Quand l’État vous disait qu’Internet n’avait aucun avenir

« Son mode de fonctionnement coopératif n’est pas conçu pour offrir des services commerciaux. »

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Quand l’État vous disait qu’Internet n’avait aucun avenir

Publié le 12 octobre 2015
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Par Philippe Silberzahn

Mon attention a été attirée sur le rapport Thery de 1994. Intitulé « Les autoroutes de l’information », il fut écrit par Gérard Théry, Alain Bonnafé, Michel Guieysse et adressé au Premier ministre de l’époque, Édouard Balladur. La lecture de ce rapport, presque 20 ans après, est fort instructive  Elle révèle comment trois technocrates français parmi les plus compétents (Théry est polytechnicien et ingénieur des télécoms) voyaient l’avenir des autoroutes de l’information et le rôle que l’internet allait y jouer. En substance, l’existence de ce dernier est reconnue, mais il est rapidement écarté. On lit en effet :

« Son mode de fonctionnement coopératif n’est pas conçu pour offrir des services commerciaux. Sa large ouverture à tous types d’utilisateurs et de services fait apparaître ses limites, notamment son inaptitude à offrir des services de qualité en temps réel de voix ou d’images. »

Plus loin on lit, après un liste des limites de ce réseau :

« Ce réseau est donc mal adapté à la fourniture de services commerciaux. »

Sans rire.

La question qu’il faut se poser est donc celle de savoir pourquoi des gens intelligents commettent de pareilles bévues. Les âmes charitables essaient de faire remarquer qu’en 1994, il manquait encore beaucoup d’outils pour faire d’Internet un vrai réseau commercial solide. Le réseau n’en était qu’à ses débuts, et on n’y accédait qu’au travers une connexion très lente. Il était difficile d’imaginer son développement. Dont acte. C’est difficile de prévoir l’avenir.

Mais dans ce cas, il eût mieux valu se taire. Ce qu’on demande précisément à un tel rapport, et à de tels experts, c’est de nous éclairer sur l’avenir, de le prédire. Or c’est impossible, nous le savons. Ces « experts » pourraient-ils avoir l’honnêteté de reconnaître leur ignorance et de nous le dire ? Eh bien non, car ils sont experts, voyez-vous. Au-delà de ce que j’appelle l’arrogance épistémique, les prédicateurs commettent à mon sens trois erreurs :

1ère erreur : l’extrapolation

avenir libéralisme hollande rené le honzecLeur prédiction repose sur une extrapolation, c’est-à-dire l’extension au long terme d’une tendance initiale. Derrière cette pratique se cache l’hypothèse implicite que « demain sera comme aujourd’hui en un peu plus ou un peu moins ». Ainsi, les auteurs du rapport indiquent que « le chiffre d’affaires mondial sur les services qu’il engendre ne correspond qu’au douzième de celui du minitel. » Sans le dire explicitement, ce qui est insinué ici c’est que l’internet est et restera mineur par rapport aux alternatives « sérieuses ». Il est petit, donc il restera petit. Traçons un trait et extrapolons.

Ne riez pas : les prédicateurs font cela tous les jours. Le 1er janvier dernier, aviez-vous fait vos forecasts pour 2015 ? Eh bien vous avez extrapolé. Comme Thery en 1994.

2ème erreur : raisonner en toutes choses égales par ailleurs

La prédiction part  généralement du principe que le reste ne changera pas. Ainsi ce qui frappe dans le rapport est que pas une fois ses auteurs n’envisagent que l’internet évolue. Que ses lacunes soient comblées. Que ses faiblesses n’en soient pas vraiment. Internet est jugé sur ce qu’il est à l’époque, pas sur ce qu’il peut être ou peut devenir. Sa dynamique, déjà très forte à l’époque, est totalement ignorée.

Or dans la comparaison de systèmes (écosystèmes) concurrents, c’est fondamentalement la dynamique qui compte. Comparer Internet et Minitel en 1994, c’est comparer un système balbutiant, à l’aube de sa croissance, et un autre en fin de vie. On peut admettre que les auteurs aient manqué certains développements, bien sûr, mais ignorer cette dynamique est fatale.

3ème erreur : être victime d’un biais identitaire

Les auteurs jugent l’internet à l’aune de ce qu’ils connaissent, et qui modèle leur pensée, c’est-à-dire le Minitel (dont Thery est l’un des inventeurs). Ainsi, l’absence d’annuaire leur paraît rédhibitoire. Réseau ouvert, Internet ne leur paraît pas aussi crédible que Minitel. Etc.

On se souvient du soutien désespéré de France Télécom à X25 qui, contrairement à Internet, était un vrai réseau sérieux et sécurisé. Il s’agit d’un phénomène très classique en stratégie, selon lequel la vision que nous développons de notre environnement est modelée par notre identité sociale et professionnelle. Un thème que j’ai déjà abordé plusieurs fois avec mon collègue Milo Jones et qui est également abordé par Clayton Christensen dans ses travaux sur l’innovation de rupture. À l’extrême, mais on n’ose bien sûr soupçonner nos technocrates d’une telle chose, ce biais identitaire transforme l’auteur en défenseur de sa cause.

En conclusion, il faut certainement reconnaître, une nouvelle fois, la difficulté de prédire. Soyons lucide, l’arrogance épistémique ne disparaîtra pas, et les prédictions ne cesseront pas. Le courage de dire « je ne sais pas » n’est pas valorisé socialement, car qui que nous soyons, et a fortiori si nous sommes des « experts », on attend de nous des réponses aux questions que l’on nous pose. Mais le drame de la technocratie française, sa combinaison unique d’incompétence encyclopédique et d’arrogance, apparaît de façon particulièrement vive dans l’épisode de ce rapport : au moment-même où nos « experts » expliquaient doctement qu’Internet était « mal adapté à la fourniture de services commerciaux »,  Marc Andreessen et Jim Clark créaient Netscape, et un certain Jeff Bezos créait la librairie en ligne Amazon, du succès de laquelle nos technocrates, nullement marris de leur bévue initiale, s’affairent désormais à protéger libraires et éditeurs français.


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  • Je pense que la vraie question n’est pas « comment des gens intelligents peuvent-ils commettre de telles bévues », mais plutôt « est-ce que ces gens sont aussi intelligents qu’ils le croient ? » ou plus sobrement « qu’est-ce que l’intelligence ? »
    Attribuer la qualité d’intelligence à quelqu’un en fonction de son niveau d’études ou de l’école dont il ou elle est issu(e) est stupide, vieillot et stérile.
    L’intelligence, ce n’est pas l’accumulation de connaissances (même si le second participe au premier), ni un statut.
    L’un des critères (et à mon humble avis, le principal) est plutôt ce qu’on fait de ces connaissances, et c’est pourquoi des gens « intelligents » qui pondent ce genre de rapport montrent en fait les limites de leur capacités intellectuelles…….

    • La connaissance c’est comme un coffre d’outil et certains ont les mains pleines de pouces et perdent rapidement la clef du coffre.

    • la position de taleb, que je soustien c’est que c’est imprévisible, point.
      Il défend que l’on peut prévoir ce qui va disparaitre, parce que c’est gênant et qu’on fera tout pour le faire disparaitre.
      mais ce qui va apparaitre, aucune idée.

      L’erreur c’est de croire que l’intelligence peut prédire.

      NB: en épistémologie c’est pareil, en pire.

      • Exact, le vrai « fatal conceit » de nos jours c’est cette illusion qu’on peut prédire l’avenir. Bref, cette croyance Laplacienne que l’aléatoire n’est que la forme de la méconnaissance, voire de l’intelligence limitée.
        C’est de croire qu’un modèle bien calibré marchera forcément pour demain.

        Bref, pour parler avec la nomenclature de Frank Knight, croire que l’incertitude est un risque.

        Et l’intérêt de cette phrase, c’est que sortie du contexte knightien elle marche toujours et explique le dépérissement de la France, qui cherche à tout prix à limiter ces incertitudes consubstantielles à la croissance, à l’innovation.

  • A ce qu’il paraît toutes les élites françaises d’avant 1940 (politiciens, militaires, ingénieurs …) excepté de Gaulle étaient favorables à la ligne Maginot.

    En France, le bon ses est chez le peuple plus souvent que chez leurs prétendues élites.

    • ligne Maginot ?jamais prise MAIS pas construite partout pour raisons politiques…les gens intelligents devaient penser à l’époque que ligne Maginot et frontière théorique c’était pareil
      pourquoi ne pas parler de Pasteur…si souvent raillé par le beau monde médical AVANT
      En fait les gens qui changent le monde ,le font, parce qu’ils ne savent pas que c’est impossible selon leur société ou parce qu ils vont jusqu’au bout de leurs intuitions…

    • Comme dit par jose Paldir, la Ligne Maginot n’était pas continue, elle ne couvrait pas la frontière belge. Mais je me souviens aussi d’un reportage où il était dit que les Allemands avaient tenté de l’attaquer directement en un point, et qu’ils s’y étaient cassé les dents. Bien évidemment, les armes modernes, notamment les bombes capables de percer plusieurs mètres de béton, rendent ce type de défense obsolète.

  • Très intéressant ! Vous auriez du mettre un minitel en image 🙂

  • ce qui me frappe ce n’est pas cela, ce qui me frappe c’est qu’en dépit de multiples prévisions, modèles ayant été prouvés faux ..les gens continuent à leur faire confiance.

    Les arguments logiques qui rendent les conclusions du rapport Thierry irrecevables autrement dit, une suite d’hypothèses ne reposant sur rien, pouvaient déjà être invoqués lorsque ce rapport a été produit.

    toute prévision sur le futur , hors expérience de physique aux paramètres contrôlés, exige des hypothèses et consiste donc à dire » si tout se passe comme prévu, le futur se passera comme prévu. »

  • Ils avaient peut-être aussi pressenti le potentiel d’ internet mais ne voulaient pas que le Minitel soit abandonné ou préconiser de l’ abandonner. C’était la vache à lait du moment pour France Télécom et ô combien ! Je me souviens de mes factures pro et personnelles! Ce n’étaient pas des experts vraiment indépendants de ce temple du crony capitalisme qui allait déjà devoir abandonner son juteux monopole du téléphone voix pour le partager avec d’autres, même si tout sera mis en oeuvre pour lui garder les meilleurs morceaux non-concurrentiels…

  • vous partez d’un principe : l’expert est intègre..mais pas tous !
    un rapport n’est jamais honnête , il doit dire ce qu’on espère y lire , si ce n’est pas le cas l’expert et le rapport partent a la poubelle.

  • Nos élites se cachent si haut que l’on ne perçoit que leur bruit, n’aperçoit que leur cul et ne comprends où ils vont qu’en voyant leur traînée, par contre ils ne perçoivent qu’un brouhaha de jérémiades, le dos de quelques fourmilières et n’ont pas à s’occuper d’où on va car on reviens toujours sur nos pas. Mais quelquefois un fourmilier passe par là, gratte avec ses griffes, bouffe grâce a sa langue gluante et disperse une compagnie sure de son intouchabilité… Et ça repart différemment. Ils n’ont rien vu rien entendu et rien compris… Ils restent là haut.

  • Les technocrates et autres « experts » ne savent bien souvent qu’extrapoler des courbes. S’ils font totalement l’impasse sur le facteur « inventivité humaine » c’est peut-être parce qu’eux-mêmes en sont dépourvus. En raison de leur suffisance: seul celui qui est humble, qui se laisse bousculer par le réel est capable de dépasser les limites du possible.

  • Si vous demandez à une commission gouvernementale, elle vous répond que ce qui n’a pas été conçu et préconisé par une commission gouvernementale n’a aucun avenir. Car le rapport ne traite pas tant de l’avenir d’internet que de celui, personnel, de ceux qui l’ont rédigé…

    • Vous avez certainement mis le doigt là où ça fait mal : ces rapports nous en disent plus long sur leurs auteurs que sur le sujet traité. Et ce d’autant plus qu’avec leurs abracadabrantesques analyses, les pillards de l’Etat obèse ne dilapident pas leur argent personnel mais celui des Français.

  • Très intéressant et révélateur. E le rejet actuel des nombreuses innovations par le gouvernement et nombre de Français est en ligne avec ce comportement de l’époque et provoquera le même retard.

  • comme disait le grand politologue Michel Colluchi : « quand on a rien à dire, il vaut mieux fermer sa gueule » !

  • Je crois surtout que le leur biais leur vient aussi de leur élitisme. Ces gens nous prennent, vous prennent, pour des abrutis finis. Il flatulent plus haut que leur orifice anal et il leur est donc inimaginable qu’un réseau qui fonctionne sur la coopération plus que sur l’organisation par des élites bien pensantes puisse fonctionner. Théry est un ingénieur formé dans une école publique qui travaille dans une école publique pour des infrastructures publiques. Ce mec fait partie des planificateurs. de ceux qui pensent pour vous et vous interdisent de penser autrement.

    Pour lui internet est un truc ouvert destinés aux beaufs, une espèce de fête à neuneu, pas très sérieuse: Un truc fait par le peuple. Eux les élites, ils savent mieux.

    • Pour lui internet est un truc ouvert destinés aux beaufs, une espèce de fête à neuneu, pas très sérieuse: Un truc fait par le peuple. » Je suppose quand même qu’il savait qu’Internet avait été développé sous l’égide du Département de la Défense des Etats-Unis d’Amérique (sous le nom d’Arpanet). Mais comme l’a indiqué un intervenant: prédire un avenir à Internet, c’était aussi conclure que le minitel était en fin de vie … et donc adieu veaux, vaches (à lait), cochon, couvée pour un ensemble d’opérateurs et en premier lieu FT.

  • A l’époque, Gérard Théry avait 61 ans. Je n’ai rien contre les sexagénaires, et pour cause, mais par exemple, pourquoi ce rapport n’a-t-il pas été demandé à Christian Huitema, jeune camarade de 20 ans plus jeune, qui était à l’époque le premier président non-américain de l’Internet Architecture Board, et qui publia en 95 « Et Dieu créa l’Internet » ?

    • Un des drames de la France: c’est un pays de vieux, pas physiquement mais intellectuellement et socialement. Nous sommes vieux dans nos têtes donc nous n’avons pas d’esprit de conquête ni le sens du risque…

  • Qui est le plus à blâmer ? La voyante qui vend ses prévisions ou le gogo qui lâche de l’argent pour les écouter ?

    • Sans vouloir blâmer, cela en dit aussi très long sur la précision des études commandée par l’Etat et l’armée de beni oui oui flatteurs qui gravitent autour de nos dirigeants.

      • Ce que je veux dire, c’est qu’il faut s’en prendre à l’État qui dépense son argent dans des bétises, et non aux gens qui répondent à cette demande. Ils veulent des « experts », on ne va pas reprocher à ceux-ci de répondre à cette offre.

  • Les mêmes experts continuent de faire des prédictions très savantes et surtout, avec beaucoup d’assurance, sur le possible changement climatique dû à la méchante civilisation humaine.
    De temps en temps, ne pourraient-ils pas faire preuve d’un peu d’humilité ? Dire que, par exemple, ils n’ont aucune idée de ce qui va arriver.
    Finalement, c’est peut-être ça un monde idéal : un monde sans expert !

    • @Max , ces experts vivent à horizon constant , ils ont été moulés à : hypothèses –> demonstration –> conclusion . Le problème est que quand leur beau raisonnement arrive poussivement à une conclusion , les hypothèses sont caduques depuis longtemps … Il nous croient inadaptables car eux mêmes le sont totalement . Du haut de leur suffisance , ils n’auraient jamais pu penser que des humains de 91 ans (j’en connais) surfent sur le net comme des malades . Ces experts s’attachent à leur savoir durement acquis comme un naufragé à sa bouée . C’est leur trésor , l’évolution les terrifie , car ils ont tout à perdre : leur savoir qu’ils souhaitent tant immuable .

    • Ils ont dépassé le stade de la prédiction avec beaucoup d’assurance d’un possible changement climatique. Ils en sont à l’affirmation péremptoire d’un réchauffement climatique certain et à la chasse aux négationnistes (ceux qui osent mettre en doute cette vérité absolue).

    • les experts c’est utile, notamment pour ce qui marche.
      il y en a qui sont modeste aussi, qui disent « je sais rien, faisons gaffe »
      certains même ont l’expérience de dire « soyons fous, essayons, mais pas tous les oeufs dans le même panier »

      le problème c’est l’ego.

      même certains physiciens sont intelligents, modestes et créatifs quand ils ne sont pas à la tête d’une agence gouvernementale.

  • Techniquement, l’analyse était justifiée pour 2 raisons :

    – le minitel, X25 ou ATM sont des systèmes de communication en mode connecté. Ces technologies sont plus efficaces pour la bande passante et permettent de tracer les échanges plus facilement.

    – la loi de Shannon pouvait laisser supposer qu’il était impossible d’obtenir les débits actuels sur le réseau téléphonique et donc que l’infrastructure existante était un obstacle incontournable. (Le piètre modem du minitel à 1200 b/s avait 1/10000 de la bande passante des modems actuels !!!)

    L’erreur a été de croire que des solutions planifiées pouvait être concurrentielles par rapport à un marché libre : ce n’est pas la performance ou la technologie qui compte, mais le marché ! La technologie s’adapte d’une façon ou une autre pour répondre au besoin (et non aux décisions politiques) et les performances n’ont qu’un faible intérêt par rapport au cout (et finissent de toutes façons par s’améliorer à cause du marché).

    Ceux qui ont réussi sur le long terme dans le domaine IT sont ceux qui ont compris cela, et pas ceux qui vivent des marchés publics.

    • « ce n’est pas la performance ou la technologie qui compte, mais le marché »

      Souvenez vous du Concorde à l’heure actuelle ou la folle du Poitou veut équiper chaque français d’un Concorde électrique.

  • Pour completer cet article.
    Un article de 95 : « Les « internautes » débattent du rapport Théry. Sélection et commentaires »
    http://www.persee.fr/doc/reso_0751-7971_1995_num_13_71_2693

  • Article très interessant . J’ai côtoyé de pres des X qui dans les années 90 ne misaient pas un kopeck sur l’avenir d’internet , des messageries électroniques etc . Refusant d’entendre le moindre argument alors que ces technos étaient déja robustes et largement utilisées par bien des firmes multinationales . Nos X sont sans doute de bonnes mécaniques intellectuelles, mais leur process de sélection n’a jamais pris en compte la capacité d’innovation , c’est un véritable problème car notre monde est mouvant , il requiert sans cesse un esprit ouvert , curieux , souple et agile . Nos élites sont inadaptées au monde d’aujourd’hui et le pire c’est qu’ils sont persuadés du contraire , le pompon est que ces ânes bien bâtés nous dirigent (vers le précipice).

    • Parfaitement d’accord avec « ânes bâtés » pour ces Messieurs ………. qui a remarqué un ordinateur sur les photos du bureau de ces « dirigeants » ? . Sauf erreur de ma part, celui du Président : que nenni !
      Cela me rappelle « le mulot » ………….

    • L’X est un concentré de toute la gamme de la société. Si vous en prenez un au hasard, sa compétence peut être n’importe où entre « Je fais comme vous me l’avez dit, j’ai tapé O-U-I puis R-E-T-U-R-N, il ne se passe rien. Il fallait mettre un blanc entre les deux ? » (véridique, notre directeur informatique, X66, à peu près à cette époque) et Christian Huitema, X72, cité plus haut, que ses pairs ont choisi à la même époque pour présider l’IAB. Le processus de sélection met en avant la capacité de plaire, surtout une fois sorti quand on construit sa carrière. L’innovation importe, mais peu.

    • c’est ca.

      modestie.
      imprévisible.
      solutions « no regret ».
      jouer tout les chevaux.
      tenter sa chance et se planter pour repartir…

      mais je crois qu’ils évoluent…

  • 1994, il suffisait d’interroger les utilisateurs. Cela faisait plus d’un an que je travaillais avec un labo en Californie. Les remarques partaient le soir par mail et le matin, on pouvait télécharger leur logiciel corrigé. Il n’était pas difficile d’imaginer qu’Internet allait changer notre rapport avec le travail. Comment l’aspect international de l’Internet a pu également leur échapper ?

    Maintenant, quand on voit le traitement de la crise financière qui vient, les comportements n’ont pas vraiment changé. Il suffit d’observer l’évolution des ratios Dette/PIB ou dette/Masse monétaire pour comprendre que demain ne peut pas être une extrapolation d’hier. Malheureusement pour nos énarques, aucune droite ne conduit à l’identification de la crise.

  • Ce rapport montre 2 autres travers:
    – L’attachement aux succès du passé, vus comme étant indépassables. D’une certaines façon, ça illustre bien la tendance à ne pas faire confiance au processus destruction créatrice en France.
    – L’amour d’un service complètement centralisé et verrouillé comme le Minitel, face à un modèle décentralisé comme Internet.

  • Le lien  » rapport Thery  » ne semble pas fonctionner. Ce merveilleux rapport est-il en libre accès?

  • Le minitel , simplement se rendre sur le kiosk donc sans consommer déclenchait le tiroir caisse de FTél ! alors qu’ il percevait déja un abonnement
    A la lecture de l’ article Mr Thery était juge et parti puisque « l’ un des inventeurs »

  • Les années 90 en informatique, toute une époque !
    Avec un formidable loupé, le ratage de l’informatique en France dans beaucoup de ministères avant que la chose ne soit rattrapée plus tard avec l’arrivée en force des micro-ordinateurs.
    Mon service fut équipé de micro-ordinateurs en 1991.
    C’étaient encore des « compatibles PC XT avec 256 à 640 Ko de mémoire vive (ram) faisant tourner des programmes sur disquettes de 3,5 pouces ayant 1,4 Mo remplaçant les disquettes souples 5 1/4 , programmes qui fonctionnaient encore aux commande DOS (alt a, alt b, dir a:/, copy a:/ b:/ etc..) avec des logiciels tels que Word, Sprint ou Textor (traitements de texte) et Multiplan (tableur).
    Nota: PC était la marque d’IBM, tous les autres étaient des plus ou moins « compatibles PC ». On dit « PC » comme on disait « Frigidaire » pour un réfrigérateur.

    Les premiers Window se limitaient à rendre les « commandes DOS » plus faciles, la limitation de la mémoire à 640 Ko rendant les fenêtre graphiques, utilisant beaucoup de mémoire, inenvisageables.
    Seule la montée en puissance des micro-ordinateurs permit à Windows de se développer.

    Il y a fait donc d’un côté la Bureautique, avec les PC, et de l’autre l’informatique avec les ordinateurs d’abord, puis les mini-ordinateurs. L’informatique avait été développée très tôt, les ordinateurs étaient de grosses machines faisant tourner des disquettes à ruban magnétique où les informations étaient inscrites.
    Ces ordinateurs furent remplacées par les mini-ordinateurs plus petits avec des disques durs performants (n’importe quel micro-ordinateur actuel dépasse la capacité de stockage d’un mini-ordinateur)
    Et donc toute une architecture assez lourde basée sur les minis avait été développée pour mettre l’informatique dans les grosses entreprises et les administrations.

    C’est tout cela qui fut balayé par la montée en puissance des micro-ordinateurs avec des mémoires de plus en plus importantes ainsi que des capacités de stockage que n’avait pas le matériel lourd précédent.
    Aujourd’hui, tous les programmes lourds sont basés sur des serveurs de micro-ordinateurs avec des stockages énormes (les « juke-box »)

    Pour faire passer internet, il faut un modem. A l’époque, ils n’allaient pas plus vite que le modem équipant le Minitel. Souvent, c’est que que j’avais fait, les utilisateurs utilisaient le Minitel branché sur leur ordi pour télécharger des programmes ou des jeux à la vitesse du Minitel, celle de l’escargot au galop.

    De retour en France en 2000, j’ai voulu aller voir sur internet ce qu’il y avait.
    J’ai donc acheté un modem mais ça ramait quand même beaucoup, rien à voir avec les Mbits/s d’aujourd’hui en montant et descendant et je ne parle pas de la fibre

    Ceci pour relativiser ce qui est écrit et me moquer un peu des réactions de ceux qui n’ont pas connu la « grande époque », où effectivement, l’utilisation d’un micro-ordinateur pour communiquer restait encore du domaine de la science fiction.

  • Je rapport est plus intéressant que cette simple phrase.

    La c’était bien vu.

    « la solution de la fibre optique préconisée par le rapport Théry et il est acquis qu’à l’horizon 2015 cette technique sera majoritaire.  »

    http://www.lesechos.fr/…/16757-056-ECH_le-rapport-thery…

    Et intéressant à ce niveau:

    « Les entreprises sont seules responsables face aux marchés. Elles doivent être libres des orientations et de la mise en oeuvre des projets de développement auxquels elles participent. Elles doivent être aptes à saisir toutes les opportunités, à prendre les initiatives nécessaires pour les exploiter rapidement selon leurs propres orientations.

    Aussi revient-il aux entreprises intéressées de proposer les normes et de créer des marchés au niveau européen afin de pouvoir amortir les coûts de développement des produits sur de larges séries. Une telle démarche conduira à l’interconnexion des réseaux et à l’interopérabilité des services à l’échelle européenne.  »

    http://www.ladocumentationfrancaise.fr/…/064000675.pdf

  • Si le fait d’effectuer des prédictions, projections, implique une certaine imagination et surtout une prise de risques (pour les personnes dont c’est le métier), en revanche il est une certitude que la critique a posteriori, avec un recul de vingt ans, est un exercice facile, et dont l’objectif reste incertain (conclusion niveau « sandbox »). Seuls ceux qui ont vraiment connu cette époque, avec un regard technique, sauront apprécier les limitations de l’argumentaire exposé ici. Me semble t’il.

    • La facturation était un problème, et même n 2005 c’était pas gagné. c’est d’ailleurs toujours un problème.

      L’analyse était biaisée, mais il y a aussi une essentielle incapacité à prévoir, indépendente de l’auteur.

  • Cher Philippe,

    Avez-vous lu le rapport? Si oui, je trouve votre article injuste.

    Injuste parce que justement les auteurs prévoient avec une clarté assez surprenante ce que sera la situation 20 ans plus tard.

    Injuste parce qu’ils n’hésitent pas à faire part de leurs doutes quant à certaines situations (p. 40 sur les technologies émergentes)

    Injuste enfin parce que le but de ce rapport n’est pas l’opposition Minitel/internet mais bien de pousser le gouvernement Balladur pour qu’il s’engage dans des travaux d’infrastructure (fibre optique) pour rattraper le retard déjà pris sur les Etats-Unis et l’Allemagne et qu’il mette en place des conditions cadres pour le développement des nouvelles technologies.

    Oui les paragraphes concernant Internet se sont avérés faux.

    Oui le Minitel est très souvent cité (mais en étant parfaitement conscient de ses limitations et qualifié (p.61) de vieux (15 ans), lent, ayant un petit écran une iconographie rudimentaire, muet et ignorant la couleur…. )

    Mais cela ne devrait pas occulter une vision surprenante d’exactitude sur le futur des technologies de l’information et de leurs implications. Une lecture un tant soit peu bienveillante révèle des prédictions étonnement justes…

    Pour ceux qui n’auraient pas la patience de lire le rapport (dispo ici: http://tinyurl.com/94hlndu) voici quelques morceaux choisis…

    Rappel: le rapport a été écrit en 1995!

    Sur l’économie 2.0: p17 « Les industries de l’information joueront au début du XXIe siècle, pour les pays qui sauront faire l’effort économique correspondant, un rôle de moteur de la croissance comparable à celui qu’a joué l’industrie automobile pendant la seconde moitié du XXe siècle. »

    Sur les offres de Free: p28 « 20 à 30Mbit/s | Image de télévision haute définition, en utilisant une compression numérique à la norme MPEG 2.  »

    Sur l’avènement de Netflix: p34 « La télévision empruntera à terme les autoroutes […] Ainsi il sera possible d’accéder à des services de vidéo à la demande, avec un choix instantané de films dans une médiathèque. Elles deviendront progressivement un vecteur de distribution de la télévision […] »

    Sur le cauchemar de la CGT: p37 « L’activité à distance s’en trouvera fortement promue, réduisant la barrière entre lieu de travail et domicile, temps de travail et loisirs. »

    Sur l’anticipation des disruptions: p41 « Le trait dominant, c’est que ce ne sont pas des marchés de substitution, mais des marchés
    neufs, exactement comme le Minitel le fut en son temps. Des marchés beaucoup plus riches et plus larges du fait de l’incorporation de l’image et du son dans les services jusque-là limités au texte et à des graphismes rudimentaires.  »

    Sur la délocalisation: p43 « Les autoroutes créeront des emplois, mais ceux-ci resteront-ils en Europe ou seront-ils délocalisés vers des pays étrangers ? Le risque existe de voir déplacer des emplois, […] vers des pays à bas salaires […]. En effet, l’Europe n’est pas en situation de rivaliser avec les pays asiatiques en matière de niveau des salaires. »

    Sur la Xbox (ou la Playstation): p49 « Parallèlement la possibilité de jouer à plusieurs sur un même jeu renforce son attrait. Les autoroutes de l’information relanceront donc l’intérêt pour les jeux, en permettant d’une part l’accès à une grande variété de jeux téléchargés ou en ligne, et d’autre part en autorisant le jeu à plusieurs et à distance »

    Sur les prémisses d’Amazon: p53 « En utilisant les nouvelles technologies de l’information et les possibilités offertes par les
    autoroutes de l’information, le commerce peut être « le catalyseur du futur » et entraîner à long terme une véritable mutation de la société. […]  »

    Sur les prémisses de Google p54 : « Le deuxième axe de cette action devra dans des plates-formes d’expérimentation consister à favoriser la recherche, l’innovation et la diffusion des connaissances […]. Une diffusion très large de l’information sur ces questions est en effet nécessaire pour faire émerger de nouveaux modes de relation avec les consommateurs.  »

    Mon favori, surSiri p66 « Les agents, qui sont de véritables robots logiciels, se déplacent entre les terminaux et les serveurs avec la requête de l’utilisateur. Ils apprennent les goûts et les habitudes de l’utilisateur pour rendre plus rapide et plus facile la consultation des services. Ils prennent aussi en compte la diversité des bases de données et offrent à l’utilisateur un dialogue habituel dont il connaît bien toutes les possibilités.  »

    Sur l’objectif à atteindre p83 « La mise à disposition de tous les citoyens d’ici à l’an 2015 des autoroutes de l’information, chez eux et sur tous leurs lieux d’activité. »

    Plutôt pas mal ciblé… Non?

  • Le rapport Théry est intéressant parce qu’il appartient à la rare catégorie des rapports « ouvert » : le gouvernement ne savait réellement pas ce qu’il attendait (alors que la plupart des rapports sont « fermés » : le gouvernement sait ce qu’il veut, il n’a besoin que d’une caution « indépendante ». Si le rapport dit ce qui est attendu, il est brandi triomphalement ; sinon, il est enterré et on en commande un autre à un rapporteur plus compréhensif).
    Or même dans cette catégorie ouverte il y avait, et il y a toujours, un vice plus profond que simplement se tromper de prédiction : la principale erreur c’est … d’avoir commander un rapport TECHNIQUE sur la vie des gens !
    Comme si l’état devait se mêler de l’affaire et de savoir si on allait poser du cuivre ou de la fibre ou … rien (radio, wifi, téléphone data), et si les gens allaient s’équiper de minitel ou de modem ou de paraboles ou de boites de conserve à fil …

    A la rigueur il avait besoin d’un rapport sur l’impact sur sa propre activité (économies, nouveaux service, déclaration d’impôt ou inscription universitaire par minitel par exemple), ou d’un rapport juridique sur les interdictions existantes ou les taxations iniques qui devraient disparaitre pour permettre le déploiement des systèmes envisagés à l’époque, quels qu’ils soient (dont par exemple le minitel-fibre tel que conçu par Théry, entre autre).
    Le simple fait que ce rapport n’était pas centré sur ces sujets est symptomatique du mal profond.

  • Pas convaincu : l’article ne dit pas quel était l’objectif de se rapport et part d’emblée sur l’hypothèse qu’il est prospectif, sans en apporter la preuve. Si c’était destiné àun usage à court terme, l’argumentation est biaisée

  • Merci de cette contribution intéressante.
    A noter au passage néanmoins un faux sens sur le terme de prédicateur: c’est quelqu’un qui prêche (répand la bonne parole), pas quelqu’un qui prédit.

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