Par Philippe Bilger.
Après l’écriture, la grammaire “inclusive” (Le Monde). 314 enseignants, du primaire, du secondaire et du supérieur, ont signé un manifeste dans lequel ils disent avoir cessé – ou s’apprêter à le faire – d’enseigner cette règle de grammaire méprisable résumée par cette formule “Le masculin l’emporte sur le féminin”.
On n’écrirait plus “les garçons et les filles sont gentils” mais “gentilles”. Bouleversement, cataclysme qui feraient de la grammaire un nouveau champ de bataille et désigneraient, dans la prétendue guerre des sexes, un autre vainqueur. Mon dieu, quelle fulgurante avancée et comme l’avenir serait radieux !
On a les dérisoires et inutiles révolutions qu’on peut.
Frédéric Vitoux a démontré lumineusement que l’introduction de l’écriture inclusive serait une régression puisqu’elle communautariserait les deux sexes en supprimant le neutre (Le Figaro).
Idéologie faussement progressiste
On est tombé sur la tête et certains professeurs peuvent légitimement faire douter de leur bon sens quand celui-ci est aussi gravement obéré par une idéologie faussement progressiste qui mêle tout dans tout.
Qui mélange la dignité humaine et l’exigence d’égalité, dans leur traduction profonde, authentique, sociale et quotidienne, avec des principes d’écriture et de grammaire relevant d’un formalisme qui a fait ses preuves et n’a pas empêché de très grands écrivains féminins d’offrir à l’admiration de magnifiques livres qui témoignaient bien plus en faveur de l’éclatante et nécessaire égalité des sexes que la torture aberrante infligée à l’orthographe et aux accords conventionnellement admis.
Qui peut une seconde, sauf à être détourné de l’essentiel par des combats picrocholins, être persuadé que ce masculin l’emportant sur le féminin par commodité révèle forcément dans l’existence, dans le fil des jours et les attitudes communes, une scandaleuse emprise d’un sexe sur l’autre et la dictature insupportable de l’homme prétendu fort sur la femme crue faible ?
L’illusion du réformisme linguistique
Même si cette règle de grammaire relevait, dans l’arbitrage qui a été opéré, d’un pouvoir supérieur prêté à l’homme, pense-t-on sérieusement que c’est en déconstruisant nos schémas classiques et notre manière d’écrire et d’accorder que le futur fera surgir une condition humaine où l’homme et la femme, sans être les mêmes, seront traités avec la même considération ?
Je crois qu’au contraire, ces apprentis sorciers, ces enseignants fatigués d’enseigner, épris d’originalité et proposant une révolution démagogique, vont se perdre par leur ridicule “suivisme” et leurs outrances.
Car il convient à tout prix, pour eux, de s’inscrire dans l’effervescence à la longue lassante de ces dernières semaines où la femme qui dit ne pas avoir été harcelée est perdue pour la cause féministe ! J’espère que ces foucades, ces provocations ridicules seront de nature à réveiller la multitude indifférente ou endormie afin qu’elle ne regarde pas passer devant elle, sans broncher, sans s’émouvoir outre mesure, ces absurdités.
L’absurdité est-elle inclusive ?
Je l’espère mais je n’en suis pas sûr. C’est le vice de notre modernité et le risque de son implacable rouleau compresseur que de nous entraîner dans un torrent où, pour résister à l’innommable ou au trop bête, il faut presque être doué d’un courage exceptionnel. Tant il est voluptueux par paresse ou par faiblesse de se laisser prendre par un flot rêvant d’être dominant et qui, à force de complaisance multipliée, pourrait bien le devenir.
L’absurdité est-elle “inclusive” ? Faudra-t-il bientôt supprimer de notre langue les idées, les concepts, les noms communs au féminin au prétexte que, renvoyant à des contenus négatifs, ils ne pourraient être qu’au masculin ?
S’il convient de choisir, je n’hésite pas. Je me rangerai du côté de l’orthographe et de la grammaire pour les défendre.
Je ne serai pas le seul.
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Un argument de plus pour le chèque éducation et l’école libre.
314 crétins ont eu leur quart d’heure de célébrité, et il s’est trouvé un torchon — l’Immonde, mais qui s’en étonnera ? — pour participer à cette pantalonnade.
Combien de temps encore faudra-t-il subir ces dérisoires et grotesques « combats » de la post-modernité ?
Le gauchisme culturel dans toute sa splendeur……..
@ Bernard
“Gauchisme”, c’est vite dit! Je n’oublierais pas trop vite que toute réforme dans une matière entraîne aussi beaucoup d’ “activités” … économiques!
C’est l’ouverture de classes de remise à niveau pour les professeurs organisées par qui? C’est aussi la course pour éditer cette première grammaire (en plusieurs volumes), largement distribuée, don achetée, avec royalties pour les auteurs, dans le respect de la propriété intellectuelle pour les auteurs! C’est mieux que le loto!
Si “ON” commençait par apprendre le français ….. de base …. avant de se masturber la cervelle en quête de notoriété aléatoire
Dites à nos journalistes radio ou télé que les formes interrogatives existent encore et ras le bol des anglicismes qui font ….. “branché”
Non, le bidule est utile…
si une femme signe une connerie de une “professeure de français”, elle aura un moyen supplémentaire de disqualifier tout contradicteur…vous critiquez mon texte car il a été écrit pas une femme…
Il est quand même incroyable qu’on prétende assurer la promotion d’égalité des sexes en amplifiant les possibilités de discrimination..
Il y a des féministes qui ne sont que le négatif au sens photographique des machistes. A bas la dictature sauf si je suis dictateur…
pathétiquement con.
Ce sont les mêmes qui se plaignent du recul de la langue française dans le monde.
Ne serait-ce pas le même type de malades mentaux qui a décidé de dire “quatre vingt dix huit” au lieu de rester logique et de dire “nonante huit” ?
Ce n’est pas en la compliquant encore plus qu’on la rendra attractive, n’est-il pas ?
Il fut un temps où beaucoup plus de profs auraient souscrit à cette niaiserie. Les temps sont durs pour les idéologues gauchistes.
Il est vrai que le nombre de collègues impliqués dans cette pantalonnade est ridicule.
En France, le ridicule ne tue pas !
L’écriture inclusive ? Je l’ai découverte récemment… et j’avoue en être perplexe ! C’est vraiment poussé l’absurdité à l’extrême et je pèse mes mots. Par cette idéologie exprimée dans ce charabia, la communication avec les autres pays francophones sera, à la longue, impossible sans y joindre un dictionnaire ! Pensez-vous que les Belges, les Suisses ou les Québécois, pour ne mentionner qu’eux, vont s’accorder à cette nouvelle lubie ? La France va devenir un pays d’illettrés, elle l’est déjà en partie par l’orthographe phonétique qui se propage sans vergogne. Quant aux éditeurs, s’ils ne publient pas le même ouvrage en écriture inclusive et académique, ils n’exporteront plus les livres faute de non-vente, à moins que leurs proses académique ne s’adressent – dans le futur – qu’à un public restreint… et je passe sous silence les remarques ironiques de nos voisins francophones.
Notre belle littérature française sera-t-elle jetée aux orties pour une idéologie gauchiste des plus stupide ? Car le fin mot en est l’égalitarisme des sexes. Quoi de plus obtus ? Lorsque les femmes auront admis qu’elles sont différentes des hommes, qu’elles ont un rôle spécifique à jouer, elles auront fait preuve de bon sens et de respectabilité. Arrêtons ce mimétisme débile ! Car pousser le féminisme au point de malmener la belle langue française, (elle l’est déjà suffisamment par tous les anglicismes qui s’y glissent), relève du crétinisme et, n’en déplaise, ridiculise la femme.
Poussons le clownesque de l’égalitarisme : à quand les hommes enceintes ?