Finalement, le ballon espion chinois qui affolait les États-Unis a été abattu samedi.
Les images du ballon espion chinois abattu par un F-22 américain pic.twitter.com/ULJoyRazRx
— BFMTV (@BFMTV) February 6, 2023
Bien entendu, le fait que l’engin puisse s’attarder au-dessus d’un site de missiles balistiques intercontinentaux dans le Montana pose énormément de questions en matière de sécurité nationale comme de géopolitique. Joe Biden a beau avoir tenté de minimiser l’affaire, l’opposition conservatrice ne décolère pas.
Cet incident n’est toutefois qu’une goutte d’eau dans l’océan de stratagèmes discrets utilisés par Pékin pour surveiller, collecter des infos, assurer à tout prix sa sécurité nationale et au final contester politiquement l’hégémonie américaine sur le monde.
Confusion chinoise entre pouvoir politique et économie
En effet, un autre aspect de cette affaire, de l’ordre de la guerre économique, pointe les liens réels qu’entretiennent les entreprises chinoises privées de pointe et le pouvoir politique, les premières étant mises au service du second dans sa lutte pour la suprématie technologique mondiale.
Selon Japan News, le ballon de reconnaissance chinois provient très probablement de la Force de soutien stratégique (SSF), un commandement chargé de missions stratégiques spatiales, cybernétiques et de guerre électronique pour l’armée chinoise. La SSF serait chargée de recueillir des renseignements stratégiques et d’exploiter des satellites de reconnaissance pour surveiller les installations d’armes nucléaires et d’autres sites des États-Unis.
Toujours selon Japan News, les autorités chinoises confieraient l’exploitation des ballons à des entités du secteur privé dans le cadre de sa stratégie nationale de « fusion militaire-civile ».
Depuis 2015, Xi Jinping a fait de cette stratégie une priorité nationale visant à bâtir un « système stratégique national intégré doté de capacités stratégiques devant permettre à la Chine de mener à bien des projets scientifiques et technologiques clés et d’atteindre les plus hautes sphères de l’innovation1 »
Tous mobilisés pour le pays
Le 13e plan quinquennal 2016-2020 qui soutient cette nouvelle orientation met l’accent sur certains secteurs clefs des énergies nouvelles, les nouveaux matériaux, l’ingénierie navale et ferroviaire, l’aérospatial, les biotechnologies, l’environnement, les technologies de l’information et de la communication mais aussi la robotique et l’intelligence artificielle2.
Dans cette optique, c’est toute la société chinoise qui est mobilisée. À l’occasion de l’adoption d’une nouvelle loi sur la sécurité nationale de 2015, les autorités ont rendu 16 objectifs de sécurité auxquels tout citoyen avait le devoir de contribuer (politique, territorial, militaire, économique, culturel, social, scientifique et technologique, cybernétique, écologique, ressources, nucléaire, intérêt outre-mer, biologique, spatial, fonds des mers et polaire).
Cette évolution « met en lumière une paranoïa toujours plus prononcée du pouvoir chinois, et montre que seule une politique de défense ambitieuse, qui reflète le nouveau statut économique et politique de la République populaire, peut servir l’ensemble de ces objectifs de sécurité » juge Jean-Pierre Cabestan3. Une nouvelle fois, la politique du parti donne peu d’autonomie à son secteur privé, instrumentalisé pour servir les intérêts de sa bureaucratie communiste.
Se pose alors une nouvelle fois la fiabilité de la Chine comme partenaire et concurrent économique, qui semble jouer le jeu de l’économie et de la compétition internationale pour servir son plan de domination sur la scène internationale.
Face à des États occidentaux tentés de jouer l’apaisement dans l’espoir de conquérir un jour les immenses marchés d’une puissance asiatique en plein boom, l’affaire du ballon de surveillance, après les controverses provoquées par TikTok, n’est-il pas un autre signal des ambitions impérialistes de la technocratie sécuritaire chinoise ?
- « Xi Calls for Deepened Military-Civilian Integration », Xinhua News Agency, 12 mars 2018. ↩
- Valérie Niquet, La puissance chinoise en 100 questions, Tallandier, 2017. ↩
- Jean-Pierre Cabestan, La politique internationale de la Chine, Presses de SciencePo, 2022. ↩
xi ..rester au pouvoir…distraire le peuple…
pas la chine..ou les chinois..
Les pays se sont toujours espionnés les uns les autres. En tirer des conclusions sur l’impérialisme des uns ou des autres est du mauvais journalisme. Ce qui serait du bon journalisme, ce serait de faire une étude comparée de ce ballon et des affaires passées, comme celle de Powers et de son U2 abattus au dessus de l’URSS, et des développements ultérieurs d’avions espions comme le Blackbird, le B-2 Spirit, ou l’hypothétique Aurora…
L’impérialisme est une pulsion normale de tous les mammifères, ce qui est critiquable est de se soumettre à l’impérialisme des plus gros sans résister, voire de s’en faire complice.
L’impérialisme des méchants et des cancres, et seulement lui, est dommageable.
Dans une classe, qui est censé faire la loi ? Le prof ou la racaille inculte ?
Dans un asile ? L’infirmier ou le parano ?
Dans la société ? Le gendarme ou le voleur ?
le terme impérialisme pour les usa..n’est sans doute pas bien choisi..
parce que..si la hongrie a pu sentir l’imperialisme soviétique..
la france par exemple fait elle « partie de l’ empire »..américain??
il y a eu une guerre froide deux blocs idéologiques et politiques..mais deux empires??? sans parler de nons alignés..ceux qui jouèrent des deux blocs..
ce ballon, comme l’epsionnage en général, est un non sujet..son traitement médiatique est une autre affaire..
et c’est justement les méchants chinois..
Merci 👍🏾❤️
Les américains devraient envoyer un ballon vide d’instrument au dessus de la Chine. Et en filmant l’absence d’instrument au départ de ballon.
Juste pour voir qu’elle serait leur réaction face à un « ballon civil scientifique américain ».
ballon « espion » ??? Qui peut croire qu’un ballon ascensionnel sphérique, sans propulsion, puisse maitriser son itinéraire pour passer au-dessus de points précis ? Je n’y croirai que si les US présentent un élément de propulsion (et le réservoir adéquat pour faire des milliers de km) et autres caméras et émetteurs embarqués… A condition que ce ne soit pas Mr POWELL qui les brandisse à l’ONU :-))
A ces altitudes, une énergie minime, récoltée par les panneaux solaires, suffit à déplacer le ballon. Donc si vous avez de bons météorologues (ce que les pays occidentaux semblent avoir jugé superflu depuis une génération), vous choisissez le bon courant porteur et vous y faites dériver le ballon, avec les rectifications de trajectoire qu’il faut. Et ça n’est pas parce qu’il est espion qu’il ne sert pas aussi à améliorer vos prévisions météo…
Tout à fait, et la plupart du temps, quand un ballon météo à terminé et rempli sa mission, les instruments et la nacelle sont récupérés par parachute dans une zone choisie à l’avance, et on ne le laisse pas dériver au-dessus d’un territoire étranger.
Il est clair que dans le cas du ballon chinois, Biden aurait du réagir beaucoup plus rapidement et sans états d’âme. ( violation de l’espace aérien). La situation aurait été différente si les chinois avaient prévenu des US de la perte de contrôle de leur ballon et convenu avec Biden de la conduite à tenir à son égard ( destruction? récupération?)
@C2MR
Bonsoir,
A son crédit, Biden voulait faire abattre le ballon quand il était au-dessus du Montana. Son état-major a refusé.
Cela m’intéresserait de voir les hélices. Il doit bien en rester des traces.
Les chinois développent depuis quelques années leurs études météorologiques avec comme but avoué de modifier localement le climat ( faire pleuvoir sur des zones désertiques chinoises par exemple). Leurs connaissances météo sont suffisantes aujourd’hui pour déterminer où et à quelle altitude placer un ballon espion pour le faire dériver dans un courant aérien au-dessus de la zone qu’ils veulent espionner en le qualifiant innocemment de ballon météo!
@eric2103
Bonsoir,
« A condition que ce ne soit pas Mr POWELL qui les brandisse à l’ONU :-)) »
Ce serait difficile. Colin Powell est décédé en octobre 2021.
J’avais eu l’occasion de voir Colin Powell lorsque Valery Giscard d’Estaing lui a remis en 2006 le Prix Tocqueville au Château dans la Manche. En fait il a toujours regretté et même eu honte d’avoir dû montrer ces fausses preuves. C’était un homme bien.
Le monde devient fou, un ballon , les Chinois adorent les ballons… Pas trop dirigeables, d’ailleurs combien de ballons météo survollent le monde ?
Ça barre en sucette cette propagande continuelle contre tout le monde sauf contre le vrai impérialiste que tout le monde connaît.