On peut réduire le chômage des jeunes !

Être chômeur à 25 ans signifie risquer de ne jamais trouver un emploi durable.

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The youth of today crédits Neil Moralee (CC BY-NC-ND 2.0)

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On peut réduire le chômage des jeunes !

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 1 mars 2016
- A +

Par Florin Aftalion
Un article de l’Institut économique Molinari

The youth of today crédits Neil Moralee (CC BY-NC-ND 2.0)
The youth of today crédits Neil Moralee (CC BY-NC-ND 2.0)

Le Président Mitterrand déclarait « avoir tout fait pour vaincre le chômage ». Aujourd’hui, son successeur François Hollande, en prétendant alléger le Code du travail, montre qu’il reste beaucoup à faire. Mais en s’interdisant de toucher aux 35 heures, au Code du travail et au SMIC, il s’interdit de prendre des mesures vraiment efficaces ; telle que le serait l’institution d’un salaire minimum réduit à l’usage des jeunes, à défaut de supprimer totalement le SMIC.

En France, le chômage est d’autant plus insupportable qu’il affecte de façon disproportionnée les jeunes de moins de 25 ans : en décembre 2015 25,9% d’entre eux (soit 22% du nombre total de chômeurs) n’avaient pas de travail. Une telle situation est grave car être chômeur à 25 ans signifie risquer de ne jamais trouver un emploi durable.

Bien entendu, le gouvernement actuel, comme ceux qui l’ont précédé, conscients du problème, ont tenté de le résoudre. Les solutions apportées ont consisté essentiellement à baisser les charges des entreprises, à aider financièrement des programmes de formation (destinés en réalité à sortir provisoirement des individus des statistiques du chômage) ou des embauches ciblées. Coûteuses pour le budget de l’État de telles pseudo-solutions ne peuvent avoir que des effets limités, voire nuls à terme puisqu’elles ne touchent pas aux causes fondamentales du chômage.

En effet, pour qu’une entreprise embauche un employé, il faut que celui-ci lui rapporte plus qu’il ne lui coûte. S’il n’a ni formation ni expérience du monde du travail son apport ne peut être que faible, voire inexistant. Dans ces conditions une entreprise préférerait, quitte à payer le SMIC, embaucher une personne plus âgée ayant déjà travaillé. Ou à avoir recours à de nouvelles technologies (caisses automatiques remplaçant les caissiers/caissières dans les supermarchés).

Le problème du SMIC

Dans une économie où le SMIC est fixé à un niveau élevé (ce qui est le cas de la France où il est égal à 60% du salaire médian), l’institution d’un salaire minimum jeune inférieur au SMIC adulte actuel réduirait le chômage des jeunes en égalant coût et avantage des recrutements.

Le bien-fondé de cette solution est démontré par les faits. Dans une économie où un salaire jeune existe, ses effets sont sans ambiguïté. Aux Pays-Bas, où des rémunérations inférieures au salaire minimum national sont autorisées, ce salaire minimum jeune croît avec l’âge, allant de 20% de sa valeur « adulte » à 15 ans à 80% à 23 ans ; le chômage des moins de 25 ans n’a été en décembre 2015 que de 11,2%, soit au même niveau que le chômage chez les personnes plus âgées.

Malheureusement, l’opposition de la gauche et des syndicats au salaire minimum jeunes est particulièrement violente dans notre pays. En décembre 1993, après en avoir adopté une version relativement plus favorable pour les intéressés (le CIP ou Contrat d’insertion professionnelle) le gouvernement Balladur avait dû faire marche arrière, face à un véritable soulèvement urbain. Depuis, plus aucun gouvernement n’ose reprendre la mesure.

D’après les opposants à la réduction du salaire minimum, il ne serait pas possible de vivre avec moins que le SMIC. Ils sont pourtant des millions d’adultes, qu’ils soient chômeurs ou étudiants, à y parvenir.

Comment font les moins de 25 ans qui ne gagnent pas le salaire minimum, en France ou ailleurs, pour vivre ? Dans de nombreux cas, ils logent chez leurs parents, leur salaire n’étant alors qu’un revenu d’appoint pour leurs familles. Dans d’autres cas, ils sont mariés et leurs conjoints perçoivent aussi des salaires. Plus généralement, ils sont dans des situations provisoires (les salaires minimum jeunes s’appréciant rapidement avec l’âge). Mais il existe tout de même des personnes contraintes de vivre avec cette faible rémunération. Elles seraient cependant moins nombreuses que celles qui aujourd’hui ne trouvent pas de travail et de ce fait n’ont aucun salaire du tout !

Car le problème est mal posé : les jeunes n’ont pas à choisir entre le SMIC standard ou un SMIC réduit mais entre un SMIC réduit et pas de salaire du tout ! Sans oublier qu’un jeune percevant un salaire minimum réduit bénéficierait dans l’entreprise, en plus de sa paye, d’une formation et d’une expérience qui justifieront des salaires plus élevés dans la suite de sa carrière.

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  • Le gouvernement Villepin a reculé en 1993. OK. Mais il y avait à l’époque deux fois moins de chomeurs qu’en 2016. Si on considère le taux de chômage spécifique des jeunes, je ne serais pas surpris qu’il ait été multiplié par trois dans la même période. En conséquence, les dits jeunes que la gauche a mobilisé dans la rue en 1993 ne suivraient pas le mouvement aujourd’hui. Ils comprennent bien en effet que mieux vaut une période de formation interne dans l’entreprise à 75 ou 80% du SMIC que pas d’emploi du tout. De plus, l’extrême gauche, qui était le fer de lance du mouvement en 1993, serait aujourd’hui face à un gouvernement de gauche, et passé une période de baroud d’honneur, tout le monde rentrera sagement dans les facs et les lycées. La droite doit s’abstenir de critiquer une telle mesure car, si la gauche ne le fait pas, c’est bien la droite qui devra affronter la rue lors de son retour au pouvoir éventuel.

  • L’aberration n’est-elle pas aussi d’avoir le même SMIC sur tout le territoire, alors que les salaires sont plus faibles en province?

    • Le fixer à des niveaux différents reste une rustine sur un truc pourri : le salaire doit être librement fixé en fonction de la valeur du travail produit, tel qu’elle sera établie par la loi du marché. Lorsque le salaire est insuffisant pour vivre, les mécanismes d’aide doivent être totalement déconnectés des employeurs, dont ça n’est pas le rôle de faire de la solidarité.
      Le SMIC a également l’effet pervers de demander à l’employeur de se rattraper sur les progressions de carrière des meilleurs pour équilibrer la charge que constituent les moins productifs, ce qui induit une perte d’incitation à devenir plus productif et affaiblit encore plus le lien entre la valeur réelle du travail produit et le salaire reçu. Mais ça transforme tout le monde en fonctionnaires…

      • Il est essentiel de ne pas confondre « job étudiant » et chômage des jeunes travailleurs.
        Tant qu’il est aux études (et, en théorie, chez ses parents), un « job » est une activité et un revenu accessoire, (dans mon pays dès 15 ans, limité en temps/année et/ou en revenus annuels non taxé limité: tarif horaire inférieur proportionnel à l’âge, cotisations sociales symboliques (accidents du travail): but pédagogique par un contact de « l’écolier » avec le monde réel du travail).

        Par contre, un jeune travailleur doit pouvoir être payé normalement mais proportionnellement au temps accompli complété par le temps de formation (non rémunéré): les entreprises intelligentes profiteront de la formation pour apprendre à ce jeune un travail dans l’entreprise où il sera immédiatement productif lors de son engagement (système pratiqué en Allemagne). Rien n’interdirait d’employer des « aînés » de l’entreprise dans cette formation, ce qui allégerait leur travail plutôt que de les « jeter » à 55 ans: cela permettrait aussi, évidemment, d’engager les « bons éléments » sur autre chose qu’un C.V.!

        Pour les jeunes diplômés, sa période d’essai (ou de « stage ») aurait le même but.

        Les entreprises devraient comprendre que, l’état se montrant impuissant, ce sont elles qui, en corrigeant ce « scandale » irrationnel du chômage des jeunes, vont diminuer les déficits à venir et donc les ponctions fiscales et sociales à venir.

        C’est un partenariat (un « deal » ou un transfert de « charge » ou de « mission ») avec l’état qui doit comprendre qu’il dépense trop pour ne créer aucun emploi alors que ceux qui y parviennent préfèrent payer leurs salariés que des fonctionnaires!

        Comme on sait, le problème financier ne vient pas de l’Unédic mais de Pôle-emploi qui coûte cher (à cause de la paperasse) pour une efficacité très limitée!

        • Sur le principe, d’accord, mais pour ce que j’en ai vu, c’est bien éloigné de la situation actuelle en France.

          • Je crois même que c’est à l’opposé de ce qui s’y passe, chacun campant sur ses vielles habitudes obsolètes! Mais ce n’est pas M.Le Pen qui va changer ça, alors qui?

  • Le chômage n’est pas une fatalité, c’est l’état qui tue la France !
    Le drame est que l’état veut s’occuper de tout sauf du régalien : la protection du Citoyen et de SES biens. Les monopoles d’état du Crédit Lyonnais en passant par la BDF, la CDC, la SNCF, l’EDF, l’éducation Nationale sont des gouffres improductifs. Le collège unique est une ineptie aussi grave que les 35 heures, le regroupement familial ou la suppression du service militaire. L’école doit former des Hommes pour s’exprimer et non revendiquer ou manifester le toujours plus. Aucun droit sans devoir, les Ecoles deviennent des halls de gare mais plus de centre d’éducation et d’instruction aux horaires nettement insuffisants. Ce qui manque à notre pays c’est la responsabilité et la dignité

    • @ DANIEL 74
      Vous ne le dites pas mais le pensez trop fort: « Ce qui manque à notre pays c’est la responsabilité et la dignité » on peut franchement y ajouter l’EXIGENCE » (ou la RIGUEUR ou la RATIONNALITÉ).

      La France a raté le « train européen » des facteurs de convergence, indispensables à l’ €, et qui ne sont pourtant que des facteurs de bonne gestion, bien connus dans le « privé »: « pas d’excès de dette, pas de dépassement budgétaire, pas d’inflation incontrôlable »! Les pays qui y ont souscrit, même imparfaitement, se portent mieux.

      Traduction: 57,5% de P.I.B. « bouffés » par l’état au sens large (12,5 % de plus que l’Allemagne, chaque année!). Et d’année en année, le pire gestionnaire français officiel dépense d’avantage évidemment sans parvenir à colmater les brèches ni même s’empêcher de créer de dépenses pérennes nouvelles.

      C’est bien pour ça (voir ma réponse à « MichelO », plus haut) que l’époque n’a jamais autant été aussi favorable pour prouver que le « privé », en se chargeant volontairement de missions confisquées par l’état, peut prouver sa puissance et son efficacité et « dégonfler » ainsi les prétentions de l’état.

      Tout ce que je vous souhaite, c’est bien ce premier pas libéral en politique, bien plus efficace (sur le plan pragmatique) que toute tentative de convaincre des Français, non préparés et avec des a priori « anti-libéraux », que « l’état-providence qui règle tout » a fait faillite!

      Je sais que le business répugne à se mêler de politique mais si la France est en guerre, c’est bien sur le plan économique et à l’échelle mondiale: je suis persuadé que c’est à cette échelle-là qu’aura lieu « W.W.3 », déjà commencée, de façon plus ou moins feutrée.

      • En se chargeant des missions confisquées par l’Etat, le privé prend un risque énorme que l’Etat lui en abandonne les charges tout en lui en dictant les règles. Prenons la formation d’un jeune : il serait logique que si une entreprise forme un jeune, ce soit sans aide de l’Etat, mais que si le jeune décide d’aller valoriser sa compétence ailleurs dans ses premières années de carrière, il doive un dédit à l’entreprise, qui serait fixé contractuellement à la signature du contrat d’apprentissage. On peut signer un contrat d’apprentissage avec une telle clause ? A part la pantoufle de l’X, j’entends…

        • Je ne sais pas comment fonctionne l’ « X » (surnom de l’école polytechnique de l’armée française, si je ne m’abuse – je suis étranger -), il en allait de même dans le pays où j’ai fait mon service militaire: ceux qui avait fait des études sur le compte de l’armée devaient travailler 10 pour l’armée, selon leur engagement (= contrat) ou rembourser la partie non prestée suivant un barème prévu: il n’y aurait aucune logique à condamner de prévoir la même chose dans les entreprises.

          De même, quand je prévois que cette formation permet à l’entreprise de voir ce que le jeune « a dans le ventre » (et donc de sélectionner qui garder): assiduité ou absentéisme; intérêt ou distraction; créativité ou attente passive etc …

          • Tout à fait. Encore une fois, c’est un principe qui est largement considéré comme équitable, que l’Etat applique pour lui-même, mais qu’il refuse au secteur privé.

  • Cher auteur, pouvez vous corriger la faute dans votre présentation je vous prie ? Elle pique vraiment !
    Je cite: « Ses recherchent portent « 

  • Personnellement, je trouve aberrant un seul niveau de SMIC. Celui-ci pourrait être lié à l’age mais il devrait aussi tenir compte des compétences de la personnes. Qu’on soit caissier chez Mammouth ou qu’on soit embauché pour un poste nécessitant un BTS, un diplôme d’infirmier, voire un diplôme d’ingénieur, le SMIC est proposé d’office. Ce n’est pas acceptable car dévalorise le travail et les études faites.

    • « ça dévalorise les études faites »
      Ca met surtout en lumière leur valeur et leur utilité réelles. Le postulant qui ne se croit pas capable de montrer en quelques mois à son employeur qu’il vaut plus que le SMIC, et qu’il y a donc intérêt à faire ce qu’il faut pour le garder, si vous étiez employeur, vous l’embaucheriez ?

  • Le problème du SMIC est uniquement un problème de qualification.
    L’emploi non qualifié vaut beaucoup moins que le SMIC. Tous les cadres le savent.
    Or, trop de salariés non qualifiés sont payés au SMIC, ce qui plombe l’économie.
    De plus trop de chômeurs non qualifiés sont indemnises, ce qui plombe les comptes sociaux.
    La baisse ou la suppression du SMIC sont inévitables si on veut restaurer la compétitivité de notre pays.
    Nos jeunes doivent comprendre très tôt que si ils ne font pas l’effort d’acquérir une qualification, ils vivront dans la misère même en travaillant.

    • On peux avoir des qualifications et être une brelle et ne pas avoir de qualification et être très performant. J’ai fais plusieurs activités différentes sans avoir de qualifications dans le domaine ça ne m’a empêcher de réussir et que les employeur me disent de ne pas vouloir que je parte. Et j’ai croiser de nombreuse personne qualifié et voir très qualifié mais totalement à l’ouest et cela de nombreuses fois. Et dans mon entourage les personnes qui ont le mieux réussi ne sont pas les plus qualifiés.
      Je fais actuellement une activité en auto entrepreneur sans avoir de qualifications dans le domaine ça ne m’empêche pas d’avoir des clients satisfaits.

      Je propose que les personnes non qualifiés ne soient pas payés quant ils travaillent, bah oui ils auraient du se bouger pour faire des études.

      Ce n’est pas en sous-payant les gens qu’ils vont êtres motivés à travailler.

      • Vous avez tout à fait raison: Ph.Bouvard n’a jamais eu de bac, mas a fat une très belle carrière multiple.

        J’ai, connu, en Afrique, un gars qui a travaillé avec un faux diplôme d’ingénieur et s’est très bien débrouillé efficacement dans son boulot: une chose est de vérifier un diplôme, une autre de voir (ou pressentir) « ce que les gens ont dans le ventre »!

        Mais ce qu’il ne faut pas demander à un jeune et ce qui ne devrait en rien, le disqualifier, c’est son « manque d’expérience », ce qui est forcément le cas

  • les jeunes n’ont pas à choisir entre le SMIC standard ou un SMIC réduit mais entre un SMIC réduit et pas de salaire du tout !

    C’est plein de bon sens mais hélas inaudible par une grande partie de la population. Cette observation s’applique d’ailleurs à tous les chômeurs. En France on préfère pas de job du tout plutôt que des mini-jobs.

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