Sortir de l’euro est une absurdité, mais y rester oblige à des réformes

Ce n’est pas la monnaie commune qui est le problème, mais les hommes politiques élus par le peuple ces trente dernières années.

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Sortir de l’euro est une absurdité, mais y rester oblige à des réformes

Publié le 9 mars 2017
- A +

Par Gérard Dosogne.
Un article d’Emploi 2017

Sortir de l’euro est une absurdité qui aurait pour effet de relancer l’inflation en France et de voir s’effondrer les moyens des plus pauvres en avantageant seulement les riches.

Mais l’euro, qui doit être conservé, exige des réformes profondes alors que jusqu’à présent il a servi surtout de bouclier de papier.

L’euro a eu de nombreux avantages comme favoriser les échanges, faciliter les paiements pour les entreprises comme pour les particuliers, et les voyages hors de France. Il a donc eu des effets très positifs sur l’économie et la liberté. La France, cependant, comme d’autres pays du Sud – avec l’exemple dramatique de la Grèce – a oublié que la monnaie commune impliquait des politiques fiscales et sociales communes ou proches. Or, ces pays non vertueux ont fait l’inverse. Ils ont profité du « bouclier » monétaire pour accorder des avantages sociaux indus et refuser tout effort budgétaire.

L’économie est têtue

Mais l’économie est têtue. Les déficits commerciaux s’envolent, le chômage explose et la France industrielle disparaît. Tout ceci est entièrement normal. Car la variable d’ajustement entre les pays qui suivaient des politiques économiques, sociales et fiscales différentes était précisément la monnaie, ainsi que son corollaire : l’inflation. Ainsi, sans la monnaie, cette variable est désormais l’exode des entreprises et des cerveaux, avec comme conséquences l’augmentation du chômage, une croissance atone, une désindustrialisation massive et un déficit bientôt insoutenable de la balance commerciale.

Alors comment faire pour remonter la pente ?

Il existe en réalité quatre possibilités :

La première, c’est que la France, enfin, décide d’aligner sa fiscalité, ses avantages sociaux, son nombre de fonctionnaires, en résumé son économie et son mode de vie – son nombre de jours de vacances, son âge de départ à la retraite… – sur la moyenne des pays de la zone euro du Nord. Après quelques années difficiles, tout rentrerait ainsi dans l’ordre : chômage en baisse, investissement en hausse, commerce extérieur équilibré et croissance retrouvée.

L’Allemagne hors de l’euro

La deuxième possibilité, si la France estime ce programme impossible, est qu’elle convainque l’Allemagne et quelques pays du Nord de sortir de l’euro. L’euro deviendrait de ce fait une monnaie faible, permettant un certain ajustement sur le commerce extérieur et peut-être une hausse des investissements. La hausse attendue de l’inflation réduirait alors progressivement la dette (en termes réels), tandis que les taux d’intérêts grimperaient fortement. Mais la France continuerait à s’appauvrir par rapport aux pays plus rigoureux. C’est la solution de facilité d’endormissement agréable et dans vingt ans, la France sera – peut-être – la dixième puissance mondiale avec un revenu par habitant dans les abysses du classement.

La troisième possibilité, si la solution 1 n’était pas acceptée par les Français et la solution 2 pas acceptée par les Allemands, c’est que la France soit éjectée de l’euro par les marchés et lâchée par l’Allemagne. C’est bien ce qui risque de se produire un jour ou l’autre si la France n’entreprend pas les réformes nécessaires. Cela revient à un scénario grec, en plus horrible, car s’il a fallu 200 milliards d’euros pour sauver – plus ou moins – la Grèce, il faudrait probablement bien plus (peut-être 500 milliards vu sa taille) pour garder alors la France dans l’euro.

Austérité à l’horizon

Ce qui serait évidemment inacceptable pour les autres pays de la zone monétaire. C’est donc la promesse d’un appauvrissement rapide, la France devrait alors dans la douleur, car sans accès aux marchés des capitaux et dans l’impossibilité de payer les fonctionnaires, les retraites, les hôpitaux…, se mettre à un plan d’austérité drastique avec l’espoir d’une renaissance à terme. Ce sera ça ou la mort économique avec la faillite virtuelle du pays, comme l’Argentine il y a quelques années.

Par ailleurs, pour ceux qui souhaitent une sortie volontaire de la France de l’euro – la quatrième possibilité – et qui regrettent et ont oublié – ou n’ont pas vécu – les incessantes dévaluations des années 80 et 90, il faut rappeler qu’elles étaient suivies de « plans d’austérité », et que l’inflation était permanente et incontrôlée. Comme le disait Jean-Claude Trichet, à l’époque gouverneur de la Banque de France, « l’inflation c’est comme la pâte dentifrice dans le tube, ça sort très facilement du tube et ça y rentre beaucoup plus difficilement. » En outre, la force du mark allemand n’a jamais empêché l’Allemagne d’exporter massivement.

Contre la politisation de la monnaie

En réalité, l’euro permet donc de soustraire le tripotage monétaire aux politiciens. Par conséquent ce n’est pas la monnaie commune qui est le problème, mais les hommes politiques élus par le peuple ces trente dernières années. À l’époque, chacun se félicitait, à juste raison, de la création de la Banque centrale européenne, organisme monétaire indépendant du pouvoir politique, à l’image de la Fed ou de la Banque d’Angleterre.

Même si certains aspects de sa mise en œuvre se révèlent insuffisants – comme l’absence de référence à un objectif de plein emploi ou de croissance dans ses statuts – il faut imaginer ce que seraient les taux français si nous avions encore le franc. Il est peu probable que nous aurions pu en placer 65% auprès des étrangers comme maintenant. Pourvu que ça dure…

Alors, a-t-on le choix ? La raison dit non, le politique… on verra !

S’il existe sur le papier quatre possibilités, il n’y a qu’une solution : la première.

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  • Peut être faudrait il rajouter qu’ une prise de conscience des Français de leur très médiocre niveau de compétence (en moyenne par rapport aux pays de l’Europe du Nord) sera nécessaire un jour.
    Si vous avez la possibilité de comparer le fonctionnement des entreprises (publiques et privées) et des administrations, vous pourrez mesurer une énorme différence dans les domaines de la qualification, de l’implication personnelle, de l’approche à long terme (créativité) et de l’organisation.
    Mes collègues suisses disent : « les politiciens français vous ont endormis il y a 25 ans et vous vous réveillez avec panique: vous étiez forts , et vous êtes une nation de troisième zone ».

  • La premiere solution! , Vous semblez oublier que tous les gouvernementeurs veulent effectivement que « tous les pays soient alignés », mais c’est au reste du monde qu’ils demandent de s’aligner à l’enorme pression sociale et fiscale francaise ! Ce n’est pas à la France qui a le meilleur systeme du monde de faire des reformes c’est au Monde de s’adapter à nous ….
    No way .
    Alors ils prometteront mais n’en feront rien, comme d’habitude

  • Les réformes sont indispensables dans tous les cas.
    Croire que l’on va sortir de l’Euro les doigts dans le nez est une ânerie sans nom. Au contraire de ce que pense les polytocards au pouvoir ou qui aimeraient y être, ne iren faire maintenant conduira à une situation douloureuse, surtout pour les plus faibles.

    Encore une belle trahison par ces polytocards :mrgreen:

  • L’euro n’est qu’un des nombreux boucs émissaires d’une classe politique dépassée, obsolète, inepte.
    Allemagne, patrons, finance, trading, fonds de pension, paradis fiscaux, mondialisation, banques, Euro, « crise » (depuis 20 ans sans interruption?) servent tour à tour pour expliquer les résultats catastrophiques de leur politique.

    Est-ce eux ou les médias au logiciel aussi tordu qui influencent les idées de l’autre on ne saura jamais, ils forment les deux faces d’une même pièce mortelle.
    Selon Basile Karlinsky, ancien journaliste à Libération qui parlait de la prédominance des journalistes de gauche dans la presse (93%) « le trotskisme [militant des jeunes années de nombreux journalistes qui tiraient des tracts] aurait ainsi été une bonne école de journalisme ».

  • « Sortir de l’euro est une absurdité qui aurait pour effet de relancer l’inflation en France »
    Ah bon ? il n’y a aucun pays au monde qui a une inflation inférieure a celle de la France et qui n’utilise pas l’Euro ?
    Tout dépend ce que l’on fait ensuite …

    « La France, cependant, comme d’autres pays du Sud – avec l’exemple dramatique de la Grèce – a oublié que la monnaie commune impliquait des politiques fiscales et sociales communes ou proches »
    Et allez donc … encore un essai de construire une grande Europe politique. arrêtez avec ça. Quel est le rapport ??
    1/ On peut commercer sans avoir la même monnaie
    2/ Si on a la même monnaie, on peut avoir des fiscalités différentes.

    Les politiciens rêvent tous d’une Europe politique car c’est une suppression de la concurrence pour eux, et c’est la mort de la liberté du peuple.

    L’Europe économique est une super idée (CEE), bien que ce soit simplement la même depuis le début de l’humanité : maximiser les échanges pour créer de la richesse.
    Europe ou pas on doit commercer avec le plus de monde.

    L’Europe politique (UE) est une très mauvaise idée. Tous les gouvernements doivent être mis en concurrence. Le pire pour la planète serait une gouvernance mondiale, ou la ça serait socialisme a gogo pour tout le monde.. impossible d’y échapper et au revoir la prospérité, bonjour la misère mondiale.

    Aucun pays n’a á gagner á adhérer á une Europe politique, la seule chose qui crée de la richesse c’est le commerce.
    Le UK a parfaitement compris.

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