Exchange Traded Fund (ETF) : 30 ans déjà

Les ETF constituent sans doute la plus grande révolution financière de ces 30 dernières années.

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Exchange Traded Fund (ETF) : 30 ans déjà

Publié le 4 février 2023
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Les ETF (Exchange Traded Fund) ou trackers, ces fonds indiciels cotés en bourse qui connaissent un succès retentissant, fêtent cette semaine un anniversaire. Il y a exactement 30 ans le premier ETF était coté aux États-Unis sous le code SPY. Il s’agit du SPDR (prononcez Spider) S&P500 de State Street (troisième gestionnaire d’ETF au monde). À vrai dire, le SPY était prêt dès 1990. Mais l’étude de la SEC (Securities and Exchange Commission) a pris trois ans pour s’assurer du caractère réglementaire de ce qui apparaissait comme un Ovni de l’investissement.

Lorsque l’on pense à l’histoire des ETF, un nom revient souvent. C’est celui de John Bogle, le fondateur de Vanguard. Vanguard est aujourd’hui le second gestionnaire d’ETF au monde avec une part de marché d’environ 20 %. C’est Bogle qui, dans les années 1970, a créé le premier fonds indiciel après une expérience malheureuse dans la gestion active. C’est sans doute un des grands inspirateurs des ETF.

Pourtant, il est injuste de lui en attribuer la paternité. À mon sens, la personne ayant eu le rôle le plus décisif est Nathan Most. Il était à tête de l’équipe de développement de nouveaux produits chez AMEX (American Stock Exchange). L’idée a commencé à germer après le krach de 1987. L’objectif initial de Nathan Most était d’apporter de la liquidité et de réduire la volatilité du marché grâce aux ETF. Mais Most avait besoin d’une société de gestion. Lorsqu’il est venu voir John Bogle pour lui proposer de lancer les ETF, ce dernier n’a pas apprécié l’idée. Il ne les voyait pas d’un bon œil. Pour lui, les ETF étaient une façon de dévoyer la gestion indicielle car ils risquaient d’inciter les investisseurs au trading. Finalement Nathan Most s’est tourné vers State Street.

Le lancement n’a pas été un succès. À ses débuts, les actifs sous gestion se sont montés à 6,5 millions de dollar. Les volumes sont longtemps confidentiels. Il a même été question de le fermer. Il a été la risée de la profession. Le patron de Fidelity de l’époque disait : « je ne peux pas croire que les investisseurs américains se satisferont d’une performance d’un indice qui n’est qu’une moyenne ». C’est aujourd’hui le plus gros fonds mutuel au monde avec 370 milliards de dollars. C’est également le titre le plus échangé au monde.

Nathan Most ne savait probablement pas qu’il venait de révolutionner le monde de la gestion d’actifs. Les chiffres sont parlants.

  • En termes de « stocks », d’ici 2027, il devrait avoir plus d’actifs en ETF que dans les fonds mutuels.
  • En termes de « flux », en 2022, les fonds mutuels ont décollecté un montant record de mille milliards de dollars pendant que les ETF en collectaient 506 milliards.
  • Aujourd’hui, plus de 70 % des nouveaux fonds sont des ETF.
  • Les sociétés de gestion américaines transposent leur Fonds Mutuel en ETF. Les sociétés de gestion les plus adaptées au stock picking comme Fidelity ou Franklin Templeton lancent leur propre gamme d’ETF.

 

Ainsi, les ETF constituent sans doute la plus grande révolution financière de ces 30 dernières années. Par essence, ils coupent le lien entre la stratégie d’investissement et le véhicule d’investissement. Ils déplacent la valeur ajoutée du gérant du fonds au sélectionneur de l’ETF. Étant dix fois moins chers qu’un fonds mutuel, ils permettent une économie très substantielle pour l’investisseur. Ils offrent une solution à ceux qui estiment qu’il suffit de détenir une exposition indicielle en réalisant des apports réguliers pour obtenir des résultats satisfaisants, ou à l’autre extrémité du spectre des investisseurs, à ceux qui achètent et vendent plusieurs fois par jour. Ils donnent accès à des marchés inaccessibles jusqu’alors.

De là à prévoir la disparition des fonds mutuels au profit des ETF, il n’y qu’un pas qui pourrait être franchi lorsque la réglementation européenne autorisera l’implémentation de la gestion active au sein des ETF. Car en réalité, les ETF ne sont finalement qu’un mode de cotation d’un panier de titres plus efficace que les vieux Fonds mutuel dont nous fêterons les cent ans l’année prochaine. D’ailleurs vous aurez noté, cher lecteur, que le terme « ETF » ne fait aucunement mention de la notion d’indice !

Avec son système de commissionnement des distributeurs le mode de distribution des OPCVM en Europe est un frein au développement des ETF. Est-il suffisant pour réserver les ETF aux seuls initiés ? Je ne le crois pas. Des solutions permettant aux distributeurs de toucher une juste rémunération existent. La réglementation avance également et mets en risque le schéma actuel des rétrocessions.

Au final, comme dans toutes révolutions, il y a des gagnants et des perdants. Les perdants seront essentiellement ceux parmi les professionnels qui n’auront pas su s’adapter. Les gagnants seront avant tout les investisseurs.

Pour en savoir plus :

Invitation à notre webinaire : « ETF : 30 ans déjà » le 12 févier à 11 h 30 : Inscription préalable nécessaire

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