Recette facile pour créer un demi-million d’emplois

Une libéralisation permettrait la création nette d’emplois dans le secteur de la santé entre 200.000 (à 3 ans) et 500.000 à 10 ans. Nos voisins européens, plus ouverts en matière de concurrence, nous offrent de bons exemples.

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Recette facile pour créer un demi-million d’emplois

Publié le 4 octobre 2016
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Par Gérard Dosogne.
Un article d’Emploi2017

Santé : comment créer un demi-million d’emplois
By: Steven DepoloCC BY 2.0

Dans un colloque donné l’an dernier, l’association Impactent a présenté le système de santé des Pays-Bas comme modèle à suivre pour la France. Ce pays a libéralisé son système en 2006 et il est le plus performant du monde d’après le classement du EuroHealth Consulmer Index. Quelles en seraient les conséquences en France en termes d’emplois ?

Nous estimons qu’une libéralisation permettrait la création nette d’emplois dans ce secteur entre 200.000 (à 3 ans) et 500.000 à 10 ans. Les comparaisons avec les pays qui nous environnent, et ont un système plus ouvert à la concurrence que le nôtre, nous y confortent. C’est ce que nous allons analyser et calculer dans les différents points qui suivent.

260 000 infirmiers en plus

Le nombre d’infirmiers pour 1.000 habitants est particulièrement faible en France, soit 9,8. Par comparaison l’Allemagne est à 13, la Suisse à 17,4, le Danemark à 15,5, les Pays-Bas à 12,1, les USA à 11,1. Si l’on prend la moyenne des pays que nous venons de citer elle est de 13,8. Si la France s’alignait sur ce chiffre, cela signifierait 260.000 infirmiers en plus !

On passerait alors de 2,8 infirmiers par médecin à 4, ce qui se rapproche du ratio des pays les plus performants1.

Hors infirmiers, 220 000 personnels soignants en plus

On constate également le déficit de la France en termes de personnel soignant hors infirmiers. En 2009, pour 10.000 habitants, la France avait un personnel soignant de seulement 132 personnes, contre 161 en Suisse, 190 aux Pays-Bas, 201 en Belgique, 313 aux USA… (mais 128 en Allemagne). La marge de progression est donc importante et si la France visait le chiffre de 200, cela signifierait 220.000 soignants en plus, hors personnel infirmier.

30.000 médecins supplémentaires

Il y a en France 116.000 médecins libéraux dont seulement 60.000 généralistes. Si l’on admet qu’il faudrait en augmenter la densité dans la moitié des régions françaises (d’environ 3 par 10.000 soit 20.000) et créer entre 3.000 et 5.000 maisons de santé de proximité, le chiffre de 30.000 médecins supplémentaires est parfaitement justifié.

Au passage, cette question évoque évidemment celle du remplacement des médecins partant à la retraite : en 2014 il y avait 215.000 médecins en activité, dont 53% de plus de 55 ans… Cependant, sur les 7.000 médecins qui sortent chaque année des facultés de médecine, 25% ne s’inscrivent pas à l’ordre (Ils travaillent dans les laboratoires, mutuelles…).

Pour que le remplacement puisse se faire correctement il faut donc offrir des conditions attractives pour la médecine dite de ville (libérale), ainsi que de nouveaux modèles (en dehors de la tarification à l’acte) qui pourraient être couverts par des assurances privées.

Dans cette optique, il faudrait donc doubler le chiffre du numerus clausus et revaloriser le métier de généraliste.

Revoir les normes et les autorisations administratives pour l’ouverture de maisons de retraite et pour personnes handicapées, et créer plus de 100.000 emplois

Selon les spécialistes du secteur, alors que l’on construit une maison pour handicapés en 1 an en Belgique, il faut 10 ans en France ! Les tarifs sont de 20% inférieurs en Belgique, avec pourtant plus de personnel par résident. De ce fait, 8.000 handicapés français sont hébergés en Belgique, pour un coût supérieur à 500 millions d’euros, et 6.000 emplois créés en Belgique de ce fait. On y trouve également 2.000 retraités français, dont la migration a permis la création de 1.000 emplois belges. Les exemples de ce type sont nombreux…

Appliqués à toute la France, ces « assouplissements » administratifs devraient permettre la création de 30.000 emplois. Il existe en effet aujourd’hui 1,7 million de personnes de plus de 85 ans, qui demandent de plus en plus de soins, soit à domicile, soit en maisons spécialisées. Et ce chiffre croît chaque année sous le double effet de l’augmentation de la population et de l’espérance de vie. Dans un environnement libéralisé, le gisement d’emplois (soit soins de proximité, à domicile ou en maison de retraite) serait donc considérable : entre 100.000 et 150.000.

Les nouveaux services

Il est difficile d’estimer la création dans des nouveaux services (« allô nounous », nurseries pour enfants malades, etc.) et d’éviter de compter les créations d’emplois deux fois ! Ce que nous avons donc, de façon prudente, indiqué « pour mémoire » dans le tableau récapitulatif.

Une diminution des emplois administratifs

Les coûts de gestion (coûts administratifs, prévention, santé publique, subventions) sont très importants dans notre système, puisque la France présente une part de 50% plus élevée que celle de la moyenne de l’OCDE. Cela est largement dû à l’existence de deux financeurs institutionnels pour chaque prestation, ainsi qu’à la multitude des régimes… Dans ce cadre, l’introduction de la concurrence et d’un seul payeur par prestation devrait rationaliser le système et entraîner une baisse des coûts administratifs (et du personnel). Dans le même temps l’État ne gardant que la charge de la solidarité, devrait repositionner une partie de ces agents pour la partie dite assurance.

Une grande restructuration sera également attendue au niveau des mutuelles puisque sur les 60 mutuelles qui existaient aux Pays-Bas avant leur réforme de 2006, il en reste 20, et 4 représentent 80% des assurés ! Par comparaison il en existait 1.250 en France en 2005, 719 en 2010, et il en est prévu moins de 300 en 2017. Avec la réforme envisagée et la concentration subséquente du secteur, on pourrait avoir une douzaine de mutuelles représentant 80% du marché.

Au total, on estime la baisse de l’emploi administratif à 40.000 sur 10 ans.

Récapitulatif

tableau-emploi2017

  1. Pays-Bas 3,7, Allemagne 3,2, Suisse 4,3, Danemark 4,5, USA 4,1.
Voir les commentaires (11)

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  • Et sans oublier de préciser que les 500 000 emplois supplémentaires seront financés avec le budget santé actuel, moins la baisse de 10% minimum attendus d’une mise en concurrence

    PS je n’ai jamais compris l’écart entre la déplorable qualité des maisons de retraite, d’accueil spécialisé pour handicapés entre la,France et la,belgique, et encore moins que notre moins de qualité à nous, soit en plus bien plus chère.

    • tu ne comprends pas , les fonctionnaires sont la cause . cette histoire de 500 000 fonctionnaires médecins en plus ne sont pas de réels emplois mais un futur gouffre financier supplémentaire . plus de personnel , plus de chiffre d’affaire, plus de dépenses de santé , moins de dépense ailleurs moins de salariés productifs , plus de chômage .10% de baisse….la concurrence..une vue de l’esprit dans le monde médical , je n’ai jamais vu une mutuelle baisser ses prix , alors moins de mutuelles ne peut être que pire.
      pour améliorer les performances d’un système il faut améliorer chacun de ses composants , le plus mauvais étant le plus important , il fait la qualité de l’ensemble : le médecin est le principal problème dans notre système médical français..surement a cause des misérables 23 euros en faisant des prostitués.

  • hum … Je ne suis pas contre l’idée (libéralisation), mais la main invisible n’est pas une main magique elle ne va pas trouver miraculeusement 15 milliards pour payer 500 000 personnes (sur la base de 30 000 € / an chacune, brut), et elle ne va pas non plus miraculeusement sortir du chapeau 500 000 personnes dont la formation prend entre 2 et 10 ans. Même si la libéralisation était effective là, tout de suite, et bien dans 3 ans ou dans 10, les emplois promis ne seraient pas là et les anti-libéraux aurait beau jeu de dénoncer les promesse pas tenues.
    La France n’est pas bloquée par UN frein qu’il suffirait de desserrer pour qu’elle reparte, c’est une vielle 2ch tractant d’innombrables brouettes trop chargées, le moteur poussif datant de Mathusalem qu’on n’entretient pas mais qu’on essaie de sauver par un bricolage de dernière minute (Alstom), aux roues crevées, avec des passagers qui se battent avec le conducteur complétement stone sur différents sujets (aussi cruciaux que : quel film il faut projeter sur le pare-brise (utilisé comme écran de cinéma), si on a le droit de fumer et quoi, et si un garçon a le droit de porter une burka bleu), engagée sur une montée raide et glissante vers un cul-de-sac notoire (socialisme), la moitié de la caisse dans le vide (dette) et qui menace chaque jour un peu plus de tomber franchement (déficit).
    Bref : d’aucuns disent que « ce pays en foutu ». C’est difficile de les contredire, et c’est pas les incantations libérales qui peuvent suffire

  • Moi, petit français payeur pour les autres de ces emplois médicaux administratifs hyper couteux pour la sécurité sociale, j’aimerai savoir si un chercheur journaliste économiste du fond de la classe, près du radiateur, ne pourrait pas se pencher sur l’étude de la suppression du ministère de la cigarette.
    Quant on songe aux 80 000 morts directs par cigarettes en France et son lot de morts par dégât collatéral, la nation pourrait se passer de cette tache de soigner ces « enfumés » et les économies en termes d’emplois, de matériels, d’examens médicaux se tourner vers d’autres secteurs pathologiques plus raisonnablement partagés. Et laisser les mutuelles, se charger de différentier leurs futurs « bénéficiaires » des soins qu’ils auraient « librement » choisis d’assurer, plutôt que ceux des « fumeurs depuis leur tendre adolescence ». En d’autre terme, il me semble que certaines pathologies devraient être  » augmentées par des surprimes » pour ces futurs clients aux risques tabacologiques.
    Faire des projections d’emplois, « ça ne coute rien, c’est l’état qui paye » disait le capitaine du pédalo, donc ces 470 000 futurs emplois, seront « encore » des emplois de fonctionnaires de la santé, financés par nos impôts, comme le fait remarquer cap2006.

    • « … la nation pourrait se passer de cette tache de soigner ces « enfumés »… »

      Avec 80% de taxes sur le tabac, une personne qui fume un paquet par jour « cotise » environ €2 000 par an. Ça le fait, non… comme surprime couverture santé…

      • José ,

        D’accord avec vous sur cette question…un paquet de Marlboro à + de 7 € , c’est quasi 80 % de taxes soit 5.60 € 5 12 % pour le fabriquant et 8 % pour le buraliste) …donc 5.30 € * 360 jours = 2000 € piqués par le fisc à différents niveaux ( compter les années qu’il fume sans maladie et les fumeurs qui ne sont jamais malades !!!)… le fumeur finance tout seul le traitement de sa maladie …cqfd…

        • C’est une très mauvaise excuse pour laisser la nation se charger de la tâche de soigner l’enfumage. Puisque votre calcul montre que le système s’équilibre, pourquoi ne pas laisser les assurances et les mutuelles fixer elles-mêmes le montant de la surcotisation, plutôt que le fisc ?

          • Michel ,

            A priori , voire même à postériori , le bon libéral ne demande pas à être taxé sur ce qu’il aime , fait , sur ses petits bonheurs et ses addictions ( le tabac ici) …il demande que l’état fasse son boulot de nature régalienne ( qu’il assure la libre circulation des biens , idées et personnes) et qu’il lui foute la paix sur le reste…en bon système libéral , si votre fumeur ruine sa santé avec du tabac sans taxes ( le paquet de Marlobro à 1.20 €) , il gère les csq de son addiction via des assurances ou son kapital s’il ne s’assure pas …simple , non !!!!

      • surtaxe ne s’appliquant pas aux sports ,hors les sportifs fréquentent assidument les cabinets médicaux alors que les fumeurs…!

  • Pour ma part, après avoir regardé le rapport sur la situation aux Pays Bas, je trouve cette opération largement avantageuse. On peut toujours critiquer, c’est vrai. Certains libéraux râlent sur tout ce qui n’est pas 100% liberal, mais entre une santé soviétisée à la française (cotisations, caisses inégalitaires, régimes spéciaux, personnels sous-payés, deresponsabilisation des patients, connivence des labos et du pouvoir, fixation des prix, etc.) et un système 100% liberal (dans lequel le fumeur de reactitude crèvera se son cancer faute d’avoir épargné de quoi se soigner, et faute de pouvoir compter sur la solidarité d’un quelconque groupe social), il y a un monde.
    L’option néerlandaise serait déjà une révolution chez nous. Et franchement, ce serait une nette amélioration de notre pays…

  • Créer des emplois ? Mais vous n’y pensez pas ! Qui resterait-il pour voter socialiste ?

  • Les commentaires sont fermés.

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