Par Philippe P.
J’ai commencé lundi ma semaine après les attentats de vendredi soir en me demandant si j’aurais perdu des patients ou si certains d’entre eux auraient eu des proches ou des connaissances parmi les victimes. Il faut dire que je compte un certain nombre d’habitants du XIème arrondissement dans ma clientèle, voire un nombre certain de bobos.
Je n’ai eu à déplorer aucune perte parmi ma clientèle. D’ailleurs, à peine publiée, je me suis jeté sur la liste des victimes et j’ai pu constater que je n’en connaissais aucune. Ceci dit, aucune liste des blessés n’ayant été rendue publique, je ne sais pas si certains anciens patients sont actuellement à l’hôpital.
Mieux encore, parmi ma clientèle, aucune personne n’a à déplorer de victime dans son entourage proche. Aucun membre de leur famille ni aucun de leurs amis n’est tombé sous les balles des assassins et c’est une chance. Cependant, nombreux sont ceux qui connaissent une personne ayant eu un proche blessé ou assassiné.
En revanche, j’ai senti chez ceux qui habitaient le quartier où ont eu lieu les fusillades, l’amorce d’un syndrome de stress post traumatique. Je ne sais pas comment il évoluera.
Pour certains, il s’agit simplement de l’irruption du réel dans un monde hédoniste. Ils ne pensaient pas que cela se produirait parce que “les victimes ne faisaient rien de mal, rien d’autre que de boire des coups en terrasse ou écouter de la musique”. Il semble qu’en l’absence de faute réelle ou supposée permettant d’établir un lien entre une balle de Kalachnikov et un comportement banal, la stupeur s’installe.
Effectivement et c’est le propre des attentats, on frappe généralement des civils innocents. Si ce n’est que pour les terroristes, personne n’est vraiment innocent puisque dans leur cerveau vicié, il y a simplement nous et eux. Du côté des victimes, on trouve que c’est lâche et aveugle tandis que pour les bourreaux, aucune de leurs victimes n’est vraiment innocente à moins que, jouant au billard, ils ne se servent de ces morts anonymes pour atteindre le pouvoir en place. Il est effectivement plus simple de flinguer un quidam qu’un ministre.
Pour d’autres, tout aussi choqués, mais plus réalistes que les bobos, ce n’est pas la stupeur qui s’installe mais la colère et le ressentiment. Parce que eux, contrairement aux autres, s’attendaient à ce que les événements de Charlie Hebdo se reproduisent. C’est devenu tellement simple manifestement de se procurer un fusil d’assaut qu’un attentat ne nécessite plus aucune logistique particulière. Ceux-là en veulent particulièrement à l’État. Ils en ont marre d’apprendre à chaque fois que chacun des terroristes était bien connu des services de police.
Le fait même de vivre sur les lieux du drame est aussi un facteur de stress. Il n’est pas simple de passer quotidiennement devant ces mausolées que sont devenus les lieux des tueries, avec leur vitrine criblées d’impacts, leur amas de bouquets fanés et de bougies éteintes. Ces lieux qui étaient soit anonymes parce qu’on n’y mettait pas les pieds ou au contraire des lieux de fête parce qu’on les fréquentait sont devenus en l’espace d’une nuit le symbole d’une sauvagerie terrible.
À mon humble échelle, le pire a donc été largement évité et j’en suis ravi. Les quelques dizaines de personnes que je reçois régulièrement sont donc passées à travers les gouttes et c’est une chance. Le SSPT qui s’installe ne me semble pas préoccupant plus que cela du moins en l’état. On n’en n’est pas à la psychose et tout devrait se calmer dans les semaines qui viennent ; chacun vaquant à ses occupations comme avant les fusillades. En revanche que ces abrutis de djihadistes remettent le couvert et ce sera bien plus préoccupant.
Que voulez-vous, malgré tout je les aime bien mes bobos.
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Lire aussi sur Contrepoints notre dossier sur les attentats à Paris.
On utilise le vocable PTSD à toutes les sauces médiatiques…Le sd de stress post-traumatique n’affecte que ceux qui ont vécu l’événement traumatique , c’est à dire ceux qui ont été confronté au réel de la mort…Ou bien ceux chez qui l’événement vient “réveiller” un ancien trauma enfoui…Toutes les autres manifestations sont de registre névrotique ou l’accentuation d’un trouble préexistant….
“Que voulez-vous, malgré tout je les aime bien mes bobos.”
Encore une fois c’est moi qui avais raison. Parmi tous les internautes postant sur ce site je suis le seul, je dis bien le seul, qui ait toujours défendu bec et ongles les bobos (en préconisant une fusion entre le progressisme du bobo et la méfiance du libéral envers l’Etat) pendant que les libéraux-conservateurs s’amusaient à cracher avec la meute sur les bobos… Maintenant ces libéraux-conservateurs sont tout confus, tout déboussolés, étant donné que les récents attentats, exactement comme ceux contre Charlie Hebdo, ont ciblés en priorité des bobos.
Voici un de mes commentaires, datant de juillet dernier : “Il est temps de se lever pour dire qu’il y en plus que marre du hold up des conservateurs sur le libéralisme. Il est temps de remettre les libéraux-conservateurs à leur place et de fièrement faire la proposition suivante : Le bobo est l’avenir du libéral.”
Voici un autre commentaire datant de septembre dernier : “il y a encore plus rebelle que le libéral : Le bobo libéral. Oui, vous m’avez bien lu, j’ai bien écris « bobo », j’ose réhabiliter ce mot qui est presque devenu une insulte […] le bobo libéral est le plus rebelle de tous les libéraux, le plus courageux de tous les libéraux, car il ne fait pas l’erreur des libéraux-conservateurs : rejeter en bloc la « gauche », le progressisme, l’athéisme, l’antiracisme, le multiculturalisme, le féminisme, la lutte contre l’homophobie, diaboliser la révolution sexuelle, diaboliser la consommation de drogues. Le bobo libéral estime qu’on peut être athée, antiraciste, féministe, etc, sans forcément vouloir que l’État octroie des privilèges aux femmes, aux minorités ethniques, aux minorités religieuses, aux minorités sexuelles.”
Il vous a échappé que Philippe est un psychothérapeute et que sur son blog il s’amuse justement des psychoses de ses clients bobos qui sont son fonds de commerce… et c’est pour cela qu’il les aime bien.
Allez y faire un tour, c’est souvent un grand moment de rigolade.
Excellent.
Même si je ne l’ai pas formulé je pense comme vous.
J’ai longtemps défendu la tolérance auprès d’athée convaincus et combatifs. Malheureusement, je dois leur donner raison aujourd’hui…
Au fait c’est quoi le nom scientifique de la maladie qu’est la croyance religieuse ?
Mais quid de l’écolo-bobo-socialo ❓ C’est un bobo, non ❓
🙂