Le Grand Paris : un millefeuille délirant

Ce millefeuille illustre l’incapacité de la France à se réformer.

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Jean-François Gornet : Tour Eiffel psychédélique (CC BY-SA 2.0)

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Le Grand Paris : un millefeuille délirant

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 25 janvier 2016
- A +

Par Serge Federbusch

Jean-François Gornet-Tour Eiffel psychédélique(CC BY-SA 2.0)
Jean-François Gornet-Tour Eiffel psychédélique(CC BY-SA 2.0)

 

Au terme de marchandages politiciens de la pire espèce, fausse droite et pseudo gauche se sont réparties les prébendes, sièges et temps de parole de la Métropole du Grand Paris, machin bureaucratique qui vient rajouter une couche au millefeuille territorial en Île-de-France.

Défait lors des élections régionales, le PS a réussi à sauver les meubles et il suffisait de voir la mine réjouie d’Hidalgo, vice-exploitante de ce Bibendum technocratique, pour comprendre que les professionnels de la politique n’y trouveront qu’un nouveau moyen de s’engraisser.

grand paris rené le honzecLe Grand Paris était une bonne idée. Près de 8 ans après son lancement et des milliers de réunions de l’Atelier international du Grand Paris, de la Société du même nom, et d’instances métropolitaines agglomérant les politiciens, ce sont plus de 500 millions d’euros qui ont été dilapidés en parlotes, séminaires et congratulations.

S’agissant du futur de la nouvelle « Métropole » on ne peut qu’être sensible aux déclarations de Jean-Christophe Fromantin, maire de Neuilly sur Seine :

« Cette Métropole est subdivisée en 12 établissements publics territoriaux (EPT) qui ont chacun un statut d’établissement public de coopération intercommunale (EPCI), et donc une fiscalité propre – et provisoire (elle ne durera que jusqu’en 2020). Cette nouvelle structure pose un problème de lisibilité et de complexité. On y passe un temps fou. Depuis le 1er janvier, nous enchaînons réunion sur réunion : réunion des EPT, réunion de la MGP… 90 élus siègent dans les EPT, et 209 au sein de la MGP, et ce ne sont pas les mêmes ! Tout cela va coûter une fortune et nous faire perdre du temps, beaucoup de temps. Pour quelle création de valeur ? Mystère.

À Paris et en Ile-de-France, nous devenons les champions du monde du millefeuille territorial : nous avons la commune, l’EPT, la MGP, le département, la région. Et certaines compétences sont partagées par les cinq structures ! Prenez le logement, par exemple : la commune prend en charge les logements sociaux (loi SRU), l’EPT a compétence en matière d’urbanisme, le département cofinance, la MGP met en place un plan métropolitain de l’habitat, la région a son schéma directeur, et l’État n’est pas en reste puisqu’il a autorité en matière de politique du logement, de SRU, d’ANRU… Cette nouvelle structuration territoriale est à l’opposé de la volonté de rationalisation affichée. On est toujours prompt à créer de nouvelles structures chapeaux, mais sans supprimer aucune maille du dessous et, donc, susciter aucune économie d’échelle. »

Bref, à moins de supprimer les départements, de réduire drastiquement le nombre d’élus, de fusionner Métropole et Région et de recourir au référendum pour les décisions importantes, cette construction délirante sera une illustration paroxystique de l’incapacité française à se réformer et du processus métastatique dans lequel la démocratie représentative est désormais engagée dans notre pays.

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  • le principal problème c’est que ce sont les élus qui décident de cela.

    Comme élu est devenu une véritable profession, on assiste à une résistance farouche contre de vrais changements.

  • Ce ne sont donc pas les français qui sont non réformables, mais leurs élus. C’est la République des copains des coquins.

    • le problème étant que les lois et toutes ces structures sont mises en place par… les élus. Mais qui contrôle les élus ? Le peuple, à qui ils demandent de temps en temps qui va continuer à en profiter…?

    • Les francais aiment et votent pour n’importe qui.

      Il n’y a qu’à prendre le cas de Juppé : vu sa carrière et son historique judiciaire, il devrait choper aller… une dizaine de voix au total dans le Pays. Sauf que les sondages…

    • Les Français , des lions dirigés par des ânes …

  • Il faut ajouter à ces délires le démantèlement généralisé de notre agriculture francilienne sous les bétonnages farfelus et inutiles qui concernent les terres au plus fort potentiel agronomique d’Europe ! Ce mille feuilles ne va faire que préempter encore et toujours davantage d’espaces cultivables qui seront irrémédiablement perdus.

    • @Estienne 95
       » terres au plus fort potentiel agronomique d’europe  »
      heuh! cela dépend où !. Il y a de nombreuses zones très peu fertiles en Ile de France ( en général c’est là où il y avait des forêts) . Les zones fertiles sont en fait très limitées mais il est vrai que ce critère n’est pas pris en compte par les aménageurs ( ex: aéroport Roissy…).
      Quant à la comparaison avec l’europe il ne faut pas publier les chernozem ( Ukraine ….). qui sont d’excellents sols pour l’agriculture. Il y en a un peu dans le Massif central.

  • Foutoir monumental et pompe à fric sans fond garantis.

    On améliore notre ratio, dans le mauvais sens, habitant/fonctionnaire.

    Le Shadok est de retour, et il a bien engraissé.

    • On fusionne, on separe les entités… On nomme, on place… On invente des sigles, des entités, c’est un processus à l’infini qui permet de continuer à jouer avec notre argent! Les élus l’ont bien compris, faire semblant de reformer, après tout si c’est compliqué c’est que c’est du sérieux non?

      Au contraire, je pense qu’une vrai réforme digne de ce nom simplifie la manière de gérer notre pays et donne les pouvoirs au bon endroit: local ou national, pas de mille feuilles adiministratives!

  • Vive les département, à mort les régions !

  • Les commentaires sont fermés.

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