L’appli canadienne qui donne la chair de poule

Elle vous donne des points de récompense chaque fois que vous faites des choix approuvés par le gouvernement !

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L’appli canadienne qui donne la chair de poule

Publié le 5 août 2017
- A +

Par Josie Wales.
Un article de la Foundation for economic education

L’Ontario a annoncé il y a un mois qu’il allait être le quatrième État canadien à financer une application de modification du comportement qui récompense les utilisateurs chaque fois qu’ils font un « bon choix » en matière de santé, de finance et d’environnement.

L’application Carrot Rewards pour smartphone, qui va recevoir une subvention de 1,5 million de dollars de la part du gouvernement de l’Ontario, crédite les comptes des utilisateurs avec des points utilisables dans le programme de récompense de leur choix en échange de leur « niveau de résultat » lorsqu’ils participent à des jeux, répondent à des quizz sur le budget familial ou s’engagent dans des actions approuvées par le gouvernement à propos de la santé ou de l’environnement.

« Améliorer son bien-être »

L’application, financée par le gouvernement fédéral du Canada et développée en 2015 par l’entreprise Carrot Insights basée à Toronto, est parrainée par de nombreux organismes dont les services, considérés comme des incitations pour « apprendre » à améliorer son bien-être ou la gestion de son budget, donnent lieu à des points de récompense pour les utilisateurs. Selon Carrot Insights,

tous les jeux et quizz sont mis au point par des sources dignes de confiance telles que le ministère de la Santé de la Colombie britannique, le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador, la Fondation des maladies du cœur du Canada (Heart and Stroke Foundation), l’Association canadienne du diabète (Canadian Diabetes Association) et l’association YMCA pour un Canada en santé.

Les utilisateurs peuvent choisir de dépenser leurs points de récompense dans diverses entreprises parmi lesquelles SCENE, Aeroplan, Petro-Canada ou More Rewards – ce dernier étant un programme de fidélité qui fonctionne en partenariat avec d’autres entreprises.

Des points pour des questions

Le téléchargement de l’application est gratuit et les utilisateurs reçoivent immédiatement 200 points après avoir répondu à quelques questions (dont les réponses n’ont pas à être correctes).

On peut aussi gagner des points en envoyant un code d’invitation à un ami, dans la mesure où le gouvernement est toujours content de pouvoir pister les activités quotidiennes du plus grand nombre de personnes possible – chose que l’application peut faire, même quand elle est « inactive » ! Pour pouvoir utiliser l’application, les utilisateurs doivent donner à Carrot Insights et au gouvernement fédéral la permission

d’accéder à (leurs) informations personnelles via (leur) téléphone portable et de les collecter, en incluant, sans s’y limiter, les données de géo-localisation, les données issues du gyroscope et de l’accéléromètre, ainsi que l’accès à l’appareil photo, au micro, aux contacts, au calendrier et à Bluetooth, afin de rendre opérationnelles d’autres fonctionnalités. 

Modifier les comportements

Selon CTV News, quand le fondateur et actuel dirigeant de Carrot Insights, Andreas Souvaliotis, lança l’application en 2015, il avait en tête les problématiques de santé, « mais l’entreprise et les gouvernements partenaires ont vite compris qu’elle pouvait modifier les comportements dans d’autres domaines également. »

Le gouvernement canadien demande à ses citoyens de pouvoir suivre leur activité et modifier leur comportement en agitant une carotte au bout d’un bâton, et ça marche.

Bien que laissée pour l’instant au libre usage des utilisateurs, l’application Carrott Rewards est étrangement similaire au « système de crédit social » qui se développe en Chine actuellement.

Des punitions contre les personnes non coopératives

Ce dernier ne se contente pas de distribuer des points en cas de bon comportement, mais il inflige aussi des punitions aux personnes qui ne se montrent pas assez « coopératives ».

Les « pénalités peuvent porter sur les prestations sociales, l’évolution de carrière, le patrimoine détenu, et la possibilité de recevoir ou non des titres honorifiques du gouvernement chinois. » Les applications qui entrent dans le cadre du « système de crédit social » ne sont pas connectées entre elles actuellement, mais il est question de tout regrouper sous l’égide du gouvernement chinois d’ici 2020.

D’après Rogier Creemers, chercheur spécialisé dans la législation et la gouvernance chinoises à l’Institut Van Vollenhoven de l’Université de Leyde aux Pays-Bas,

La Chine a un énorme problème d’observance légale ; aussi, la conclusion des dirigeants fut de se dire que puisque les méthodes habituelles pour inciter au respect de la loi ne suffisaient pas, il fallait durcir le jeu en introduisant des punitions supplémentaires. Le système ne fait qu’utiliser les données dont l’Etat chinois dispose déjà, mais d’une façon plus coercitive.

Actuellement, l’application Carrot Rewards n’est disponible que pour les habitants de l’Ontario, de Terre-Neuve-et-Labrador et de la Colombie britannique, mais d’après son site internet, elle va se mettre prochainement à la collecte des données personnelles et à la modification du comportement de tous les Canadiens.

Voir ci-dessous la vidéo promotionnelle de l’appli Carrot Rewards (09’ 53’’). Des sous-titres sont disponibles en anglais.

Traduction Nathalie MP pour Contrepoints

Sur le web

 

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  • je me demande….ça mange des carottes les veaux ?….parce que si ce machin vient en france , ça devrait bien marcher…..

  • Un sucre ou des coups ,une méthode de dressage qui a fait ses preuves, le chien fini à moitié fou.

  • Oui, c’est effrayant et, de plus, je pense malheureusement que ça marcherait très bien en France car nombreux sont ceux friands de ces « jeux » et avides de récompenses pour eux et de punitions pour les autres.

  • George Orwell, renais de tes cendres!

  • Les Etats veulent de plus en plus contrôler leurs citoyens en entrant dans leur sphère privée. C’est hallucinant …

  • Apparemment le canada N’a pas eu Black mirror dans les dispos netflix. Dérive déjà traitée, et c’est l’épisode le plus flippant de tous.

  • Les commentaires sont fermés.

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