Par Jean-Yves Naudet.
Un article de l’Iref-Europe
L’Allemagne n’est pas un paradis économique, mais quelques comparaisons simples montrent qu’elle se porte mieux que la France. C’est d’abord vrai dans un domaine, essentiel pour l’opinion, celui de l’emploi.
Les résultats sont clairs : depuis 2005, le chômage a reculé très fortement en Allemagne (le taux est presque trois fois plus faible aujourd’hui), alors qu’il a augmenté en France avant de se stabiliser au-dessus des 10 %, et qu’il recule sensiblement depuis quelques années dans l’ensemble de l’OCDE, comme dans l’Union Européenne.
Plus de croissance et un commerce extérieur florissant
Du côté de la croissance du PIB, les résultats annuels sont clairs : 1,6 % de croissance en Allemagne en 2014 contre 0,2 % en France, 1,5 % en 2015 chez notre voisin contre 1,2 % chez nous. Pour 2016, la croissance trimestrielle est identique au premier trimestre (0,7 %), mais elle est de 0,4 % au second en Allemagne contre – 0,1 % en France. Les prévisions de l’OCDE, publiées le 21 septembre, vont dans le même sens : les projections de croissance pour 2016 sont de 1,8 % en Allemagne contre 1,3 % chez nous.
Il n’est pas besoin d’insister sur un autre indicateur, celui du commerce extérieur : l’Allemagne accumule les excédents (248 Md€ en 2015) et la France les déficits : 45,7 en 2015. Il n’y a pas photo. Sans aller jusqu’à parler de miracle allemand, il faut constater que la situation est meilleure qu’en France. Faut-il s’en étonner ?
Equilibre budgétaire versus déficits
On pourrait chercher une explication du côté des politiques conjoncturelles. Pas du côté de la politique monétaire, puisque la monnaie est commune aux deux pays et qu’il n’y a qu’une politique monétaire de la BCE pour l’ensemble de la zone euro. Qu’en est-il de la politique budgétaire ? Si l’on en croit les keynésiens, le déficit budgétaire et les dépenses publiques boostent la croissance et l’emploi.
De ce point de vue, la France devrait avoir des résultats bien meilleurs que l’Allemagne, puisque les finances publiques sont en déficit et que les dépenses publiques explosent. Or c’est l’inverse qui se produit, preuve que les relances par les déficits et les dépenses publiques sont sans effet, ou plutôt n’ont que des effets négatifs.
En effet, l’Allemagne a annoncé en juillet que le projet de budget pour 2017 serait à l’équilibre, voire en excédent, de même que ceux des trois années suivantes, alors que c’était déjà le cas en 2015 comme en 2016. Résultat : la dette publique allemande ne cesse de reculer ; elle était de 81 % du PIB en 2009, la voilà un peu en dessous des 69 % cette année et elle devrait être ramenée à 60 % en 2020.
La France connait la situation inverse : le déficit persiste, (3,4 % du PIB en 2016, un peu moins en 2017 « grâce » à quelques tours de passe-passe budgétaires) aggravé par les promesses de dépenses publiques tous azimuts et la dette publique continue à augmenter (96,4 % en 2016). Les dépenses publiques atteignent 57 % du PIB contre 44 % en Allemagne. Les illusions keynésiennes s’évanouissent : le laxisme budgétaire est contreproductif. Et les impôts n’ont cessé d’augmenter chez nous, comme l’IREF l’a encore montré la semaine dernière.
Réformes versus immobilisme
La leçon est claire : les politiques conjoncturelles de relance ne font qu’aggraver la situation ; seules les réformes structurelles peuvent améliorer les choses. Le marché du travail se porte bien en Allemagne depuis les réformes le libéralisant (réformes Schröder, lois Hartz).
Alors que le marché du travail allemand était l’un des plus réglementés, le voilà libéralisé et la flexibilité devient la règle, surtout pour les TPE, comme l’IREF l’a montré. Les Allemands sont également beaucoup plus favorables à la libéralisation du commerce international, leurs exportations tirant la croissance et l’emploi, face à une France aux réflexes protectionnistes.
Mais il y a bien d’autres éléments : le poids de la fonction publique (50 fonctionnaires pour 1000 habitants en Allemagne, 90 chez nous) ; une conception non marxiste du syndicalisme, le consensus étant recherché avant le conflit ; une protection sociale moins monopolistique ; un droit du travail moins pesant ; et une fiscalité moins spoliatrice et moins complexe.
Dans ce domaine, les Allemands ont compris que la baisse des impôts était une condition de la croissance, pour stimuler l’offre, alors que le gouvernement français attend que la croissance revienne pour baisser les impôts ! Les 15 milliards de baisse d’impôts annoncés pour la prochaine législature par Wolfgang Schäuble, ministre des Finances, accompagnés d’une volonté de libéralisation les échanges mondiaux, vont dans la bonne direction et contrastent avec la persistance du gouvernement français dans l’erreur. Moins d’impôts, moins de dépenses publiques, plus de réformes, Turgot tenait déjà le même langage en 1774 ; faute de l’avoir écouté, quinze ans plus tard, la Révolution était là.
—
comme vous l ecrivez, le consensus est recherche en RFA. pas en france. donc penser qu on peut mener le meme type de politique dans un pays centralisé (la RFA ets un pays federal) ou l affrontement est systematique est du domaine du reve.
Ca ne marchera jamais. Car meme en admettant que les syndicat francais se convertissent au consensus, le medef lui restera un adepte de la lutte des classe. Il n y a qu a voir l attitude de Gattaz Jr
De meme l industrie allemande exporte et fait un carton car son management est tres different. Pas d enarque/X-mines (ca n existe pas), pas de parachutage de la haute fonction publique, moins d heritier et de financier, beaucoup plus de promotion interne et de techniciens.
Avoir un patron de societe qui connait sa societe (et pas parachute) et qui comprend comment on fait le produit (pas issu du departement finance/marketing) ca aide
il est possible d’arriver au même résultat en France … mais celà demande un peu de courage …
Quelques pistes :
– supprimer le financement public et occulte des syndicats,
– supprimer le statut de la fonction publique,
– interdire le droit de grève aux fonctionnaires (ils sont au service des autres ! eh oui …)
– obliger les fonctionnaires à démissionner de la fonction publique lorsqu’ils entrent en politique ce qui évitera une endogamie vraiment trop évidente,
– réduire le nombre de fonctionnaires pour diminuer le poids de l’Etat,
– que l’Etat cède toutes ses participations dans les entreprises (l’Etat est un mauvais gestionnaire)
– libéraliser le secteur marchand et laisser les entreprises travailler
Seulement, seulement … le politicien qui proposera ce genre de réformes n’existe pas en France,
Aucun politicien français n’est prêt à proférer de telles horreurs surtout que les français ne comprendraient pas qu’on leur tienne un langage de vérité après les avoir endormis pendant 40 ans avec des promesses fallacieuses …
Ce que vous oubliez de dire: c’est que pour atteindre un chômage aussi bas,on a recours aux mini jobs et une augmentation donc des inégalités. Si c’est cela,vivre dans un pays en croissance?Drôle de conception.
je n’ai pas lu, le titre ne m’a pas plus du tout..il n’y a rien a apprendre d’une société ayant une culture différente. qui dit culture différente dit solutions des problèmes différentes. a moins d’adopter la culture ou une partie , cela n’a aucun intérêt.
je suppose qu’il cite des choses que nous devrions adopter de la culture allemande..vu de chez moi , je n’en vois aucune , quelle horreur de faire comme les allemands alors que nos traditions sont tellement plus belles
j’ai lu la fin ..les allemands ont compris….bof , les belges sont différents les hollandais voient ça autrement , il n’y a pas de bonnes solutions communes lorsque l’histoire et la culture est différente.
@ reactitude
C’est vrai: la France ne pourra jamais adopter le modèle allemand.
Le problème est que l’essentiel des compteurs du tableau de bord national est en mauvaise position: la France, une fois, les frais nationaux de l’état couverts, il ne reste rien pour conduire une politique généralement quelconque.
Et encore, avec les taux de la BCE et le prix du pétrole (ce qui ne durera pas toujours!). L’avenir est donc sombre sans que la France n’ait entrepris encore la moindre réforme structurelle.
L’imagination ou le « génie » français n’ont pas encore trouvé comment réformer « sans faire mal », donc on ne réforme rien gardant ces « si belles traditions » auxquelles vous êtes si attachés. (le catalogue des réformes à faire se trouve pourtant dans l’article que vous n’avez pas lu!)
« il n’y a rien a apprendre d’une société ayant une culture différente. »
Alors là bravo! Très bel oxymore! Il est évident qu’on apprend rien des autres, surtout de ceux qui pensent différemment de nous et font différemment de nous. Il est évident qu’on a beaucoup à apprendre à se regarder le nombril et se penser comme un village irréductible face à l’envahisseur.
« quelle horreur de faire comme les allemands alors que nos traditions sont tellement plus belles. »
Nos traditions sont certes belles ainsi que notre culture, mais s’il vous plait, veuillez lire l’article et m’indiquer le rapport avec la choucroute?
Après tout, vous avez sans doute raison, n’avons nous pas le meilleur système social que le monde entier nous envie? (et que le monde entier rêve de traverser pour aller au R-U…)
Ou alors peut-être que vous venez d’illustrer de manière magistrale le mal français, celui d’un peuple qui se croit constamment attaqué et qui ne daigne même pas regarder chez ses voisins, parce que comprenez vous la France! Monsieur, est belle, parfaite et éternelle!
l’Allemagne a une histoire qui n’est pas la notre ce qui marche chez eux n’a aucune chance de marcher chez nous car l’allemand ne pense pas comme un français..reformer ,c’est formidable mais sans reformer l’esprit français cela n’a aucune chance d’aboutir.. nous sommes mauvais et complétement inadaptés a notre époque ..pas seulement nos politiques , NOUS !
le problème français est sa culture, pas l’absence de réformes..et si on commençait par virer le ministère de la culture pour commencer et pour finir le président.. truc qui n’existe plus en Europe et pour une bonne raison :un homme seul ne peut pas détenir tous les pouvoirs sans contre pouvoir et ce durant 5 ans..un premier ministre suffit personne n’hésitera a le renverser si il ne convient pas..aujourd’hui , nos pauvres députés perdent leur job si ils renversent le président , dingue !
Et comment espérez vous réformer l’esprit français sans le confronter à ce qui se fait chez ses voisins?