Politique : ce qui vous attend pour 2017

Les hiérarchies verticales se déconstruisent, les marchés sont dynamisés, les comportements s’individualisent. Le monde est en tension, pris entre des opportunités nouvelles et des inquiétudes inédites.

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Politique : ce qui vous attend pour 2017

Publié le 14 janvier 2017
- A +

Par Erwan Le Noan.
Un article de Trop Libre

Qu’attendre du marché politique en 2017 ?
By: Timothy KrauseCC BY 2.0

En 2016, le Brexit et l’élection de Donald Trump ont confirmé ce qu’écrivait Pierre Dac : « Les prévisions sont difficiles, surtout lorsqu’elles concernent l’avenir ». En ce début 2017, établir de nouvelles prophéties peut donc sembler périlleux. Pour autant, personne n’aime avancer à l’aveugle. Au-delà des contingences, l’observation du marché politique permet de dégager quelques lignes de force et d’acquérir un peu de visibilité.

Du côté de la demande politique, deux forces se distinguent

La première est une revendication d’unité et de cohésion. Elle s’affirme à gauche par une obsession de lutte contre les inégalités. Surtout, elle s’exprime sous une forme culturelle, à travers une méfiance vis-à-vis de l’altérité et une réaffirmation identitaire, qui sont renforcées par une exigence toujours plus forte de sécurité. Ces deux mouvements, à gauche et à droite, témoignent d’un corps civique qui s’agace de ceux dont il estime qu’ils se sont mis en marge de la communauté nationale, soit par leur attitude prosélyte, soit par leur comportement financier. Du débat sur l’identité nationale (2007) à Occupy Wall Street (2011), ces tendances structurent le monde politique occidental.

La seconde, c’est la domination des sentiments. L’ère de « post-vérité » actuelle est alimentée par une exigence de reconnaissance des électeurs, qui veulent qu’on admette leur souffrance, qu’on confirme leur perception du monde. La tendance est ancrée : la « peur du déclassement » (2009) et le « sentiment d’insécurité » (2002) ont déjà alimenté le débat. Les classes moyennes (ou ceux qui se vivent comme tel) sont au cœur de cette dynamique.

Du côté de l’offre, deux tendances peuvent aussi être relevées

D’abord, le libéralisme n’est pas porteur. Partout dans le monde, le discours qui domine est à la sécurité (sociale, policière, culturelle, commerciale). La liberté, à l’inverse, peine à s’incarner : c’est une forme d’absence de contrainte, une confrontation de l’individu à sa propre responsabilité, un règne de l’incertitude et des possibles qui permet la création mais alimente l’angoisse. Cette réticence n’est pas incompatible avec la demande de réforme, mais celle-ci est davantage alimentée par le ras-le-bol fiscal et l’exaspération contre les abus que par le goût pour la philosophie tocquevilienne.

Ensuite, l’offre politique est marquée par une incapacité des grands partis, dépourvus de références idéologiques, à proposer une vision du monde. La gauche occidentale est laminée et divisée. La droite est pragmatique, tendant au conservatisme, mais sans base doctrinale forte et menacée par les populistes.

Protection et révolution

Ces forces se développent dans un contexte de mutation économique profonde. Avec le numérique et la mondialisation, depuis bientôt 30 ans, le capitalisme ne cesse de s’approfondir : les hiérarchies verticales se déconstruisent, les marchés sont dynamisés, les comportements s’individualisent. Le monde est en tension, pris entre des opportunités nouvelles et des inquiétudes inédites.

Ces mouvements dessinent un paysage d’où ressortent quelques conclusions politiques. La première c’est que les tendances fortes penchent du côté populiste, lequel allie la protection, qui rassure, et la révolution, qui assouvit la colère. La seconde, c’est que l’enjeu politique majeur est de parvenir à dessiner une société du XXIe siècle qui concilie unité et dynamisme. C’est le défi de la droite et de la gauche.

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  • « Au-delà des contingences, l’observation du marché politique permet de dégager quelques lignes de force et d’acquérir un peu de visibilité ».
    « Du côté de la demande politique, deux forces se distinguent ».
    « Du côté de l’offre, deux tendances peuvent aussi être relevées ».
    « Les hiérarchies verticales se déconstruisent, les marchés sont dynamisés, les comportements s’individualisent. Le monde est en tension, pris entre des opportunités nouvelles et des inquiétudes inédites »
    => C’est à Sciences Po ou à l’Ecole de formation du barreau de Paris qu’on apprend à ciseler des dissertations aussi creuses ? Naannn, chui bête, c’est à Sciences Po et à l’EFB… Je me demandais il y a quelques jours pourquoi je n’avais pas envie de contribuer financièrement à la pérennité de Contrepoints. Aujourd’hui, je sais mieux pourquoi. Merci, monsieur Le Noan !

    • Vous ne seriez pas un peu du genre de ceux qui regardent les match de foot en hurlant que les joueurs sont nuls et que vous joueriez mille fois mieux qu’eux (tout en ingurgitant force pizza, bières et cigarettes bien enfoncé dans votre canapé) ?

      • Désolé de vous décevoir, mais dans le portrait imaginaire que vous dressez de moi, je ne me reconnais qu’au sujet de la pizza. Tout le reste m’est totalement étranger : regarder les matches de foot ; hurler que les autres sont nuls ; ingurgiter force bières et cigarettes bien enfoncé dans mon canapé. En effet, je préfère la natation et la voile ; j’ai une confiance en moi très vacillante, et me remets très facilement en question ; je dois ingurgiter deux verres de vin rouge à table environ trois fois par an ; et je ne sais même pas par quel bout, blanc ou orange, on allume une cigarette.

        Pour en revenir à l’article d’Erwan Le Noan, j’ai déjà eu l’occasion de vérifier qu’il ne m’est pas difficile de produire des écrits à l’argumentation plus solidement charpentée. La principale différence entre Le Noan et moi, c’est sans doute mon aversion pour la pensée unique, qui me dicte entre autres de ne pas me répandre dans des articles et autres chroniques sur Contrepoints et dans l’Opinion… Fait exceptionnel, j’ai publié aujourd’hui un commentaire, qui n’a pas l’heur de vous plaire. Vous m’en voyez sincèrement navré, mais votre intervention ne m’a pas fait changer d’avis sur la qualité des écrits d’Erwan Le Noan.

  • Oui nous vivons une ère de changement et d’un coté il y a ceux qui se cramponnent au modèle socio-économique de la Nation Providence qui a démontré sa faillite et de l’autre ceux qui essayent de projeter le paradigme de la lutte des classes dans un monde réticulaire et individualiste.

    Là où je ne vous rejoint pas, c’est sur le « yakafokon » inventer une nouvelle vision du monde… même si c’est vrai, jeter la pierre à ceux qui sont dans le brouillard autant que soi relève de l’arrogance.

    – Quel modèle de partage et de création de la valeur peut remplacer le modèle capitaliste qui a sombré dans la sociale démocratie Etatique ?
    – Comment faire pour que le sentiment de sécurité rejoigne la réalité d’un monde qui n’a jamais été aussi sur ?
    – Comment assurer autrement les bénéfices certains qu’a apporté l’Etat tout en faisant disparaître ses inconvénients multiples ?

    Et comme vous le dites, comment redonner goût à la philosophie tocquevilienne à des générations maternées, déresponsabilisées et déculpabilisées en masse par l’idéologie rousseauiste ?

  • Pour moi, ça ne changera pas grand chose. Je choisi la vie que je veux sans rien attendre des politiques. Si plus de gens faisaient comme moi, leur vie irait mieux et le pouvoir politique serait réduit, laissant place à de vraies prises de consciences locales. HA, c’est bien d’être utopiste…

  • « une exigence de reconnaissance des électeurs » : n’est-ce pas là le b.a.ba de la démocratie ? Ou alors, changeons de régime !

    Avec le temps, la démocratie représentative s’est épuisée. Génération après génération, les prétendus représentants du peuple ont amplement démontré leur incompétence notoire quand il ne s’agissait pas de corruption. L’instantanéité de l’informatique accélère le rejet de l’ancienne forme démocratique et rend crédible de nouvelles expressions, plus diverses et fragmentées.

    Les idéologies deviennent moins pertinentes avec l’ère de la démocratie directe qui arrive. On ne votera plus pour des corpus d’idées subjectives mais pour des émotions ponctuelles aléatoires, à la carte. A la cantine démocratique, l’électeur ne prend plus le menu mais choisit désormais la carte.

    L’idéologie, ce renouveau de la sorcellerie, l’écologie en étant un parfait exemple, va continuer à prospérer sur des malentendus, mais au lieu d’appliquer uniformément une idéologie, on piochera des morceaux aléatoires d’idéologies diverses, ce qui conduira à produire un espèce de monstre politique informe, ingérable, un monstre apte à renverser les frontières des Etats-nations qui vont avoir fort à faire pour survivre.

    La sorcellerie moderne des idéologies n’a rien à envier à la sorcellerie antique des peuplades primitives. La différence avec nos ancêtres : la fréquence de renouvellement des idées farfelues par d’autres non moins saugrenues est nettement plus élevée. On brûle souvent les sorciers, avec une certaine frénésie.

    La démocratie directe ne sera pas plus satisfaisante que la démocratie représentative. Même si elle améliore le processus démocratique, elle n’est pas plus apte à la morale et à la justice que la démocratie représentative, étant donné que des électeurs incompétents sont encore et toujours appelés à s’exprimer sur des sujets qui ne les regardent pas et qu’en conséquence ils ne comprennent pas. C’est notamment le cas des impôts votés lorsque les électeurs ne les payent pas : forcément, le processus ne peut que mal se terminer, la parodie de démocratie faisant mauvais ménage avec le quotidien des populations.

    L’abstention élevée (en moyenne plus de la moitié des corps électoraux des pays démocratiques) exprime déjà le phénomène. De plus en plus nombreux, les électeurs refusent de se déplacer à tout propos. Ces électeurs ne rejettent pas nécessairement le principe démocratique. Ils font seulement preuve d’honnêteté intellectuelle, d’un sens élevé de la justice, de rigueur morale. En revanche, ceux qui se précipitent dans les bureaux de vote à la moindre occasion le font la plupart du temps pour de mauvaises raisons : incompréhension des enjeux ou, pire, volonté manifeste de nuire.

    Limiter les élections à ceux qui payent effectivement les impôts, voire pondérer les voix en fonction des impôts payés, permettrait de limiter la nuisance démocratique, tout en donnant réalité au concept si souvent dévoyé de contribution volontaire, qui est pourtant un idéal démocratique et surtout, la condition de la survie des régimes politiques, les crises ayant toujours une origine fiscale.

    Les formes imparfaites de démocratie, démocratie représentative ou démocratie directe, mettent en valeur la capacité de nuisance des électeurs, au lieu de révéler ce qu’il y a de positif en eux. Quand les Nations seront fatiguées du nivellement par le bas, alors, mais alors seulement, la forme supérieure de la démocratie s’imposera d’elle-même.

  • « Politique : ce qui vous attend en 2017 » ?
    => Toujours plus de commentaires creux et sans fin produits par une armée de journalistes, experts (ils ont publié un livre !) et autres chroniqueurs, tous formatés dans le même moule : celui où la pensée unique a établi son berceau et où l’on a érigé le ciselage de phrases vides de sens en compétence professionnelle. Heureusement qu’il y a les chaînes d’info en continu et Internet, sans quoi ils ne pourraient pas faire entendre leur voix originale et précieuse…

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