Présidentielle : qui s’abstient ?

L’abstention au premier tour de la présidentielle donne quelques clés de lecture des résultats et des possibilités de chacun des candidats au second tour.

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Présidentielle : qui s’abstient ?

Publié le 26 avril 2017
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Par la rédaction de Contrepoints.

Un sondage BVA POP2017 pour Orange et La Presse Régionale1 décrypte la structure de l’électorat du premier tour de la présidentielle. Il y est donc aussi question de l’abstention et l’on y trouve une description assez détaillée du profil des « non électeurs » qui ont représenté presque autant que le candidat arrivé en tête et plus que le second (23%).

Les raisons de l’abstention

45% des abstentionnistes déclarent n’avoir trouvé aucun candidat qui leur convenait et 36% d’entre eux n’attendaient pas grand-chose de cette élection. Un quart de l’abstention est une expression de mécontentement alors que 17% des abstentionnistes ne sont pas intéressés par la politique et 16% ont l’impression que leur vote ne compte pas. 10% ont eu l’impression que les jeux étaient déjà faits.

11% ont eu un empêchement personnel, 7% estiment que leur bureau de vote est trop loin, 6% ne votent jamais et 1% ne trouvaient tout simplement pas sa carte électeur.

Raisons avancées à l'abstention au premier tour de la présidentielle 2017.
Raisons avancées à l’abstention au premier tour de la présidentielle 2017. Plusieurs réponses possibles.

Sociologie de l’abstention

Les classes d’âge les plus jeunes se sont le plus abstenues. Dans le détail, c’est l’abstention de la classe 25-34 ans qui a largement dépassé la moyenne, suivie de la classe 18-24 ans. On retrouve des chiffres dans la moyenne pour les 35-49 ans et en dessous de la moyenne pour les classes plus âgées.

Abstention par classe d'âge lors du premier tour de la présidentielle 2017.
Abstention par classe d’âge lors du premier tour de la présidentielle 2017.

Les catégories socio-professionnelles supérieures se sont généralement moins abstenues que la moyenne, à l’exception des cadres qui l’atteignent, voire la dépassent légèrement. En revanche, l’abstention est plutôt plus forte que la moyenne chez les catégories socio-professionnelles inférieures, en particulier chez les ouvriers où elle est très élevée (31%). Chez les inactifs, elle est globalement inférieure à la moyenne, tirée vers le bas par la remarquable faiblesse de l’abstention des retraités (14%).

Abstention par activité lors du premier tour de la présidentielle 2017.
Abstention par activité lors du premier tour de la présidentielle 2017.

L’abstention est clairement décroissante en fonction du revenu. C’est même la grille de lecture qui présente la plus grande netteté : plus les revenus du foyer sont élevés et plus l’abstention est faible.

Abstention par classe de revenus mensuels du foyer lors du premier tour de la présidentielle 2017.
Abstention par classe de revenus mensuels du foyer lors du premier tour de la présidentielle 2017.

Proximité partisane de l’abstention

Parmi les abstentionnistes qui déclarent une proximité partisane, on dénombre plus de sympathisants de gauche, surtout hors parti socialiste, ainsi que de sympathisants du Modem. L’abstention a été forte pour les sympathisants du Front National (19%), plus qu’en 2012 (10%). La droite s’est peu abstenue, en particulier chez Les Républicains où l’abstention n’est que de 10%.

Abstention par proximité partisane lors du premier tour de la présidentielle 2017.
Abstention par proximité partisane lors du premier tour de la présidentielle 2017.

Comprendre les abstentionnistes

Tous les 5 ans, le chiffre de l’abstention est bien vite oublié à l’annonce des résultats. L’abstention n’est pas monolithique et s’interprète péniblement. Pourtant, le jeu en vaudrait peut-être la chandelle étant donné que si elle était un parti, elle serait qualifiée pour le second tour.

De ce que l’on peut voir, les partis modérés disposent en général de peu de ressources de mobilisation supplémentaire. En revanche, Jean-Luc Mélenchon n’a pas autant rassemblé qu’on pouvait le penser en dehors du Parti Socialiste. De même, l’abstention est inhabituellement élevée chez les sympathisants Front National. Elle nous a donc peut-être évité la présence de l’extrême gauche au second tour mais la quasi certitude que Marine Le Pen y serait présente lui a tout de même permis de se qualifier… avec un dangereux réservoir de voix pour la suite…

  1. Enquête BVA-Salesforce pour la Presse Régionale et Orange réalisée par Internet le 23 avril 2017. Échantillon de 2882 personnes inscrites sur les listes électorales, issues d’un échantillon représentatif de 3000 Français âgés de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, profession de la personne de référence du ménage et de l’individu, région et catégorie d’agglomération.  s’intéresse au ressort du vote des Français au premier tour de l’élection présidentielle. Comme pour toute enquête quantitative, cette étude présente des résultats soumis aux marges d’erreur inhérentes aux lois statistiques. Pour un pourcentage obtenu par enquête de 20%, la marge d’erreur est égale à 1,8. Le pourcentage a donc 95% de chance d’être compris entre 18,2% et 21,8%.
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  • N’oubliez tout de même pas les abstentionnistes qui n’ont plus tout à fait leur jambes et/ou leur tête

    Quoiqu’il en soit le score de Macron est-il légitimant ?

    Qu’on ait ou non entendu parler des théorèmes de Condorcet, Arrow et Gibbard-Satterthwaite, c’est plus ou moins manquer de sens critique élémentaire que de considérer comme rationnel et louable notre culte de ce qu’il est abusivement convenu d’appeler « la démocratie », le concept en lui-même – dont l’historicité est très mal connue – déjà et a fortiori son application quotidienne dans les « meilleurs » états considérés comme « démocratiques ». Nos médias sont pourtant quotidiennement emplis des tristes , voire horribles conséquences de ce culte grégaire.

    On aura beau dire, on aura beau faire « Dès que nous disons le mot « démocratie » pour nommer notre mode de gouvernement qu’il soit américain, allemand ou français, nous mentons. La démocratie ne peut jamais être qu’une idée régulatrice, une belle idée dont nous baptisons promptement des pratiques très diverses. Nous en sommes loin, mais encore faut-il le savoir et le dire »(A.E)  

    Je le sais et je le dis depuis longtemps dans un but constructif un peu partout.

    • Je suis arrivé à des conclusions proches des vôtres, quand nous ouvrons la bouche en disant que nos sociétés sont démocratiques, libérales, capitalistes nous ne saisissont pas le réel de manière précise et neutre, ce qui donne des discussions sans fin sur le racisme, la démocratie, les débatteurs commencent à hurler avant de donner une définition; c’est juste des signes de reconnaissance tribaux. Les matheux s’écharpent pas sur la notion d’espace vectoriel. Valls me crispait quand je l’entendais parler de République car on sentait qu’il utilisait le terme comme argument d’autorité, il savait que la société avait intériorisé l’aspect mélioratif du mot et il en jouait. On te dit: « nous sommes en démocratiiiie » de manière hystérique, il faut répondre: « scrutin majoritaire uninominale à deux tours tous les cinq ans », un fait institutionnel qui reçoit une définition univoque, « démocratie je sais pas ce que c’est ». Je suis plus attaché à la séparation des pouvoirs qu’au fait d’aller une fois tous les cinq ans déposer un papier dans une urne pour élire une figure en tout point identique aux figures des régimes pré « démocratiques », une figure représentative de la Nation (appelons cette idéologie le représentativisme). Sur le libéralisme: A contrario les antilibéraux comprendront jamais que la description de deux courbes dans un système de coordonnés cartésiennes pour décrire des gens qui se rencontrent n’est pas une idéologie mais… une découverte! Que cette découverte est là dans les relation qu’on a avec ses amis, sa femme, dans l’échange institutionnalisé entre les élus et les votants, dans les grèves, les mouvements pétitionnaires peut importe la présence ou non d’argent. L’objet mathématique abstrait appelait marché est toujours là, comme l’équation différentielle qui est «derrière» la chute d’une pomme attendait que Newton la salue un matin du 17ème siècle, alors qu’elle était déjà là quand nos ancêtres taillés des bifaces en Afrique, seulement les marxistes sont très longs à la détente et nous très patients. Quelle plaie de les entendre geindre sur la marchandisation! Je rêve d’un système où les gens seraient tellement éduqués qu’il n’aurait pas ce besoin infantile de vivre par procuration à travers leur Président (pas demain la veille quand tu vois la fascination que la beaufitude d’un Poutine inspire aux gens). La « démocratie » disparaitra.

  • Pour qu’elle raison je donnerais le pouvoir absolu à un type que je ne connais pas sauf par oui-dire rumeurs et propagande ?
    Je ne vote pas , évidement, tant qu’il n’y aura pas un examen de passage permettant de présenter des gens susceptibles d’être compétents et responsables de leurs actes devant la justice .
    2017, 12 prétendants couverts de casseroles ou de tares pouvant nécessiter un admission en psychiatrie.
    2012 ,election d’un président se disant normal..On a vu
    2007,je ne vous fais pas un dessin
    2002….putain en plus il boit de la corona entre 2 pommes
    2017 sérieux il est normal notre futur timbré présidentiel ?

  • « dangereux réservoir de voix »

    Pour ma part, ils sont tous dangereux de gauche à droite. Et pire, ils ont accès au pouvoir sans qu’on dise qu’ils sont dangereux. Votre conclusion rejoint et colporte la propagande bien-pensante.

  • Les abstentionnistes représentent plus que le candidat arrivé en te car 23% des inscrits c’est plus que 24% de votants

  • Les commentaires sont fermés.

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