Djibouti attendu au tournant démocratique

La tension monte à Djibouti et la violence de la réaction du pouvoir peut faire craindre à un embrasement généralisé.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
The president of Djibouti credits AR AlHashemi via Flickr ((CC BY-ND 2.0)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Djibouti attendu au tournant démocratique

Publié le 10 novembre 2015
- A +

Le vent de la contestation souffle de plus en plus fort à Djibouti et la réaction du pouvoir ne s’est pas fait attendre. En quête de dialogue avec le président Ismaël Omar Guelleh, l’opposition désespère de trouver un terrain d’entente malgré un compromis politique couteux en 2013. Presque trois années plus tard, la pression repart à la hausse et le pouvoir multiplie les arrestations afin de couper l’élan d’un mouvement qui pourrait le faire vaciller. Djibouti est-il sur la mauvaise pente ?

Par Paul Laroche.

The president of Djibouti credits AR AlHashemi via Flickr ((CC BY-ND 2.0)
The president of Djibouti credits AR AlHashemi via Flickr ((CC BY-ND 2.0)

Ne nous le cachons pas, beaucoup de pays africains ne s’honorent pas par le respect de la démocratie et des droits de l’homme. Le petit État de Djibouti bordé par le Golfe d’Aden ne fait malheureusement pas exception malgré l’espoir d’un dialogue national renouvelé suite à des élections législatives en 2013 qui avait vu la percée historique de l’opposition. En place depuis 1999, le président Ismaël Omar Guelleh semble bien vouloir se représenter en 2016 pour effectuer un quatrième mandat. Une possibilité qui suscite l’indignation de ses adversaires politiques qui pour certains sont arrêtés et détenus au mépris des règles de droit. La tension monte à Djibouti et la violence de la réaction du pouvoir peut faire craindre un embrasement généralisé à moyen terme. Une hypothèse aux résultats contreproductifs pour un pouvoir qui cherche à renforcer encore sa mainmise sur l’État.

Face à un nouveau regain de tensions politiques, L’Association Française d’Amitié et de Solidarité avec les Peuples d’Afrique (AFASPA) a adressé un courrier au président djiboutien, mais aussi au président Français afin que cessent « les violations diverses des droits de l’homme perpétrées par les militaires et les forces de police Djiboutiennes sur des bases ethniques, tribales et familiales, à l’encontre des personnes dont le seul délit est d’avoir un lien plus ou moins lointain avec des membres du Front pour la Restauration de l’Unité et de la Démocratie (FRUD) ».

Opposé militairement aux forces de l’ordre djiboutiennes, le FRUD constitue une épine dans le pied d’un président qui souhaite disposer d’une liberté totale dans son pays. Des opérations coup de poing sont parfois menées par l’un ou l’autre des protagonistes sans que la paix ne soit mise sur l’autel de la réconciliation nationale. Depuis le 3 octobre, ce sont les forces loyalistes qui sonnent la charge avec des arrestations de civils dont le seul crime est d’être liés familialement avec des membres du FRUD. Une campagne de terreur dénoncée par l’AFASPA après les premières révélations de la Ligue djiboutienne des droits de l’homme. Plusieurs dizaines de personnes auraient été arrêtées à ce jour dont une quinzaine de femmes.

La justice djiboutienne doit rapidement faire la lumière sur ce qui ressemble de plus en plus à une tentative d’intimidation par le pouvoir, même s’il est encore trop tôt pour cerner tous les tenants et les aboutissants de cet épisode peu glorieux. À un an des élections présidentielles auxquelles le président Guelleh ne peut pas se présenter si la Constitution reste la même, l’affaire fait grand bruit au sein d’une société djiboutienne qui voit avec inquiétude la montée des tensions. Sur le plan international, l’image d’Ismaël Omar Guelleh pourrait s’en ressortir ternie surtout que cela survient quelques semaines après le refus présidentiel de se présenter devant la justice britannique (en qualité de témoin) pour faire la lumière dans le procès Boreh.

Djibouti est à un tournant de son histoire. Soit toutes les parties en présence font preuve de responsabilité et cessent les actions qui engendrent la violence, soit une dérive autoritaire sans précédent et des contestations violentes pourraient éclater dans un pays où la stabilité est recherchée par les grandes puissances qui disposent notamment de bases militaires. En effet, la situation géographique tout à fait exceptionnelle de Djibouti en font un théâtre de manœuvres militaires bien plus importantes que ne le suggère la puissance intrinsèque du pays.

Voir les commentaires (5)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (5)
  • La france et ses ingérences !

    Mr. Laroche votre écrit est loin la réalité du pays (ou des personnes) qu’il décrit.

    Remballez votre pseudo démocratie (qui d’ailleurs a fait un travail remarquable en Libye) et laissez la gérance de l’Afrique aux africains.

    Vous êtes le premier ennemi de l’Afrique et de Djibouti.

    Et si ce petit papier est votre gagne-pain (chose que je peux comprendre), faites de la mécanique ou quelque chose d’autre parce que là vous êtes mal.

    • Un djiboutien, tu étais bien content quand la France faisait de l’ingérence de 1977 à 1999 pour soutenir Gouled, surtout avec son intervention militaire pour soutenir le régime lors de la guerre civile de 1992.

      En gros tu aimes les ingérences qui sauvent ce régime dictatorial mais pas les ingérences qui dénoncent ses crimes. Comique va.

  • C’est comique!

    « la stabilité est recherchée par les grandes puissances qui disposent notamment de bases militaires », aux premier rang desquelles, se trouve évidemment la France, depuis longtemps, caressant O.Guelleh, dans le sens du poil.

    Il ne lui serait donc pas difficile, de concert avec les autres « grandes puissances », dont elle prétend toujours faire partie, de faire pression pour que, contrairement à une tradition africaine, un « Chef » ne cède pas sa place avant la mort, quels que soient les textes voulant modifier les usages et traditions qui prévoient bien de tuer ses ennemis.

    Mais je suppose que là n’est pas la volonté de la puissance coloniale depuis 1859! Le tout est de garder Djibouti et son port et ce point stratégique! (en montant rapidement et opportunément, dans ce cas, un voile sur les « Valeurs Républicaines Universelles ».

    D’ailleurs les commentateurs sont absent sur cet article, les Français ne s’intéressant aucunement à l’Afrique, comme d’habitude, sur Contrepoints.

    Mais …

    https://www.youtube.com/watch?v=19LjBgvAVY8

    Guy Béart avait raison!

  • Toujours le colon français qui va apprendre la civilisation et la démocratie au sauvage africain on connait la chanson ça dure depuis 500ans il faut changer le discours

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

C'est lors d'une conférence de presse, organisée au sein du quartier des Célestins, à Paris, que le général de corps d'armée Alain Pidoux, patron de l'Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN), la « police des polices » des gendarmes, a présenté le rapport d'activité 2022, un document dense, de près de 144 pages, qui recense chiffres et analyses de l’organisme de contrôle interne de l’action des gendarmes, mais aussi des contributions extérieures.

 

Signalements de particuliers et violences envers les gendarmes en... Poursuivre la lecture

« Ah ! ça ira, ça ira, ça ira ! Les aristocrates à la lanterne. Ah ! ça ira, ça ira, ça ira ! Les aristocrates on les pendra. Si on n’les pend pas, on les rompra. Si on n’les rompt pas, on les brûlera. »

Voilà ce que nos enfants apprennent à l’école : à pendre, à démembrer, à brûler leurs édiles.

Le président de la République avait produit un livre quelques mois avant sa première élection :  Révolution.

Bientôt on fêtera la prise de la Bastille. Une centaine de morts, dont le gouverneur de la prison vide où ne résidait pl... Poursuivre la lecture

3
Sauvegarder cet article

Les procédures classiques de la démocratie libérale, la délibération rationnelle et l’acceptation du pluralisme politique n’ont plus la cote dans le débat public. D’un côté, le centre autoritaire macronien s’appuie sur le cœur technocratique et policier de l’État pour gouverner, de l’autre les professionnels du désordre d’extrême gauche soufflent sur les braises de la colère populaire pour reprendre la main politiquement.

Dans les deux cas, la violence prend petit à petit le pas sur le droit, l’esprit de faction sur l’esprit public, le... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles