Par Nicolas Lecaussin.
Un article de l’Iref-Europe
Ces jours-ci la ville de Manchester fait la Une de l’actualité pour des faits tragiques. Pur hasard, l’IREF a organisé début mai une série de conférences sur des sujets économiques à l’Université de Manchester. L’occasion de voir qu’une université peut fonctionner comme une entreprise et ses enseignants travailler comme n’importe quel employé du privé.
« Je suis un simple employé sur le marché universitaire »
« Ce qu’il faut surtout noter », nous explique Mario Pezzino, enseignant-chercheur à l’Université de Manchester et responsable du site anglais de l’IREF, « c’est la dé-fonctionnarisation de l’Université. Quand on veut enseigner et faire de la recherche, on envoie tout simplement son CV, en vue d’obtenir un rendez-vous d’embauche comme dans le privé. On nous propose un salaire qu’on peut négocier. » Comme on peut négocier un budget dans une entreprise…
D’ailleurs, l’Université a le statut d’une « independent corporation » et possède plusieurs fondations qui lui permettent de recevoir de nombreux dons privés. Elle dispose d’un budget de 987 millions de livres sterlings dont 237 proviennent des contrats de recherche et de dons. Elle compte 10 400 employés et plus de 39 000 étudiants.
Elle est dirigée par un conseil de gouverneurs qui ne sont pas employés par l’établissement. Ses membres viennent surtout du privé comme son président, Edward Astle, qui a travaillé dans le secteur des télécommunications et a dirigé deux start-up.
Les étudiants sont sélectionnés sur consultation de leur dossier et après avoir été reçus par une équipe du département dans lequel ils postulent. De nombreuses bourses et des jobs étudiants permettent de couvrir tout ou partie des coûts de scolarité, qui s’élèvent à plus de 9 000 livres/an.
La concurrence et le marché rendent les universités nettement plus compétitives
Mario poursuit :
Les étudiants jouent un rôle très important dans le fonctionnement de l’Université. Ils contribuent à la notation des enseignants. Ce qui est important c’est que je suis un employé qui doit faire ses preuves en permanence. Les contrats sont faits pour 3 ans, renouvelables ou pas. On doit publier régulièrement mais aussi améliorer les résultats du département.
Mario apprécie l’absence de statut – contrairement à la situation française où les enseignants universitaires sont fonctionnaires à vie – car le marché universitaire offre de nombreuses possibilités.
On peut très facilement changer d’université comme on change d’entreprise. Cette situation concurrentielle rend les universités plus performantes car elles cherchent à embaucher les meilleurs enseignants. Et elle oblige aussi les enseignants-chercheurs à obtenir des résultats régulièrement.
L’Université de Manchester est à la 29e place dans le dernier classement QS World University Rankings (2016-2017). C’est une très bonne place qu’il faudra toutefois « améliorer continûment »…
En France, Frédérique Vidal, la nouvelle ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, aura-t-elle le courage de réformer en profondeur le système universitaire en le débarrassant de l’emprise étatique ?
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Bonjour,
Pourquoi une réformez partielle ?
C’est l’état qui tue la France ! Le statut public a remplacé les services publics par des sévices publics. Liberté, Egalité, Fraternité, il est temps que ce ne soit pas éthique mais réalité
@ Daniel74
“Pourquoi une réforme partielle?”
La réponse est claire: parce qu’il n’est pas possible de changer l’organisation de la France pour un “fac-simile” britannique, en 3 coups de cuiller-à -pot!
Tout est différent et personne n’oserait proposer de s’inspirer de la “perfide Albion” publiquement.
Allez dire à un étudiant que l’année prochaine lui coûtera 9 000£, soit +/- 10 350€!
Ce “culte” d’un libéralisme français d’une pureté théorique “cristalline” satisfaisante pour l’esprit n’a rien à voir avec son application dans la politique comme dans la réalité quotidienne qui est impossible puisque rien n’est prévu dans ce sens, dans la société, pour cette mutation qui n’attirera aucun assentiment de la population pour laquelle “libéral” est quasi un “gros mot” qu’aucun parti ne revendique publiquement comme essentiel!
“aura-t-elle le courage de réformer en profondeur le système universitaire en le débarrassant de l’emprise étatique ?”
La réponse est simple : non