant. Pourquoi il y a eu un exode massif des chinois des campagnes vers les villes ? Mieux vaut être ouvrier dans une usine que paysan à la campagne. Pour améliorer les conditions de travail, il faut d’abord que ces pays se développent. Dans un pays pauvre, les conditions de travail seront toujours très durs.
    Les militants occidentaux défendant les travailleurs pauvres nuisent à ceux qu’ils veulent aider: http://humanprogress.org/blog/student-activists-hurt-the-workers-they-try-to-help

  • Trump est obsédé par le déficit commercial mais il ne comprends pas ce que c’est.

    Le déficit commercial américain mal conçu et incompris: https://www.cato.org/publications/trade-policy-analysis/americas-maligned-misunderstood-trade-deficit
    Les déficits commerciaux ne signifient pas des emplois perdus: https://www.cato.org/publications/commentary/trade-deficits-dont-mean-lost-jobs
    Le symbole de la balance commerciale: démythifier la croyance selon laquelle les importations et les déficits commerciaux sont un frein à la croissance: https://object.cato.org/sites/cato.org/files/pubs/pdf/tpa-045.pdf

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La campagne de Joe Biden ne se déroule pas bien. Bien qu’il semble se diriger vers la nomination de son parti, sa cote de popularité ne cesse de chuter, laissant croire que Donald Trump le vaincra s'il obtient la nomination. Son bilan économique mitigé ne sera pas la seule raison pour laquelle plusieurs de ses électeurs en 2020 s’abstiendront ou changeront de camp.

En effet, le récent rapport d’un procureur spécial affirme que Biden a bel et bien été négligent avec des documents confidentiels qu’il a conservés secrètement. Et à l’insta... Poursuivre la lecture

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La Russie de Poutine sera privée de bananes, considérées là-bas comme une source importante et peu chère de vitamines et de protéines. C'est le surprenant effet indésirable du transfert par l'Équateur aux États-Unis de six systèmes de missiles anti-aériens Osa-AKM, qui devraient ensuite être transférés à l'Ukraine. En contrepartie, les États-Unis fourniront à l'Équateur de nouveaux systèmes de défense aérienne américains, accompagnés d'une formation, d'un soutien, de pièces de rechange et d'une assistance technique continue.

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Par Johan Rivalland.

Le penchant de l'homme à chercher des boucs émissaires responsables de ses malheurs était l’objet du célèbre ouvrage de René Girard intitulé Le bouc émissaire. Il semble bien qu’en ces temps troublés, un néologisme déjà très en vogue depuis un certain temps occupe plus que jamais ce rôle bien commode et rédempteur.

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