Le Vélib, symbole des dérives municipales

Le vélo en libre-service, Vélib à Paris, lancé en grande pompe il y a 10 ans est le parfait exemple de l’inefficacité des dépenses électoralistes de nos municipalités.

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Velib by Susan S(CC BY-NC 2.0)

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Le Vélib, symbole des dérives municipales

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 27 novembre 2017
- A +

Par Patrice Soullier.

À la base, une bonne intention : développer le vélo, moyen de transport urbain, écologique et peu onéreux.

La mairie aurait pu se contenter de remplir sa mission : organiser l’espace public pour favoriser ce mode de transport (voies, parkings, fixer les règles et les faire appliquer) et laisser des opérateurs privés gérer la location courte ou longue durée. Elle aurait même pu aider ces nouveaux acteurs à émerger par des incitations fiscales.

Las, nos politiques ont besoin de faire du spectaculaire, montrer qu’ils ont des idées, qu’ils peuvent offrir un nouveau type de service public, sans que cela ne coûte « rien » aux Parisiens, dixit Mr Delanoe.

Des tanks à 4000 euros par an pour le Vélib

Après 10 ans, le résultat n’est pas au rendez-vous. Un vélib revient à 4 000 euros par an à la municipalité, ce qui conduit à un déficit de 16 millions d’euros chaque année.
Le service semble certes pratique pour les Parisiens qui n’ont pas eu d’autre choix que de s’habituer à ces tanks à deux roues.

Pour ceux qui veulent juste une location d’une journée c’est aussi un enfer aux bornes d’une lourdeur qui rappelle le minitel. Eux aussi n’ont pas le choix. Et tous les contribuables, utilisateurs ou non, financent le déficit.

En créant un quasi-monopole public avec l’éternel JC Decaux, qu’espérer d’autre ? Encore un exemple de ce mal français du capitalisme de connivence.

Mais l’illusion a tenu le temps d’une élection, Delanoe a bénéficié d’une bonne image et ce dispositif a essaimé dans toutes les grandes villes françaises, désormais en proie aux mêmes difficultés.

De nouveaux acteurs et une offre disruptive

Et puis, sans prévenir, des acteurs étrangers arrivent avec une offre plus compétitive : des vélos plus légers faciles à garer, une offre diversifiée, une concurrence qui va secouer le marché et risque de creuser encore le déficit velib. Ces opérateurs ne sont pas français, logique puisque le monopole public /capitalisme de connivence a bloqué leur émergence.

Alors c’est la panique ! La municipalité change en catastrophe d’opérateur, jette à la poubelle, sans prévenir, tout un dispositif de bornes (bravo pour l’environnement) laissant tout le loisir aux abonnés Velib d’essayer les vélos des nouveaux acteurs. Sans compter la hausse des tarifs à venir pour financer tout cela.

La mairie de Paris contredit 15 ans de politique

La panique étant mauvaise conseillère, la municipalité finit par atteindre un paroxysme de mauvaise foi et contredire 15 ans de politique en disant craindre, sans rire, l’« envahissement de l’espace public par le vélo en free floating ». On croit rêver !

Au lieu de s’en féliciter, d’y voir une grande victoire du vélo, et bien non ! Pire, la mairie envisage de créer une taxe (qui risque d’être contestée car anti-concurrentielle) pour les nouveaux acteurs, en anticipant les nuisances éventuelles avant même qu’elles aient lieu. Hidalgo invente la taxe Minority report.

Personne n’est dupe, il s’agit de sauver le soldat Vélib et surtout préserver un argument électoral pour une réélection déjà compromise. En effet, les incivilités peuvent être verbalisées (et le Vélib n’y échappe non plus) et les opérateurs n’y ont pas intérêt, pour leur image (ils offrent déjà un service de signalement des vélos mal garés).

La mairie prend le risque de limiter le développement du vélo et nous laisser dépendre d’un système public déficitaire qui finira par se payer très cher.

Une fois de plus, le volontarisme drapé des meilleures intentions produit l’effet inverse de celui escompté !

Au lieu de se lamenter sur la suppression de la taxe d’habitation, les mairies devraient simplement promettre à leurs électeurs de se concentrer sur leurs vraies missions.

Sources :

http://www.huffingtonpost.fr/2015/05/19/velo-cout-libre-service-paris-lyon-marseille-velib-velov_n_7311086.html

https://www.lesechos.fr/industrie-services/tourisme-transport/030804178923-velib-la-fin-dun-cycle-2127800.php

http://www.lemonde.fr/smart-cities/article/2017/11/16/la-mairie-de-paris-s-inquiete-de-l-arrivee-des-velos-en-libre-service-sans-station_5216030_4811534.html

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  • Hidalgo, encore elle, toujours elle!
    Et tant pis pour ces pauvres parisiens.
    Seul compte ce que cette « drame » veut.

    • Il sert à quoi le conseil municipal si personne n’empêche les conneries de cette marâtre?

      • La plupart des décisions stupides, en matière de gestion des transports, mises en avant par Hidalgo, sont votés à l’unanimité du conseil municipal.
        Faut croire que le-dit conseil est aussi bête que la maire.

  • En effet, il ne faudrait surtout pas les parisiens découvrent qu’un service performant puisse être développé.
    La supercherie doit rester camouflée sous une couche de moraline ❗

  • Heureusement que la concurrence ne s’arrête jamais même avec des bâtons dans les roues…

    • Hélas l’histoire prouve que oui…
      Mais cette période est très favorable à la concurrence grace à la technologie et à la mondialisation. Si les « hommes gris » échouent à « sur réglementer » notre pouvoir d’achat et notre liberté va augmenter, un peu…

      • @ Did
        De toute façon, 4 000 € par vélo et par an: ça parait déjà démentiel! Il DOIT y avoir des fuites! Nécessité d’un audit en urgence!

        • Avec un audit et quelques rapports, on doit bien pouvoir faire monter l’addition à 4500 par vélo. 🙂

        • Ce n’est pas la première fois que je lis un tel chiffre. Les plus prudents sur la question s’élevant quand même à plus de 2000 euros. Je pense qu’il y a d’abord l’étonnant cadeau fait au gestionnaire. Le fait que celui-ci, malin, a su refiler une partie de la dette à la municipalité. Et plus classiquement, il y les coûts des vols, de l’entretien, et de tous les salariés qui gravitent autour de ce dispositif.
          Comme les vélos ne sont la propriété de personne, personne n’en prend soin. Donc ça s’use et ça se dégrade très vite.
          On peut aussi penser que Decaux a du faire payer un max le prix unitaire du vélo.
          Et la mairie de Paris, appâtée par la formidable pub que cela allait lui faire, peu regardante sur les tarifs du contrat.
          Voilà où mène l’incurie, l’incompétence et la soif de gloire.

  • mais le nouveau système, si il est appliqué comme à Pékin, va créer une nouvelle pollution : les vélos jaunes et orange jonchent les rues et les trottoirs, empêchant même les piétons de passer. Finalement, tout n’était pas aussi mal avec les gares à velib !

    • Pour l’ordre rien ne vaut un bon régime totalitaire…
      La politesse, l’éducation, l’incitation ,le sentiment de propriété ,un peu de verbalisation peuvent modifier de mauvaises habitudes dues à des années d’abrutissements maoïstes !

    • On est plein dans le syndrome de Stockholm.
      L’esclave qui aime ses chaines.

    • A pékin 15 sociétés privées font du partage de vélo, chacun voulant mettre plus de vélo que son concurrent, le marche est en train de réguler tout ça, et déjà 3 sociétés ont coulées.

    • @ledragon74 : auriez-vous un exemple précis ? En vous lisant, on imagine des rues avec des vélos s’entassant partout et impossibilité de passer.
      Votre réaction me fait penser à celle d’un collègue de travail qui se plaignait de ce nouveau type de vélo car il avait dû contourner un vélo vert dans une petite rue de Paris. Bon il arrivait tout de même à la conclusion que c’était la faute à la personne ayant utiliser ce vélo et non la société. En effet, pour lui, si l’utilisateur avait garé proprement son vélo au lieu de laisser au milieu de la rue => aucun problème !

      Et pour la Chine, comme le souligne marc22, le marché va faire en sorte qu’il ne restera plus que quelques entreprises qui fonctionneront et plus de soucis 🙂

  • si demain une loi rend obligatoire pour tous le port du casque…avec amende….
    A titre d’info la mairie de Paris à tout fait pour que le casque de vélo ne soit pas
    obligatoire sous prétexte que les gens ne prendre pas le vėlo…a ce moment là, la sécurité rien à foutre !!!

    • Si demain le casque est obligatoire, la pratique du vélo chutera normalement de 30 % (cf l’exemple australien).
      Ceci dit, la sécurité apportée par le casque à vélo est purement illusoire. Ca fait typiquement partie des mesurettes de gesticulation politique destinée à faire croire que l’Etat s’occupe de notre petite santé.
      La plupart des casques, même aux normes, sont très peu efficaces pour réduire les traumas craniens. Etrangement, d’ailleurs, dans les pays où le casque a été rendu obligatoire, le nombre de passage par la case hôpital, et leurs gravités, lors d’une chute à vélo, n’a pas diminué.
      Faut-il y voir un effet de l’homéostasie du risque ?
      Enfin, si l’on en croit la Fubicy, c’est en voiture et à pied que le nombre de traumas craniens est le plus important. La logique voudrait donc qu’on commence à en équiper les piétons et les automobilistes…

  • L’Ane Hidalgo ne sait faire que des âneries, c’est normal vu son espèce gauchiste!

  • Mais ,ça sert à quoi un vélo dans Paris quand il ya des chaussures , des transports en commun des taxis et même des autos..lesquelles, paraît il , n’appartiennent pas aux parisiens..pourtant , le soir , pas question de trouver une place pour se garer lorsque le parisien est couché !

    • Ca sert juste à justifier la traque aux automobilistes et aux motards, en laissant croire qu’une alternative sérieuse au moteur à explosion existe pour se déplacer dans Paris.
      Evidemment, la grosse majorité des transports dans Paris se fait à pied ou en TC, pas en vélo, ni en auto.

  • L’auteur semble ignorer qu’en la matière le premier vélo en libre service a été instauré à Lyon en 2005 sous le nom Vélo’v et mis en place par le maire aujourd’hui ministre de l’intérieur Gérard Collomb. Paris a suivi. Rendons à César…

    • Historiquement, c’est La Rochelle, il y a près de 40 ans qui l’a instauré. On donnait une pièce d’identité (de mémoire) à l’accueil du parc, et on pouvait rouler gratis en vélo dans la ville pendant plusieurs heures.

  • 4000 euros par an le vélib.
    Il y a environ 10000 vélib à Paris.
    Si on part de l’hypothèse qu’un vélo normal coûte 400 euros, on pourrait chaque année, offrir 100000 vélos aux Parisiens.
    Depuis 10 ans, on aurait donc pu offrir un million de vélos aux Parisiens. Ce qui fait qu’aujourd’hui, tous les Parisiens disposant de la volonté et de la force suffisante pour faire du vélo en aurait un.
    Quand je pense que certains théorisent que l’avenir de la consommation, c’est la location… pauvre de nous !!

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