Présidentielle : intentions de vote et d’abstention

L’abstention au second tour de la présidentielle est le seul réservoir de voix des deux candidats. L’absence de front républicain est frappante.

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Vote élections urne (Crédits JaHoVil, licence CC-BY-NC-SA 2.0), via Flickr.

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Présidentielle : intentions de vote et d’abstention

Publié le 29 avril 2017
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Par Matthieu Mistret.

Un sondage BVA POP2017 pour Orange et la Presse Regionale1 s’intéresse aux intentions de vote et d’abstention ainsi qu’à leurs ressorts pour le deuxième tour de l’élection présidentielle.

Second tour de la présidentielle : intentions de vote

Au second tour, Emmanuel Macron l’emporterait sur Marine Le Pen avec 59% des voix contre 41% pour Marine Le Pen. La plupart des électeurs sont sûrs de leur choix, ce qui place Emmanuel Macron en situation de convaincre les abstentionnistes pour consolider son avance et Marine Le Pen d’en faire de même pour rattraper le favori.

Intentions de vote au second tour de la présidentielle 2017.
Intentions de vote au second tour de la présidentielle 2017.

Les sujets qui ont le plus impacté les intentions de vote sont le chômage, la sécurité, l’Union Européenne et l’avenir de la sécurité sociale. Le sujet de la dette publique a disparu avec l’éviction de François Fillon, dont le soutien était fortement impacté par cette question.

Les reports de vote sont plus complexes qu’en 2002 et l’on peut noter l’absence d’un front républicain net. Seuls les électeurs de Benoit Hamon, peu nombreux, se reporteront très nettement sur Emmanuel Macron. Parmi les électeurs de François Fillon, un quart se dirigera vers Marine Le Pen alors qu’un tiers s’abstiendra. Avant même l’annonce de son alliance avec la candidate frontiste, près d’un électeur sur deux de Nicolas Dupont-Aignan comptait voter Marine Le Pen. Enfin, du coté des électeurs de Jean-Luc Mélenchon, seuls 41% se reporteront sur Emmanuel Macron. Une proportion identique s’abstiendra ou votera blanc. 18% d’entre eux voteront Marine Le Pen, ayant probablement et malheureusement fait la même analyse que les libéraux sur la frappante proximité de fond des programmes…

Reports de vote anticipés pour le second tour de la présidentielle 2017.
Reports de vote anticipés pour le second tour de la présidentielle 2017.

De la division surgit l’abstention

Au premier tour de la présidentielle, la participation était de 77,8%. Elle est anticipée entre 73% et 78% par la présente enquête. Sur 100 électeurs qui comptent aller voter, 84% exprimeront un suffrage alors que 15% pourraient voter blanc ou nul.

Le potentiel de participation est élevé chez les électeurs de Benoît Hamon (80 à 85%) mais plus faible chez les électeurs de François Fillon et Nicolas Dupont-Aignan (67 à 72%). Il est très bas chez ceux de Jean-Luc Mélenchon (61 à 66%).

Parmi les abstentionnistes, plus d’un sur deux ne se déplacera pas parce qu’aucun des candidats ne lui convient, 22% parce qu’il n’y a pas d’attente particulière de cette élection, 19% parce que les jeux sont déjà faits, 17% pour exprimer un mécontentement et 15% ont l’impression que leur vote ne compte pas.

Eléments concernant la participation au second tour de la présidentielle 2017.
Éléments concernant la participation au second tour de la présidentielle 2017.

Les quatre candidats arrivés en tête présentaient des programmes bien différents avec une perméabilité relativement faible. Emmanuel Macron n’a pas réussi à éviter un certain rejet chez une partie des électeurs de Jean-Luc Mélenchon et de François Fillon. Par ailleurs, si l’enthousiasme a souvent manqué aux candidats battus et aux personnalités politiques pour appeler à voter pour Emmanuel Macron, c’est un moindre mal pour le candidat d’En Marche ! puisque beaucoup se prononcent soit pour Marine Le Pen, soit pour l’abstention ou le vote blanc. Il y a donc une mobilisation assez faible en sa faveur et une faiblesse manifeste du front républicain. Selon l’ensemble des enquêtes, elle ne lui coûte pas la victoire mais il faudra pouvoir susciter un élan sur une victoire courte, ce qui n’est jamais facile.

Quels risques pour les libertés ?

D’un point de vue libéral, il n’y a pas de risque à prendre. Les programmes des deux candidats ne sont même pas comparables, et si l’enthousiasme peut faire défaut, cela ne doit pas faire perdre la raison.

Il n’existe aucune compatibilité entre le libéralisme et la politique proposée par Marine Le Pen. Il existe en revanche, chez les libéraux comme ailleurs, une frange de la population qui ne s’inquiète pas d’une élection de Marine Le Pen. On avance notamment que, certes, son programme est liberticide, mais qu’elle n’aura pas de majorité pour l’appliquer. On ne s’inquiétait pas beaucoup de son accession au second tour en 2012. Elle y est en 2017. On ne s’inquiète pas beaucoup de son accession à la présidence en 2017. Elle n’en a jamais été aussi proche.

Ses idées sur la sécurité et l’immigration, entorses majeures aux libertés individuelles, ont pénétré une grande partie de l’opinion. Ses idées sur l’économie, profondément antilibérales et probablement pires que les programmes de Jean-Luc Mélenchon et Benoit Hamon réunis, rencontrent un certain succès dans différentes parties du spectre politique. On sait aussi que les Français aiment à accorder au Président nouvellement élu les moyens de sa politique. Dans ce contexte, qui a vraiment envie de tenter cette expérience inédite et périlleuse ?

  1. Enquête BVA-Salesforce pour la Presse Régionale et Orange réalisée par Internet du 26 au 28 avril 2017. Échantillon de 1438 personnes inscrites sur les listes électorales, issues d’un échantillon représentatif de 1506 Français âgés de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, profession de la personne de référence du ménage, région et catégorie d’agglomération. Les intentions de vote qui figurent dans ce rapport reposent sur la base des personnes inscrites sur les listes électorales, certaines d’aller voter et ayant exprimé une intention de vote, soit 944 individus. Pour cet effectif, pour un pourcentage obtenu par enquête de 20%, la marge d’erreur est égale à 2,6. Le pourcentage a donc 95% de chance d’être compris entre 17,4% et 22,6%. Les résultats d’intentions de vote ne constituent pas un élément de prévision du résultat électoral. Ils donnent une indication significative de l’état du rapport de forces à 1 semaine du second tour du scrutin. La notice de cette enquête est consultable à la commission des sondages qui la rend publique sur son service de communication en ligne.
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  • macron exclut une coalition avec LR ou le PS ……et tacle barouin qui se proposait d’être le 1 er ministre de macron…..avec cette nouvelle , il y a de forte chance que macron soit rejeté par l’électorat des républicains ….

    • +1
      Macron devrait très vite se réveiller !
      Il croit vraiment que les gens qui ne le soutenaient pas vont d’un coup adhérer à son programme et a ses députés fraîchement débarqués .
      Son arrogance le perdra !

      • Programme? Quel programme? Celui de continuer la destruction économique du pays?
        Pendant que Macron faisait partie du gouvernement: 360.000 chômeurs de plus…
        On a subit Flamby, même pas capable de se représenter, on subira Flambeur, le golden-boy de la Rotonde.

  • As t il vraiment envie d’être élu avec les lr et le ps pas sur….

  • ” On sait aussi que les Français aiment à accorder au Président nouvellement élu les moyens de sa politique”.

    Cette affirmation est grégairement ridicule, à fortiori dans cet exceptionnel contexte-ci totalement inédit avec de graves réalités cachées..

    Mais déjà parce que “LES” Français, ça n’existe pas.

    Si on répartissait l’ensemble des Français en dix groupes ou catégories par exemple, on serait déjà encore trop globalisant.

    Pareil pour les électeurs de chacun des “””grands””” candidats, et aussi pour ceux de Dupont-Aignan (pour qui je ne vote pas) qui a tout de même le courage probablement sincère de mettre tout ce qui reste de son futur politique en jeu.

  • L’explosion du front républicain est une bonne chose : c’est cette alliance UMP-PS qui a gonflé le FN en développant sont principal argument.

    Le FN est un parti du XX° siècle, qui aura un mal fou à se moderniser et survivre à la recomposition social-démocrate vs libéraux-conservateurs qui est en train de se produire.

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