Daval, Cahuzac et l’insécurité

Il y a 3 mois, les images tournaient en boucle dans la médiasphère, on regardait avec compassion Jonathann Daval en larmes, en tête d’une marche blanche en mémoire de son épouse assassinée.

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Jérôme Cahuzac (Crédits : Parti socialiste, licence CC BY-NC-ND 2.0)

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Daval, Cahuzac et l’insécurité

Publié le 2 février 2018
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Par Richard Guédon.

Soutenu par ses beaux-parents, le mari éploré prenait la parole pour confesser son amour pour son épouse Alexia, sauvagement étranglée puis à moitié brûlée dans un bois près de Gray (Haute Saône) : « elle était mon oxygène ».

Stupeur ! Le mari est l’assassin

Et puis stupeur, les policiers, après une enquête discrète dont les éléments essentiels s’appuient sur les technologies d’aujourd’hui, découvrent qu’en fait d’oxygène c’est le veuf inconsolable qui a serré le cou de la femme aimée, jusqu’à ce que mort s’ensuive.

Cette triste affaire me fait irrésistiblement penser à l’affaire Cahuzac : dans les deux cas, le coupable proclame son innocence, larmes pour le premier, serments solennels pour le second, les images tournent en boucle et nous sommes transformés en témoins concernés.

Jérôme Cahuzac et Jonathann Daval

Cahuzac nous interpelle, ses gros yeux dans nos yeux, « Je n’ai pas, Monsieur le Député, je n’ai jamais eu de compte à l’étranger, ni maintenant ni avant ».

Daval nous touche, ses grosses larmes dans nos cœurs prompts à l’identification et à la compassion.

Et patatras ! Cahuzac, qui aurait dû nous protéger de la fraude, s’avère fraudeur lui-même et Daval, qui aurait dû protéger son épouse des assassins, s’avère être l’assassin lui-même. Et ces gros mensonges nous écœurent d’autant plus que nous avons été, médias obligent, individuellement témoins.

Les boucs émissaires

Dans les deux cas, comme toujours, on a d’abord montré du doigt des boucs émissaires bien pratiques, à Gray un « exhibitionniste à camionnette blanche », un « meurtrier en liberté qui nous menace tous », à Bercy les « riches » et autres « grands capitalistes ».

La perte irrémédiable des parents

Daval sera jugé, Cahuzac l’est déjà, condamné à 3 ans de prison, et sera rejugé en appel ces jours-ci. Mais la comparaison s’arrête là : si Cahuzac a été remplacé, facilement, par un autre politicien, et devra, nous l’espérons, rendre l’argent détourné, personne ne rendra jamais Alexia à ses parents qui ont perdu en 3 mois leur fille et… leur gendre, ange déchu devenu démon.

Hélas la norme

Cet homicide est-il si surprenant ? Il est hélas la norme : les statistiques montrent que lorsqu’une femme est assassinée, dans un cas sur deux le coupable est soit son mari, soit son compagnon soit son amant, soit un ex.

Si l’on étudie l’ensemble des homicides élucidés, et on en élucide de plus en plus grâce à la science, on s’aperçoit que, dans deux cas sur trois, la victime connaissait son meurtrier.

L’époque la moins violence

La tendance historique est à la baisse constante du nombre d’homicides. En France métropolitaine 825 homicides ont été commis en 2017 contre 892 en 2016 et 872 en 2015, années durant lesquelles le terrorisme a fait « légèrement » remonter le chiffre.

Nous vivons en fait la période la moins violente de toute l’Histoire malgré le sentiment d’insécurité ressenti par beaucoup de nos concitoyens. Au Moyen Âge on assassinait vingt fois plus, en ne comptant pas les guerres.

Ce sentiment n’est d’ailleurs nullement illogique puisqu’il est à l’origine même de la baisse du recours à la violence, qui diminue justement parce que les gens ne la supportent plus.

Les causes des décès

Pour situer ce nombre de décès intentionnels de la main d’autrui rappelons qu’en France, environ 600 000 personnes meurent chaque année, dont la grande majorité de maladie, puisque la médecine moderne ne connait plus ni la belle mort, ni la mort de vieillesse.

Ainsi, chaque année les cancers et maladies cardiovasculaires sont responsables de 300 000 décès, suivies par les maladies respiratoires.

Les accidents de la vie courante (domestiques, sports, loisirs…) sont à l’origine de 20 000 décès, les suicides 10 000, les accidents de la route 3500.

De la rationalité dans la perception des risques

Utilisons maintenant ces chiffres pour introduire un peu de rationalité dans notre sentiment d’insécurité : quels sont les risques graves dont nous devons nous protéger ?

D’abord les cancers et les maladies cardiovasculaires ; la meilleure façon de les éviter est de pratiquer une hygiène de vie de base : pas de tabac, une alimentation équilibrée et pas trop calorique, une demie heure d’exercice physique chaque jour, ne serait-ce que de la marche. Par ces moyens simples, nous pouvons, en moyenne, diviser par deux notre risque de mourir de ces deux maladies de civilisation.

Ensuite les accidents de la vie courante nous menacent d’autant plus que nous nous sentons en parfaite sécurité à la maison et que cette impression est trompeuse. Un certain nombre de précautions pour éviter les accidents des petits enfants, les risques du bricolage ou les chutes en vieillissant, permettent de diminuer les risques.

La question des accidents de la route repose avant tout, nous le savons, sur notre comportement de conducteurs.

La mort violente

Si maintenant nous craignons de mourir de mort violente, il nous faut d’abord craindre notre propre violence sur nous-mêmes, puisque nous avons 12 fois plus de risques de nous suicider que d’être victimes d’un homicide, et c’est toute la question, dramatique, des maladies mentales qui est posée. Et la réponse n’est pas simple.

Moins de 1 cas sur 250 000

Si maintenant nous avons peur d’être assassinés, les chiffres montrent qu’il faut craindre d’abord nos proches ; si nous sommes une femme, il faut surtout craindre les hommes qui disent nous aimer, et ensuite seulement les inconnus. Chaque année nous avons moins de 1 risque sur 250 000 d’être assassinés par un inconnu, et encore moins par un étranger : risque infinitésimal !

Je ne me hasarderai pas à chiffrer le risque annuel, infiniment plus élevé sans doute, de nous faire dévaliser par un ministre du Budget et laisse cela aux spécialistes.

 

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  • Vous avez oublié le facteur de risque induit par l’introduction d’une secte politico-religieuse dont les objectifs avoués sont de remplacer la gouvernance du pays et de convertir de gré ou de force l’ensemble des citoyens à leurs coutumes barbares.
    Un apport exogène promu par les autorités du pays, qui plus est ! Ces grands défenseurs de la République, de sa devise et de la démocratie, qu’ils disent…
    Quel est le facteur de risque qui en découle pour les décennies à venir, à votre avis ?
    Autant pour les responsables de ce phénomène  »culturel » que pour les agités qu’ils soutiennent ? Tous minoritaires, je vous le signale.

  • Il est écrit dans l’article …le sentiment d’insécurité ressenti par beaucoup de nos concitoyens. Et ben selon Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales et leur enquête annuelle seulement 1 français sur 5 se sent en insécurité et pour l’essentiel d’ailleurs il s’agit de femmes, qui ont peut-être des raisons de l’être un peu non. On ne rassure pas avec des statistiques, ça se saurait surtout de la part d’un médecin !

  • Drôle d’article . Un beau mélange de propagande audio-visuel mêlé de sondages de la ménagère de plus de 50 ans…
    En fait on a moins de risques de mourir aujourd’hui …jeune qu’il y a 50 ans mais tout est fait pour que cette réalité soit ignorée…pour vendre de l’assurance tout risques !

  • Deux choses sont certaines mourir(d’accord mais de mort lente…) et de payer des impôts.

  • Ca doit être réconfaortant pour les victimes de meurtres qu’elle avaient 249.999 chances sur 250.000 de ne rien subir. Comme l’a dit notre président génial précédent : « Pas de bol ! »
    Il y a eu tout de même 500.000 cambriolages en 2016. (chiffres ministère de l’intérieur)
    En France, il y a chaque jour (d’après l’ARPAC) 13000 vols ; 2000 agressions ; 200 viols ; 8 séquestrations et 3 meurtres.

    Parce que quelques uns blessent ou tuent d’autres personnes, voire eux-mêmes en véhicule, l’élite nous pond des lois pour restreindre nos libertés. Par contre, il n’y a pas la même réaction quand un ministre fraude, sachant que le risque de fraude est plus grand que celui de tuer un autre conducteur. Le rapport est de 1 ministre fraudeur et menteur devant la France sur même pas 20 ministres au total.

  • Il convient également d’éviter les hôpitaux, non seulement parce que ce n’est jamais agréable de devoir y faire un séjour mais aussi parce que 5000 individus chaque année en décède d’une maladie nosocomiale. 😉
    J’ajoute que la description tout à fait pertinente par l’auteur de nos multiples façons de mourir démontre, si besoin était, de la schizophrénie de l’être humain, puisque la peur que nous inspire ces manières de mourir est inversement proportionnelle à leur probabilité.
    Alors que l’on devrait s’effrayer à la perspective d’un cancer du poumon causé par la cigarette (fréquent et causant une mort lente), on se focalise de manière obsessionnelle, et le premier ministre nous en a fait la brillante démonstration encore tout récemment, sur les accidents de la route, à grands coups de bilans mensuels relayé par tout ce que le pays compte de pleureuses patentées.

  • « Nous vivons en fait la période la moins violente de toute l’Histoire malgré le sentiment d’insécurité ressenti par beaucoup de nos concitoyens. (…) Ce sentiment n’est d’ailleurs nullement illogique puisqu’il est à l’origine même de la baisse du recours à la violence, qui diminue justement parce que les gens ne la supportent plus. »

    Affirmation illusoire : le recours à la violence ne baisse pas, il change seulement de modalités. Exemples : la dette publique constitue une menace de spoliation d’une extrême violence ; l’abus d’impôts (taxes et contributions multiples) est une menace liberticide qui ruine nos efforts passés, présents et à venir ; l’abus de réglementations impossibles à connaître et à respecter nous menace en permanence d’être des délinquants destinés à être pourchassés comme du gibier de potence ; la faillite de l’Etat régalien nous prive de notre Défense, de notre Police et de notre Justice pour livrer le pays aux appétits les plus corrompus qui nous privent du droit de travailler, d’assurer notre prospérité et de vivre en sécurité ; le poids des pouvoirs publics, leur culture du mépris et leur opacité nous menacent en permanence d’être soumis à un régime de dictature ; le refus d’une loi sur l’euthanasie et sur le suicide assisté nous menace de mourir de mort terriblement lente et indigne au mépris de nos volontés et du libre exercice de nos responsabilités ; accessoirement, le simple fait d’avoir, pour la plupart, intégré qu’en ville, il n’est pas prudent de porter ne serait-ce qu’une chaîne en argent au risque de se la faire arracher et d’être gravement blessé au cou, et qu’il vaut mieux être habillé couleur muraille et filer doux en pressant le pas, témoigne de notre immersion dans l’océan d’insécurité où nous nageons la peur au ventre en permanence.

    Mais cela ne nous empêche pas d’être joyeux, courageux et pleins de gratitude pour les grâces dont nous bénéficions par ailleurs. Ce mélange contrasté, c’est la vie, et la vivre nous fait alterner sans cesse de la peur au courage.

    Par conséquent, et contrairement à l’article qui rend notre peur ridicule en la réduisant à celle, très improbable, de mourir par hasard de mort violente , la lucidité impose de ne pas nier le bien-fondé de notre sentiment d’insécurité compte tenu de toutes les épées de Damoclès qui sont suspendues sur nos têtes.

    C’est notre grandeur de vivre malgré ces menaces, de les nommer, de les décrire et de tout faire pour les réduire. Qu’au moins cela soit reconnu au lieu d’être nié. Nous en seront plus efficaces pour défendre la liberté en lieu et place de la violence.

    • @virgin
      Bonjour,
      « accessoirement, le simple fait d’avoir, pour la plupart, intégré qu’en ville, … la peur au ventre en permanence. »
      Avec le sentiment de culpabilité qui y est accolé. Porté une chaîne en argent, une montre, un Iphone, et se le faire dérober est une faute, parce qu’il ne faut pas faire étalage de ses possessions en publics pour ne pas attiser les convoitises des petits chatons malheureux. J’ai le souvenir d’un reportage d’une des chaînes de propagande sur la Police, à Marseille, où les policiers avertissaient les personnes sur le Vieux Port de cacher leurs bijoux en or. Quel bel aveux d’incapacité ! Un autre aussi de dire que les vols à l’arracchée sont de la faute des victimes.
      N’oublions pas que nous avons une loi qui dit que si je laisse mon autoradio visible dans ma voiture, ou ma doudoune sur ma banquette arrière, et qu’un quidam décide de casser ma fenêtre pour se servir, c’est de ma faute, car il aura été tenté. L’effraction et le vol de biens à l’intérieur d’une propriété ne compte pas. La propriété c’est mal !

      • Bonjour STF
        j’ajoute que le comble de la bêtise est atteint lorsque les gourous subventionnés pour justifier le brigandage et les différents terrorismes se prévalent de vagues préceptes bouddhistes qui commanderaient de toujours faire profil bas pour ne pas risquer de susciter l’envie.
        Avec de tels principes, les personnes les meilleures ne peuvent que vivre cachées et laisser l’humanité visible évoluer en paix dans une grisaille standardisée (de plus en plus médiocre et de moins en moins enviable car elle ne descendra jamais assez bas pour éviter l’envie).

        Du coup, je rends grâce à la civilisation X qui n’a pu tirer l’humanité vers le haut que parce qu’elle apprenait à gérer la frustration au lieu de cultiver l’envie.
        X étant le nom de l’innommable qui doit être caché, piétiné, voilé, nié, enterré six pieds sous terre, etc. pour n’éveiller le soupçon d’aucun envieux qui serait aussitôt légitimé à en faire disparaître la moindre velléité d’existence.
        Et c’est ainsi qu’en perdant le respect de la propriété, la liberté est jetée aux oubliettes pour et par la masse grandissante des envieux au service d’une étrange ambition : apprendre à vivre dans la pauvreté en poursuivant un idéal d’égalité. Ambition qu’ils aimeraient faire passer pour noble alors que l’envie qui la motive n’est qu’une passion dévorante et bassement sordide.

        Cela pour dire que, si nous devons intégrer de devoir vivre dans l’insécurité pour adapter nos comportements à la situation, nous ne devons pas pour autant intégrer le sentiment de culpabilité dont voudraient nous convaincre ceux qui justifient l’insécurité. Bien au contraire.

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