Tout ce qu’on ne vous dit pas sur le mercantilisme

Le libre échange est la meilleure façon de ne pas perturber inutilement l’activité économique. Mais cette doctrine simple possède pour beaucoup un très grave inconvénient : elle se passe très bien des services de la Parasitocratie.

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Donald Trump (Crédits : Gage Skidmore, licence CC BY-SA 2.0), via Flickr.

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Tout ce qu’on ne vous dit pas sur le mercantilisme

Publié le 8 mars 2017
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Par Simone Wapler. 

Les derniers chiffres du commerce américain apportent de l’eau au moulin de la politique économique de Trump. Le dernier déficit commercial connu atteint 69,2 milliards de dollars. De quoi justifier mercantilisme, protectionnisme, mur mexicain et menaces envers Pékin.

Petite remarque : la production de pétrole de schiste devait faire retrouver aux États-Unis leur autonomie. Les importations d’hydrocarbure se sont effectivement réduites, et en 2016 elles ont atteint 144 milliards de dollars contre 313 milliards en 2012. Mais cela ne suffit pas à rééquilibrer les comptes.

Les États-Unis importent plus qu’ils n’exportent.

En 2016, ils ont importé pour 2712 milliards de dollars tandis qu’ils exportaient pour seulement 2209 milliards.

D’où les promesses de Trump, ses discours sur le rapatriement de la production, etc.

Les pays qui importent plus qu’ils n’exportent aiment bien accuser leurs fournisseurs de mercantilisme et depuis que la monnaie n’est plus que crédit, de manipulations monétaires.

L’Allemagne est ainsi accusée de mercantilisme car elle exporte trop et la Chine de sous-évaluer son yuan.

Pourtant, il ne vient à l’idée de personne d’accuser la Norvège de mercantilisme ou de manipulation de la couronne pour mieux exporter son pétrole.

 

Le mercantilisme est une mauvaise excuse pour taxer

Le mercantilisme est un mot en isme : à ce titre il doit inspirer de la méfiance, comme tout concept intellectuel… Pour l’économiste François Guillaumat, « en France, sous le nom de colbertisme, il constitue le fonds d’analphabétisme économique ».

Autrefois, lorsque la monnaie était d’or ou d’argent, une politique mercantile avait pour but de ruiner les pays étrangers en drainant leurs métaux précieux. Le préjugé « nul ne gagne qu’au dommage d’autrui » reste encore tenace même si la monnaie a changé de nature.

L’arme politique souveraine pour atteindre ce but est la subvention. Mais qui dit subvention dit aussi impôt… L’antidote des pays victimes est alors le protectionnisme. « Puisque ma population veut importer ces produits en raison de leur prix, je taxe ».

Comme vous le voyez, on taxe des deux côtés ! Les gagnants appartiennent évidemment à la parasitocratie.

Mais surtout, comme d’habitude, l’intervention de l’État brouille les échanges, crée des distorsions de prix qui aboutissent à de mauvaises décisions.

En réalité, ce qui importe est la balance des paiements d’un pays et pas seulement sa balance commerciale.

Si vous importez plus que vous n’exportez, où est le mal si vous avez par ailleurs des sources de profit à l’étranger ?

Si au-delà de vos frontières, certains produisent moins cher que ce qui est produit dans votre pays, pourquoi vouloir priver vos concitoyens de cet avantage ? Seraient-ils trop idiots pour trouver une activité plus lucrative où qu’elle soit ?

Une activité marchande dynamique prouve que les gens s’organisent au mieux pour importer ce qui leur convient et exporter ce qui convient aux autres.

 

Pour prendre la température de l’économie, allez dans les ports

Comme souvent, c’est dans les ports qu’on est aux premières loges des changements économiques. Ici à Pointe-Noire, en gros, 80 % du trafic se fait par bateau et 20 % par fret aérien.

Pointe-Noire est un port très important pour la côte sud-ouest de l’Afrique. Le lieutenant de vaisseau Cordier qui débarqua du Sagittaire et signa en 1883 un traité à Ndjndji ne s’y était pas trompé. L’emplacement était géographiquement exceptionnel, plein d’atouts naturels.

Partout dans le monde, les concessions portuaires sont des contrats de 25 ans ou 30 ans. C’est l’usage pour rentabiliser les constructions.

Le trafic d’un port augmente avant que les statistiques économiques concluent à de la croissance, et inversement. L’activité portuaire de Pointe-Noire est en baisse de 20 % selon les chiffres du gouvernement.

« Avec la chute des prix du pétrole, le trafic de containers ici a considérablement diminué. Je n’ai pas tous les chiffres en tête, mais disons de l’ordre de 30% », me dit Jessica qui est auditeur chez Bolloré. Une famille d’expatrié qui part, cela diminue aussi les emplois induits. Le personnel pétrolier bouge très vite, une décision de mutation est prise en deux mois.

« Mais pour le personnel portuaire, c’est différent. Les gens sont beaucoup plus stables. Depuis que je suis là, j’ai vu monter en puissance ENI. L’italien a racheté des terrains pétrolifères onshore à Total. Le coût d’exploitation est plus faible que l’offshore et ils ont fait d’autres découvertes. Ils s’en tirent mieux ».

 

Laissez faire, laissez passer : la seule devise commerciale qui vaille

« Chacun de nous serait peut-être capable de vivre seul sur une île, comme Robinson. Mais il est dans l’intérêt de chacun de se spécialiser dans les activités pour lesquelles il est relativement plus apte que les autres et d’acheter à ces derniers ce dont il a besoin et qu’il est relativement moins apte à produire. » Pascal Salin

Le libre échange est la meilleure façon de ne pas perturber inutilement l’activité économique. Mais cette doctrine simple possède pour beaucoup un très grave inconvénient : elle se passe très bien des services de la parasitocratie.

Pour plus d’informations et de conseils de ce genre, c’est ici et c’est gratuit

 

 

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  • En un mot vous paraphrasez Frédéric Bastiat et ses travaux sur le libre échange et le protectionnisme. Jamais démentis à ce jour !!! Dommage que les français n’est pas pris la peine de lire les textes de Bastiat. La Loi, L’Etat, Ce que l’on voit et ce que l’on voit pas et sa fameuse pétition des marchands de chandelles (UBER). Encore qu’ils ont des circonstances atténuantes. Car, je pense qu’il est inconnu à l’éducation nationale et dans les cours d’économie. Il faut aussi rappeler que les intellectuels n’aiment pas le libéralisme, surtout en France, car dans un système libéral ils seraient payés à leur juste valeur, c’est à dire pas grand chose !!

    • “Il faut aussi rappeler que les intellectuels n’aiment pas le libéralisme, surtout en France, car dans un système libéral ils seraient payés à leur juste valeur, c’est à dire pas grand chose !!”
      Au fond qui est vraiment utile ?
      Raisonner en terme d’utilité par rapport à la rentabilité financière est une vision assez pauvre et réductrice de la vie.
      Ce qui fait que le libéralisme n’est pas apprécié par certains, est son accointance avec la sphère financière et le capitalisme.
      Ces 2 sphères qui n’en font qu’une, asservissent l’humain en le reléguant au rang de rouage dans une machine a produire (l’entreprise) et surtout à faire de l’argent au plus grand bénéfice du possédant.
      La liberté prônée par le libéralisme n’est pas cohérente avec le monde de l’entreprise tel qu’il est vécu par une majorité (lien de subordination) et n’est cohérent non plus avec la création monétaire au bénéfice des banques, qui entretient aussi une forme d’ esclavage.

  • Rappel : Bastiat était un des six maîtres à penser à Reagan, avec un autre français, Jean-Baptiste Say (Loi sur les débouchés). De plus Bastiat en tant que député des landes siégeait à gauche à l’assemblée nationale. CQFD !

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