Macron, champion de la réforme ou de la manœuvre politicienne ?

Le programme d’Emmanuel Macron est riche en mesures salutaires pour la France. Mais si la réforme de Macron se limite à rajeunir l’âge des énarques présents au gouvernement, l’amélioration n’est pas pour demain.

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Macron, champion de la réforme ou de la manœuvre politicienne ?

Publié le 16 mai 2017
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Ainsi, au lendemain de sa prise de fonction, Emmanuel Macron a choisi Edouard Philippe comme Premier ministre. Inconnu pour la vaste majorité des Français, le nouveau locataire de Matignon est un juppéiste, maire Les Républicains du Havre et député.

Alors que la droite accuse Macron depuis des mois d’être l’héritier direct de François Hollande, il s’en détacherait apparemment en allant ratisser à droite. Au point de donner corps à son image de réformateur au-delà des courants et des partis ?

Édouard Philippe, un débauchage bien modeste

On ne peut qu’être surpris par le choix d’Édouard Philippe comme Premier ministre, un politique sans aucune expérience ministérielle ou nationale à part un mandat de député pendant 5 ans, pour lequel il ne briguait même pas la réélection à cause du cumul de mandat (préférant son mandat local de maire).

Alors qu’Emmanuel Macron avait cité l’expérience parlementaire comme critère de choix pour son Premier ministre, le bilan est mince là aussi : le maire du Havre n’a pas marqué le Palais Bourbon par son activité, ne déposant ni rapport ni proposition de loi selon le site NosDeputés et ne déposant que 6 amendements ou ne posant que 8 questions orales en 5 ans, soit moins de 2 par an. Selon le même site, il est sur tous les critères dans les 150 députés les moins assidus à l’Assemblée Nationale. Peu glorieux.

Sans rien retirer au mérite du nouveau Premier ministre, on comprendra qu’il ait accepté plus facilement Matignon que d’autres politiques de droite plus capés… Le principal fait d’armes d’Édouard Philippe semble se situer dans le parcours scolaire brillant, comme un certain président de la République : après une prépa littéraire (comme Emmanuel Macron), il n’intègre pas Normale Sup (comme Emmanuel Macron) mais va à Sciences Po (comme Emmanuel Macron) puis à l’ENA (comme Emmanuel Macron). Un énarque de plus aussi, comme le soulignait Eric Verhaerghe. Les Français qui manifestent depuis des années leur envie d’un renouvellement apprécieront.

Emmanuel Macron, roi de la manœuvre politicienne ?

Au vu de l’ambition des réformes qu’Emmanuel Macron soutient, le choix d’un politique sans aucune responsabilité nationale interroge donc. Y a-t-il vraiment une volonté réformatrice assumée chez Emmanuel Macron ou juste des petits calculs politiques pour laisser un champ de ruines politiques chez ses adversaires ? Ou un peu des deux ?

Si on est positif, c’est la compatibilité du nouveau Premier ministre avec la droite et la gauche qui explique cette décision. Si on est cynique, c’est surtout qu’il semble n’avoir pas grande idéologie ou idée politique bien arrêtée. Comme si Emmanuel Macron cherchait encore et toujours à ne pas choisir et à croire qu’il peut faire plaisir à tout le monde.

Emmanuel Macron continue à refuser de choisir. Ça peut marcher pour une législative et être un bon calcul politique immédiat mais c’est inquiétant pour la suite. On se souvient de l’ouverture à droite de Nicolas Sarkozy, avec les mêmes objectifs de créer la confusion à gauche. Le succès n’avait pas franchement été au rendez-vous.

Il est temps de sortir de l’ambiguïté

Le programme d’Emmanuel Macron est riche en mesures salutaires pour la France (simplification massive du code du travail, lutte contre les rentes, baisse de l’impôt sur les sociétés ou du nombre de fonctionnaires, etc.). Mais si la réforme de Macron se limite à rajeunir l’âge des énarques présents au gouvernement, l’amélioration n’est pas pour demain.

La confusion des genres n’a jamais plus convaincu les Français, il y a urgence pour Emmanuel Macron de sortir des petites manœuvres et de choisir dans les orientations contradictoires de son programme pour offrir le changement qu’il a promis.

Cet article est la reprise d’un entretien donné par Alexis Vintray au journal Atlantico

 

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  • à mon humble avis , macron veut détruire la droite et l’extrème droite ; ceci fait , il ne restera que son parti , le parti  » fourre tout  » , et celui de mélanchon ; macron , tout comme ses prédécésseurs , veut faire plaisir à tout le monde , veut être aimé de tout le monde , mais ce n’est pas en courrant aprés plusieurs lièvres à la fois que la chasse sera bonne …..

  • Je n’ai pas voté pour ce type et m’en réjouis jour après jour – Je suis depuis des décennies opposé à « l’énarchie » aux manettes – Le motif en étant que ces personnages ne sont pas du tout formés à la gestion d’un pays, mais seulement « s’occuper » dans une administration quelconque – Le passé témoigne si besoin est du constat désastreux qui est le mien, et devrait-être celui de tout Français un temps soit peu réfléchi – Nous n’en sommes encore pas très loin dans les nominations, mais constate déjà la présence de plusieurs personnages issus de cette formation – Je crains le pire, qui de toute façon est annoncé ! – Français, Françaises, soyez fiers de votre choix, du désastre à venir !… – Les combines politiciennes n’ont jamais aidé un pays à se « refonder » – Le « leadership » personnel et exacerbé non plus.

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