Cette rose bleue du FN qui sent bon le communisme

Le programme du Front National lors des dernières régionales n’est rien d’autre qu’une planification étatiste. Retour sur un programme qui a bien des points communs avec le communisme.

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Cette rose bleue du FN qui sent bon le communisme

Publié le 21 novembre 2016
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Par Gaspard Koenig.

rose bleue du FN
Blue edit by alib824(CC BY 2.0)

Je fais partie des électeurs candides qui consultent les programmes des partis politiques. Celui que l’on peut lire sur le site du Front national, proposé lors des dernières régionales, rejetant « la mondialisation ultralibérale » tout autant que « la dictature des marchés » ou « le dogme de la concurrence », pourrait être signé Maurice Thorez.

Le FN veut étatiser totalement la France

Au-delà des promesses de circonstance sur le maintien des 35 heures, le retour de la retraite à 60 ans ou l’alignement de la fiscalité du capital et du travail, au-delà des envolées rhétoriques contre le grand capital ou pour le partage des profits, le FN propose, de manière cohérente et détaillée, une étatisation totale de la France.

Fini les errements de l’initiative privée : une « Planification stratégique de la réindustrialisation », directement rattachée au Premier ministre, décidera des investissements les plus judicieux. Tant mieux s’il faut pour cela nationaliser quelques secteurs décadents, comme les banques (qui feront l’objet, c’est écrit noir sur blanc « d’une nationalisation partielle aussi longtemps que nécessaire ») ou les transports (les autocars, tout juste légalisés par Emmanuel Macron. passeront-ils sous la coupe de la SNCF ?).

Chacun sera mis à contribution pour ce grand projet national : les entreprises du CAC40 devront « affecter 15% de leur résultat net en réserve spéciale de réindustrialisation », tandis que l’épargne des particuliers sera allouée à la dette publique « par des mesures fiscales et réglementaires ».

Encadrer les prix et engager des fonctionnaires patriotes

Mais contrôler la production ne serait pas amusant si les prix restaient libres : voilà pourquoi le FN s’engage à encadrer ceux des « produits alimentaires de première nécessité (lait, pain, sucre, beurre, farine, etc.) » sans hésiter à constituer des « stocks d’intervention » si besoin (de futurs silos nationaux ?).

Fer de lance de cette reprise en main : les fonctionnaires, dont les effectifs seront stabilisés et le statut préservé – à condition toutefois de rester dans la ligne du parti : ainsi l’ENA devra-t-elle « veiller à recruter des hauts fonctionnaires patriotes » (sic). Enfin, clin d’œil tragicomique à l’histoire, le FN promet de réorienter la politique étrangère française dans le sens d’une « alliance stratégique poussée » avec… la Russie !

Les boulangers voteront-ils FN si le prix du pain est encadré ?

fn-rene-le-honzecAvant de mettre leur bulletin dans l’urne, les boulangers feraient donc bien de se demander s’ils souhaitent que le prix de la baguette soit déterminé par Bercy (et quid de la tradi ? du pain aux céréales ?). Et les 45% de commerçants et chefs d’entreprise qui selon l’Ipsos ont voté ou pourraient voter pour le FN feraient bien de regarder de plus près son programme. L’autoritarisme social va toujours de pair avec le dirigisme économique.

Le programme du Front national pourrait être signé par Maurice Thorez. Les commerçants ou chefs d’entreprise qui s’apprêtent à voter FN ont-ils bien lu ?

Le drame, c’est que tous les grands partis français, de gauche comme de droite, restent aujourd’hui empreints d’une vague nostalgie pour l’économie administrée, et se gardent bien de critiquer le FN sur ce terrain. On peut y trouver toutes sortes d’explications.

Personne ne critique l’économie administrée

Jean-François Revel considère, dans La Grande Parade, que le vocabulaire du socialisme porté par les élites dominantes a fait le terreau de la « pensée unique illibérale ». Plus radical encore, l’historien Robert Paxton, dans des pages trop peu commentées de son livre sur Vichy, voit dans le pétainisme la naissance du dirigisme à la française, qui continua d’imprégner les gouvernements d’après-guerre. Quoi qu’il en soit, il semble que le FN dise tout haut ce que les autres pensent tout bas : tout irait mieux sous le soleil de l’État.

Le seul rempart au FN sera donc d’imaginer une offre politique alternative, fondée sur les libertés, soucieuse d’autonomie individuelle et tellement mieux adaptée à la société numérique en train de naître. En Espagne le jeune parti libéral et radical Ciudadanos est annoncé à 23% aux législatives de la fin du mois. Contre les inexorables progrès du communisme, à quand un Ciudadanos français ?

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