Macron veut réformer la gouvernance des entreprises

Emmanuel Macron veut réformer la gouvernance des entreprises et tout laisse à penser que cette réforme sera douloureuse et compliquée. C’est ce qui ressort de son incertaine interview à TF1.

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Emmanuel Macron at European Council 22-23 june 2017(CC BY-NC-ND 2.0)

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Macron veut réformer la gouvernance des entreprises

Publié le 17 octobre 2017
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Par Éric Verhaeghe.

Les commentaires à l’issue de l’incertaine interview d’Emmanuel Macron sur TF1 se consacrent beaucoup au pronostic sur la force de conviction qui a animé le président. Dans la pratique, l’exercice a surtout consisté à s’adresser directement aux Français pour expliquer les réformes en cours. Peu de choses nouvelles étaient donc à attendre de ce moment.

Pourtant, au-delà de l’exercice pédagogique, Emmanuel Macron s’est risqué à faire une annonce majeure : il réformera dans les prochains mois la gouvernance des entreprises, et tout particulièrement l’intéressement et la participation. Les entrepreneurs ont tout intérêt à suivre ce dossier de près.

Quelle réforme de l’intéressement et de la participation ?

Selon les propos du Président, les entreprises doivent apprendre à mieux intéresser les salariés « lorsque ça va mieux ». Le projet est assez bien connu : le gouvernement, en accord avec la CFDT d’ailleurs, devrait compenser l’effet « droitiste » des ordonnances par des mesures « gauchières » sur la participation des salariés à la vie de l’entreprise.

Par une étrange erreur d’interprétation, beaucoup de commentateurs pensent que cette réforme se limitera à améliorer l’intéressement des salariés aux résultats de l’entreprise. Il est très probable qu’effectivement le gouvernement ait l’intention de généraliser le principe de l’accord d’intéressement à toutes les entreprises.

Mais… la réforme macronienne devrait avoir une ambition bien plus large. Certains évoquent l’idée d’une participation obligatoire des salariés au capital dans les entreprises de plus de 50 salariés. Ils évoquent également la représentation obligatoire des salariés dans les conseils d’administration ou les directoires de ces entreprises. Il s’agirait là d’une onde de choc majeure pour la vie des entreprises françaises.

Vers une victoire des managers dans la gouvernance des entreprises ?

La philosophie générale de ces réformes est aussi bien connue. Elle consiste à renforcer la place des managers dans la direction du capitalisme français, au détriment des entrepreneurs. On retrouve ici la filiation sociale d’Emmanuel Macron, haut fonctionnaire très éloigné de la création d’entreprises.

Dans la pratique, ses idées devraient conduire à une évolution en profondeur de la conduite des entreprises françaises. Si l’on se souvient que le gouvernement procède cette année à l’abrogation des allègements fiscaux en raison des durées de détention des actions (ce qui frappe lourdement les salariés bénéficiaires de détention d’actions gratuites), on peut craindre le pire.

Un cadeau à la CFDT ?

Dans ce dossier, on comprend qu’Emmanuel Macron cherche à renouer le lien avec la précieuse CFDT. Laurent Berger avait trouvé les ordonnances décevantes. Il devrait se « rattraper » sur les mesures à venir.

Celles-ci seront probablement négociées avec les partenaires sociaux. Pour les entrepreneurs, cette opération va se révéler très risquée…

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  • Participation des salariés au capital…à la limite oui mais qu’ils payent leurs actions, sinon c’est dévoyer l’idée qu’un investissement dans une société est une prise de risque sur ses propres deniers. C’est ce qui motive par la suite de prendre des mesures propres à favoriser l’entreprise…

  • Ouvrir son capital à ses salariés est une bonne chose à condition qu’ils aient les moyens effectivement d’acquérir des parts. Par contre imposer une participation aux bénéfices ou un intéressement, on ouvre encore des droits supplémentaires aux salariés quand tout va bien, mais quid des moments ou ça va mal? L’entrepreneur se retrouve encore seul à endosser sur son patrimoine personnel les conséquence d’une situation déficitaire. Quel est le bénéfice finalement, de prendre des risques, de distribuer lorsque tout va bien et d’assumer seul lorsque on est dans la tempête. Prendra t on un jour la mesure des engagements des entrepreneurs et les laissera t on bénéficier du fruits de leur investissement. Car il ne faut pas oublier que l’état se gave sur le fruit des croissances lorsque l’on revend nos sociétés avec la taxation sur la plus value, et tout au long de la vie de la société sur l’ensemble des taxes, charges et impôts….. Finalement le jeu en vaut il la chandelle? N’est on pas encore en train de tuer la poule aux œufs d’or?

    • @ YL
      Je crois que ce sont des choses différentes:
      – ouvrir le capital sous la forme d’actions
      – participation / intéressement au bénéfice
      Bien sûr un dividende est une part du bénéfice proportionnelle au nombre d’actions mais l’action reste une fraction du capital.

      Si « ça va bien », pas de problème, si « ça va mal », (bénéfice net = 0 ou <0), il n'y a pas de dividende distribué (cas 1) ou "d'intéressement" car pas de bénéfice à partager!

      En faire un droit, c'est briser la logique, ce qui n'est jamais recommandé!

      Il existe déjà des "primes de fin d'années" dans certaines entreprises, officielles ou pas, "cadeau" de l'entreprise, par reconnaissance pour le travail effectué (qu'on peut même faire varier "au mérite" pour faits ou circonstances spéciales).

  • Encore un projet constructiviste et monolithique à la socialiste (genre SMIC ou 35 heures) ignorant la réalité de l’entreprise, de la situation et des aspirations individuelles des salariés. Autant on peut imaginer qu’un cadre sup adhérera à un système participatif qui l’associera davantage aux destinées de sa « boîte », autant un petit salarié préférera disposer immédiatement via une prime ou un avantage immédiat, de ses bons résultats. La qualification du salarié et son lien de subordination sont des éléments déterminant dans les mécaniques de participation et vouloir les traiter uniformément traduit une méconnaissance totale du fonctionnement de l’entreprise.

  • Dommage de ne pas refaire l’historique de l’interessement en France! Le ti nain a talons et le roy faineant a eux seuls ont degoute bien des patrons interesses par la demarche.
    Le forfait social est une veritable trahison, en particulier

  • Avant tout ce projet fait réponse à un problème de considération du salarié.
    Et bien souvent , c’est le résultat d’un management inadapté.

    L’intéressement par participation au capital , n’empêchera pas un mauvais manager de sévir.

    Macron soulève un vrai problème , mais arrive t’il à la bonne conclusion.

  • Qu’il laisse les entrepreneurs entreprendre et les travailleurs travailler ! Macron est politicien, énarque et socialiste : il abore le travail ! Son idée ressemble à un comble :
    les socialistes détestent les riches et n’aiment pas les pauvres qui travaillent. En obligeant les salariés à entrer au capital de leur entreprise, il les transforme en actionnaires, donc en « salauds de riches Kapitalistes ». Ca sent la bonne grosse ponction fiscale à venir !

    • @ STF
      On dit qu’E.Macron est un gros travailleur et je crois que c’est bien possible; c’est plutôt la vie quotidienne réelle « d’en-bas », qu’il appréhende bien moins!
      Il faudra attendre les textes pour savoir si sa démarche est « socialiste » ou à prendre selon sa volonté claire et exprimée « d’enrichir ceux qui travaillent ».

      Dans le modèle allemand (mais les Français ne sont pas des Allemands!), les syndicats sont représentés au C.A. J’ai tendance à croire qu’avec la formation continue fructifère et moins de « lutte des classes », c’est de ce côté-là que le président louche! À l’opposé de la CGT!

      • Je ne sais pas si Macron est un grand travailleur comme on le dit, je crois surtout que c’est un toujours prêt à se mêler de tout, et à donner ses propres directives. Et il me paraît socialiste en ce sens qu’il ne met pas l’abandon de la lutte des classes et la facilitation de l’évolution vers les positions supérieures en préalable, mais comme une vague teinture à l’intention de ceux qui veulent très fort y croire. Si les syndicats, comme en Allemagne, voulaient le bien de l’entreprise et de ses salariés, il n’y aurait sans doute même pas besoin de légiférer pour qu’ils soient invités aux C.A. !

      • La plupart du temps le « travail » des politiciens consiste à rendre la vie infernal au gens « normaux » donc pour ma part moins ils « travaillent » mieux je me porterais…

  • plus l’Etat se mêle de ce qu’il ne connait pas (et n’a pas à connaître), moins cela marche…

  • Les commentaires sont fermés.

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