Face au Brexit, repenser une Europe à la carte

Face au Brexit, il n’est pas interdit de vouloir refonder l’Union Européenne en intégrant toute la souplesse qui lui fait défaut depuis ces dernières années.

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Face au Brexit, repenser une Europe à la carte By: OLGA LEDNICHENKO - CC BY 2.0

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Face au Brexit, repenser une Europe à la carte

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 25 juin 2016
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Par Michel Faure.

Face au Brexit, repenser une Europe à la carte
Face au Brexit, repenser une Europe à la carte By: OLGA LEDNICHENKOCC BY 2.0

Comme dans les chansons d’amour, l’Angleterre nous a quittés et je voudrais qu’elle revienne. Que faire pour cela, sinon réfléchir aux raisons qui ont incité 51,9 % des citoyens du Royaume-Uni à claquer la porte de l’Europe ? Je ne pense pas que ce soit la courbe des bananes ou la taille des concombres, mais plutôt une certaine désillusion, le sentiment d’une perte de contrôle, la dilution de la souveraineté, le sentiment d’appartenir à un ensemble démocratiquement déficient, trop bureaucratique et réglementé, sans frontière ni culture bien définies ni protégées.

L’Europe à la carte

La solution ? L’Europe à la carte, tolérante, souple, organisée autour des deux choix dominants au menu du continent, l’un libéral, l’autre constructiviste. Si ce clivage était reconnu et admis, chaque État – chaque peuple – pourrait choisir l’option pour laquelle il a le plus d’appétit.

Il n’est pas interdit aujourd’hui de « refonder » l’Europe en intégrant ce clivage fondamental qui sépare les 18 membres de la zone euro, et les 10 autres – les 9, désormais. Les premiers sont volontaires (ou condamnés) à plus d’intégration. Sa finalité non avouée, mais néanmoins évidente, serait une construction fédérale. Cette idée repose sur quelques bons arguments concernant la nécessaire gestion collective d’une monnaie commune, des économies d’échelle en matière de défense et de diplomatie, les moyens de protéger les intérêts stratégiques du continent dans un monde disruptif.

Les seconds ne sont pas dans l’euro et n’ont manifestement pas l’intention d’y entrer, et n’ont aucune appétence pour plus d’intégration, mais ils aiment bien le libre commerce. Que faire ? Revenir aux origines, celles de notre vieux « Marché commun ». Il nous faut aller plus avant dans le vaste marché libre européen, au sein duquel circulent les citoyens, les services, les capitaux et les marchandises, et dont la seule règle commune serait de préserver le caractère ouvert et concurrentiel.

Paix et prospérité

Ce vaste marché suffirait au bonheur et à la prospérité d’une Europe en paix. Tout le monde, sans doute, s’en accommoderait fort bien. Il devrait donc être le véritable socle de l’Union. Cependant rien ne devrait interdire certains, au sein de cette Union basée sur le marché, de faire de la politique et de s’engager sur la voie d’un « projet », et rien ne doit non plus obliger, bien entendu, ceux qui n’en ont pas envie d’y adhérer.

Cette Europe sans contrainte, du libre choix, pourrait être la nôtre, un espace que nous reconnaîtrions comme commun et partagé, du moment que resterait sauvegardée la liberté du grand marché européen et que ses frontières soient ouvertes, – ou entr’ouvertes – selon des règles consensuelles encore à définir, aux migrants et aux marchandises. Et qui sait ? Face à une Europe aussi souple et flexible, adaptée à chacun, un jour, peut-être, les Anglais viendront nous rejoindre, comme ils l’avaient déjà fait, avec enthousiasme, le 1er janvier 1973 ?

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  • Au secours les constructivistes reviennent en force !!!!

  • Le défi du XXIème siècle est d’inventer une citoyenneté individuelle à la carte, dépendant d’un statut choisi et non de l’entité territoriale de naissance.

    Je choisis d’être citoyen euro-libéral, j’en accepte les lois et m’y soumets.
    Ou je choisis d’être citoyen euro-social, avec les avantages et inconvénients.

    Le changement de statut doit être un processus lent (10 ans minimum).

  • Il est en train de nous la faire à l’envers là !
    Normal pour un libéral… de gauche.

  • les 9, désormais.

    Pour quelle raison ne revoteraient-ils pas sur une question aussi importante ❓

    Les français, hollandais et danois ont revoté après un non. Y aurait-il 2 poids 2 mesures ❓

    Si oui, en ce qui me concerne, l’UE ce sera NON 🙁

    • En ce qui concerne la france, je n’ai pas l’impression que les desputes aient suivi la volonté du peuple qu’ils sont censés représenter…ce dernier ayant voté majoritairement contre la constitution européenne…

      Après, pourquoi revoteraient-ils sur une question aussi importante ? Avec le système de pétition qui est utilisé outre manche, si le résultat d’une élection ne plait pas, peut-on tenter de la faire annuler d’un simple click ? Non…là c’est pareil. Comportons nous en adultes responsables et non en gamins pourris-gatés prétentieux et donneurs de leçons….à ce titre et au vu de la réaction de notre Micron « en mouvement », on peut fortement douter de la profondeur de ses convictions « libérales »…

      • Usuellement les conditions de majorité sont des décisions extraordinaires et nécessitent toujours une majorité plus importante (75% dans les sociétés).
        Sinon le système serait instable.

  • Cet article et très intéressant. Un point me gène : pourquoi le Brexit ? Si nous avions fait voter les 28 pays jeudi dernier sur la question : Etes-vous d’accord ou non avec l’article 3 du traité de l’Union Européenne ? La réponse des peuples aurait sans doute été un oui massif.

    Sur cette base, pourquoi le désenchantement ? Sans doute parce que cet article 3 n’est pas appliqué à la lettre et dans son esprit.

    De toutes façon quelques réformes sont nécessaires, notamment assigner à la BCE la responsabilité non seulement de l’inflation, mais encore celle et de l’activité professionnelle des Hommes et des femmes. (Je n’ai pas dit emplois salariés). Tant que 10 à 20 % des citoyens ne trouveront pas du travail leur permettant de faire vivre dignement leur famille, tant que le système économique permettra pas sera aveugle sur le fait que les ressources de la terre ne son pas infinies mais finies, nous irons de chocs en chocs, de mouvements d’indignés en mouvements d’indignés.

    Et ça se terminera mécaniquement mal. Logiquement, l’économie sociale de marché décrite à l’article 3 remplit ces conditions.

    N’oublions pas le sondage de 2002 commandé par le Forum de Davos. http://media.wix.com/ugd/146df5_e37420ae8de242ec96df030bb946cdac.pdf Il est peu probable que les choses se soient améliorées depuis.

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