L’État doit céder ses entreprises

La situation budgétaire de l’État devrait l’obliger à céder toutes ses entreprises. D’autant plus qu’il s’est montré mauvais gestionnaire vis-à-vis de son portefeuille de participations.

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Mauvaise gestion By: Images Money - CC BY 2.0

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L’État doit céder ses entreprises

Publié le 5 novembre 2017
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Par Cécile Philippe.
Un article de l’Institut économique Molinari

Le gouvernement français a confirmé des cessions de participations de l’État dans le but de financer l’innovation et la recherche à hauteur de 10 milliards. C’est chose faite ce mardi 6 septembre, l’Agence des participations de l’État (APE) a annoncé avoir engagé la cession de 4,1% du capital d’Engie, ce qui permettra à l’État de récupérer 1,53 milliard d’euros.

Seulement, le patrimoine de l’État, comme la situation financière des entreprises publiques, laissent à penser qu’il aurait plutôt intérêt à se désengager d’une manière générale, indépendamment de l’enjeu que représente le financement de l’innovation.

Patrimoine insuffisant, dette abyssale

Une particularité de l’État français est son très haut niveau d’endettement, nourri au fil de l’eau par l’accumulation de déficits. Ces derniers résultent du choix de ne pas baisser suffisamment d’autres dépenses pour en financer de nouvelles, ni augmenter en proportion les recettes.

La dette publique française représente aujourd’hui 96% du PIB, ou 2 150 milliards d’euros, et la question est de savoir ce à quoi elle a servi. Ou, dit autrement, les déficits servent-ils, comme le pensent certains, à financer des investissements que le privé ne serait pas intéressé à mener ou bien financent-ils des dépenses courantes ? L’État est-il un bon investisseur ?

Pour répondre à cette question, il est utile d’examiner le patrimoine des administrations publiques. En effet, un patrimoine positif serait un bon indicateur pour déterminer si l’État prépare l’avenir de façon efficace. Or, loin de l’image d’Epinal de l’État bon investisseur, les données de l’Insee sur le patrimoine économique national montrent aussi que les actifs des administrations publiques ne peuvent suffire à couvrir l’ensemble des engagements pris par nos pouvoirs publics.

Pauvreté des administrations françaises

Fin 2015, le patrimoine des administrations était équivalent à 147% du PIB. Pour calculer le patrimoine net, il faut déduire leurs dettes. Ces dernières représentaient 135% du PIB. In fine, la richesse des administrations françaises équivaut à 12% du PIB. Ce chiffre est en forte baisse. À titre d’illustration, elle représentait 25% du PIB en 2010.

Ajoutons à cela que la réalité est encore pire puisque le patrimoine des administrations est calculé par l’Insee sans prendre en compte tous les engagements. Il n’intègre pas les promesses faites au titre des retraites des fonctionnaires et assimilés. Selon la Cour des comptes, ces promesses représentaient 85% du PIB en 2015. Dès lors, le vrai patrimoine net des administrations est négatif avec une valeur équivalente à -73% du PIB.

L’évaluation du patrimoine des administrations montre qu’elles créent de la dette pour financer les dérapages courants, le contraire de ce que ferait un investisseur stratège et bon gestionnaire.

Actionnaire médiocre dans les entreprises

Par ailleurs, un rapport de la Cour des comptes datant de janvier 2017 le souligne sans ambiguïté : l’État n’est pas un bon actionnaire. La situation des 1 800 entreprises à participation publique s’est en effet sensiblement dégradée au cours des dernières années.

Leur rentabilité financière « chute lourdement pour s’établir à 2,8% en moyenne entre 2010 et 2015, contre 10% pour les entreprises de l’indice SBF 120 », soulignent les sages. De fortes tensions existent dans ces secteurs où l’État est un acteur historique, comme ceux de l’énergie, des transports ferroviaires et de l’audiovisuel.

La capitalisation boursière d’EDF a ainsi baissé de 70% entre son entrée en Bourse en 2005 et 2016. Celle d’Areva a baissé de plus de 90%. La SNCF a dû inscrire dans ses comptes des dépréciations massives de l’ordre de 12 milliards et, dans l’audiovisuel public, les résultats nets sont systématiquement négatifs depuis 2013.

L’État n’a plus beaucoup de marges budgétaires parce qu’il s’est montré mauvais gestionnaire, à la fois vis-à-vis de ses administrés et de son portefeuille de participations.

Depuis plusieurs années, il a tendance à considérer « ses » entreprises publiques, comme des sources de financement, quitte à obérer leur capacité à investir. C’est pour cette raison – et elle seule – que l’annonce des cessions est une bonne nouvelle. Il est, en effet, fort probable que la deuxième partie de la proposition, affecter les ressources au financement de l’innovation, s’avérera in fine une chimère.

Article initialement publié en septembre 2017.

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  • Constat affligeant d’autant plus inquiétant que c’est l’état qui nous impose la gestion de nos entreprises et entraine donc avec lui le tissu industriel français. Mais qu’attend t on pour reprendre le pouvoir dans nos entreprises et nous laisser redresser l’économie? Entrepreneurs et salariés sont les victimes de ce dictat et ne demandent qu’à être libérer de ces contraintes, pour faire exploser leur potentiel. Mais l’état est roi, et 40 ans de décadence, défaillance et d’incompétence ne sont manifestement pas suffisant pour faire réagir les français qui perdent peu à peu non seulement leur liberté, leur potentiel, leur volonté, leur motivation mais aussi et surtout leur vie à être formatés pour payer gentiment les caprices de ces messieurs. Finalement quel est le pire, celui qui nous entraine dans le mur ou celui qui conscient d’aller dans le mur continue à obéir sans broncher?

  • Une fois vendus les bijoux de famille, il ne restera plus que la chemise à vendre …. vendre pour continuer à gaspiller l’argent au prétexte de rembourser une prétendue dette qui, elle, est structurelle puisque les états sont dépendants des banques commerciales qui inondent les pays de monnaie de singe.
    Le mur arrive et tout le monde politique s’en balance.

    • Ce ne sont pas les banques commerciales qui créent la monnaie! Révisez vos croyances avant de les formuler!

      • Une banque qui vous prête de l’argent créé de la monnaie, non ? Et l’annule au prorata de ce que vous remboursez…

        • C’est l’Etat qui lui donne l’autorisation de prêter de l’argent qu’elle n’a pas, donc de créer de la monnaie. La banque n’est qu’un instrument dans ses mains.

    • Si l’état n’était pas en déficit, il n’emprunterait pas aux banques, et il n’aurait pas de dette à rembourser, ni donc les intérêts de la dette

  • Comme d’habitude en France, surtout à cause du copinage et népotisme qui offre des postes à des incapables sortant de l’ENA ou autre, sans aucun don ni capacité pour diriger des entreprises.

  • Est-ce qu’un propriétaire à la fois inconscient de son bien, et par principe incompétent en la matière, peut-il être un bon gestionnaire?

  • Ce qui me choque le plus, c’est le sous-entendu fréquent qu’en possédant des entreprises qui lui versent des dividendes, l’Etat peut faire au contribuable la faveur de lui épargner des impôts supplémentaires. Cette règle bien française du « tout impôt payé par autrui, c’est autant qu’on n’aura pas à payer soi-même » qui sanctuarise la dépense publique revient à entretenir les querelles entre les esclaves de la domesticité pour éviter qu’ils ne s’unissent et se révoltent.

  • L’Etat peut toujours vendre un ou deux pour cent de capital pour empocher de l’argent frais, mais il se garde bien de se priver de la possibilité de placer les petits copains aux conseils d’administration…
    Donc, rien de changé!

  • Il reste 1800 entreprises à participation publique…on rêve ! Par ailleurs, le drame est de n’avoir pas profité de privatisations massives et totales dans les années 80 et 90 pour passer à la retraite par capitalisation et créer des fonds de pensions à la française….cela auraient permis d’éviter, sans dirigisme étatique débile, que nos fleurons industriels se fassent dépecer….malgré les rodomontades d’opérette de nos énarques Gaullo-socialistes.

    • 1800 entreprises à participation publique ; et avec ça, quand je dis que la France est un pays communiste ou une république socialiste soviétique, les gens me font des gros yeux.

      Et parmi eux, même des gens qui se disent libéraux !

  • personne ne parle comment a été créer le déficit (Pib) du pays….
    la France diriger a cette époque par le président
    Georges Pompidou..
    a cette époque là. .la France empruntée à la BANQUE DE FRANCE aux taux a%….
    une loi a été votée que le ministère du budget interdiction d’emprunter à la BANQUE DE FRANCE …
    L’ÉTAT rêver emprunter aux banques privé. .
    voilà où a commencer le déficit de la France et par la même occasion l’enrichissement des Banques privés et de leurs pouvoirs !!!

  • L’État est un patron voyou dont la place est en prison.

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