Par Patrick de Casanove1.
Tout baigne ! Notre président Emmanuel Macron a été désigné personnalité de l’année par les Français, et la France a été élue, grâce à lui, pays de l’année par l’hebdomadaire britannique The Economist.
Alors pourquoi s’intéresser à cette Confédération helvétique d’un peu plus de huit millions d’habitants ne disposant pas de matières dites premières, manquant cruellement des Grands Hommes qui font la fierté de la France, dont le président, Alain Berset, est un illustre inconnu, modeste et humble… comme le nôtre !
Ce petit pays n’a même pas de message mondial à délivrer tel qu’organiser le One Planet Summit, pour, tant qu’à faire, « sauver la planète ».
La réalité au-delà des apparences et du bruit médiatique
En 2017, la France est descendue à la sixième place en tant que puissance économique mondiale, derrière les États-Unis, la Chine, le Japon, l’Allemagne et l’Inde. Si l’on prend la richesse par habitant, elle est 32e dans le monde et 20e en Europe. La Suisse est sixième dans le monde et cinquième en Europe.
En 2016, la part de l’industrie dans le PIB Suisse était de 25,8 %. En France, elle était de 19,6 %. En Suisse, la part du secteur bancaire est de 8 %, contrairement aux idées reçues.
En septembre 2017, le taux de chômage en Suisse était de 3 %. Le taux de chômage des 15-24 ans [était] de 3 % aussi, contre 23 % en France.
Si pour Bastiat la balance commerciale est un mauvais marqueur de prospérité économique, pour beaucoup de Français et pour les médias, elle en est un remarquable.
La balance commerciale en France et en Suisse
Il n’est donc pas inutile de rappeler que la balance commerciale de la Suisse est structurellement très excédentaire. Les exportations reposent sur des secteurs de pointe, moins dépendants de la conjoncture mondiale que les autres secteurs. En 2016, l’excédent commercial a atteint un niveau record (38 milliards de francs suisse – Administration fédérale des douanes).
En France la situation est différente. Alors qu’il s’était nettement réduit en août, le déficit est reparti à la hausse en septembre, se creusant de 500 millions d’euros pour atteindre 4,7 milliards d’euros, ont annoncé mercredi les Douanes. Sur 12 mois, le déficit cumulé atteint 60,8 milliards d’euros, contre 48,1 milliards en 2016.
La balance commerciale française est déficitaire depuis 2005.
Pour Transparency International la Suisse est le cinquième pays au monde le moins corrompu, la France 23e entre l’Estonie et les Bahamas… Ça classe !
En Suisse en 2016, 25 % de la population est étrangère. La Confédération enregistre 18,6 entrées pour 1000 habitants contre 5,4 pour la France. Les musulmans représentent 5 % de la population. La nationalité suisse n’est pas attribuée automatiquement.
Les Suisses ont refusé par référendum d’initiative populaire la caisse unique de sécurité sociale. Elle a été rejetée par 61,8 % des voix le 28 septembre 2014, comme en 2007 où le Non l’avait emporté avec 71,2 % des voix.
C’est un refus du modèle social français parfait et indépassable, que le monde entier nous envie.
Quatre raisons aux différences entre la Suisse et la France
La liberté économique
La Suisse est quatrième mondiale en termes de liberté économique, entre la Nouvelle-Zélande et l’Australie. La France est 72e mondiale, entre les Fidji et le Tonga, c’est dire ! La Suisse est première en Europe, la France 32e en Europe, entre l’Espagne et le Portugal.
La liberté économique est consubstantielle des incitations productives individuelles. Il n’y a pas de hasard.
Le fédéralisme
C’est grâce à lui que la subsidiarité est mieux respectée.
La démocratie directe
Sur le fond elle ne change pas grand-chose, c’est toujours la dictature de la majorité que Bastiat a combattue. Cela dit cette démocratie part de la base. Elle préserve mieux les libertés individuelles car chacun est concerné pour les préserver et répond à la question posée par-delà les clivages politiques. Contrairement à ce que l’on raconte en France, ce mode de fonctionnement n’a rien à voir avec notre démocratie, où tout vient du sommet, où l’Assemblée n’est qu’une chambre d’enregistrement des desiderata d’un Président au pouvoir absolu.
Les politiciens
Ils ne sont pas professionnels et il n’y a pas d’énarques.
Les Suisses refusent le modèle français
Les Français pourraient-ils s’inspirer de la Suisse ?
Pour répondre à cette question, le Cercle Frédéric Bastiat a souhaité organiser un dîner débat. Ceux qui prennent prétexte de la petitesse de la Confédération pour expliquer que ce modèle n’est pas transposable, ignorent complètement le principe de l’action humaine. Ce sont les individus qui agissent.
En vérité la Confédération helvétique se contente simplement d’être un exemple de pays prospère, pacifique et apaisé. À méditer.
- Cet article est à paraître dans Bulletin du Cercle Frédéric Bastiat n°106 de février 2018. ↩
Enfin des articles qui commencent à comparer ce qui hormis pour la nomenclatura en place en France…..est une evidence!
Mais nous continuons d’être le peuple le plus intelligent de la planète et la France est une « grande nation » investie des droits de l’homme…
Le nombre de Prix Nobel scientifiques obtenus par la France ne confirme pas leur prétention et vantardise, quand on compare aux Américains, Britanniques ou Allemands!
Un jour il faudra m’expliquer comment tous les pays qui se Suissiseraient pourraient avoir un excédent commercial avec leurs voisins ?
Pour qu’il y ait des gagnants il faut bien de perdants, non ?
Expliquez moi le « tous gagnant » svp.
@ leham
C’est pourtant simple: la Suisse achète du cacao pour faire du chocolat Lindt ou Suchard à exporter: c’est le « travail » qui crée la plus-value et améliore la balance; condition: ne pas dépenser en Suisse plus que la plus-value produite. Conséquence: enrichissement du pays et moins de dette.
Voilà pour le principe.
L’article est une démonstration du mode d’emploi!
@mikylux
Merci ça je sais, ce n’est pas la question.
La question est comment est il possible que tous les pays soient « Suisse », disons le autrement, soient des vainqueurs ?
Petit conseil, lisez Bastiat, il explique de façon claire et précise qu’il n’y a pas de « gagnants » ni de « perdants » dans un échange librement consenti
@BN Hors sujet de ma question et surtout cynique lorsqu’on n’a parfois pas le choix que d’accepter un échange déséquilibré.
Certains rapports de force vous échappent visiblement.
Voulez-vous dire qu’il serait louable de se vouloir perdant, afin que autres puissent être gagnants sans trop d’efforts ?
@MichelO
C’est vous qui le pensez.
Je demande juste comment le monde entier pourrait être au niveau de la Suisse.
Comment le monde entier pourrait concentrer des richesses qui pour le coup seraient également réparties à un niveau top pour tout le monde ?
Ce qui fait le succès de la Suisse n’est pas qu’elle concentre les richesses, mais qu’elle en produit et surtout en échange beaucoup plus, en gaspillant beaucoup moins le temps et les efforts de ses citoyens. Si les autres en faisaient autant, il y aurait beaucoup plus de richesses produites, échangées, et préservées pour tout le monde, et la vie serait beaucoup plus agréable pour tout le monde.
ça n’empêche en rien la question de leham. Tous les pays du monde appliqueraient à merveille ce que vous dites qu’il y aurait de toute manière des pays avec un benefice et les autres avec un deficit commercial
la suisse ne cherche pas à être en positif , on peut m^me dire que exporter plus qu’on importe présente un risque… on importe de la dette …
La caractéristique d’un pays qui réussit ne se mesure pas à une excédent avec ses voisins. Dans un système de libre échange, les soldes non compensés de commerce entre les pays devraient diminuer en valeur relative, et se moyenner sur le long-terme : les fluctuations des monnaies et des prix et les réorientations des productions de chacun sont auto-stabilisatrices.
« et les réorientations des productions de chacun sont auto-stabilisatrices »
En utopia, certainement.
Voir leham17 jan. 17h59
et leham1 7 jan. 17h39
Cdlt
Je carins que la fRance ne soit une mauvaise perdante 🙁
@leham
Bonsoir et bonne année,
« Pour qu’il y ait des gagnants il faut bien de perdants, non ? » Lorsque vous dépensez 25€ pour un pantalon, ou 5000 pour une auto, vous considérez-vous comme perdant ? Dans ce cas, vous ne comprenez pas que vous aussi vous avez gagné quelque chose. Ceci est le « tous gagnants ».
@STF
Bonjour et bonne année également.
Je réponds plus bas :leham1 7 jan. 17h39
Par exemple un pays producteur de cacao ne tirera pas le même bénéfice qu’un pays transformateur, pourtant tous les deux gagnent.
Ca me semble cynique ou hypocrite de croire qu’il y a égalité des chances entre ces deux acteurs.
Sur le papier , certes oui, rien n’empêche le pays producteur de cacao de transformer mais en
a-t-il les moyens financiers et humains (culturels) pour rivaliser avec un pays transformateur où la culture industrielle est assise depuis plus d’un siècle.
Pour reprendre mon analogie sportive, c’est comme faire une course entre un gars en fauteuil roulant et un gars valide champion du monde.
Il sont libres de concourir et ont les mêmes chances d’arriver au bout de la course mais qui arrivera inéluctablement en premier ???
Le gagnant-gagnant est purement théorique et utopique, c’est une croyance qui arrange certains, les gagnants en général, ou ceux qui espèrent gagner.
@leham
Bonsoir,
« Par exemple un pays producteur de cacao ne tirera pas le même bénéfice qu’un pays transformateur, pourtant tous les deux gagnent. »
Oui, ils y gagnent, et en particulier les personnes qui font cet échangent et qui en vivent. Puisqu’ils font un bénéfice. Qu’il ne soit pas le même, n’est pas un problème tant qu’il y a bénéfice. La transformation peut être dû à une mulititude productueurs de cacao différents. C’est la cas pour la lait en France, où il y a beaucoup de producteurs et seulement 2 usines de transformation.
« l’égalité des chances » est cadrée par les lois locales, incluant les taux d’imposition et leur stabilité.
« Sur le papier , certes oui, rien n’empêche le pays producteur de cacao de transformer mais en
a-t-il les moyens financiers et humains (culturels) pour rivaliser avec un pays transformateur où la culture industrielle est assise depuis plus d’un siècle. »
Le Japon est passé du Moyen-Age à l’ère industrielle en moins de 50 ans. La « révolution » japonaise a eu lieu en 1864 et a fini en 1868. Le Japon est l’un des pays les plus développés du monde et une des plateformes de la mondialisation. Financièrement et culturellement, le Japon n’était pas apte à rivaliser avec le reste du monde en 1868.
Excellent!
Mais, pour se « suissiser, il faudrait que nos jupiters (avec un tout petit « p ») se contentent de l’anonymat dans lequel se complait le président de la CH.
Crédible? Hummmmm…..
La Suisse a surtout l’avantage de n’avoir que 20% de francophones …
Regarder le Québec, la Wallonie, la France, …
J’avais déjà remarqué que quel que soit le pays, la région francophone est toujours plus pauvre que ses voisines! Belle analyse!
Cela n’a pas toujours été le cas loin de là, ce constat de la situation actuelle est intéressant et nécessiterait sans doute une analyse plus approfondie
L’Etat français subventionne les médias – ce qui les étatisent encore plus qu’ils ne le seraient au naturel – et comme la France a un poids disproportionné dans la production d’idée au sein des zones francophones, ces dernières ont tendance à s’étatiser à leur tour. C’est la même chose en Afrique francophone comparée à l’Afrique anglophone.
La Suisse subventionne aussi — et fortement — ses médias radio-télévisés (on verra au mois de mars si l’initiative « no-Billag » passe la rampe d’une « votation »).
Mais à la différence des médias français, les suisses proposent de la qualité et s’honorent à respecter la déontologie (en général).
La différence entre la France et la Suisse ? Rien à voir avec la langue ou l’étatisme, tout est dans l’état d’esprit.
Il n’y a rien dans la langue elle-même qui soit étatisant. C’est le simple résultat historique de l’étatisation du plus gros pays de la zone francophone.
Il y a dans la francophonie une diffusion permanente d’idées anti-libérales diffusées par les zintellectuels à un nivaux que l’anglais ou l’allemand n’ont jamais atteint et qui pourrait l’expliquer.
Le Québec a les mêmes problèmes que la France!
La méthode française, je l’ai constatée, consiste à dénigrer et rabaisser les performances des autres. Pour la Suisse ils vous sortent tout de suite les banques, pour l’Allemagne ou la Grande Bretagne le salaire de 1 euro de l’heure, etc… Par contre de gonfler leurs propres réalisations, le meilleur train du monde, avion, char, etc… Après ils sont contents d’eux mêmes et ne font rien pour évoluer.
» Pour la Suisse ils vous sortent tout de suite les banques, »
Si des fois on vous la ressort; répondez leur que la finance en Suisse représente env. le 5% de toute l’activité économique.
@Le nouveau
C’est plus, en PIB c’est 10.5%.
https://www.swissinfo.ch/fre/economie/en-chiffres_la-suisse-est-elle-vraiment-le-pays-des-banquiers-/40549762
Ce qui place la Suisse mondialement en tête sur ce critère.
Merci pour l’info. Mais ça change pas grand chose que l’essentiel de l’activité économique du pays ne vient pas des banques et de la finance.
source: https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89conomie_de_la_Suisse
« les PME occupent une place non négligeable en cherchant à occuper des niches de haute technologie où la concurrence mondiale est faible »
Qui dit niche, dit que cette réussite économique ne peut être généralisable au monde entier.
« Le taux d’investissement est le plus bas que la Suisse ait enregistré en cinquante ans, même s’il reste plus élevé que ceux de tous les autres pays du G8. Ce phénomène n’est pas lié à une politique de désinvestissement mais par l’énorme excédent que les échanges commerciaux engendrent : les exportations se chiffrant à 50,4 % et les importations à 40,2 %, soit plus de 10 % du PIB22. »
Nous avons un excédent commercial représentant 10% du PIB. Facile ensuite d’être confortable et de susciter l’admiration ou les envies.
Par ailleurs,
« Environ 25 % des transactions mondiales du commerce des matières premières s’effectuent en Suisse. Cette économie générerait environ 10 000 emplois, en particulier des opérateurs de marché, répartis dans 500 sociétés de négoces, principalement situées dans les cantons de Genève, Zug, Vaud et au Tessin. Ces entreprises sont attirées avant tout par la liberté du trafic des paiements et les forfaits fiscaux avantageux qu’offrent ces cantons »
Le QUART des transactions mondiales du commerce des matières premières s’effectuent dans petit pays comme la Suisse.
Ne pensez vous pas que tout ça en fait un pays hors norme ? Un champion ?
Comment se fait il que tout le monde ne court pas comme Usain Bolt ?
La Suisse est un pays qui cumule les particularités en matière de finance , d’industrie, et d’ historique (neutralité, historiquement un coffre fort…).
Sa réussite économique n’est absolument pas généralisable au monde entier.
Je ne nie pas les qualités humaines de savoir exploiter tous ces avantages et de les faire perdurer, je dis juste que tous les pays ne peuvent avoir 10% de balance commerciale industrielle, plus 10% de leur PIB dans le secteur bancaire, plus gérer le quart des matières mondiales, plus…..
Si vous connaissez les avantages du contrat 0 heure au RU, ou d’avantage sur le soit disant contrat à 1€ de l’heure en Allemagne, on les coince très vite, ils ont rien d’autres comme arguments….
Bon allé je retourne devant cash Lol
» Ceux qui prennent prétexte de la petitesse de la Confédération Helvétique pour expliquer que son modèle n’est pas transposable en France »
Mais quand on la compare avec des pays avec un bassin de population comparable comme avec l’Allemagne ou l’Angleterre; on trouve d’autres excuses pour ne pas admettre que la France fait fausse route depuis des décennies.
En Suisse les gens jouent eux memes , en France on désigne des personnes qui jouent pour nous et sans demander notre avis encore que pour le Traité européen ….
En Suisse ça vote en France ça élit nuance à part les bulletins blancs
C’ est difficile à comprendre évidemment
la suisse est avant tout un pays très pragmatique.
je suis en train actuellement de voir si je peux y créer une activité en temps que frontalier et indépendant. l’accueil de l’administration m’a été très inattendu, vu depuis la france et connaissant les manières de faire du rsi :
« prouvez nous que votre activité est viable.
– comment je fais pour prouver que c’est viable, je n’ai pas encore commencé ?
– et bien, commencez, signez des contrats, facturez, et on verra bien si c’est viable. si c’est viable, on fera le dossier dans 3 mois ou 6 mois, on vous enregistrera et on vous fera payer des impôts le moment venu, et si c’est pas viable, c’est pas la peine qu’on fasse un dossier pour rien ».
en gros, une autorisation de travailler au noir pendant 6 mois ou 1 an pour essayer !