La République est en marche mais elle prend déjà une sale direction

La République En Marche accumule les affaires délicates et moralement douteuses. Et maintenant, un projet de loi particulièrement liberticide...
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La République est en marche mais elle prend déjà une sale direction

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 16 juin 2017
- A +

Qu’y a-t-il de plus horrible que de constater que la France a récemment basculé dans la pire des abominations, sans que personne ne s’en rende compte ? Je veux bien sûr parler du catastrophique retour de la mode des claquettes-chaussettes dont la presse s’émeut déjà et dont on sait qu’elle va probablement contaminer d’innombrables victimes qu’aucun traitement ne pourra arracher aux souffrances inouïes qu’elle entraîne. Ah, et puis, accessoirement, le pays, muni de ces claquettes-chaussettes, s’est mis En Marche. Mais la direction choisie commence à inquiéter.

Ici, je pourrais parler des affaires qui entourent le ministre Ferrand.

Le pluriel est de mise puisqu’à l’affaire initiale d’immobilier juteux autour d’une mutuelle en Bretagne, décrite par le Canard Enchaîné avant les législatives, s’ajoute celle récemment mise au jour par Médiapart entre les deux tours et qui, tout comme la première, essentiellement douteuse sur le plan moral, serait là encore le sujet d’écarts éthiques.

Le média payant en ligne s’interroge ainsi : « Pour régler ses mensualités, le député Ferrand a-t-il utilisé des fonds publics, en l’occurrence son IRFM ? » Même si cette pratique de rembourser un emprunt sur fonds publics a finalement été réglementée en février 2015, l’interrogation fait remonter la douloureuse question de la probité des représentants d’En Marche.

Cette question est d’autant plus prégnante qu’elle est reposée à la suite des affaires concernant le ministre Bayrou.

Le pluriel est encore de mise puisqu’à l’affaire initiale qui concerne des emplois soupçonnés fictifs d’assistants parlementaires rémunérés par le Parlement européen, s’ajoute l’intervention particulièrement maladroite du ministre auprès de journalistes de Radio-France qui a personnellement contacté la cellule investigations de la radio publique en pleine enquête sur son parti.

Malheureusement, le ministre Bayrou ne peut pas se permettre ce que le citoyen Bayrou peut faire, comme, d’ailleurs, le chef de parti Bayrou l’expliquait doctement en 2007. Ce dernier peut toujours se fendre d’un coup de téléphone outragé auprès d’un journaliste de Radio-France ; qui n’a pas déjà eu envie de les appeler devant l’écart entre le coût de la redevance et la qualité abyssale de leur propagande ? Mais le premier, ministre d’État, à la Justice qui plus est, ne peut guère se permettre d’aller fourrer son nez et ses petits doigts gourds dans une enquête en cours, indépendance médiatique oblige, et surtout pas quand elle concerne le parti politique du ministre en question, indépendance de la Justice oblige aussi.

Corruption : j'en veux moins, ou plus d'opportunité pour en profiterBref, au sein du gouvernement de la République En Marche, on sent déjà quelques malaises s’installer. D’autant que la dernière affaire ci-dessus a occasionné une fort jolie partie de ping-pong entre le Premier ministre Édouard Philippe et le rescapé du Modem. Ce dernier, toujours aussi imbu de lui-même, refuse d’entrer dans le rang des ministres macroniens, persuadé qu’il tient là le fruit de son intelligence politique et une revanche sur des années de nihilisme électoral dans lesquelles l’avaient plongé ses invraisemblables positionnement idéologiques.

L’avenir proche nous dira s’il a autant de marges de manœuvres qu’il se l’imagine, mais il apparaît déjà, après quelques semaines seulement de mandat, que le choix par Macron du chef du Modem comme ministre de la Justice semble provoquer plus de soucis que de bénéfices électoraux, de plus en plus hypothétiques et de moins en moins nécessaires.

À la limite, ces affaires et l’obstination butée du ministre pourraient constituer d’excellents motifs pour se débarrasser et de l’encombrant maire de Pau et du micro-parti centriste, laissant ainsi Macron et son assemblée En Marche régner sans partage et sans avoir besoin de faire la moindre concession à qui que ce soit.

Ce qui sera d’autant plus pratique pour passer les lois et réformes que Macron évoquait lors de sa campagne.

Oh, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : compte-tenu de la modestie des « réformes » envisagées, les risques sont faibles que, subitement, le nouveau président se découvre des envies puissantes de chantiers législatifs profonds. Sa grosse majorité à l’Assemblée, peut-être même aidée d’un nouveau groupe de sénateurs « En Marche » à la Chambre haute, ne risque donc pas de servir à refonder de façon drastique le Code du travail ou la Sécurité sociale : n’en déplaise aux Insoumis, tout indique qu’on restera sur ces sujets dans le domaine balisé des petites retouches d’usage.

En revanche, sur d’autres domaines où le candidat Macron n’avait guère exprimé de positions franches et solides, les surprises s’accumulent déjà.

Et elles ne sont pas bonnes du tout.

Difficile en effet de se réjouir de l’actuel projet de loi du gouvernement Philippe qui vise à faire entrer, lentement mais sûrement, l’actuel état d’urgence dans le cadre du droit commun.

Comme bien souvent dans les pires trahisons de l’état de droit au profit d’un nouveau rabotage des libertés, cette idée lumineuse est avant tout présentée comme moyen de sortir gentiment de l’actuel état d’urgence, qui – en attendant – va être prorogé (pour la sixième fois, ne boudons pas notre plaisir) au prochain Conseil des ministres du 21 juin, la semaine prochaine. Et donc, pour sortir de cette situation normalement exceptionnelle donnant de larges marges de manœuvres au gouvernement, on va la transformer en situation exceptionnellement normale, afin – je cite – de « renforcer la lutte contre le terrorisme et la sécurité intérieure », en plaçant quasiment toutes les mesures de cet état d’urgence dans le droit commun.

Pour un gouvernement qui devait mettre en musique la volonté exprimée par Emmanuel Macron le 24 mai dernier de vouloir organiser la sortie de l’état d’urgence, voilà qui met singulièrement les pendules à l’heure, et pas celle d’un retour à la normale. Pour le coup, le changement, c’est peut-être maintenant mais c’est sûrement inquiétant, et pas seulement pour quelques activistes libéraux ou libertariens : n’importe quel juriste avec deux sous de bon sens comprend rapidement les dérives qui peuvent s’ouvrir avec de telles propositions, et ce d’autant plus que les mesures actuelles de l’état d’urgence n’ont apporté significativement aucune sécurité supplémentaire. Avec les juristes, pas étonnant que la presse s’inquiète (y compris étrangère).

Et au-delà de ces analyses, il ne faudrait surtout pas oublier que les lois perdurent au-delà des politiciens. Si, actuellement, notre choupinet président et ses gentils ministres peuvent vaguement prétendre à leurs meilleures intentions et leur désir pur d’assurer la sécurité et une lutte farouche contre les terroristes, absolument rien n’indique qu’ils détricoteront ces mesures drastiques une fois la menace calmée.

Pire encore : un beau matin, il faut s’attendre à ce que nos probes politiciens En Marche, ayant peut-être un peu trop lassé l’électeur de leurs foulées sportives, se voient remplacés par d’autres dont on peut craindre, à force, que la probité et la grandeur d’âme ne soient pas aussi belles (pari osé, j’en conviens, mais baste, faisons-le). Ces lois si finement ouvragées pour « sortir de l’état d’urgence » pourraient alors servir d’armes redoutables entre les mains d’autoritaires parvenus au pouvoir par des discours lénifiants, creux ou carrément démagogiques.

Il serait alors vraiment ballot qu’un démagogue, parvenu au pouvoir par d’habiles manigances médiatiques et politiques, ait de telles facilités à sa disposition, ne trouvez-vous pas ?

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  • On peut ajouter à la liste les 11 vaccins (pas un de moins) que Marifol 2 voudrait rendre obligatoires… Notre maman commune sait prendre soin des citoyens-enfants gâtés.

    • Ce n’est plus en route vers la servitude, mais en route vers l’eugénisme.

      Un monde parfait, forcément pour faire tourner une horloge avec des milliers de rouages (lois). Chaque révision rajoute une roue 🙁

      Donc CPEF 🙁

      • CPEF quelqu’un m’explique ou je reste aussi stupide qu’on pourrait le penser en lisant ma demande????

        • Ce Pays Est Foutu

        • Bah, j’ai juste un peu d’avance sur vous. J’ai réalisé en 2013 déjà, suite à une erreur dans une déclaration d’impôt à Genève. J’ai pu faire rectifier, sinon, c’était la faillite. Maintenant vu l’état de la France, je pense que les genevois sont bien content d’être suisses, et qu’ils ne protesteront plus trop sur leurs voisins, vaudois ou autres.

  • Bonjour

    Cette état d’urgence est très inquiétant, d’autant plus que le peuple en redemande, mais quand MLP ou consort seront au pouvoir, et ils le seront. cela sera la route pour la servitude.

    • Vous donnez dans la diffamation! Que la politique préconisée par MLP soit débile ne veut en aucun cas dire qu’elle compte opprimer les français!

      • Si l’exemple de MLP vous irrite, mettez à la place JLM qui lui aussi peut inquiéter avec les pouvoirs étendus.

      • JKM est très aimable lui. C’est sûr. Il présente d’abord la main avec le gant de velours. Au Vénézuéla, les poulets tirent à la chevrotine sur les manifestants, à courte distance. C’est le résultat de votre inversé.

      • @Virgile

        Le gouvernement est responsable de grosses défaillances dans le domaine du maintien de l’ordre par l’abandon du régalien pour des secteurs à forts électorats ajouté. L’état d’urgence est une solution adopté par ces mêmes irresponsables pour s’approprier plus de pouvoir alors qu’ils auraient dû rendre ses moyens au régalien. De ce fait, ils pourront mieux contrôler et mieux de se décharger de toutes responsabilités au fur et à mesure que la sécurité sera déliquescente.
        Dans le même temps, tout un secteur profite de ce nouveau climat : la sécurité. C’est ainsi que sociétés de surveillance, et autres fournisseurs de sécurité en tous genres ont déboulé sur le marché. Les quartiers résidentiels font appel de plus en plus à ces sociétés, et les particuliers s’équipent.
        Incompréhensible logique. Nous payons des impôts censés assurer les services de police et de justice mais ces moyens sont détournés vers d’autres ministères. Nous payons des forfaits et des équipements de sécurité pour une illusion d’une protection. Nous payons de nos libertés tandis que nos « dealers politiques » et nos agresseurs prospèrent. Nous payons à nouveau financièrement une fois victime.
        L’état d’urgence n’aurait jamais dû existé, le régalien aurait dû retrouver sa place première. Il serait plus que temps que l’électeur s’achète un cerveau car ne pas voir cette injure à la démocratie et se laisser aller à suivre le discours corrompu des politiques, le pays ne peut qu’être foutu.

    • Au moins MLP aurait face à elle de vrais contre-pouvoirs (médiatique au minimum, judiciaire aussi même si l’oxymoresque état d’urgence permanent les rogne). Ce qui ne semble pas le cas de notre gourou bien-aimé actuel.

  • Il semble se confirmer que l’on reste dans la même pensée magique : croire qu’une loi réglera les problèmes créés par des gens … qui n’en ont absolument rien à …. de la loi.

    Mais cet argument fonctionne, à lire les commentaires sur l’article du monde pointé par H16 (article complètement vide d’information concrètes soit dit en passant) il semble bien qu’il y ait dans ce pays un vrai marché pour les lois qui roulent des mécaniques et de vrais aficionados prêts à toutes les joutes verbales pour obtenir leurs rodomontades légales.

    De vrais intégristes du parapluie percé.

    CPEF

  • Tout nouveau tout beau..Les médias sont sous hypnose et les Français ne savent pas à quelle sauce ils vont être mangés. Les sujets qui fâchent sont sous le tapis. Dans six mois le climat aura changé.

  • loi sur la moralisation ; macron recule ; plus besoin de casier vierge ; il est maintenant simplement question d’exiger qu’aucun crime et délit ne porte atteinte à la probité pour être parlementaire ; idem sur la supprésion du régime spéciale des retraites qui a disparu du projet de loi ….en marche arrière toute !!!

    • Oui, c’est de la quantique la politique, comme le chat de Schrödinger.
      Mort, vivant. Oui, non. En Marche avant, en Marche arrière ❗

  • Le plus inquiétant d’une armée mexicaine(en marche!) est son général ,Macron est dans un cocon ,sortira t il un joli papillon ou une affreuse chenille ,qui est son père et sa mère , Obama / Hillary , de très mauvais perdants .

  •  » La République est en marche mais elle prend déjà une sale direction  »

    C’est ce que l’on appel le syndrome de Rantanplan. Rantanplan c’est ce chien qui choisi toujours les mauvaises directions.

  • Les commentaires sont fermés.

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