Par Philippe Bilger.

Teodorin Obiang, le fils du président de la Guinée équatoriale, sera jugé à partir du 2 janvier par le tribunal correctionnel de Paris (Le Point).
Si ce premier procès pour les « biens mal acquis » va se dérouler, c’est à la fois grâce à l’action de deux associations – toutes les associations ne sont pas inutiles et désireuses seulement de démontrer par n’importe quel moyen qu’elles existent ! – et à une justice qui a surmonté obstacles et recours pour faire advenir ce débat.
Le prévenu conteste toute dilapidation et le moindre détournement de fonds publics. C’est son droit.
Le procès des biens mal acquis
À constater cependant l’énormité somptuaire relevée à Paris et récapitulée – aucun des signes d’un luxe dépassant toute mesure n’est omis, appartement, voitures, haute couture, etc. -, on éprouve de la nausée et en même temps de la fierté.
De la nausée. Cette gabegie, cette accumulation qui, par leur surabondance, dénaturent le désir pour ne servir que le narcissisme, la vanité et la vulgarité donnent envie de vomir. Ce n’est pas concevable, ce n’est pas humain. Tant de cynisme dans l’appropriation, et de bonne conscience dans la certitude que le pouvoir n’a de sens que s’il se sert, s’il est servi.
De la fierté. On songe à ce magnifique continent, à ces pays d’Afrique, à la Guinée équatoriale et à la goutte de Justice qu’on va verser contre ce scandale d’une richesse frauduleusement constituée et d’une misère si souvent supportée avec le sourire qu’on en oublie son caractère ravageur, destructeur, mortel.
De la fierté encore à l’égard de cette institution judiciaire qui vient au secours de la restauration d’un équilibre et supplée une impuissance qui, dans ces pays, est fatale. La plupart du temps, la gestion des intérêts y prend le pas sur l’intérêt général.
Une fierté d’autant plus ressentie que la Justice sort des miasmes politico-mondains de l’affaire Sauvage pour emprunter la voie royale de ce pour quoi elle est faite : sanctionner l’intolérable pour peu qu’il soit qualifiable pénalement et établi. C’est sa grandeur, son honneur, sa mission.
Quelle que soit l’issue de cette instance, en elle-même elle donne de l’espoir. Une goutte de justice seulement, mais cette dernière est parfois contagieuse, irrésistible.
2017 commence bien.
—
Peut être devrions nous faire un inventaire exhaustif des biens de nos chers politiciens si nous en avions le courage, l’on pourrait être surpris… En tout cas la Guinée Équatoriale l a osé , merci aux 2 associations, félicitations, attendons maintenant de voir si justice sera réellement rendu, ou si d’une pirouette, rien ne sera fait, montrant par la même occasion que la justice à deux vitesses existe. Affaire à suivre
Les commentaires sont fermés.