Présidentielles : les Républicains sont-ils trop sûrs de gagner ?

Pour les Républicains, l’enjeu ne se situe pas au mois de mai 2017, mais bien en novembre 2016. Celui qui gagnera les primaires aura tout gagné. Une erreur stratégique ?

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Présidentielles : les Républicains sont-ils trop sûrs de gagner ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 5 septembre 2016
- A +

Par Éric Verhaeghe.

Les Républicains trop sûrs de gagner-V by Khairil Zhafri (CC BY 2.0)
V by Khairil Zhafri (CC BY 2.0)

L’université d’été de La Baule, qui réunit les Républicains agités par leur primaire, donne un spectacle étrange : celui d’une tribu en guerre si sûre de gagner qu’elle passe plus de temps à choisir son chef qu’à se battre contre ses adversaires.

Gagner la primaire ou la présidentielle ?

Les Républicains semblent avoir une idée sotte en tête : celle qui veut que le vainqueur de la primaire sera automatiquement le vainqueur de la présidentielle. Comme si le suffrage universel était une étape symbolique, ou une formalité de second ordre.

On comprend bien le calcul sous-jacent à cet état d’esprit. Il part du principe que le candidat des Républicains aura gagné une sorte de ticket automatique pour le second tour. Et, à ce moment-là, de deux choses l’une : soit Les Républicains sont face au Front National, et, avec l’appui des voix de la gauche, ils ne feront de Marine Le Pen qu’une bouchée. Soit Les Républicains sont face à François Hollande, et, avec les réserves des voix de droite, ils n’en feront qu’une bouchée. Donc, dans tous les cas, l’élection est une partie de plaisir.

L’effet pervers de l’excès de confiance

Pour Les Républicains, l’enjeu ne se situe donc pas au mois de mai 2017, mais bien en novembre 2016. Celui qui gagnera ce jour-là aura tout gagné. La véritable bataille n’est pas contre le camp adverse, mais bien contre son propre camp. D’où cette espèce de tombereaux de petites phrases qui visent les hommes et non les idées, et ce sentiment de déchirement permanent entre des personnalités qui se détestent entre elles et qui, par-dessus tout, détestent Nicolas Sarkozy.

C’est le propre de l’excès de confiance : puisque l’élection est gagnée, il faut y être à tout prix.

L’incertitude sondagière

À une époque pas si lointaine, les militants des Républicains s’accordaient pour dire que l’élection à la primaire serait intimement liée à l’état des sondages. Serait élu celui qui, dans les sondages, aurait le plus de chances d’être élu président de la République. Malheureusement, les sondages sont incertains, et les Français donnent autant de chances à Juppé qu’à Sarkozy. Les Républicains n’éviteront donc pas les mauvais coups entre eux, et ils ne pourront compter sur les sondages pour leur éviter un combat des chefs.

Les arguments sous et sur la ceinture de François Fillon

D’où les arguments sous la ceinture de François Fillon, qui a épinglé les justiciables candidats à la Présidence. Ce va-tout vise autant Nicolas Sarkozy qu’Alain Juppé. La manoeuvre est un peu rustique, mais elle pourrait produire son effet. Toujours est-il que Fillon a refait une partie de son retard, et présente aujourd’hui le programme économique le plus libéral de tous les candidats. Rien n’exclut donc qu’il ne parvienne à surprendre, au moins en partie, ses adversaires.

Sarkozy plus que jamais bonapartisé

Reste que Sarkozy inquiète le plus ses rivaux et concentre le feu de leurs critiques. Cette convergence est suprêmement contre-productive. Il y a, dans Sarkozy, un profond relent de bonapartisme que cette solitude met en exergue. Les Républicains voudraient forger une légende, ils voudraient donner l’impression d’un destin unique, d’une réussite seul contre tous, qu’ils ne s’y prendraient pas autrement. Et Sarkozy leur devra sans doute une fière chandelle, car l’intensité des petites phrases, des allusions, des critiques dont il est l’objet font d’eux ses meilleurs ennemis et ses plus fidèles alliés.

Ce n’est pas tant que Sarkozy ait besoin de Juppé et compagnie pour gagner. En revanche, il a besoin d’eux pour reprendre les habits de l’hyper-présidence, avant même d’être élu. Il a besoin de ce feu nourri pour donner la pleine dimension de sa bestialité électorale.

De là à penser que le vainqueur de la primaire sera automatiquement élu, il y a un gouffre que Les Républicains franchiront seuls.

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  • « déchirement permanent entre des personnalités qui se détestent entre elles »
    Je trouve que cela reste relativeent digne à côté de ce que nous avait offert la primaire de gauche en 2012.
    Concenant Fillon, un sondage traduisait de façon éloquente le souhait d’une majorté de Français de retrouver une classe politique honnête et intéressée avant tout par l’intérêt du pays. En faisant simplement écho à cette préoccupation, il dessert certains de ses adversaires, mais qui s’en plaindrait? Comment penser que des politiciens qui ont cherché à tirer parti de leur position pur eux-mêmes vont tout d’un coup se mettre à être désintéressés?

  • « D’où les arguments sous la ceinture de François Fillon, qui a épinglé les justiciables candidats à la Présidence ». Pourquoi est-ce sous la ceinture ? C’est simplement la vérité ! Pour certains boulots il faut présenter son casier judiciaire. Il serait bon qu’il en soit de même pour l’élection présidentielle…

  • Fillon « le programme économique le plus libéral de tous les candidats » ? Cet héritier de Philippe Seguin ? Hum… je me tapote le menton… Le programme officiel, peut-être ; mais la praxis réelle, je crois qu’on attendra. Comme la suppression de l’ISF par Sarközy.
    En fait c’est Frédéric Lefèvre le plus libéral : suppression du monopole de la sécu. Mais d’accord, ses chances sont minces !

    • effectivement c’est ce qui se dégage des conférences organisées par l aleps
      Mariton un mario draghi bis
      Lefebvre honnête mais isolé, partisan du référendum populaire c’est à noter
      et Fillon ? a voir ce soir…

  • Au secours, ils sont fou:sarko juppé fillon, pour du sang neuf on repassera; ces arivistes sont en train de faire un nids douillet a la gauche; La droite n’existe plus depuis longtemps , en france, Le choix est donc, non pas de choisir le meilleur ,il n’esxiste pas ,mais le moins mauvais ,le plus » libéral »,celui qui s’engagera a remettre l’état a sa place et uniquement a sa place, c’est a dire aucun des prétendants en tête des sondages; J’aimerai me tromper mais, nous allons, a grand pas vers un nouveau quinquénat socialiste peut etre un peu moins rose mais socialiste quand même: pas de quoi remonter le moral !

  • Deux points oubliés :
    – ce ne sont pas les soutiens qu’il faut compter, mais les opposants inconditionnels. L’idée du report de voix qui se ferait vers le plus proche du candidat souhaité pourrait bien exploser en vol.
    – les législatives ont très peu de chances de donner une majorité en état de gouverner, quel que soit le résultat pour la présidence.

  • Dans la mesure où la « machine à affaires » a été réenclenchée contre Sarkozy, Juppé a un boulevard devant lui.
    Un deuxième tour Hollande/juppé sera un véritable casse tête tant les deux se ressemblent avec peut être un peu moins de rouerie chez « Ali » Juppé et nous en reprendrons pour 5 ans.
    Hollande veut à tout prix rester à l’Elysée, peu importe les moyens pourvu qu’il ait la fin, D’ailleurs n’est-on pas commencé à nous présenter, via ses ministres chacun leur tour sur toutes les chaines de télé, son magnifique bilan, et oui, tout va beaucoup mieux depuis qu’il a été élu ?

    • Mais si Macron se déclarait officiellement avant les primaires de la « droite », ne serait-ce pas sur l’électorat potentiel de Juppé qu’il mordrait le plus ?

      • Macron n’aura ni les voix de gauche ni celles de droite à un premier tour. Comme on n’est pas propulsé au second tour par miracle, il peut peut-être viser le poste de premier ministre après les législatives…

  • « Sarkozy de plus en plus bonapartisé »
    Si c’est du Bonaparte premier qu’il s’agit, c’est ennuyeux.
    Si c’est du troisième qu’il s’agit, cela pourrait devenir intéressant.
    Mais j’en doute.

  • MélEnchon.

    Jamais compris pourquoi tant de monde fait cette fôte.

  • Quel que soit le parti qui l’emporte, ce qui est certain c’est que les prochaines éléctions seront une grande victoire des socialiste et collectivistes…comme depuis 40 ans

  • le vainqueur de la primaire sera automatiquement le vainqueur de la présidentielle. Comme si le suffrage universel était une étape symbolique, ou une formalité de second ordre.

    Ce qui montre bien que ce sytème de primaires est un détournement, voire une violation des institutions de la Vème république. Ou alors c’est le signe que ces institutions sont tellement à bout de souffle que le monde politique à été inexorablement conduit à cette solution.

    Les analystes qui annoncent la victoire de celui qui sera face à Marine Le Pen prennent un grand risque. Les électeurs sont dégoûtés par les promesses non tenues et les manœuvres pour conquérir ou garder le pouvoir à tout prix. Ils sont nombreux à vouloir tenter l’experience du FN 🙁

  • « Le gagnant de la primaire sera le gagnant de l’élection », ça me fait penser a Hollande ayant appris que l’économie est cyclique et qu’il bénéficiera « dans un fauteuil » d’une reprise apres les élections.
    On connait la suite.

  • Les commentaires sont fermés.

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