Par Pascal Broulis, depuis la Suisse.

« Que je sache, Périclès a rendu les Athéniens paresseux, bavards et cupides, en initiant des indemnités publiques. » Ce jugement définitif est celui de Platon, qui clouait ainsi au pilori le premier système de rétribution des élus, nommé Misthos, mis en place dans sa cité par Périclès vers 450 avant Jésus-Christ. C’est dire si le débat qui fait rage autour du discutable statut d’assistante parlementaire de Pénélope Fillon a d’anciennes origines.
Selon les textes qui nous sont parvenus, le Misthos équivalait à son époque au tiers d’un salaire journalier moyen. Pour les riches citoyens l’appoint était sans importance mais il était significatif pour les personnes de condition modeste et leur permettait de prétendre aux charges publiques. Ce qui était bien l’objectif de Périclès. Et malgré les récriminations de Platon, cette conception s’est imposée à l’ère moderne. Personne ne nie plus que le travail parlementaire mérite salaire.
« Quand le député devient une petite entreprise familiale »

Le problème c’est lorsque les compensations deviennent excessives. Une aristocratie parlementaire se recrée, qui se met à tourner en circuit d’autant plus fermé qu’elle comporte des liens personnels. Le député devient cette « petite entreprise familiale » qui m’avait fourni une anecdote pour mon livre Fragile pouvoir. Et Pénélope fait retomber le système dans le piège dont Périclès l’avait sorti.
On peut y remédier à coups de règlements. Interdire les liens familiaux, ce qui reviendrait à punir tout le monde pour les dérapages de quelques-uns, sans solution définitive. La parade : « Tu prends ma fille, j’engage ton fils » a déjà été observée. Ou prévoir des cahiers des charges détaillés et des contrôles soupçonneux, toujours problématiques en regard de l’activité par essence complexe d’assistant parlementaire.
On peut aussi, et cela me paraît de loin la meilleure solution, rester mesuré dans les montants. L’élu qui garde un pied dans son monde professionnel le connaît mieux que celui qui l’a quitté. C’est dans l’esprit du mandat représentatif, qui consiste à être porte-parole de ses électeurs dans la préparation des lois. Et cela facilite les transitions, lorsqu’on met fin à ses fonctions… où qu’on ne s’y voit pas reconduit.
C’est finalement une question d’équilibre. Cet équilibre démocratique que recherchait Périclès.
Pourrais t on imaginer, pour éviter les excès , qu’un parlementaire soit payés en fonction de son activité? c’est à dire, présence, projet de loi présenté, commission, réception des citoyens…in finé plus il gagnerait (jusqu’à un plafond) plus ils aurait représenté son electorat
Oh non… ! Surtout pas ! Au contraire : moins il en ferait, plus il serait payé.
L’idée parait bonne à première vue mais elle encourage l’enfer législatif, la multiplication des réceptions aux frais de gvt, la multiplication des commissions inutiles voire contre productives etc… D’ailleurs les députés sont déjà rétribués pour les projets de lois qu’ils présentent et je suis certain que ça contribue au pourrissement législatif et à la promulgation de lois iniques.
N’oubiez pas la sagesse Coluche: ” (Après l’assemblée nationale) les députés partent en weekend jusqu’à mardi… Parc qu’ils bossent que le mercredi… heureusement! Tu vois déjà dans quelle merde on est!”
“le mois de l’année où les hommes politiques disent le moins de connerie c’est le mois de février parce qu’il n’y a que 28 jours”
“La plus grosse différence entre les oiseaux et les hommes politiques, c’et que de temps en temps les oiseaux s’arrêtent de voler”
Non, il ne faut surtout pas les inciter à plus travailler. En revanche, conditionner leur indemnité à al proportion de leur présence à l’assemblée, ça me semble intelligent. 4 séances par mois: Si t’en rates une on te sucre 25% de ton allocaiton t’en rates 2, 50% en moins, tu viens pas pendant un mois, tu touches que dalle.
merci de votre réponse, mon idée est posé en vrac, juste pour lancer le débat, mais l’idée est creuser, va de paire avec le non cumul des mandats, voir le non cumul des legislatures, le but les mettre au boulot, et sous controle de leur electeurs
Les constats de feu coluche sont exacts, et c’est pour lutter contre…
Pas de faire un cumul de rétribution, mais alors une rétribution diminuée selon l’activité est trés bien également, on peut se poser la question du nombre d’attaché parlementaire si il y a peu d’activité
De toute façon dans la vie, quand il y a un probleme, il faut taper sur le porte monnaie pour le résoudre, le juge de paix (paie-paye?) en quelque sorte
Faire des lois est un travail très compliqué, qui requiert non seulement des connaissances légales et philosophiques mais aussi une forte prise avec le réel et beaucoup d’objectivité et d’abnégation.
Il est complètement illusoire de trouver toutes ces qualités dans des “élus”.
La démocratie de Périclès à mené Athènes à la ruine. Des romantiques de salon au XVIII° en ont fait un idéal complétement déconnecté du réel qui mène ce pays à la ruine également.
La démocratie bafoue les droits naturels en permanence.
La justice doit être indépendante de l’exécutif. Les lois sont faites pour réguler l’Etat et non pour réguler les citoyens. Le métier de parlementaire n’a juste aucune raison d’être : le rôle d’un parlement est de contrôler l’exécutif, pas de mettre le pays sous la coupe réglée de lois, de privilèges, de taxes et d’impôts tous plus idéologiques et partisans les uns que les autres.
Pour moi la première solution est de réduire drastiquement le nombre de nos parlementaires,puis que leurs “indemnités” soient considérées fiscalement comme des revenus et imposées au même titre que nos salaires ou retraites, supprimer les cumuls, les indemnités multiples… une retraite calculée sur les mêmes bases que
celles du privé… payent-ils seulement la CSG ?… Je pense aussi que leurs indemnités devraient être proportionnelles à leur temps de présence en séance. De voir l’assemblée ou le sénat pratiquement vide lors de la discussion ou du vote d’une loi importante me révolte profondément. Quand on parle d’emplois fictifs, certains de nos parlementaires en sont de beaux exemples. Idem au parlement européen malheureusement !
La situation est loin d’etre simple, et pose de nombreux problèmes :
– Tout travail mérite salaire. Du moment qu’un parlementaire (et ses assistants) fournissent un service, une valeur ajoutée à la société, ils doivent obtenir quelque chose en échange -> un salaire.
=> Ce salaire devrait être au niveau de la valeur apportée. Mais comment la définir de façon fiable ?
– Vu les pouvoirs qui leurs sont conférés (définir les lois de notre pays, c’est quand même pas anodin), ils sont très exposés à la corruption.
=> Moins on les paie, plus ils seront tentés d’accepter des pots de vin, ce qui serait désastreux
Mais au final totu ça n’a aucune importance, car ce sont eux qui votent leurs propres rémunérations.
Et curieusement ça fait partie des rares lois votées à la quasi unanimité, tous les partis trouvant un accord miraculeux et rapide sur le sujet…
What could possibly go wrong ?
Je ne suis pas sure qu’il seraient plus corrompus si moins payés.
Il semblerait que ceux qui en ont beaucoup en veulent toujours plus…
Mais je vote POUR une diminution drastique du nombre de députés, et une rémunération proportionnelle à leur présence.
Il reste à définir “mesuré”… Le deuxième point soulève le problème “très suisse” de la collusion d’intérêts…
Et en fin de compte, sur le cas du “Penelope gate”, la mesure est perçue selon la sensibilité à la notion des “privilèges” (très français)… 3000 à 4000 €/mois pour la fonction d’assistance parlementaire mérite “la guillotine” pour certains et un peu juste exagéré pour d’autres… Il faut dire que l’Égalité est une devise sacrée en France même si souvent, on ne sait pas de quoi on parle…