Pourquoi Marine Le Pen se trompe sur la sortie de l’Euro

Pourquoi Marine Le Pen a tort de dire que les Français ne subiraient aucune conséquence d’un retour à l’ECU lien fixe entre monnaies nationales.

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Marine Le Pen, Leader of the French National Front Image Courtesy: Rémi Noyon (www.flickr.com/photos/remijdn/6957828536/), Licensed under the Creative Commons Attribution 2.0 Generic | Flickr

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Pourquoi Marine Le Pen se trompe sur la sortie de l’Euro

Publié le 6 janvier 2017
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Par Pieter Cleppe.
Un article d’Open Europe

Pourquoi Marine Le Pen se trompe sur la sortie de l'Euro
Marine Le Pen, Leader of the French National Front Image Courtesy: Rémi Noyon (www.flickr.com/photos/remijdn/6957828536/), Licensed under the Creative Commons Attribution 2.0 Generic | Flickr

La candidate d’extrême droite française Marine Le Pen a apporté hier un éclairage sur sa façon d’envisager les arrangements monétaires de la France après une sortie de l’euro et une réintroduction du franc. Exceptée sa suggestion de remettre en place un panier de monnaies, elle a avancé qu’un monnaie nationale co-existant avec une monnaie unique n’aurait aucune conséquence sur la vie quotidienne des Français.

Cette affirmation est inexacte, même si je pense que se débarrasser de l’euro est une bonne idée sachant qu’il rend possible une augmentation des dettes insoutenables, ce que ne feraient pas les monnaies nationales (et les monnaies privées seraient encore plus efficaces de ce point de vue). L’ECU, ou « unité de compte européenne » qui précéda l’euro, n’était rien de plus qu’une forme poussée d’ancrage de devises. Or, si un tel système apparaît instable, il finit par se rompre, comme ce fut le cas sous les attaques de George Soros en 1997, dont la victime fut la livre sterling. Remettre en place le franc serait un événement majeur, pour les trois raisons suivantes :

La fin de l’argent facile

Les banques françaises ne profiteraient plus de l’argent facile via la Banque Centrale Européenne, puisqu’elles dépendraient dorénavant de la Banque de France pour se financer. Plus une monnaie est utilisée, plus la banque centrale peut s’en sortir dans le cadre d’une expansion monétaire incontrôlée. Plus il y a d’expansion, plus les taux d’intérêts sont bas, étant donné qu’ils constituent le prix de la monnaie. Le résultat est que les taux d’intérêts que paient les banques françaises à leur banque centrale augmenteraient considérablement, et avec eux les taux d’intérêts pour les emprunteurs Français. Pour résumer, les épargnants y gagneraient, puisqu’il auraient des gains plus élevés, et les politiciens y perdraient. L’État français devrait réduire considérablement ses dépenses.

Un possible défaut de l’État français

Une sortie de la France de l’euro pourrait bien entraîner un défaut de son État, sa dette extérieure augmentant relativement à la valeur du nouveau franc.

La dépréciation de la nouvelle monnaie nationale

Les épargnants français jouiront de taux d’intérêts plus hauts, mais parallèlement, leur pouvoir d’achat souffrira de la probable dévaluation du franc français. Cependant, contrairement à des pays comme la Grèce, la valeur de l’euro n’est pas actuellement hors de phase avec la performance économique de la France, et nous ne devrions donc pas surjouer cette troisième raison.

Si Marine Le Pen est élue — ce qui est peu probable étant donné la faible marge d’erreur des sondages — et si elle lance alors un référendum sur l’euro, je pense que la probabilité est forte que les Français choisissent de conserver l’euro, précisément pour les trois raisons évoquées ci-dessus. Les ménages maintiendraient-ils leur épargne dans les banques françaises, à l’approche d’un référendum sur l’euro ? Ils éprouveraient certainement de la crainte mais l’argument selon lequel leurs dépôts seraient en danger, en cas de vote contre l’euro, serait convaincant.

L’effondrement éventuel de l’euro serait probablement la conséquence d’un événement financier et non politique, quand l’Allemagne ne voudra plus laisser détruire la base de son épargne pour sauver l’euro après un crash financier majeur. Cet événement pourrait être long à se produire, ou pas, mais, à un moment ou un autre, la volonté de l’Allemagne de sauver l’euro prendra fin, du moins c’est ce que je soupçonne.

Traduction Contrepoints

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  • Programme économique de le Pen=bidon….Planche à billets à gogo et éffondrement de la monnaie…

  • Sans débattre sur le fond, je ne comprend rien aux arguments avancés dans cet article

    « la banque centrale peut s’en sortir dans le cadre d’un expansion monétaire incontrôlée. Plus il y a d’expansion, plus les taux d’intérêts sont bas »
    ==> En cas d’expansion monétaire incontrôlée, c’est l’inflation qui explose et donc les taux d’intérêts suivent. Les épargnants n’y gagneraient donc pas du tout.

    « Une sortie de la France de l’euro pourrait bien entraîner un défaut de son État, sa dette extérieure augmentant relativement à la valeur du nouveau franc. »
    ==> En cas de défaut d’un état, il y a restructuration de la dette, voire annulation d’une partie de celle-ci. En quoi la dette augmenterait en cas de défaut ??? Mystère.

    « la valeur de l’euro n’est pas actuellement hors de phase avec la performance économique de la France »
    ==> Ah bon ? Aucune croissance réelle, taux de chomage pléthorique, taux de prélèvements obligatoires déjà au-dela du supportable, ce qui ne laisse plus aucune marge de manoeuvre pour lutter contre une dette gigantesque. La valeur de l’euro est vraiment en phase avec cette situation économique là ? Si c’est le cas, pourquoi y aurait-il alors une dévaluation du nouveau franc français que l’article mentionne. Totalement incohérent.

    • Première remarque : vous avez raison, l’auteur s’est emmêlé dans sa démonstration en voulant trop synthétiser son propos. Au minimum, c’est très mal dit, au pire pas du tout compris.

      Deuxième : là, vous avez tort ; c’est bien la hausse du coût de la dette qui entraîne le défaut, ce qui est clairement exprimé.

      Troisième : vous n’avez ni tort ni raison ; la valeur de l’euro est faible (plus faible qu’avant), ce qui correspond à la faiblesse des économies grecques, italiennes et françaises, elles-mêmes faibles, mais est bien sûr incompatible avec l’économie allemande. Le Pen propose de sortir de l’euro pour financer un niveau élevé de dépenses publiques avec de l’argent imprimé par la BDF, ce qui revient à dévaluer massivement le franc. Mais cette politique ne durera pas longtemps car ce genre d’opération suicide se termine par définition très mal, très vite.

      Oui, on peut sortir de l’euro, mais à une condition : en promettant un franc fort, plus fort que l’euro, donc en baissant fortement les dépenses publiques et en consacrant les économies dégagées au remboursement de la dette. Sortir de l’euro avec succès, c’est accepter de payer la dette par le licenciement des fonctionnaires et par les coupes franches dans les dépenses sociales. Si le franc est fort, la dette contractée en euros sera proportionnellement moins chère à l’avenir, ce qui permettra rapidement d’équilibrer les comptes publics, augmentant encore plus la valeur du franc dans un cercle vertueux. Mais le contraire, revenir au franc pour le dévaluer, c’est d’avance voué à l’échec.

      L’euro étant devenue une monnaie faible sous le mandat de SuperMariole, on peut aujourd’hui raisonnablement soutenir un retour au franc si et seulement si on fait le choix d’un franc fort. Si la France fait ce choix, celui de la vertu, celui d’une monnaie forte, celui d’une économie libre et prospère, celui de comptes publics sains car fermement limités, alors il ne faudra pas une décennie pour qu’elle redevienne un des pays les plus riches et puissants au monde, compte tenu de ses atouts exceptionnels malheureusement gâchés par des décennies de politique collectiviste socialiste.

  • L’intuition que l’Allemagne pourrait abandonner l’euro, du moins refuser sa dégradation continue pour sauver l’Italie ou la France, est partagée par de nombreux observateurs.

    SuperMariole n’en a plus pour longtemps et il est très improbable que son successeur soit aussi complaisant.

    La France va donc devoir bientôt faire les réformes nécessaires, non pas volontairement malheureusement, mais sous la contrainte, dans l’urgence.

  • Vous dites n’importe quoi : « Open Europe est un think tank ayant des bureaux à Londres  » ouais ba génial vous êtes même plus dans l’U.E…

    Bon aller les terroristes libéraux (cf vos réformes radicales) aller faire votre djihad ailleurs que sur nos terres, merci.

    Pour le reste cette institut de propagande doit se taire, la France a été la France avant le Franc….

  • « étant donné la faible marge d’erreur des sondages »
    J’adore !

  • Encore une catastrophe annoncée par de pseudos économistes qui ne se produira vraisemblablement pas même si Marine le Pen est élue, et quand bien même, il faut mettre un terme à l’oligarchie qui domine depuis bien trop longtemps.

  • C’est mon opinion, que même si nous quittons l’Euro en cas d’élection d’une nouvelle personnalité politique à la tête de la France en mai 2017, le ciel ne nous tombera pas sur la tête.
    Comme répété continuellement par les forces progressistes des gouvernements actuels et passés (souvenez vous de ceux de monsieur Fillon).
    Il n’y a qu’à voir le démarrage du Brexit, l’arlésienne des élites européennes de Bruxelles, qui n’attendent que cela pour faire leur démonstration de « encore plus d’Europe » applaudit en passant par l’intelligentsia franco française gouvernementale et celle des LR puisque cela l’arrange aussi. On retrouve dans ce « deal » le fameux pacte républicain dans le versant financier bien huilé pour encore plus « emprunter » pour payer le déficit structurel de la France, et attacher encore plus les français au « merveilleux modèle social que le monde entier nous envie ».
    Et si d’aucun se pose la question de comment ferrât-on pour payer les échanges marchands entre les régions, gageons que nos paysans remettront au gout du jour, les systèmes d’échanges locaux. Pour payer mes artichauts bretons, je paierai avec des sels franc-comtois, si j’habite en Franche Comté et l’acheteur du coté de Marseille, échangera ses sels méditerranéens. Et les paysans français, trouveront bien une infrastructure dédiée, pour convertir les sels inter régionaux, qui se passerait des banques, ces institutions financières qui ont TOUTES contribuées au déclin comptable de la France.
    Quant aux euros en circulation en France, la BCE, ne pourra jamais les récupérer tous, et si cela été, par l’intermédiaire des banques soumises aux diktats européistes, ce serait un cas de déclaration de guerre, qu’il conviendrait de combattre en employant la manière très forte. L’atomisation des Institutions Européennes. Les allemands s’y préparent, les financiers mondialisé le présentent, le président renonçant nous a « prévenu » dans ses vœux aux français, les médias aux ordres, font encore ce que leurs subventions leur permettent de faire, il ne reste qu’aux « sans dents » sans chemise et sans pantalon, de faire leur boulot, finir la comédie du socialisme liberticide et du libéralisme d’opportunisme électoral enchanté silencieusement par les médias de la Gauche.
    Celui qui voulait ré enchanter le rêve des français et nous a fait vivre un cauchemar pendant 5 ans ne doit pas nous « reparaitre comme un sauveur » mais comme un exterminateur. De tout ce qui a fait la France, de son histoire, de la Gauche et de la Droite, de sa monnaie et de ses institutions dont il a à jamais abaisser la valeur et le prestige.

  • Aujourd’hui tout ce qui peut contribuer à dégrader l’épargne(des vieux) pour redynamiser l’investissement (des jeunes) est bienvenu. Dévaluer la monnaie semble le plus simple… comme le démontrent les Anglais.

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