Régionales : le combat de boue entre Bartolone et Pécresse

Valérie Pécresse et Claude Bartolone se livrent à un duel assez minable, sourd aux nouveaux défis que la France doit relever.

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Claude Bartolone credits Parti socialiste via Flickr ((CC BY-NC-ND 2.0)

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Régionales : le combat de boue entre Bartolone et Pécresse

Publié le 12 décembre 2015
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Par Éric Verhaeghe.

Claude Bartolone credits Parti socialiste via Flickr ((CC BY-NC-ND 2.0)
Claude Bartolone credits Parti socialiste via Flickr ((CC BY-NC-ND 2.0)

 

La campagne des régionales en Île-de-France donne la nausée. Alors que le séisme du Front National s’est ajouté au séisme du terrorisme, Valérie Pécresse et Claude Bartolone se livrent à un duel à la mode ancienne, hors sol, minable, sourd aux nouveaux défis que la France doit relever, où se dévoilent deux visions du monde dont aucune ne donne envie de vivre à Paris.

Vive les prolos

C’est avec les accents les plus crispants de la bourgeoisie méprisante et réactionnaire que Valérie Pécresse fait ses meetings.

Son porte-parole, Geoffroy Didier, s’est senti obligé de qualifier Bartolone de « prolo » . Il aurait même pu dire « prol », expression que j’avais découverte, lorsque je suis arrivé à Paris en 1986, dans la bouche d’une copine de khâgne qui se proclamait de gauche et dont les parents étaient chercheurs au CNRS. Le « prolo », ou le « prol », pour l’élite parisienne (qu’elle soit de droite ou de gauche, et même plutôt de gauche), c’est un peu l’équivalent autochtone du colonisé : il pue, il est vulgaire, il est sale, il est simple d’esprit, mais c’est une victime du capitalisme et donc il faut le plaindre et le défendre.

J’ai toujours été révulsé par cette expression : non pour ce qu’elle dit, mais pour ce qu’elle ne dit pas, ce qu’elle évoque à mots couverts. Dans ce mot, il y a une couche immense de mépris social, de racisme qui ne dit pas son nom, et qu’on niera la main sur le cœur en proclamant : « comment peut-on me soupçonner de racisme ? », il y a une profonde moue de dégoût pour le pauvre, pour le gagne-petit qui fait du camping et qu’on ne veut surtout pas à dîner chez soi, pour celui qu’on reçoit sur le pas de porte, ou dans la cuisine, celui à qui on ne fera jamais les honneurs du salon.

Le « prolo » en dit long sur la propre représentation sociale que les Républicains se sont forgée d’eux-mêmes : celle d’une élite sociale que les Pécresse, Koscziusko-Morizet et consorts incarnent et veulent préserver au fil des élections. Après le raz-de-marée du Front National, les Républicains n’ont décidément rien compris aux leçons des urnes.

Vive les serre-têtes !

Même obsolescence (non seulement programmée, mais réalisée !) du côté de Bartolone, qui accuse de façon stupéfiante Valérie Pécresse d’incarner l’Île-de-France des serre-têtes. L’expression est un vrai pousse-au-crime. Que n’aurions-nous entendu, que n’entendrions-nous pas si Pécresse accusait Bartolone de faire le jeu des voiles islamiques, des djellabahs ou des chapeaux chinois ? Là encore, la majorité démographique doit avaler des humiliations que les minorités n’accepteraient pas ?

Qui plus est, l’occasion m’est ici donnée de faire l’éloge du serre-tête. C’est un très bel objet qui participe d’une rigueur féminine souvent pleine de sous-entendus. Si je faisais une petite statistique personnelle, je pourrais prouver que la femme en serre-tête est souvent bien plus libérée, sensuelle, voluptueuse, que la femme qui n’en porte pas.

Mais ce n’est pas, bien évidemment, le sujet. Notre problème tient plutôt aux mensonges éhontés de Bartolone, une fois de plus. D’un côté, il explique que le Front National est une abomination parce qu’il divise les Français. De l’autre, pour faire campagne, Bartolone n’a aucun scrupule à stigmatiser les jeunes femmes qui portent des serre-têtes, avec cet horrible sous-entendu selon lequel il ne gouvernera pas pour elles.

Continuez comme ça, mes amis, continuez à ne pas voir le fossé qui s’ouvre sous vos pieds, continuez vos disputes ancestrales… et vous achèverez de précipiter la France dans la fange où vous lui avez fait plier le genou.

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  • Il me semble que vous renvoyez dos à dos un peu vite les deux protagonistes. J’aurais une lecture un peu différente de l’affaire : Bartolone se croit dans le camp du Bien et des opprimés alors même qu’il a fait fortune sur le créneau de la mise en dépendance sociale et l’assistanat. Il s’agit d’un créneau où les socialistes excellent, et lorsque les barrières de la pudeur s’abaissent un peu, ils vous l’avoueront même ouvertement, j’en veux pour témoin feu Georges Frêche où Pierre Moyroy qui ne s’en cachait pas. Plutôt que de les renvoyer dos à dos, j’aurais tendance à dire que Bartolone est une petite vermine qui se croit tout permis et que Valérie Pécresse, qui représente certes un camp bien défini – celui de la France bourgeoise -, ne fait que répondre en restant dans les clous (elle ne fait qu’ironiser sur celui qui se dit prolo).
    Pour ce qui est des serre-têtes et des femmes qui le portent : entièrement d’accord avec votre analyse 😉 !

    • « Bartolone se croit dans le camp du Bien et des opprimés »

      Non, il est dans le camp du progrès. Dans sa profession de foi pour le second tour, il est écrit :

      « vous avez été 40% à accorder votre confiance aux candidats de la gauche et des écologistes, plaçant le camp du progrès en tête du premier tour et en position de gagner dimanche prochain. »

      Pour prolonger les propos de M. Verhaeghe, Bartolone ne considère pas que seul le FN divise les français, mais Les Républicains le font aussi. Parmi les trois raisons pour voter pour lui demain, on trouve celle-ci :

      « Battre la droite extrême de M. Sarkozy qui n’a d’autre projet que de fragiliser nos services publics et de diviser notre population. Souvenez-vous de ce qu’ils ont fait de notre pays; imaginez ce qu’ils feraient de notre région. »

      La tête du parti considère que la droite est un rempart au FN dans deux régions, mais en Ile-de-France elle ne semble guère valoir mieux : cela devient difficile à suivre.

  • qu’est ce qu’on en a à faire du mépris de ces gens là envers les autres ; sans les zélus , on peut vivre ; sans nous ils ne le peuvent pas ;

  • par contre, qualifier Bartolone de mafieux c’est la stricte vérité.
    Pécresse vient quand même mieux que Bartolone (même si à la base, je ne l’aime pas)

  • Je ferais tout de même une différence entre un dérapage, certes regrettable, et des propos réitérés qui signent ke sectarisme congénital d’une gauche inspirée par la lutte des classes.

  • J’aime bien quand les gens découvrent que la politique ressemble à ce qu’on trouve dans les fosses septiques. Ca fait souvent un choc terrible.

  • Convenons que Mme Pecresse fait « bonne famille snob » mais Mr Bartolone transpire la haine et sue le délire. Vouloir les renvoyer dos à dos est de la mauvaise foi journalistique (= bien pensance).

  • Ce n’est pas bien de répondre avec un lien ou une vidéo YT mais là, je n’y résiste pas :

    « La petite cuisine des frères Bartolone »
    http://www.lepoint.fr/politique/la-petite-cuisine-des-freres-bartolone-09-12-2015-1988654_20.php

    Valérie Pécresse n’est pas une sainte mais question copinage, clientélisme et magouilles, le sieur Bartolone est difficile à battre.

  • Belle description des protagonistes! Les français pendant ce temps là songent a passer un coup de torchon .

  • Personnage méprisable par son sectarisme et sa vulgarité…
    Hollande l’a collé sur un perchoir, qui s’apparente a la plus haute marche d’un podium !
    Pour la discipline je ne m’abaisserai pas à la désigner.

  • Mieux vaut prolo que sans dent…

    En tout cas, pecresse est sûrement un des meilleurs élément des republicains actuellement pour les libéraux.
    Elle a , notamment, permis un début d’autonomie des universités dans un contexte de résistance et d’opposition extrêmement important

  • ben ce qui est gênant est l’horrible vérité : l’ hypocrisie des élus qui se posent en garant de l’unité nationale des français tout en présentant un programme qui en privilégie une parie.. quand ils n’en instrumentalisent pas la division…
    D’une certaine façon , ce sont les limites pratiques de l’exercice du pouvoir qui assurent  » l’unité » du pays, car on ne peut pas véritablement et profondément spolier une grande partie des électeurs sans risquer leur révolte pure et simple.

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