Par Éric Verhaeghe.

L’Europe du Nord peine à intégrer ses étrangers non-européens sur le marché du travail. C’est le résultat d’une étude d’Eurostat consacrée à ce sujet. Celle-ci compare notamment la différence de taux d’activité entre les nationaux de chaque État-membre et les étrangers, venant de l’UE ou de l’extérieur de l’UE. Le résultat synthétique donne ceci :

Comme on le voit clairement, les États-membres au-dessus de la moyenne de l’UE se situent tous dans le Nord de l’Europe : Benelux, Allemagne, Scandinavie… France, Royaume-Uni. En revanche, les pays du sud de l’Europe se situent sous la moyenne de l’Union. Certains réussissent même l’exploit de compter un taux d’activité plus élevé chez les étrangers que chez les nationaux.
Le tableau chiffré suivant est plus explicite :

Ce tableau montre de façon étonnante que le taux d’emploi le plus bas pour les étrangers hors EU se rencontre en Belgique (59,4%) et aux Pays-Bas (59,7%), deux pays où l’extrême droite est au demeurant très bien implantée. Pour continuer dans le même ordre d’idée, le troisième pays où le taux d’activité des non-UE est le plus faible est la Finlande (61,5%), où le parti des Finlandais exerce aussi une influence importante sur la vie politique. La France se place en quatrième position avec 62,4%… on y connaît le poids du Front National.
On notera par ailleurs que le pays où le taux d’emploi des nationaux est le plus élevé est la Suède, avec 87% des personnes employées. Ce taux record permet également de décorréler le lien éventuel entre emploi des nationaux et inactivité des étrangers, puisque la Suède est aussi l’un des pays de l’Union où les étrangers, y compris les non UE, travaillent le plus.
On notera qu’en Grèce les nationaux travaillent à 72,6% quand les étrangers venus de l’Union ont un taux d’emploi de 75,6% et les hors UE de 80%. La Grèce est l’un des pays où les hors UE travaillent le plus.
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Étrange pays que la Grèce qui compte sur les autres pour créer la richesse et payer ses dettes…
Cela me fait soulever quelques questions :
Dans les pays où les taux d’emplois des non-EU est faible, peut on l’expliquer par un marché du travail rigide ?
Peut-on confirmer que les non-EU “ne volent pas” du travail aux nationaux ? C’est à dire qu’un marché de l’emploi plus flexible et souple profite à tous sans réelle discrimination ?
On pourrait conclure que les plus conservateurs sur l’immigration le sont aussi sur le travail et l’économie en général…
Bonjour
Si les pays du sud ont un taux d’emploi supérieur des étrangers c’est aussi qu’il ont un taux de chomage important chez les natifs.
Ce qui est aussi intéressant c’est le différentiel étranger EU vs hors EU.
D’autre part l’origine des immigrés à aussi son importance, les femmes turcs et marocaines (en moyenne) travaillent peu.
Peut-être faudrait-il savoir si les emplois d’étrangers en Europe du sud sont légaux. Les pays du nord sont généralement assez sourcilleux sur la légalité du travail. De plus, les pays du sud offrent probablement plus d’emplois peu qualifiés que ceux du nord.
Quels sont les pays où les étrangers ont le plus facilement accès à la nationalité du pays d’accueil ? Ça peut complètement biaiser le résultat. Avez-vous des statistiques là dessus ?