Trois erreurs communes sur le libre-échange

Tous les pays qui ont assaini leur économie en s’ouvrant au monde extérieur ont vu une augmentation de la richesse produite et des salaires moyens.

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Trois erreurs communes sur le libre-échange

Publié le 28 mars 2017
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Par Laurent Pahpy.

La campagne présidentielle française voit le retour du discours sur le protectionnisme « social » ou « intelligent » (c’est selon) face à un ultralibéralisme mondialiste débridé. Le libre-échange a mauvaise presse. Des mythes à la réalité, passons en revue trois malentendus sur le libre-échange répétés en boucle par nos politiciens.

Mythe numéro 1 : les exportations, c’est bien. Les importations, c’est mal.

Les exportations sont souvent synonymes de production nationale, donc de création de richesses et d’emplois. Quant aux importations, on les associe toujours à la consommation et à la création d’emplois en dehors de nos frontières.

Mais les premiers bénéficiaires des importations, ce sont avant tout les plus pauvres d’entre nous. Grâce à l’ouverture de nos frontières, nous avons accès à des biens et des services plus compétitifs ou n’existant tout simplement pas sur le marché intérieur. Nous dépensons ainsi moins pour plus de richesses. On peut alors acheter de la meilleure qualité ou consacrer une partie plus faible de ses revenus aux dépenses courantes, ce qui permet d’épargner plus. Si j’achète une chemise fabriquée en Chine plutôt que de la haute couture française ce n’est pas seulement une bonne affaire. En faisant de telles économies je peux investir dans une nouvelle formation professionnalisante ou un Kickstarter. Je trouve un meilleur emploi, améliore mon niveau de vie et/ou participe à la compétitivité de l’industrie nationale.

Mythe numéro 2 : le protectionnisme protège nos industries.
(variante : le libre-échange détruit nos emplois)

Un raisonnement qui découle du précédent pourrait alors être : si les consommateurs peuvent acheter des produits étrangers moins chers c’est notamment parce qu’ils sont produits par des employés moins payés que chez nous. Avec leurs coûts de production supérieurs, nos entreprises vont faire faillite et mettre leurs salariés au chômage.

Ce serait mal comprendre l’intérêt des importations. Les industries locales payent leurs matières premières moins cher, réduisent leurs coûts de production, sont plus compétitives à l’international, et donc exportent plus. Rares sont les entreprises qui n’importent pas et construisent toute leur richesse dans leur seul pays. Les importations sont au moins aussi importantes que les exportations. Importer plus, c’est exporter plus avec plus de valeur ajoutée, plus de richesses, plus d’emplois.

Historiquement le phénomène est toujours le même. Chaque territoire a des industries particulièrement performantes. Une entreprise toulousaine fabriquant des avions est plus compétitive que son équivalente pékinoise. Faire produire des chaussettes à Datang (Chine) est moins cher qu’en France.

Pour un même montant, un Français a tout intérêt à se payer des chaussettes chinoises. Le Chinois, lui, devrait acheter ses avions en France. Ainsi, les industriels toulousains vendront plus d’avions et embaucheront plus en France. Les Chinois se spécialiseront dans les chaussettes et développeront cette industrie. Finalement, tout le monde y gagne : Chinois et Français achètent les chaussettes et avions à bon prix. Des barrières douanières auraient bloqué cet échange gagnant-gagnant.

Mythe numéro 3 : le protectionnisme garantit la souveraineté nationale

Et que se passe-t-il si ces fameux Chinois mettent la main sur des secteurs stratégiques ? En contrôlant l’énergie, l’armement, l’approvisionnement alimentaire, le pays risquerait de subir des pressions de l’étranger.

Une question alors ? Pourquoi une entreprise mettrait-elle la pression sur un client ? Ne risquerait-elle pas de le perdre et d’effrayer ses autres consommateurs ? Dans un monde où tout le monde peut s’exprimer et donner son avis, la réputation est un atout précieux et fragile. On nous répondra que la Russie tient l’épée de Damoclès au dessus de l’Ukraine et de son approvisionnement en énergie. Le marché libre limite ce risque en ouvrant tous les secteurs à la concurrence : avec des fournisseurs diversifiés, il est facile de se séparer de celui qui voudrait tirer parti de notre dépendance.

En fin de compte, les barrières douanières instaurées au nom de la souveraineté nationale intéressent particulièrement certains grands industriels qui se débarrassent ainsi de la concurrence et maximisent leurs profits. Ceux-ci n’hésitent d’ailleurs pas à faire un lobbying puissant auprès de politiciens en mal d’arguments électoralistes. Au delà du « Made in X », il y a des dirigeants d’entreprise soumis à une concurrence moindre et qui n’ont plus intérêt à se développer ni innover.

En retardant l’inévitable adaptation de l’industrie, le protectionnisme garantit plutôt la perte de compétitivité de l’industrie nationale, le clientélisme politique et un pouvoir d’achat détérioré pour le consommateur.

Libérons le libre-échange !

Le drame du libre-échange c’est que ses bénéficiaires sont largement diffus : vous et moi ne pouvons que difficilement prendre conscience de l’effet bénéfique du libre-échange sur notre pouvoir d’achat. Une fermeture d’usine est beaucoup plus visible dans les médias que l’augmentation générale de la richesse à moyen ou long terme.

L’ouverture au marché mondial se fait parfois dans la douleur. Certaines industries obsolètes doivent s’adapter, voire mourir, au profit d’autres secteurs plus compétitifs. Cela fait souvent la Une des journaux. Les politiciens n’hésitent pas à faire des raccourcis idiots pour gagner des voix en proposant des mesures protectionnistes. Elles n’auront qu’un effet éphémère sur l’emploi et retarderons une adaptation d’autant plus violente pour les employés concernés. Cependant, tous les pays qui ont assaini leur économie en s’ouvrant au monde extérieur ont vu une augmentation de la richesse produite et des salaires moyens.

Les vertus du libre-échange sont nombreuses. C’est ce qui a toujours fait la richesse de nombreux pays dans le monde. Certains n’ont pas hésité à ouvrir unilatéralement leurs frontières pour garantir leur prospérité dans un climat pacifique. Pourquoi alors donner des voix à des politiciens nationalistes quand on peut échanger et avoir plus pour moins cher tout en améliorant notre écosystème économique ?

Cet article a été rédigé par Laurent Pahpy, ingénieur entrepreneur, coordinateur local pour ESFL et par Ficta, patricium anonymum et stagiaire en communication. Cet article s’inspire notamment de l’excellente présentation réalisée par John Chisholm à l’occasion du Free Market Road Show de Prague le 16 mars 2017. John Chisholm est un serial entrepreneur, conseiller et investisseur. Il a notamment écrit Unleash Your Inner Company

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  • L’erreur systématique sur ce site consiste à opposer libre-échange déséquilibré et protectionisme. C’est passer totalement à côté de la bonne question.

    La question à poser et à régler rapidement est comment revenir d’un libre-échange avec des déséquilibres massifs et persistants de balances courantes réglés à crédit comme celui qui prévaut depuis le milieu des années 1970 à un libre échange équilibré dans lequel les taux de change croisés laissent les balances extérieures croisées proches de l’équilibre, conformément aux traités du GATT et du FMI instaurant le libre-échange international après la seconde guerre mondiale, l’équilibre étant la condition pour que le libre-échange soit mutuellement bénéfique.

    Par la double hélice de credit qu’il déclenche dans les pays en déficit et dans les pays en excédent, le libre-échange déséquilibré est responsable du gigantesque gonflement de la dette mondiale relative depuis la fin des années 1970 qui atteint un niveau insupportable faisant aujourd’hui peser un risque majeur sur la prospérité mondiale.

    Pour nombre de pays européens dont la France, c’est une question doublement importante, les déséquilibres persistants étant à la fois intra-zone Euro et extra zone.

    • Régler à crédit les balances courantes est-il vraiment un mauvais deal ?

      Regarons de plus près :
      D’un côté, nous gagnons des produits finis, tangibles, utilisables, qui améliorent notre niveau de vie.
      En face, les Chinois (par exemple) gagnent quoi ? De la dette.
      C’est à dire du vent, rien de tangible, rien de mangeable, rien qui n’améliore leur niveau de vie.
      Dette qui comme vous le soulignez pourrait très bien ne jamais être remboursée…

      Est-ce vraiment un mauvais deal pour nous ?

      • C’est un bon deal pour une minorité d’entre nous et un mauvais deal pour une majorité d’entre nous.

        Dans les pays développés, ceux qui y gagnent sont les actionnaires et cadres dirigeants des multinationales qui profitent des opportunités d’arbitrage salarial découlant du libre-échange dans des conditions de taux de change n’équilibrant pas les balances courantes pour augmenter leurs profits, les actionnaires et cadres dirigeants étant indexés sur les profits. Le secteur financier y gagne aussi car ses profits sont indexés sur la dette relative totale qui augmente pour maintenir la demande dans les pays développés alors que la part des salaires dans la production baisse. Le secteur financier y gagne tant que la dette n’est pas en défaut, bien sûr.

        On dit que les consommateurs des pays développés y gagnent en pouvoir d’achat. C’est faux. D’abord, la différence de coût de revient est faiblement répercutée aux consommateurs, les multinationales en gardent la plus grande partie dans leurs profits (Apple vend bien au prix occidental les Iphones fabriqués par Foxconn au coût chinois et empoche la différence dans ses marges). Ensuite, tout consommateur est ou dépend in fine d’un producteur pour son revenu qui lui permet de consommer. Or, les déséquilibres de balances courantes se traduisent par des déséquilibres de balances en emplois, d’autant plus que les activités faisant objet de l’arbitrage salarial sont naturellement celles qui sont relativement le plus intensives en main d’œuvre. Le chômage augmente donc dans les pays développés. Les consommateurs qui perdent leur emploi y perdent, peu leur importe que ce qu’ils peuvent encore consommer coûte moins cher, leur consommation baisse dans l’absolu. Les consommateurs qui gardent leur emploi y gagnent certes, mais uniquement avant charge. In fine, ils deviennent responsables par leurs impôts des indemnités et des coûts de reclassement des chômeurs. Après charges, ils y perdent aussi.

        Venons en maintenant à la dette. Il est faux de penser que la dette ne coûte rien. Le service de la dette exige une production réelle. Ainsi, si la Chine détient €1250 milliards de dette française sur un total de €5000 milliards (dette totale, publique + privée) d’une maturité de 7 ans et d’un taux d’intérêt de 3,5%, le service de la dette annuel va représenter €222 milliards, soit 1% du PIB français, qui sera payé annuellement à la Chine et sera donc ponctionné sur le revenu national retournant à la demande domestique sous forme de consommation ou d’investissement. Cela affaiblit donc la croissance domestique. Vous suggérer de faire défaut sur cette dette. Hélas, les emprunts d’Etat que la Chine détient dans les avoirs de sa banque centrale sont les mêmes que ceux que vous détenez dans votre assurance vie et les mêmes que la BCE détient dans ses actifs. Faire défaut n’est pas chose indolore : les systèmes bancaires sont en faillite, entraînant des entreprises et des particuliers avec eux, le prix des actifs mobiliers et immobiliers s’effondre, des biens sont saisis, l’activité économique s’arrête, des gens sont licenciés. Séparer les créanciers étrangers des créanciers domestiques dans un monde où les titres financiers sont ré-hypothéqués plusieurs fois jusqu’à devenir totalement corrélés en termes de prix est une gageure.

        Dans l’ensemble, c’est très clairement un mauvais deal.

        • Très interessant.
          Il faudrait voir les chiffres en détail, mais concernant les consommateurs, on constate déjà une baisse du coup des produits – même avec application d’un « prix occidental » : regardez à quel prix nous avons accès à des bijoux de technologie vs ce qu’ils coutaient il y a 5-10 ans ?
          Sur l’exemple de l’iPhone, nous avons à coté des smartphones bas de gamme à 100€ (voire moins ? – et français en plus !), ce qui n’aurait pas été possible sans les échanges internationaux.

          Après la répartition réelle du profit, je n’en sais pas assez pour être catégorique.
          J’aime à croire que d’une manière ou d’une autre ces profits finissent par ruisseler et bénéficier à tous :
          – augmentations directe des revenus des collaborateurs (interessement, salaires, etc)
          – investissements qui produiront les progrès du futur
          – rémunération des actionnaires qui eux dépenseront cet argent et feront marcher la machine
          – etc.

          Par contre concernant la dette, j’aime beaucoup votre exemple.
          La Chine possède donc 1250milliards € de dette française, et on lui rembourse 222G€ par an.
          Ca signifie donc que nous avons (eu) 1250 – 222 = ~1000G€ de cash à disposition, net pour nous.
          Et *en plus* tous les produits finis qu’on a acheté à la Chine avec ! (?)
          Sur une année, nous sommes totalement bénéficiaires, non ?

          • Je ne sais pas exactement quelle est la créance totale des entités chinoises sur les entités françaises considérées dans leur ensemble. On sait que les actifs étrangers totaux de la banque centrale chinoise sont d’environ $3500 milliards et il est fort improbable que, sur cette somme, €1250 milliards soient des titres français, ça doit être nettement moins, je suppose que la France vient après les titres américains, allemands et japonais dans le portefeuille de la banque centrale chinoise. Ensuite, il y a les créances des banques commerciales chinoises sur les entités françaises, gouvernement, entreprises ou banques françaises. Ensuite, il y a les créances commerciales des entreprises chinoises sur les entreprises françaises qui est un solde net en leur faveur puisque les entreprises chinoises vendent plus aux entreprises françaises qu’elle ne leur achète. Je serais étonné que les ménages chinois détiennent un montant significatif de titres français, les produits d’épargne grand public étant assez basiques en Chine. Au total, ce qui compte c’est la fraction de la dette française totale (publique + privée) détenue par les non-residents et qui suscite un transfert annuel vers l’étranger au titre du service de cette dette, transfert venant en soustraction du revenu national redépensé dans l’économie domestique. Ce n’est pas un chiffre facile à trouver. Peut être la Banque de France l’a-t-elle quelque part.

            Vous dites « sur une année, nous sommes totalement bénéficiaires, non ? ». Non. La dette française vis à vis de l’étranger n’a pas été accumulée en une année mais au cours du temps. Ce qui se passe dans la réalité c’est que le service de la dette payé annuellement à l’étranger vient alourdir chaque année un peu plus la dette externe. S’endetter ne rend pas forcément plus pauvre, c’est vrai, mais cela ne rend pas forcément plus riche non plus. Tout dépend de l’usage qu’on fait des montants empruntés. Si vous empruntez à 1.5% pour acheter un bien immobilier qui vous économise un loyer représentant 4% des fonds investis, vous êtes bénéficiaires comme vous dites. Si vous empruntez avec intérêt pour payer des prestations sociales à des gens qui ont perdu leur emploi pour leur permettre de continuer à subvenir à leurs besoins, vous ne faites qu épongez une perte de revenu, perte que vous reportez sur l’avenir en la capitalisant dans votre bilan son forme de dette. L’emploi des sommes empruntées ne génèrent aucun rendement égal ou supérieur au coût de la dette contractée. Si vous empruntez pour couvrir vos pertes de revenus, ou si vous empruntez pour faire des dépenses qui ne génèrent pas de rendement ou qui génèrent un rendement négatif, vous êtes clairement plus pauvre. C’est le cas de la France.

        • Une erreur s’est glissé dans les chiffres illustratifs ci-dessus. Il faut lire « Ainsi, si la Chine détient €125 milliards de dette française sur un total de €5000 milliards (dette totale, publique + privée) d’une maturité de 7 ans et d’un taux d’intérêt de 3,5%, le service de la dette annuel va représenter €22 milliards, soit 1% du PIB français ». Navré pour la confusion. D’après les dernières statistiques, les réserves de change de la banque centrale chinoise s’élevait à $3bn, soit €2.8bn. €125bn de dette française correspondrait ainsi à 4.5% du portefeuille de la banque centrale chinoise, ce qui semble parfaitement raisonnable. Il ne s’agit là que des créances du secteur officiel chinois sur des entités françaises. En ajoutant le secteur bancaire chinois on doit arriver à un montant supérieur.

    • Le libre échange n’est pas responsable des dérives budgétaires de certains pays, c’est une classe de politiciens corrompu qui l’est.

      • Il se trouve simplement que le libre échange équilibré de 1945-1975 a produit infiniment moins de dérives budgétaires que le libre-échange déséquilibré de 1975-20.., sans qu’on puisse affirmer que les politiciens d’alors étaient moins corrompus que les politiciens d’aujourd’hui.

    • Avez-vous une réponse à cette question ?
      Quelles sont les mesures ou décisions qui ont déclenché ce déséquilibre ?
      Est-il possible de revenir en arrière ou faut-il passer par de nouvelles mesures, avoir une nouvelle approche ?
      Un pays seul peut-il se prémunir contre ce déséquilibre ?

      Les traités du GATT et du FMI d’avant les années 70 ont-ils été soumis à des modifications ou ne sont-ils tout simplement plus respectés ? Selon la réponse, comment peut-on revenir aux traités initiaux, ou comment se fait-il qu’ils aient été respectés un temps et qu’ils ne le soient plus actuellement ?

      • L’instrument qui permet d’ajuster les différences moyennes de salaires et de productivité, et donc d’égaliser en moyenne les écarts de compétitivité entre pays, est le taux de change. Les avantages comparatifs se dégagent à partir de cette position d’équilibre. L’équilibre des balances commerciales croisées étant réalisé par le taux de change croisé, tel pays à un avantage comparatif dans une production donnée alors qu’un autre pays à un avantage compétitif dans une autre production. Là, l’échange est mutuellement bénéfique. Si les balances commerciales croisée ne sont pas équilibrées, il ne s’agit pas de réels avantages comparatifs mais plutôt d’avantages de change.

        Il est très frappant que durant la période où les Accords de Bretton Woods instituant le libre échange international sur des bases équilibrées (FMI, GATT)après la seconde guerre mondiale ont été en vigueur, c’est à dire de 1945 à 1971, le libre échange fut en effet favorable aux pays participants : la croissance réelle fut vive, prolongée largement au delà de la reconstruction de l’Europe et du Japon, peu cyclique, avec plein emploi et elle permis un désendettement relatif très significatif des économies qui sortaient pourtant lourdement endettées du conflit.

        Ce système de Bretton Woods était très imparfait, sa faiblesse principale étant qu’il instituait comme instrument de réserve international la devise domestique d’un des pays participant, en l’occurrence les États-Unis. C’est que le plan White l’avait emporté à Bretton Woods sur le plan Keynes basé sur un étalon international, le Bancor. Le pan White était viable tant que les États-Unis avait une croissance au moins égale au reste du monde. À partir du moment où le reste du monde avait une croissance supérieure à celle des États-Unis (c’est à dire à partir du moment où la part relative du PIB américain baissait dans le PIB mondial), les besoins en réserve de change du reste du monde conduisaient nécessairement les États-Unis à une situation de déficit extérieur visant à fournir cette liquidité. C’est ce qui fit sauter le système en 1971 sous Nixon.

        Il est très frappant qu’à partir du moment où le système monétaire international de Bretton Woods sauta et où la mondialisation des échanges s’accéléra dans le cadre de taux de changes désormais flottants, notamment a partir de la conclusion du Tokyo Round en 1979, le trend de croissance réelle commença à s’infléchir à la baisse, le caractère cyclique réapparut avec la récurrence de récessions / crises dont l’intensité à d’ailleurs tendance à croître, le sous-emploi explosa et la courbe de l’endettement relatif mondial qui n’avait cessé de baisser pendant les trente glorieuses se retourna à la hausse et n’a cessé d’accélérer depuis pour atteindre actuellement des niveaux très problématiques totalement inédits en temps de paix.

        Il y a là très certainement un rapport. En fait, on ne peut pas parler de commerce international sans parler de taux de change. Ce sont les deux facettes d’une même pièce. Les articles, comme celui-ci, qui vantent le libre échange sans jamais mentionner les taux de change n’ont strictement aucune valeur.

  • Y a-t-il un avenir pour les États-Unis et pour L’UE, c’est la vraie seule question à se poser.
    On le sait depuis toujours les pouvoirs financiers tiennent les rennes du monde, jusqu’à quand ?

  • Quant on lit Ricardo ou d’autres, ils partent du principe que la spécialisation des tâches est source de prospérité, parce que, dans leur esprit, les échanges restent à peu près équilibrés en terme de volumes ou de chiffres d’affaires d’un pays à l’autre.

    Ce n’est pas du tout le cas actuellement. Il y a là une réforme à conduire.

    Le deuxième réforme à mener concerne la transparence dans les conditions de fabrications.

    Aujourd’hui, il suffit que les règles du commerce soient respectées, pour qu’aucun pays ne puisse s’opposer à l’importation d’un produit sur son territoire, même si le produit a été fabriqué en tout ou en partie dans des camps de travail forcé voire dans des situations de quasi esclavage, y compris d’enfants, en piétinant la charte de l’ONU et les textes de l’Organisation Internationale du Travail, et au prix de dégâts environnementaux ou climatiques majeurs.

    Nous le savons mais, n’ayant pas d’autre choix, nous achetons les produits ainsi fabriqués tout comme nos ancêtres les plus riches consommaient avec gourmandise du sucre de canne au XVIIIème siècle, en sachant parfaitement qu’il était produit par des esclaves à la Martinique et dans les îles voisines.

    Pur leur donner bonne conscience, les super économistes de l’époque leur expliquaient qu’il était impossible de se passer d’esclaves pur produire.

    Et puis la révolution est arrivée. Elle a supprimé l’esclavage pratiqué par la France.

    Deux cents ans plus tard, la mondialisation non seulement tolère mais encourage parfois le quasi esclavage et plus souvent le non respect, par des entreprises occidentales, des droits de l’Homme et des normes environnementales internationales. C’est inacceptable.

    D’autant plus inacceptable que l’article 103 de la charte internationale des droits de l’Homme précise que : « En cas de conflit entre les obligations des membres des Nations unies en vertu de la présente Charte et leurs obligations en vertu de tout autre accord international, les premières prévaudront ».

    Cela signifie que l’Union européenne peut interdire l’importation de produits fabriqués même partiellement au mépris de la charte des Nations Unies.

    Du reste, le Parlement européen le lui a demandé dans sa résolution du 25 novembre 2010, point 27.

    L’UE peut donc réunir toutes les parties prenantes et proposer des solutions sans qu’on lui rétorque : «impossible, la chaîne de valeur de la mondialisation est trop complexe et patati et patata, donc on ne peut rien faire». Car dans ce cas, elle pourra menacer d’utiliser l’article 103 de la charte de l’ONU.

    L’une des réponses (il y en a d’autres) consiste à appliquer la résolution du Parlement européen sur les droits de l’Homme du 25 octobre 2016.

    Le Parlement européen demandait la création d’un label d’identification volontaire au niveau de l’Union, attestant du respect des droits de l’homme. En clair, il s’agit d’un label qui ressemblera au label «commerce équitable», par ex, mais pour les produits industriels.

    Le PE demandait que les produits sous label bénéficient d’un avantage ce qui est la moindre des choses, vis-à-vis du consommateur.

    Le produit le moins cher doit être le produit sous label, pour inciter le consommateur à l’acheter.

    Cela conduira à imposer progressivement sur les marchés européens des produits fabriqués en respectant les droits de l’Homme et la règlementation environnementale internationale (qu’il faut ajouter au contenu de ce label). Restera aux consommateurs à boycotter les produits qui n’auront pas le label sur leur emballage.

    Telle est la deuxième réforme à conduire dans le libre échange mondial.

    Aujourd’hui, on cache aux consommateurs les conditions de fabrication des produits qu’ils achètent. C’est profondément anormal, car on les empêche de choisir.

    Il faudra, enfin, laisser un délai suffisant aux entreprises pour se préparer.

    • Vous faites erreur. S’il est vrai que les conditions de travail dans les pays émergents sont parfois très difficiles, elles sont en fait meilleures dans les usines qui fabriquent pour les multinationales. Le libre-échange améliore la condition de ces travailleurs. Demandez-vous ce qui se passerait dans ces pays si le libre-échange n’existait pas… leur situation serait bien pire.
      Ceci étant dit, libre à vous de vouloir faire pression sur ces multinationales pour qu’elles améliorent le sort des travailleurs qui dépendent d’elles, créez une ASBL qui édictera un label ou autres… mais pitié, pitié, ne demandez pas à l’Etat de s’en mêler.

    • Désolé mais vous racontez des conneries. Il est parfaitement impossible de produire quoi que ce soit dans des pays en développement de la même manière, avec les même normes (sociale, environnementale…) que dans les pays occidentaux. C’est tout simplement impossible et n’aboutirait qu’à une seule chose : le confinement de ces pays dans un misère encore plus grande car il est tout simplement impossible pour ces pays de rattraper 200 nos 300 ans d’évolution économique en quelques années.
      Pour prendre uniquement en compte les problème environnementaux ces pays pourraient parfaitement arguer que nous avons détruit nos forêt, massacré notre environnement (faune et flore) lors de notre développement économique passé et que donc nous sommes tout aussi condamnable qu’eux même le sont actuellement. A plus d’un titre le développement de ces pays se fait avec beaucoup plus de respect de l’environnement que notre propre développement passé car il bénéficie de notre expérience et de nos gains de productivité je vous laisse imaginer les dégâts si l’Afrique avait voulu développer un réseau téléphonique filaire complet… Quand au travail forcé il ne représente qu’une infime partie de la production mondiale et même pour ces gens là leur conditions est sans doute meilleure que pour celle des ouvriers du charbons en France jusqu’il n’y pas si longtemps (hors phénomène de guerre bien sur).

      • Quelle suffisance !

        Qui a dit ou écrit qu’il s’agissait des mêmes normes sociales que dans les pays développés ? En tous cas, pas moi. Pourquoi pas la convention collective des dockers tant qu’on y est ?

        Non, il s’agirait des conventions internationales, telles la charte de l’ONU de 1948, des 8 conventions fondamentales de l’OIT, etc…

        je suis sur que dans contrepoint il y a eu des lecteurs pour expliquer sans rire que l’inventeur du label « commerce équitable » ne disait que des conneries.

        • qui a dit que l’inventeur du label commerce équitable ne disait que des conneries? imaginons que le CONCEPT de commerce équitable ait un sens…pourquoi diable faudrait il qu’il y ait un label?
          il me semble que la notion de commerce équitable n’est pas une connerie mais est arbitraire ..vous faites un label je vous en sors un plus équitable…

          votre argument supérieur c’est le travail forcé…ou l’esclavage..alors là certes je suis d’accord je refuse d’etre le complice d’un crime ..mais dès lors que le salaire n’est pas contraint…ben …rien n’est clair désolé..
          règle environnementale ,mon oeil… ..le bio dégrade l’environnement et la santé des gens et l’environnement simplement d’un autre façon que le non bio… il n’y pas d’acte qui soit neutre pour l’environnement,pensez ce que vous voulez vous ne faites que dire /ma façon est mieux que ta façon…

          le label commerce équitable est ..un label ..dont l’objet est donner un prix à de la bonne conscience.
          SI vous achetez à un producteur équitable vous nuisez à tout autre producteur..problème.. si vous décidez d’acheter plus cher car vous prenez conscience que les producteurs à petaouchnoque sont pauvres vous diminuez aussitôt vos achat ailleurs…donc ce choix porte préjudice à une autre personne… AUtrement dit vous faites vos choix d’achat selon votre matrice de valeur comme TOUS LES AUTRES CONSOMMATEURS sauf que…vous nous dites que vous etes plus équitable ( envers qui?????) car il y a le label..vous vous foutez de la gueule des gens?

          • Donc, on ne fait rien et tout va bien.

            C’est ce qui se disait à Versailles en 1788.

            • pas du tout.faites ce que vous voulez ….mais si vous me dites faites ça c’est mieux dans l’absolu prouvez le moi… l’esclavage c’est un crime…l’esclavagist est un criminel , si j’achète je suis complice… jacques vabre est criminel? de ne pas payer assez cher ses producteurs? vraiment? le patron qui produit dans un pays de crève la faim est un criminel?vraiment?

              • Vous auriez dû vivre au XVIII ème et habiter la Martinique. Vous auriez fait un tabac auprès de la communauté française comme on dirait aujourd’hui.

                Vous avez parfaitement résumé toute l’argumentation ce ceux qui s’opposaient à la suppression de l’esclavage.

                Cordialement

                • Non.
                  Et vous ne répondez à rien, à aucune critique à aucune remarque; pourtant élémentaires, le commerce équitable n’est en rien comparable à l’abolition de l’esclavage pour qui vous prenez vous? et vous parlez de suffisance?
                  le cordialement est le point d’orgue de votre hypocrisie ou j’espère pour vous de votre aveuglement .
                  Ne vous arrêtez pas à l’analyse des conséquences de vos choix qui vous plaisent , considérez tout.
                  Si vous prouvez des crimes et des injustices la majeure partie , les gens vous suivront dans vos boycotts, si les crimes que vous dénoncez sont illusoires …ça ne marche pas.

          • sorti donc du travail contraint, penser je n’achète pas à ses ouvriers car leur salaire est trop bas c’est leur ôter LE SEUL moyen qu’ils ont de négocier leur embauche et de gagner leur pain, au passage encore en décidant brusquement après une prise de conscience d’acheter tel produit plus cher …vous avez moins de ressources pour acheter ailleurs…et nuisez à d’autre ouvriers, dans le meilleur des cas , vous réussissez à améliorer temporairement le salaire d’ouvriers qui SAVENT qu’ils sont remplaçables car dehors des gens sont prêts à travailler pour moins cher…. et il y a une chaine de conséquences envisageables par la suite …que vous ne VOULEZ pas voir, vous voulez absolument vous en tenir au fait que vous avez donner un euro de plus à un ouvrier, pour pouvoir affirmer que vous êtesplus moral..

            c’est votre droit de consommateur bien sur d’avoir des « critères » , j’ai beaucoup de mal à voir pourquoi ils sont supérieurs..

            • Au point où nous en sommes … histoire de vous faire hurler, vous trouverez ci-dessous le début d’un article paru dans MEDIAPART ce soir (oui, je sais , gauchistes, patati, patata etc.. donc on ne lit pas ce type de torchon. Il faut interdire ce type de journal, et si ce n’est pas possible, le mettre à l’index (je suppose que vous savez ce qu’était l’index dans l’Eglise catholique il y a 50 ans).

              « Rio de Janeiro (Brésil), de notre correspondant.- « La bataille continue », lâche le procureur Thiago Cavalcanti, optimiste. La veille au soir, le mardi 14 mars 2017, après un imbroglio complexe, un nouveau rebondissement a finalement obligé le gouvernement à publier la « liste noire » du travail forcé. Créée en 2003 par le gouvernement fédéral, elle référence les entreprises qui utilisent des esclaves. Cette liste est depuis considérée par l’ONU comme l’un des principaux instruments de lutte contre le travail forcé au Brésil. Dans cet immense pays, plus de 52 000 personnes ont été libérées depuis 1995, mais il y aurait encore plus de 160 000 travailleurs esclaves selon l’ONG Walk Free fondation. On retrouve 349 entreprises sur cette liste, mais cette dernière n’est pas du goût du président par intérim Michel Temer… ».

              Voilà 349 entreprises qui font vivre des gens qui vivraient à l’évidence plus mal si elles n’étaient pas là. On ne va pas les critiquer au nom de critères moraux…

      • En l’occurrence, la Chine a été ruinée par la guerre de l’opium au 19ème siècle justifiée au nom du libre échange ! Puis par les guerres avec le Japon, puis enfin par la guerre civile et le communisme au 20ème siècle.

        Le libre échange mondial déséquilibré en faveur de la Chine à partir de 1994 n’a été qu’un immense plan de sauvetage du parti communiste chinois après Tienanmen au frais des travailleurs et des contribuables occidentaux et avec participation aux profits des multinationales capitalistes occidentales. Ce sont les dirigeants socialistes occidentaux qui ont accepté ce deal, en particulier Bill Clinton pour les Etats-Unis.

        Le libre échange ne peut être mutuellement bénéfique que dans des conditions de taux de change équilibrant les balances courantes. La Chine pouvait en effet sortir de la misère dans laquelle l’a plongé le communisme en s’intégrant au commerce mondial mais quelles justifications peut-il bien y avoir à ce que cela se fasse dans des conditions lui permettant d’accumuler $4000 milliards de créances sur l’Occident en 7 ans, entre 2001 (date de son adhésion à l’OMC) et 2008 (date de la crise financière provoquée par la gigantesque montée de l’endettement dans les pays développés) ? Aucune.

    • Votre conception du bien et du mal et votre vision statique du monde altère votre jugement. Les conditions de travail de certaines personnes dans les pays émergeants sont parfois inacceptables mais posez vous tout d’abord la question du sors qui serait réservé à ces populations sans le libre échange ensuite renseignez vous sur l’évolution de leur condition ces dernières années.
      Je vous accorde que la situation n’est pas encore satisfaisante mais le monde change très rapidement, nous sommes en phase de transition, il y a un lien étroit entre l’amélioration de nos conditions de vies à tous et l’explosion de la population mondiale et l’innovation et le libre échange sont les moteurs de ce changement.

      La Chine est un très bonne exemple, en 40 ans tout à changé et ce n’est pas un hasard si ils sont maintenant attaché au libre échange. Je vous invite à faire un tour sur https://www.gapminder.org/ pour vous en convaincre.

      Plus de transparence me semble souhaitable, mais certainement pas plus de réglementation au mépris du libre échange. Car avant d’engager une action, il faut toujours poser le bon diagnostic sans quoi nous risquons d’obtenir des effets contraires à l’objectif recherché.

      Je rejoins Bruno Dandolo, laissez un peu de temps au monde pour sortir de la misère et faite un peu confiance à l’exigence des consommateurs pour mettre la pression sur leurs fournisseurs concernant les conditions de travail mais par pitié ne demandez pas à l’Etat de s’en mêler.

      « Il est vrai que, par une bizarrerie qui vient plutôt de la nature que de l’esprit des hommes, il est quelquefois nécessaire de changer certaines lois. Mais le cas est rare, et, lorsqu’il arrive, il n’y faut toucher que d’une main tremblante » – Montesquieu

      • Vous écrivez : « faites un peu confiance à l’exigence des consommateurs pour mettre la pression sur leurs fournisseurs concernant les conditions de travail ». Je vous approuve à 100%. Je n’ai pas dit autre chose.

        Comme vous dites : il faut le bon diagnostic. Sur ce point le diagnostic est clair : les consommateurs sont soigneusement tenus ignorants desdites conditions de travail dans une une chaine de valeur d’une extraordinaire complexité, totalement opaque, à base de sous-traitants.

        C’est cela qu’il faut changer.

        Oui, il faut que le consommateur tranche. Comme pour le bio. Comme pour les poules élevées en plein air ou en batterie. Comme pour les producteurs de café qui apposent le label « commerce équitable  » pour leurs produits etc..

        La seule solution est un label qui ressemblerait au commerce équitable.

    • En effet, la théorie des avantages comparatifs de Ricardo ne saurait en aucun cas être utilisée pour tenter de justifier le caractère bénéfique du libre-echange international tel qu’il se pratique depuis les années 1979.
      La théorie des avantages comparatifs de Ricardo a démontré que le libre échange entre des pays ayant spécialisé leurs productions dans les domaines où ils ont un avantage de coût relatif est mutuellement bénéfique à ces pays, c’est à dire que le niveau de vie augmente dans tous les pays concernés.

      Comme toute démonstration, la théorie de Ricardo n’est valable que dans le cadre des hypothèses faites.

      La théorie de Ricardo suppose que les pays échangent bien contre bien, par exemple le Portugal échange du vin contre du textile anglais. Cela revient à dire que les balances commerciales sont équilibrées en termes réelles. La théorie de Ricardo n’est pas valide pour un échange de biens contre crédit, c’est à dire qu’elle n’est pas valide pour des balances commerciales en déséquilibre. C’est pour cette raison que les traités du GATT et du FMI instaurant le libre échange international après la seconde guerre mondiale proscrivent les déséquilibres de balance courantes (voir l’article 1 des statuts du FMI). Bien que violés depuis plus de 40 ans, ces articles de droit international sont toujours en vigueur actuellement. La France le sait bien qui a placé nombre de Directeurs Généraux au FMI et à l’OMC.

      La théorie de Ricardo suppose en outre des échanges de biens finis, chaque pays étant seul responsable de son processus de production. Autrement dit, la théorie de Ricardo n’est valide qu’en l’absence de transferts de technologie et d’investissements à l’étranger. Elle n’est pas valide si une multinationale d’un pays développé peut apporter sa technologie, ses équipements, ses techniques de production et de management dans un pays en développement et cumuler ainsi les avantages comparatifs des pays développés (la technologie et les biens de production modernes) et ceux des pays en développement (les faibles coûts salariaux) dans un même pays sans compensation par les taux de change, altérant ainsi les avantages relatifs entre pays.

      En clair, la théorie des avantages comparatifs de Ricardo n’est absolument pas applicable aux conditions actuelles du commerce mondial. Les bénéfices du libre échange dans des conditions de taux de change n’équilibrant pas les balances courantes et dans des conditions de transferts technologiques et d’investissements trans-frontaliers n’ont jamais été démontrés. Croire que le libre-échange est mutuellement bénéfique dans ces conditions n’est qu’une croyance non démontrée, un acte de foi. Cette croyance est totalement infondée en théorie et on ne peut pas dire que la pratique ait été beaucoup plus concluante.

      • Dans ce cas, un libre-échange restreignant la libre circulation des capitaux n’est-il pas une solution fournissant un cadre à la théorie de Ricardo afin de la rendre fonctionnelle et effective sur le terrain ?

        Si nous pouvons librement (et encore plus librement qu’aujourd’hui) échanger, mais en empêchant les délocalisations autant que l’entretien de la dette par des éléments étrangers, ne se tourne-t-on pas vers le début d’un équilibre ?

        • En effet, la tentative de l’administration Trump de ré-orienter les flux commerciaux internationaux par des tarifs douaniers sans simultanément ré-équilibrer les flux de capitaux internationaux me semble la principale incohérence de son programme économique.

          Cela pourrait marcher si les flux commerciaux avaient la pré-éminence sur les flux de capitaux. Dans ce cas, la résorption du déficit commercial américain s’accompagnera d’une résorption simultanée des entrées nettes de capitaux étrangers aux Etats-Unis. La hausse de l’investissement américain (résultant au minimum du programme d’infrastructures envisagé) devra alors être financée par une hausse encore plus forte de l’épargne domestique qui résulterait de la hausse de l’emploi découlant de la relocalisation d’activités de production aux Etats-Unis et d’une baisse de la fiscalité sur les entreprises et les hauts revenus ayant la plus forte propension à épargner. Dans ce cadre là, le programme économique de Trump paraît parfaitement cohérent.

          En revanche, si ce sont les flux de capitaux qui prédominent les flux commerciaux – et cela me semble l’hypothèse la plus probable vu que ces flux sont ~ 40 fois supérieur – alors la hausse du dollar provoquée par l’afflux massif de capitaux vers des actifs libellés en dollar, renforcée le cas échéant par l’incitation fiscale pour les entreprises américaines de rapatrier leurs avoirs accumulés à l’étranger, compensera les tarifs douaniers et maintiendra le déficit commercial américain inchangé en même temps qu’il amplifiera la bulle financière déjà bien gonflée par 6 ans d’injections massives de liquidités par la banque centrale de 2008 à 2014. Dans ce cas, la résolution du problème va se trouver compromise et le problème risque même de s’amplifier considérablement. Hélas, il me semble que nous sommes bien dans ce cas.

          Cela suggère que, même si l’économie américaine est relativement moins dépendante des flux commerciaux internationaux que beaucoup d’autres économies, l’administration Trump aurait beaucoup plus de chances de succès dans sa tentative de ré-équilibrer ses comptes extérieurs en s’y prenant par le biais des taux de change plutôt que des tarifs douaniers et coopérativement plutôt que unilatéralement. Via un nouveau Bretton Woods en quelque sorte.

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