Par Jasmin Guénette, depuis le Canada.
Un article de l’Institut économique de Montréal

Le 1er juillet c’est aujourd’hui. Si pour certains cette date signifie la célébration du Canada, pour d’autres, elle signifie plutôt de remplir des boîtes, demander de l’aide à des amis, trouver un pick-up et déménager. Bien évidemment, une journée de déménagement n’est pas complète sans pizza accompagnée d’une bonne bière fraîche !
Cette journée-là , vous entendrez les représentants du FRAPRU nous dire qu’il manque de logements à Montréal et principalement de logements abordables.
Des logements faciles d’accès et abordables
D’abord les faits. Le taux d’inoccupation des logements à Montréal (RMR) devrait atteindre 4,3 % cette année, alors que le taux d’inoccupation est de 1,6 % à Toronto (RMR) et de 0,8 % à Vancouver (RMR). Ensuite, en moyenne, un appartement de deux chambres à Montréal coûte 775 dollars en 2016, comparativement à 1325 dollars à Toronto et 1410 dollars à Vancouver. Il est donc plus facile de trouver un logement à Montréal à un prix abordable que dans les deux autres grandes villes canadiennes.
Il est aussi important de rappeler que les hausses suggérées du prix des loyers au Québec par la Régie du logement sont, depuis des années, déconnectées de la réalité du marché. Elles sont loin de suivre le rythme de croissance du prix des propriétés, des taxes municipales et des coûts d’assurance, entre autres.
Par exemple, en 2016, les propriétaires pourront récupérer sous forme d’augmentation de loyer 2,5 % de la valeur des travaux effectués. Autrement dit, pour 2000 dollars de rénovation dans un logement, le propriétaire peut majorer le loyer mensuel de 4,17 dollars.
« Puisqu’il faut théoriquement 40 ans désormais pour recouvrer une telle dépense, soit plus que la durée de vie utile de ce qui est rénové, on détruit de la valeur », déplorait en début d’année la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ).
Un contrôle du prix des loyers déconnecté de la réalité du marché immobilier peut avoir des effets très nuisibles à long terme. D’ailleurs, ce n’est pas une surprise si les condos poussent comme des champignons à Montréal depuis quelques années. Les loyers bas combinés aux hausses de taxes rendent peu profitable la construction de logements locatifs.
L’investissement découragé
On décourage ainsi l’investissement et la mise à niveau de logements locatifs. Le stock d’immeubles diminue, ainsi que sa qualité. Qui voudrait investir des milliers de dollars dans son logement si c’est impossible de couvrir ses frais avec une hausse de loyer ?
Et on ne parle même pas des droits sacrés des locataires – même les pires – qui font vivre des cauchemars à certains propriétaires.
Cela me rappelle cette citation de l’économiste Assar Lindbeck :
« Outre un bombardement, la meilleure façon de détruire une ville est par une politique de contrôle des loyers ».
Il est vrai que certains ménages pourraient avoir de la difficulté à encaisser des augmentations soudaines de loyers, dans le contexte d’un marché davantage libéralisé. Dans ce cas, le gouvernement devrait subventionner directement les familles et les personnes concernéss. Une telle aide directe permettrait de mieux cibler ceux qui en ont vraiment besoin, tout en évitant les effets négatifs d’une politique, mur à mur, de contrôle des loyers.
Plutôt que d’investir dans de la brique, une subvention directe à la personne, un genre de voucher ou bon de logement permettrait à un locataire de pouvoir habiter dans l’immeuble de son choix. Une politique publique comme celle-là serait plus efficace pour aider les moins nantis.
Ce n’est pas avec de nouvelles constructions de logements sociaux, financées par les taxes et impôts de vous et moi, et des propriétaires de logements locatifs, qu’on améliorera l’accès au logement. On doit plutôt donner aux propriétaires le droit de hausser leurs loyers de façon à refléter la réalité du marché, ce qui les incitera à investir davantage dans de nouveaux logements et à rénover le stock d’immeubles existants.
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De mémoire, c’est un usage assez généralisé au Québec (dans le reste du Canada, je ne saispas) de déménager pratiquement tous ensemble le 1° juillet, sauf, bine sur si vous êtes proprio.
C’est juste au Québec…. une idée du PQ (parti indépendantiste) pour “embêter” le Canada le jour de la fête nationale.
Une mesure aussi stupidement dirigiste ne peut venir que de cette province. Qui est en déclin depuis la fin des 70s et dont le niveau de vie dépend de plus en plus de tous les transferts fédéraux. C’est à dire de la prospérité des autres provinces.
“Dans ce cas, le gouvernement devrait subventionner directement les familles et les individus concernés.” Vous allez vous faire traiter de communiste dans la journée.
Communiste pas forcément… cela dit, en France nous avons l’Aide Personnalisée au Logement (APL) qui revient à peu près à ce qui est évoqué ici. Certains affrment que cela ne fait que pousser les loyers à la hausse. Il est plus facile de créer des subventions que de les supprimer…
L’APL est un échec de plus en plus décrié, elle sert essentiellement à améliorer la rentabilité de l’investissement pierre au détriment de l’investissement dans les entreprises…
Communiste non. On dira juste que le futur du Québec c’est la France, génial non?
Friedman et Stigler ont fait il y a un peu plus de 60 ans une étude extraordinaire. Même si à l’aune des standards méthodologiques d’aujourd’hui cette étude serait considérée comme ne montrant pas avec certitude ce qu’elle est supposée montrée en raison de covariation possible de facteurs, on ne peut que rester impressionné par la comparaison.
Ils ont comparé la disponibilité de logements en location (l’offre de locaux vides à louer) à San Francicso suite à l’introduction du contrôle des loyer après la guerre et la disponibilité suite au tremblement de terre de 1906 (7.8 de magnitude) qui avait détruit une bonne partie de la ville. Ils trouvent une différence. Devinez lequel des deux facteurs crée le plus de pénurie?
Bonjour,
Auriez-vous la référence de cette étude SVP ?