Par Xavier Fontanet.
DeÂvant moi, la seÂmaine derÂnière, une cliente deÂmanÂdait une consulÂtaÂtion à ma pharÂmaÂcienne, la considérant comme un méÂdeÂcin. Celle-ci lui réÂponÂdait poÂliÂment, tout en s’imÂpaÂtienÂtant au vu de la queue des clients, qui granÂdisÂsait. La cliente lui dit : « N’ayez pas peur, je vais vous payer ! » en tenÂdant sa carte ViÂtale qu’elle preÂnait pour une carte de créÂdit.
Mon tour arÂrive, la pharÂmaÂcienne me montre des sacs de méÂdiÂcaÂments ranÂgés dans un coin.
« ReÂgarÂdez ce qu’on vient de me déÂpoÂser, ils sont à peine enÂtaÂmés, il y en a pour des milÂliers d’euÂros. Avec la carte ViÂtale, les gens ont perÂdu toute noÂtion du coût de la santé. Les déÂfiÂcits qui reÂmontent, est-ce que ça ne vient pas, en parÂtie, de là ? »
Elle sort un anÂcien ViÂdal.
« Les prix des blockÂbusÂters (ZoÂkor, AugÂmenÂtin, PlaÂvix) ont été diÂviÂsés par trois sur dix ans, les géÂnéÂriques par deux en cinq ans, un gain énorme pour la SéÂcuÂriÂté soÂciale… comment peut-elle être en perte ? On acÂcuse les pharÂmaÂciens, c’est inÂjuste et stuÂpide. Il y a sûÂreÂment du traÂfic avec les pays où les méÂdiÂcaÂments sont plus chers.
La perÂsonne qui est sortie en râÂlant quand vous êtes enÂtré, sa carte lui avait été prêÂtée. J’ai vouÂlu véÂriÂfier, elle ne se souÂveÂnait plus de son préÂnom ! J’ai reÂfuÂsé de la serÂvir. »
Le tiers payant, c’est une foÂlie, les gens doivent saÂvoir qu’une consulÂtaÂtion donÂnée par un méÂdeÂcin a un coût.
ProÂtéÂger les gens, soit, il faut ausÂsi dire que la siÂtuaÂtion fiÂnanÂcière du pays est caÂtasÂtroÂphique, et que chacun doit faire des efÂforts.
En 2004, les AlÂleÂmands ont fait payer les 25 preÂmiers euÂros de méÂdiÂcaÂments, et exÂpliÂqué qu’il était du deÂvoir de chaÂcun de ne pas cherÂcher sysÂtéÂmaÂtiÂqueÂment toutes les aides. On est consomÂmaÂteur, mais ausÂsi ciÂtoyen.
Ce ne sont ni les contrôles ni les sancÂtions qui marÂcheÂront. Sans apÂpel à la resÂponÂsaÂbiÂliÂté perÂsonÂnelle, on ne s’en tiÂreÂra pas !
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Comme tout le monde, je conserve plusieurs boîtes de médicaments entamées, au cas où… , jusqu’à ce quelles soient périmées.
Si l’ordonnance dit “3 gélules par jour pendant 7 jours” alors que la boîte contient 30 gélules, fatalement …
Mais quel serait le prix des médicaments s’ils étaient vendus à l’unité ou, tout au moins, dans des conditionnements plus petits ?
Il est difficile de trouver des chiffres, mais apparemment la production représente 10% du coût industriel d’un médicament, et ce coût industriel 67% du prix de vente. En gros si votre boite de 30 coûte 100 euros, une boite de 21 coûterait 98 euros.
On m’avais expliqué comment on fabrique les médicaments.
Une fois que la R&D est terminée, on appelle un ingénieur qui concoit une unique usine chimique chargée de produire le médicament, pour une quantité de une tonne.
Là on la fait tourner et on la démonte quand on a une tonne de principe actif, que l’on stocque comme il faut.
Et on en tire les mg pour chaque pilule.
Il est très rare qu’un médicament nécessite plus d’une tonne, et dans ce cas on produit une usine plus stable das le temps…
Au final je crois que le cout d’une pilule, c’est un gros cout fixe (recherche, usine), et quelques centimes de fabrications et empaquetage.
L’idée de vendre les médicament à l’unité est stupide économiquement, et peut être même médicalement car l’embalage français évite pas mal de soucis.
paradoxalement il vaudrait mieux, comme déjà fait sur certains médicaments nouveaux, que l’état paye un coût fixe pour avoir accès au médicament a un prix marginal, et économise de l’argent avec des patients soignés.
Le vrais cout du gaspillage de médicament, ce sont des gens malades empoisonnés (un médicament c’est un poison qui soigne plus qu’il n’empoisonne, mais uniquement les gens malades, et s’il est pris a la bonne dose).
L’autre coût c’est quand on ne prend pas le médicament comme il faudrait, par sous dosage ou parce que son prix est artificiellement trop élevé (on fait payer le coût moyen, pas le coût marginal).
A hong kong, c’est les médecins qui vous donne les médicaments de base qui sont inclus dans le prix de la consultation.
Et le médecin vous donne exactement le nombre de pilules qu’il vous faut dans un petit sac en plastique. Le médecin achète en gros, la boite de pilules doit contenir 1000 pilules.
Sinon, oui j’ai connu quelqu’un qui partais en vacances au Vietnam, avec sa valise pleines de plaquettes de médicaments, et qui les revendais aux docteurs sur place, il se payait ses vacances comme cela.
@ MichelO
C’est exact! Un médicament c’est un ou plusieurs “principe(s) actif(s)” (la molécule): la comparaison de contenu en poids de principe actif diminue quand le dosage augmente par comprimé et aussi quand le nombre de comprimés augmente, par conditionnement (boîte) : L’hôpital paie évidemment moins cher que vous, d’autant qu’ils fonctionnent souvent avec des centrales d’achat qui négocient de plus grandes quantités, le pharmacien “détaillant” responsable étant celui de l’hôpital.
Je vois deux postes de gains majeurs sur le prix des médicaments :
– ramener les fréquences de prescription à leur moyenne dans les pays développés. En effet, il ne sert à rien de diminuer dans l’absolu la prescription des médicaments, puisque les fabricants devront toujours amortir leurs coûts fixes. En revanche, dans les pays qui prescrivent beaucoup, on amortit plus que sa part de ces coûts fixes, tandis que dans les pays qui prescrivent peu, on bénéficie du bonus payé par les autres.
– diminuer les coûts fixes des entreprises pharmaceutiques, en visant les 30% de coûts de marketing (promotion auprès des médecins) et les 10% de coûts administratifs (dépôts de dossiers d’autorisations et d’accès à des marchés).
Ceci n’amoindrit en rien le besoin de faire sentir au patient le coût réel de ses traitements, et sa responsabilité, préalable nécessaire à les réduire.
@ Michel0
Vous êtes marrant!
“diminuer les coûts fixes des entreprises pharmaceutiques, en visant les 30% de coûts de marketing”
Depuis quand un pays dit à une multinationale géante ce qu’elle a à faire?
Ben ce sont bien les pays qui organisent les conditions de concurrence, la manière dont les médecins se forment et s’informent, les autorisations de mise sur le marché, etc. ! Quand c’était pour les opérateurs téléphoniques (souvenez-vous des millions dépensés dans la guerre des numéros de renseignement téléphoniques), personne ne niait ce rôle d’organisateur public de la concurrence, et on a vu le résultat catastrophique. Les multinationales ne font des bénéfices géants que parce que les Etats les leur offrent sur un plateau.
Ce qui choque les gens, c’est qu’un Etat s’organise pour permettre aux multinationales d’un domaine de réduire leurs coûts fixes. Il est même bien vu de contribuer à les punir en augmentant leurs coûts fixes, comme si c’était elles et non leurs clients qui payaient en fin de compte l’addition. Politique de Gribouille !
@ MichelO
Ici, au Luxembourg, il y a 4 pays distants (une ville!) de 12 minutes à 1 heure de voiture: dans ces pays, ni le portable (GSM), ni les médicaments (ni les remboursements) ne sont au même prix! Preuve que chaque pays discute les prix plus ou moins habilement avec plus ou moins de conditions connexes honnêtes ou honteuses! La concurrence devient donc plus difficile à définir! Vous rendez-vous compte ce que rapporterait une centrale d’achat européenne internationale de médicaments de 450 millions de consommateurs (hors U.K.)?
Je suis pharmacien. Je suis persuadé que délivrer à l’unité ne réduirait que très peu le gaspillage, si le tiers payant intégral et le monopole de la sécurité sociale publique sont maintenus. Les insouciants drogués aux soins gratuits (dont nombreux “CMU”) ne gaspilleraient plus des boîtes de 30 gélules, mais des lots de 30 gélules déconditionnées à l’unité. La belle affaire.
@ thibaud g
Nous avons tous vu ces flacons américains de médicaments “en vrac”. Ma question est pourquoi ce pays n’a-t-il pas adopté les “blisters”, de rigueur dans l’U.E.?
“Le tiers payant, c’est une foÂlie, les gens doivent saÂvoir qu’une consulÂtaÂtion donÂnée par un méÂdeÂcin a un coût.”
Certes, mais alors que dire des opérations chirurgicales, qui coutent un bras (même sans amputation) et dont personne ne connaît le prix. Tiens qui connaît le prix d’une journée à l’hopital dans une belle chambre blanche.
On ne sort pas le chéquier à l’hôpital, on ne sort pas le chéquier à la pharmacie. Pourquoi devrait-on le sortir chez le médecin ?
Ou si on doit le sortir chez le médecin, pourquoi ne pas le sortir aussi à l’hôpital et à la pharmacie ?
Pour avoir une idée de ce dont on parle, rappelons que les dépenses de médicaments représentent pour notre système de santé environ 10 % des dépenses et que ce chiffre suit une tendance à la baisse.
Quand on sait cela, on comprend aisément que tout aussi louables qu’ils sont, les efforts qu’on pourrait faire sur ce poste ne permettront pas d’obtenir des résultats spectaculaires sur l’équilibre de notre système de santé.
Je me demande si on n’obtiendra pas de bien meilleurs résultats en organisant un peu plus de prévention, ce qui permettrait de tenir à distance pour un temps plus long de nombreuses maladies fort couteuses (diabète, hypertension, maladies cardiovasculaires, cancers…).