Par Régis Yancovici.
Il est généralement reconnu que les investissements les plus rémunérateurs sont réalisés lorsqu’ils sont faits à l’inverse du consensus. Acheter quand les actifs sont dépréciés et que “les mains les plus faibles” ont vendu est le plus fréquemment une bonne idée. Les exemples sont légion. Acheter des valeurs bancaires européennes le jour du Brexit permettait d’engranger une plus-value de 45% en 8 mois. Acheter le marché mexicain le jour de l’annonce de l’élection de Donald Trump est gagnant de 17% en moins de 5 mois.
Malgré des marchés financiers flirtant avec des plus hauts, plus ou moins historiques selon les zones géographiques, il est encore possible de trouver des thématiques attractives. Par exemple, le secteur transport maritime mondial retient toute notre attention. Il est parmi les plus délaissé ces dernières années. Il ne s’est jamais remis de la crise de 2008/2009. L’indice représentatif (Dow Jones Global Shipping Index) est encore baisse de 76% depuis les plus hauts de 2007. Sa performance annualisée sur 10 ans est de -9.8% !
Le secteur a subi un double choc : d’abord du côté de la demande mais surtout du côté de l’offre depuis 2011. La chute du commerce international de l’ordre de 20% en 2008/2009 a été effacé dès 2011. Il a repris sa progression quoiqu’à un rythme inférieur du fait de la propension des économies développées à se replier sur elles-mêmes. Mais le principal point noir du secteur vient d’un excès d’offre. Il y a une surcapacité de navire. Cette situation a été exacerbée dès 2011 lorsque quelques acteurs ont passé des commandes importantes de navires très haute capacité (Triple-E – 400m de long) pour répondre à la reprise.
L’indice Baltic Dry index (indice de prix pour le transport maritime, non sensible à la spéculation) reflète cette situation. Après avoir évolué ces 20 dernières années, de manière extrêmement volatile, entre 2.000 pts et 11.000 pts , il se trouve autour de 1.200 pts. Par exemple, en 2008, il en coûtait 2.000$ pour envoyer un conteneur de 6m de côté de Chine au Brésil. Ce prix est maintenant de 50$.
Le pire paraît être derrière nous. En août dernier, le n°7 du secteur, le Sud-coréen Hanjin Shipping a fait faillite (depuis, le secteur a repris 17% en bourse). Même la société dont les coûts sont les plus bas, Maersk Line, a perdu 376 M$ en 2016. D’autres acteurs de taille plus modeste disparaissent. Les annulations de commandes de bateaux se multiplient. Le secteur se restructure. 4 parmi les principales sociétés (CMA CGM, Cosco, Evergreen et OOCL) ont formé une alliance qui contrôlera environ 90% de la capacité sur un tiers des routes Asie-Europe et Asie-Amérique du Nord. Annoncée il y a un an, elle doit entrer en vigueur le mois prochain. Elle vise à soutenir les prix du fret. Ceux-ci ont déjà rebondi de 116%. Les acteurs confirment l’embellie. Au salon international du transport maritime tenu le mois dernier, plusieurs dirigeants ont indiqué que la mise au rebut des anciens navires allait réduire progressivement les surcapacités. L’industrie devrait retrouver son niveau d’équilibre cette année et être bénéficiaire en 2018. Néanmoins, la mise au rebut pourrait être freinée par des prix de l’acier encore relativement faible. Mais au total, la diminution de la production de nouveaux navires et la mise au rebut devrait permettre aux capacités d’utilisation des navires de progresser et aux marges des entreprises de s’améliorer.
Le secteur répond à la grande majorité de nos critères d’investissement. Il n’intéresse plus aucun investisseur, des faillites ont eu lieu, il se restructure et il est peu cher, même si la nature de l’activité donne à la valorisation une volatilité inhabituelle (l’indice Dow Jones Global Shipping Index se traite 0.8x l’actif et le 8.0 les bénéfices. De surcroît, le taux de dividende se monte à 5.8%).
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Acheter le marché français le lendemain du passage de Mélenchon au second est un bon plan 🙂
Allez Méluche, fonce et gagne ❗
Gag à part, le plan ext excellent si Macron/Fillon est sélectionné. Par contre si c’est MLP, c’est un peu moins bon. Mais on peut oser penser que tous ces gens mangeront leur chapeau et en rabattront.