Non, les candidats de gauche ne sont pas suicidaires

Non, la gauche n’est pas suicidaire. Elle est seulement résignée à perdre à la prochaine élection présidentielle.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Non, les candidats de gauche ne sont pas suicidaires

Publié le 17 janvier 2017
- A +

Par Jacques Garello.

Non, les candidats de gauche ne sont pas suicidaires
By: OFFICIAL LEWEB PHOTOSCC BY 2.0

Globalement ils donnent l’impression d’être tombés sur la tête. Mais ce n’est qu’une impression. L’explication de leur comportement est limpide : sachant qu’ils n’ont aucune chance d’être au deuxième tour, ils préparent l’avenir. L’avenir immédiat des législatives : sauver des sièges. L’avenir plus lointain : en 2020 les municipales, en 2022 les présidentielles.

Commençons par Jean-Luc Mélenchon. Il a arraché le soutien des communistes, pourtant sourcilleux sur le chapitre de leur indépendance. Cela s’est fait sur la promesse d’alliance dans les rares circonscriptions où l’extrême gauche a encore quelque chance de figurer, et de négocier avec d’autres candidats socialistes ou verts. En aucun cas ils ne se rangeront derrière le vainqueur des primaires de la gauche. Soutiendraient-ils Marine Le Pen au deuxième tour ?
Eux sûrement pas, leurs électeurs peut-être.

Échec programmé de Manuel Valls

La candidature de Valls est a priori la plus orthodoxe pour le Parti Socialiste. Moins radical que Hamon, moins « libéral » que Montebourg, il incarne la ligne de centre gauche sur laquelle Hollande était calé. Mais il est le plus populaire en vue d’un « rassemblement » qui échouera. Son programme est pour l’instant sans grande originalité ; si ce n’est le retour à l’exemption fiscale des heures supplémentaires et le revenu minimum de 800 euros pour tout Français (sous condition de ressources) – une charge de quelque 40 milliards d’euros. Mais l’important n’est-il pas de distribuer du pouvoir d’achat ?

Alors pourquoi cette profusion de candidatures aux primaires de la gauche, et surtout celle de Vincent Peillon ? Le « philosophe » a été propulsé dans la mêlée par deux fédérations importantes : celles de Paris et de Marseille. À Paris, Anne Hidalgo est allergique à Valls ; à Marseille, Mennucci veut retrouver une position nationale après avoir été défait aux municipales. Martine Aubry tire les ficelles des uns et des autres, tandis que Ségolène Royal fait les yeux doux à Macron.

L’oxymore Macron

Et Macron ? Il se défend d’être de gauche, mais aussi d’être socialiste. Sa ligne politique est bien affirmée : il est social libéral, ce qui est évidemment un oxymore ou une plaisanterie. Son libéralisme fait long feu. Il ne veut pas supprimer la durée légale du travail ; il veut surtaxer le capital ; il veut supprimer les cotisations maladie et chômage des salariés et compenser par une recette originale : la CSG sociale.

Il refuse obstinément de se présenter aux primaires (qu’il gagnerait peut-être). Il est difficile de trouver la clé de cette candidature. On peut chercher du côté de ses soutiens, notamment financiers – car il faut beaucoup d’argent pour s’installer dans une permanence aussi luxueuse, pour louer la salle de la Porte de Versailles, organiser un meeting de 10.000 personnes, faire une escapade à New York, et autres signes extérieurs de richesse. Les soutiens, dit-on, sont du côté du richissime François Patriat, de Claude Bébéar, de Jean Peyrelevade, de l’Institut Montaigne, du think-tank Terranova, de jeunes pseudo-libertariens. Ces gens appartiennent à des réseaux et cercles bien connus à Paris : la promotion Voltaire (à laquelle appartient Henri de Castries, successeur de Claude Bébéar mais qui a joué Fillon), les nostalgiques de Rocard et Mendès France, bref une élite qui voudrait garder le contrôle de la vie publique et de la haute administration. Grâce à son âge, à son charisme (relatif tout de même), Macron leur semble être le candidat idéal non pas pour l’immédiat, mais pour plus tard, après avoir créé un parti en dehors des partis actuels. Il faut montrer que l’on est incontournable pour exercer le pouvoir.

En conclusion, aucun de ces comportements, aucune de ces candidatures n’est suicidaire. Dès que la primaire de janvier sera passée, on discutera sérieusement des investitures pour juin 2017. D’ici là, il faut prouver que l’on existe, par tous les moyens, en espérant que soit rendu le verdict des électeurs de janvier et des sondages subséquents. Heureusement, la droite n’a pas ce genre de problème : seul François Bayrou croit qu’il a encore une chance – ce que les médias et les sondages laissent croire du moins. Le risque encouru par François Fillon est dans son entourage : nombreux sont ceux qui le soutiennent sans partager ses convictions et ont commencé à « adoucir » son projet. Jérôme Chartier nous a d’ailleurs prévenus : François Fillon n’est pas tenu par son projet (celui qui lui a valu son succès), il travaille maintenant à un programme (qui a pour nature d’entrer dans le détail, donc de modifier le projet). J’ai parlé de la volatilité des électeurs de novembre. La volatilité peut bien venir du fait que les électeurs n’aiment pas être pris pour des volatiles (des pigeons en l’occurrence).

Sur le web

Voir les commentaires (3)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (3)
  • En effet, si Fillon recule encore, je voterai pour couler la barque.
    Rien à perdre.

  • Je ne comprends pas bien la nuance entre projet et lrogramme concernant Fillon. Ce qui figure sur son site depuis longtemps déjà, est suffisamment détaillé pour que cela s’appelle “programme”. Y figurent les grandes lignes et les mesures, avec souvent, la façon de procéder.
    Je remarque que beaucoup de gens font encore confiance aux médias et à l’opinion qu’ils cherchent à nous imposer à l’aide de propos partiels ou d’analyses orientées, au lieu d’aller chercher directement l’information à la source.

  • Faut reconaite que les merdias ont vite reformé le cercle, et leur sémantique récurrente de gauche finit par porter ses fruits avec des vers bien au chaud. Les vrais valeurs de la gauche, la gangrène.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

C’est une petite musique qui monte : la politique économique des gouvernements successifs d’Emmanuel Macron est un échec (c’est vrai), car c’est une politique de l’offre (c’est faux).

Il est vrai que la situation de l’économie française n’est pas bonne. Le diagnostic est connu : faible croissance, investissements en berne, défaillances d’entreprises, chômage en hause, pouvoir d’achat menacé… Une partie de la classe politique, surtout à gauche, mais pas seulement, a trouvé le coupable : la politique de l’offre que mèneraient les gouvern... Poursuivre la lecture

Pour Frédéric Sawicki, professeur de science politique à l’Université Paris 1, la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre signale la concrétisation d’une alliance entre Emmanuel Macron et Les Républicains, mais aussi la position de force du Rassemblement National. Entretien.

 

Michel Barnier vient d’être nommé Premier ministre. Que signifie ce choix d’Emmanuel Macron ?

Frédéric Sawicki : La première chose à souligner, c’est que Michel Barnier vient de la droite et qu’il a forcément reçu le soutien d... Poursuivre la lecture

Voilà, c’est fait : après deux mois d’atermoiements et de « consultations » aussi théâtrales qu’inutiles, Macron a fini par désigner Michel Barnier comme nouveau Premier ministre en remplacement du stagiaire Gabriel Attal qui venait pourtant tout juste de maîtriser la photocopieuse du rez-de-chaussée.

 

Comme on pouvait le prévoir depuis la dissolution et les résultats en demi-teinte des élections législatives de juin, la nomination de ce vieux cacique de la droite centriste a provoqué une cataracte de larmes de gauchistes ... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles