Parcoursup : rien n’a changé, sauf le nom

Admission post-bac : Parcoursup va-t-il changer quelque chose ? Pas sûr. Explications.

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Salle de cours de l'Université crédits Old_Sorbonne (CC BY-SA 2.0)

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Parcoursup : rien n’a changé, sauf le nom

Publié le 18 janvier 2018
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Par Jean-Baptiste Noé.

Après une conférence tonitruante en novembre, réunissant le Premier ministre et les ministres de l’Éducation nationale et de l’enseignement supérieur, on pouvait s’attendre à des changements profonds dans la procédure d’admission post-bac. Il n’en est rien. Hormis le nom et le site, entre APB et Parcoursup, rien n’a changé.

À partir du moment où le gouvernement a refusé la seule mesure courageuse qui méritait d’être portée, à savoir la sélection effective à l’entrée de l’université, il est normal que la montagne de communication ait accouché d’une petite souris. Concrètement, comment fonctionne Parcoursup ?

Le calendrier

Le calendrier est un peu différent de celui d’APB :

  • 22 janvier – 13 mars 18h : inscription et saisie des vœux des élèves
  • Jusqu’au 31 mars inclus : finalisation des dossiers et confirmations des vœux
  • 22 mai – 21 septembre : réception et acceptation des propositions

Cette procédure est suspendue pendant les épreuves écrites du bac.

Saisie des vœux

Les élèves peuvent saisir 10 vœux maximum. Mais ils ont la possibilité de faire des vœux multiples, dont chacun compte pour un vœu. Par exemple, ils peuvent mettre un vœu droit et 3 sous-vœux : Nanterre, Cergy, Saint-Quentin. Les CPGE et Paces peuvent se décliner en sous-vœux.

Les vœux doivent être entrés puis confirmés. Aucun vœu ne pourra être confirmé après le 21 mars, en revanche l’élève pourra en supprimer. Pour chaque formation, il faudra saisir un projet de formation motivé.

Fiche Avenir

C’est la nouveauté annoncée. Les professeurs et le chef d’établissement doivent remplir une fiche Avenir, qui reprend les informations suivantes : notes des élèves, appréciations des professeurs, appréciations des conseils de classe. Chaque professeur émet une appréciation sur les vœux des candidats. Ces fiches sont consultables par les établissements supérieurs. Elles ne sont pas sélectives, mais informatives.

En réalité, il n’y a rien de nouveau, cela existait déjà sous APB. Les bulletins scolaires étaient intégrés à la plate-forme et les professeurs devaient saisir des appréciations sur les formations demandées par les élèves sur une plate-forme nommée AEL. Donc cette nouveauté n’en est pas une.

Les réponses des établissements

C’est la seule nouveauté, les vœux ne sont plus classés. Les élèves reçoivent des réponses à partir du 22 mai et ils devront dire s’ils acceptent la formation dont ils ont reçu un avis positif.

Pour les licences, trois réponses possibles :

  • Oui (admis)
  • Oui si (admis à condition de faire un stage de remise à niveau)
  • En attente d’une place

Pour les formations sélectives, trois réponses possibles :

  • Oui
  • En attente d’une place
  • Non

Réponses aux propositions d’admission

Le délai de réponse est de 7 jours pour les propositions reçues jusqu’au 25 juin inclus. Il passe à 3 jours pour les propositions reçues à compter du 26 juin puis passe à un jour à partir du 21 août. Pour les propositions d’admission, l’élève peut l’accepter ou y renoncer. Si l’élève a plusieurs propositions d’admission, il ne peut en accepter qu’une seule, ce qui libère des places pour les autres candidats.

Ici, l’élève devra faire manuellement le travail qui était autrefois fait par l’algorithme. Des universitaires ont mentionné lors des auditions à l’Assemblée nationale que ce mode de fonctionnement risquait d’engorger le système.

Les attendus

Les licences non sélectives sont amenées à indiquer des attendus qui leur permettront de choisir les candidats qui répondent à ces attendus. Les attendus indiqués sont tellement vagues qu’ils correspondent à tout le monde (ex. Maîtriser la langue française, être intéressé par les études de médecine, avoir fait des mathématiques en Terminale).

Beaucoup de syndicats se sont émus de ces attendus, il n’y a rien à en craindre, ce n’est pas de la sélection déguisée. De toute façon, les universités étant engorgées, on peut douter qu’elles vont éplucher les milliers de dossiers reçus pour vérifier si l’élève répond aux attendus.

Aucun changement de fond donc ; cette nouvelle plate-forme est du APB repeint. C’est bien dommage, car cela aurait dû être l’occasion d’une vraie réforme de l’université, dont elle a tant besoin. Or ce qui n’est pas fait en début de quinquennat n’est pas fait ensuite. Il faudra donc attendre encore pour poursuivre les avancées de la loi Pécresse de 2007.

Un problème se pose toutefois pour Parcoursup : pour l’instant, le projet de loi qui crée les nouvelles règles d’accès à l’enseignement supérieur, et donc qui légitime cette nouvelle plate-forme n’a pas encore été adopté.

L’Assemblée a adopté le texte le 19 décembre, mais il doit encore passer devant le Sénat le 7 février. Si les sénateurs font du zèle et profitent de ce projet de loi pour réformer réellement l’université, la plate-forme et la procédure seront donc illégales. Ce serait dommage que le gouvernement ait un camouflet sur une non-réforme.

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  • Je ne suis pas d’accord, le nouvel outil a modifié quelque chose : il a introduit une forte touche de bureaucratisation en demandant aux enseignants de terminale de remplir 10 items de compétences / appréciations par élève et par orientation !
    – On a ainsi assisté à l’accroissement de la dérive technocratique à laquelle on assiste de façon générale comme à une crue irrépressible.

  • « C’est la seule nouveauté, les vœux ne sont plus classés.  »
    C’est peut être ça le principal changement : les élèves reprennent leur liberté de choisir n’auront plus l’impression d’être victimes de la décision d’un algorithme

    • C’est le contraire, ne pas classer les vœux, c’est assurer un plus grand nombre d’aller vers une formation non réellement désirée, donc vers moins d’investissement dans la formation et plus d’abandons au final !

  • On pourrait aussi se demander pourquoi il n’y a pas assez de place dans les divers formations demandées. En fait si les étudiants payaient leur études, les questions de places se régleraient par elle mêmes. Il faut savoir qu’un étudiant paye en moyenne 80€ par an pour une année d’étude (en comptant les boursiers qui ne payent pas). Cela ne couvre même pas le cout des bâtiments pour les recevoir. Ainsi, chaque président d’université à qui on demande de faire des économies va réduire autant que possible le nombre de places, car chaque élève supplémentaire est une charge, et ce même en n’augmentant pas le nombre de classes… Augmenter les frais d’inscription au cout marginal du bâtiment semble le minimum pour améliorer les choses. Comme toujours, c’est parce que le vrai prix (10000€ environ) est tellement éloigné du prix officiel que le signal demande offre est complètement brouillé.

  • Les commentaires sont fermés.

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Les auteurs : Nathalie Sayac est Professeure des universités en didactique des mathématiques, directrice de l’Inspe de Normandie Rouen-Le Havre, Université de Rouen Normandie. Eric Mounier est Maitre de Conférences en didactique des mathématiques, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC).

 

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