TPP : Trump a-t-il raison de vouloir suspendre les négociations ?

Le libre-échange est la voie de la prospérité, voici pourquoi.

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TPP : Trump a-t-il raison de vouloir suspendre les négociations ?

Publié le 29 janvier 2017
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Par Emmanuel Martin, délégué général de l’École de la Liberté.

By: ricardoCC BY 2.0

Ah ! Ce bon vieux mercantilisme…

Voilà donc le président américain Donald Trump qui met fin aux négociations du TPP (partenariat trans-pacifique), érige son glorieux mur avec le Mexique et voudrait en faire payer le coût aux méchants Mexicains grâce à une taxe de 20% sur les produits importés du Mexique. On ne peut évidemment reprocher au nouveau président US de respecter ses promesses de campagne… Même si elles sont stupides. Et dangereuses.

Pourquoi le libre-échange, ça marche

La logique du libre échange est fondée notamment sur l’idée, de Smith, que la division du travail est limitée par l’étendue du marché. En gros : un marché plus vaste permet davantage d’opportunités de division de travail. Et comme la division du travail explique aussi en moyenne la productivité et donc les revenus, un marché plus vaste permet des revenus plus élevés. D’où le lien profond chez Smith entre échange, division du travail, taille du marché, et développement. C’est même le cœur de sa théorie évolutionniste du progrès économique – et donc social.

Mais tout cela n’est pas que la « théorie » de livres universitaires poussiéreux : en deux siècles l’humanité est passée d’une situation dans laquelle l’immense majorité des gens vivait dans la pauvreté extrême à une situation de marginalisation de l’extrême pauvreté, autour de 10% en 2013 (alors que le population mondiale a été multipliée par sept). Entre 1990 et 2010 le taux de pauvreté a été divisé par deux. Voilà le résultat de ce que permet entre les hommes l’échange, c’est-à-dire la capacité à se rendre mutuellement service à travers le marché. Vouloir revenir sur ce processus qui permet la réduction de la misère humaine est donc une erreur fondamentale, politique et morale.

Évidemment on rétorquera à juste titre que, dans le cas qui nous tient, un accord de libre échange (TPP ou ALENA) n’est pas « vraiment » du libre échange. C’est d’abord souvent du commerce qui est détourné d’anciens vers de nouveaux partenaires. Ainsi, un accord de libre échange entre A et B se ramène à une forme de discrimination à l’encontre de C. Ensuite, les négociations de libre échange tiennent souvent du commerce « régulé » plus que « libre », avec toutes les possibilités que cela représente en termes de lobbying et de connivence. Pourtant, la multiplication des accords de libre échange, même si elle finit par ressembler à un – coûteux – plat de spaghettis comme le dit Jagdish Bhagwati, permet au final d’exclure de moins en moins. Et c’est tout de même mieux que la fermeture des frontières et l’imposition de tarifs douaniers

Le protectionnisme a tout faux

Ces décisions protectionnistes de Trump sont stupides parce que Made in America ne veut rien dire dans le monde actuel. Durant la campagne, on faisait remarquer à Trump le paradoxe ironique que ses casquettes Make America Great Again étaient… made in China. Ironique en effet. Mais en réalité elles étaient made in the world. Les chaines de valeurs actuelles sont en effet mondialisées. Un produit est un assemblage de sous-produits qui viennent eux-mêmes de sous-produits de toute la planète. L’iPhone d’Apple est fabriqué en dernière étape en Chine. Pourtant son gyroscope est fabriqué près de Marseille. Mais les composants de ce gyroscope viennent d’un peu partout… Bref, c’est toute l’histoire du célèbre crayon noir de Leonard Read : made in the world, encore une fois.

D’ailleurs qui paiera la taxe pour financer le mur ? Les exportations mexicaines nous dit Trump ! Mais qui paye les exportations mexicaines ? Les consommateurs américains pardi ! Voilà un sophisme dénoncé il y a fort longtemps par Frédéric Bastiat (voir à ce propos l’excellente série de vidéos de Damien Theillier). Les consommateurs américains de papayes mexicaines, de bière Corona, de guitares Fender ou Charvel made in Mexico etc. seront ceux qui paieront pour le mur ! Mais ils ne seront pas les seuls perdants : car tout cet argent qui leur sera volé – appelons un chat un chat – ne sera plus disponible pour acheter aux… producteurs américains qui auront ainsi un marché encore plus rétréci en face d’eux.

Ensuite, les producteurs américains devront également payer plus cher leurs inputs non substituables par de la production « nationale », ce qui se répercutera sur le prix aux consommateurs, et verront leurs ventes nationales et à l’étranger baisser, ce qui impactera leurs revenus, et ceux des travailleurs américains. Enfin, en cas de représailles commerciales étrangères, le marché des producteurs américains se rétrécira encore d’autant. Si l’Amérique se coupe du monde, elle s’inflige elle-même une punition.

Et ce cycle infernal fondé sur la haine du voisin passe généralement de la guerre commerciale à la guerre tout court. « Si les marchandises ne traversent pas les frontières, les soldats le feront » disait encore Bastiat, dans une terrible préscience. Car c’est bien la leçon des années 30 après la calamiteuse décision – américaine là encore – des tarifs douaniers Smooth-Hawley, qui a entrainé une série de représailles et largement contribué à la montée des nationalismes.

On envoie rarement des bombes sur ses partenaires commerciaux : il y a trop à perdre. Mais quand on coupe les liens économiques entre voisins, la haine de l’autre s’exprime facilement – et est facilement manipulable ! Et comme le rétrécissement de la taille du marché va nécessairement conduire au recul économique, les conditions économiques et sociales pour que la guerre émerge sont réunies. Ce qui se passe aux USA est donc extrêmement grave.

Les pères fondateurs de l’économie prônaient le libre-échange non seulement pour ses vertus développementales mais aussi ses vertus pacificatrices. En réalité sans paix, pas d’échange et pas de développement, et sans échange pas de paix et pas de développement. Ils avaient compris que le mercantilisme, comme Corentin de Salle le rappelle brillamment dans cette vidéo de l’École de la Liberté, est une doctrine erronée et dangereuse :

On consultera également avec profit l’ouvrage édité par Tom Palmer : Peace, Love & Liberté, aux éditions Libréchange.

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  • Le libre marché est un concept d’idéalistes et de rêveurs planant a 2000 m la tête dans les nuages.
    Est ce que les hommes sont. Libres de leur choix….non , leur choix est dicté par leur revenus et ces revenus dépendent de leur emploi.
    Le libre marche a terme conduit a une segmentation de la population.. exemple français , certain vont dans le petit commerce d’autre fréquentent les hypersou leader price voir les resto du coeur.
    Le libre marché conduit irrémédiablement a la spécialisation , ainsi le français produit que des baguettes et le chinois des tongues.
    Et moi si je ne sais pas faire de baguettes mais des tongues je fais quoi ?
    Je déménage… le libre marche n’est possible que si il y a la liberté de circulation des hommes ……c’est par là qu’il faut commencer , et pour cela il faut unifier les cultures sur une base commune , la langue , le reste suivra comme la disparition des frontières et le libre marche….n’est ce pas déjà le cas des migrants , les premiers hommes vraiment libres.
    En attendant,protégeons les faibles ceux qui ne peuvent pas faire de choix.

  • Arrêtons de diaboliser Trump . Vouloir faire travailler ses concitoyens d abord et par la même occasions augmenter leur pouvoir d’achat est tout à fait normal et honorable. Il est vrai que chez nous le problème ne se pose pas, chômage ad vitam eternam et aide de l etat en tout genre pour favoriser les feignasses. Et décourager ceux qui bosse ou souhaite bosser , car si vous faites le calcul vous gagnez moins en bossant qu’en restant chez vous a vivre grâce à l’assistanat. C’est vrai que nous sommes dans le plus beau pays du monde avec un système social que tout le monde nous envie, mais n’ose surtout pas copier

  • Le libre échange tel que défini dans le TPP est-il vraiment libre? Comment la liberté s’accommode-t-elle de kilos de réglementations?

    • Dominogris : les gens ne comprennent pas que le terme de traité de libre échange est un oxymore en soi.

      Un traité international est négocié , signé et ratifié par des États dans un cadre bilatéral ou multilateral ( présence d’observateurs: ONG, lobbies, entreprises etc et encore c’est pas souvent le cas et c’est bien ça qui est reproché).

      Dans un accord de ce type ce qui est libre est seulement ce qui est est circonscrit comme faisant techniquement et juridiquement partie de l’accord.
      Le reste c’est la loi de la jungle entre Etats: subventions aux exportation, quota, droit de douanes, barrières non tarifaires etc… Cet arsenal de mesures lui même circonscrit juridiquement par l’ORD de l’OMC ( organe de règlement des différents ) qui fait appliquer un basique du droit international depuis des lustres : la réciprocité .

      Si vous voulez plus de renseignement sur les enjeux qui en découle je vous suggère les modalités de négociations de l’ALE et de l’ALENA.

      Et pour Cavaignac : un pays libre ne veut rien dire : dans aucun Etat du monde vous n’êtes libre d’importer ou d’exporter tout ce que vous voulez comme bien et service.

      Le souci actuel c’est qu’avec le niveau d’interdépendance de nos sociétés ce qui n’ont pas signés ce type d’accord à tort ou à raison subissent autant les conséquences que ceux qui ont signés.
      Parfois ceux qui ont signé n’ont aucune responsabilité à porter dans les tenants et aboutissants de tels accords.

      On peut le voir avec la signature de Trump revenant sur le TPP, les défenseurs ont les larmes aux yeux et les opposants se frottent les mains et vous savez quoi : ça se passe tout le temps comme ça , les traités ne s’appliquent pas sans la bonne volonté des Etats.

      Trump a une doctrine claire en matière commerciale , les USA sont les numéro 1 dans le monde encore actuellement : il est plus judicieux de faire des traités bilatéraux et les renégocier continuellement.

      Le coût politique d’une sortie d’un accord négocié à l’OMC est beaucoup plus couteux que le retrait d’un accord comme le TPP, aucun des pays signataires ne fait le poids avec les USA si il s’agissait de négociations bilatérales. Sans compter que le bilatéralisme a toujours été du pur rapports de force.

  • « en cas de représailles commerciales étrangères » : si les autres pays sont libres, il n’y a pas de représailles possible puisque cela reviendrait à taxer leurs propres citoyens.

    • Le terme libre échange utilisé à tout va à des fins de communications politique ne définit en réalités que des accords commerciaux internationaux entre Etats.

      Ces accords commerciaux internationaux sont avant tout des traités internationaux signés au terme de négociations intergouvernemtnales.

      De plus chaque accord est circonscrit juridiquement et techniquement et cela de manière négociée soit dans un cadre bilatéral soit multilatéral.

      Ce qui est libre d’échange n’est en fait que ce qui est contenu dans le périmètre juridique de l’accord signé et ratifié.

      Le reste c’est la loi du plus fort: quota, droit de douanes, normes à caractère protectionnistes, subvention massive à l’exportation etc…

      Plus personnes n’est dupe aujourd’hui,hui et l’on utilise plus les termes d’accords de partenariats , d’investissement, préférentiels etc…

      Le libre échange n’existe pas d’Etat à État tout simplement parce que ce n’est ni moi ni vous qui avez votre mot à dire sur la teneur de l’accord final ni sur ses aboutissants.

      Seuls les gouvernements , les lobbies représentant chaque secteur : ONG, Multinationales etc peuvent espérer orienter le processus selon leurs intérêts propre.

      Certains secteurs se battent pour faire partie d’un accord, d’autres font tout pour ne pas y faire partie, à tort ou à raison d’ailleurs.

      Il suffit de se renseigner sur les modalités de négociation de l’ALE et L’ALENA pour se rendre compte que le libre échange va tout sauf de soi…

      Le libre échange je le pratique quand je vais acheter mes légumes aux marché le reste à voir…

      Le libre échanges c’est d’individu à individu donc si vous me garantiser que chaque citoyen à sont mot à dire sur chaque accord pas de souci mais c’est pas le cas.

      Sans compter que le monde est en interdépendance constante ce qui signifie que ceux qui n’ont rien signé subissent autant les conséquences que ce qui ont signé à par que les premiers n’ont rien demandé.

      Faire le constat que les droits de douanes ont diminuer de 60 à 5â„… environ en moyenne depuis le GATT ne signifie en rien que la philosophie du commerce va vers plus de liberté qu’il y a un ou deux siècle.

      Et rien d’étonnant à ce que Trump applique même si on peut le regretter la doctrine économique traditionnelle d’un des pays les plus protectionnistes à l’international.

    •  » si les autres pays sont libres, il n’y a pas de représailles possible puisque cela reviendrait à taxer leurs propres citoyens.  »

      La Russie a bien pris la liberté de rétorsions économiques contre l’occident en boycottant plusieurs produits alimentaires dont les fruits et légumes et les fromages de l’Union européenne ce qui fait monté considérablement les prix des ces produits dans les magasins russes.

  •  » d’un des pays les plus protectionnistes à l’international.  »

    Mouais ça se discute; même si l’article date de 2012

    http://www.journaldunet.com/economie/magazine/pays-protectionnistes.shtml

    • les USA sont a 104 mesures protectionnistes, mais on peut également parler de protectionnisme implicite : le quantitative easing avec une monnaie qui à enore le monopole sur les transactions en dollars, la capacité des USA à infliger des amendes avec des pays qui échangent en dollars à des pays non autorisé, tout cela n’est que du pur rapport de force.

  • « Et c’est tout de même mieux que la fermeture des frontières et l’imposition de tarifs douaniers »
    Il serait encore mieux de laisser les frontières ouvertes et d’abolir les tarifs douaniers.
    Pas besoin de traités faisant des milliers de pages pour ça…

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