La campagne électorale à droite ne servira à rien

Que les candidats ne se découragent pas ! Leur activisme peut avoir de l’influence : s’ils engagent leurs contacts avec les électeurs en amont de l’élection (mais l’effet de conviction diminue avec le temps) ou si leur adversaire a des positions impopulaires.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

La campagne électorale à droite ne servira à rien

Publié le 14 octobre 2017
- A +

Par Erwan Le Noan.
Un article de Trop Libre

La bataille pour la présidence du parti Les Républicains s’accélère et chacun pressent qu’elle sera gagnée sans qu’un seul combat ne soit livré. À peine peut-on s’attendre à une petite escarmouche, suscitée par l’un des candidats peu connus qui ne manquera pas de charger tête baissée contre le favori, dans l’espoir de créer l’événement et attirer l’intérêt des électeurs.

La droite se prépare donc à rejouer la pièce dans laquelle elle excelle : celle d’un camp qui a fini par se convaincre qu’il est divisé, alors que ses fractures idéologiques sont probablement plus simulées que réelles, alimentées par un conflit d’ego bien tangible. Une fois de plus, les idées vont être relayées à l’arrière-plan.

C’est d’autant plus dommage que la victoire de 2022 se joue dès maintenant. En tout cas, à en croire une recherche américaine récente1, elle ne se jouera pas pendant la campagne, car… les campagnes ne servent à rien !

La campagne sans effet sur les électeurs

Les auteurs ont compilé et réalisé une cinquantaine d’études pour parvenir à leur conclusion sans appel : « Les circonstances dans lesquelles le choix politique des citoyens semble manipulable sont excessivement rares ». Le porte-à-porte, les appels téléphoniques, les tracts ont un effet nul sur le choix des électeurs (ils influencent 1 électeur sur 800) et d’autant plus faible que l’échéance électorale est proche.

Que les candidats ne se découragent pas ! Leur activisme peut avoir de l’influence : s’ils engagent leurs contacts avec les électeurs en amont de l’élection (mais l’effet de conviction diminue avec le temps) ou si leur adversaire a des positions impopulaires.

Les auteurs insistent : leur « argument n’est pas que les campagnes ne servent à rien » ; au contraire, elles peuvent déterminer les critères sur lesquels le choix des électeurs se fera (et sur lesquels ils ont déjà des opinions).

Le contexte non-partisan

Elles influencent aussi la participation, pour mobiliser les électeurs et les conduire à exprimer leur soutien. Enfin, les campagnes ont un effet plus net lorsque les références partisanes sont absentes (par exemple lors des primaires, où l’électeur vote de toute manière pour ses convictions).

En somme, l’étude rappelle que les campagnes ne servent qu’à confirmer ou révéler le choix des électeurs, déjà formé même s’il n’était pas formulé. Cette analyse est intéressante pour réfléchir à la campagne de 2017 et celle de 2022.

La campagne victorieuse d’Emmanuel Macron est intervenue dans un contexte « non-partisan », la gauche ayant disparu et le candidat de la droite, qui défendait des positions peu populaires (sur la sécurité sociale) s’étant disqualifiée moralement. Elle a su également, par le porte-à-porte, mobiliser ses électeurs.

Le candidat, enfin, est parvenu à imposer ses thèmes, proposant aux électeurs de faire un choix pour ou contre le renouvellement de la vie politique. Son talent a été de le leur révéler.

Depuis mai, de nombreux candidats potentiels attendent, tapis dans l’ombre, que LR ou le PS s’effondrent. De toute manière, disent-ils, l’élection d’Emmanuel Macron montre que tout peut se jouer au dernier moment. Ils se trompent. Le travail de conviction est beaucoup plus profond : il commence maintenant. Prise dans ses conflits de personne, la droite semble l’ignorer. Ce qui est inquiétant, c’est que La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon l’a parfaitement saisi.

Sur le web

  1.  Joshua Kalla, David Broockman, The minimal persuasive effect of campaign contact in general elections : evidence from 49 field experiments.
Voir les commentaires (5)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (5)
  • Analyse intéressante, attention 1 iere phrase de l’avant avant dernier paragraphe en doublon.

  • La droite qu’on dit la plus bête du monde ne l’est peut-être pas tant que cela.
    Son problème est qu’elle sait que les vraies solutions pour redresser le pays ne recueilleraient que 5 à 6% des voix, tant le lavage de cerveaux socialiste a été efficace pendant ces 40 dernières années.
    Il suffit de se souvenir que près de 50% des français aux dernières élections ont voté pour se tirer une balle dans le pied.
    La droite hésite donc toujours en se donnant une posture de gauche, tout en tentant, doucement et en faisant le moins de bruit possible à proposer une ou deux solutions valables. Fillon avait été aussi loin que possible dans cette voie.
    On redécouvre une fois de plus que la démocratie est un système qui engendre immanquablement la démagogie, comme le disait déjà Platon il y a 2400 ans.

    • @ Gerald555
      E.Macron a très bien joué, avec un résultat supérieur aux prévisions de 3 mois avant! C’est l’exploit réalisé au moment où les électeurs (peux nombreux) doutaient de la politique (sauf les « cocos » et les « fas »!): soit E.Macron était « un espoir possible », soit une participation au défi contre la tradition moribonde.
      Réformera-t-il l’état? Il n’en prend pas (encore?) le chemin!

      • S’il réformait l’Etat, d’une part il perdrait le peu de soutien qu’il a — son programme étant de réformer un peu et en même temps de ne s’opposer à aucun des avantages particuliers de tous ceux qui vivent aux crochets des autres grâce justement à l’Etat –, et d’autre part, sur quel programme pourrait-il se faire réélire, alors que c’est manifestement son objectif ultime ?

  • Macron lance un vrai défi à la « droite »(quelque soit le parti ou la personnalité) avec son encrage sociale-démocrate et ses coups de menton contre la france insoumise et la CGT….soit vous assumez un virage libérale-identitaire-conservateur, quitte à débuter à 5 %, initialement mais avec une vision historique à long et moyen terme, soit vous ne changer rien sur le fond et alors rejoignez moi ou vous êtes mort ! A droite à part un Robert Ménard personne ne semble le comprendre !

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Commençons par dissiper toute illusion : non, les partis ne sont pas éternels. Oui, les lignes de fracture tectoniques sur l’échiquier politique (même si elles se déplacent, comme dans l’analyse des clivages politiques chez l’historien Philippe Fabry, et ce mouvement est toujours sinistrogyre) perdurent en traversant des recombinaisons et reconfigurations. Le centrisme politique français est peut-être la famille politique qui a le plus traversé de telles vicissitudes. Le parti gaulliste, lui, a connu jusqu’il y a peu une trajectoire plus stab... Poursuivre la lecture

Certains Républicains ont encore fait mouche avec une finesse dont ils sont coutumiers. Ils ont eu une idée qui leur a semblé assez lumineuse pour mériter d’en faire une loi intitulée « proposition de loi visant à interdire aux copropriétaires en défaut de voter aux assemblées générales ».

Prenez un instant pour mesurer la violence des mots utilisés : « interdire » et « défaut ».

Je laisse ensuite les plus courageux d’entre vous prendre connaissance de la proposition de loi déposée le 21 février 2023.

 

Le rôle d... Poursuivre la lecture

Faute de se donner une doctrine claire et nette (par exemple libérale, pourquoi pas ? ) les chefs de file du parti LR mettent en avant leur position d’arbitres : sans eux la réforme des retraites de madame Borne ne peut être votée. Ils démontrent aussi qu’ils vont changer quelques dispositions de la réforme qui vont la rendre populaire : du coup passer de 62 à 64 ans sera accepté par l’opinion publique. Donc Macron ce n’est pas parfait (Valérie Pécresse voulait aller jusqu’à 65 ans) mais c’est déjà mieux grâce à LR.

Seulement voilà : o... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles