Assurance complémentaire collective : quelles combines !

L’objet du rapport remis par Dominique Libault, ancien directeur de la Sécurité sociale, est de contourner autant que possible la décision du Conseil Constitutionnel.

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Assurance complémentaire collective : quelles combines !

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 27 septembre 2015
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La publication du rapport Libault la veille de la présentation du projet de loi de finance de la sécurité sociale (PLFSS) n’a pas manqué de surprendre, moins par la date que par le contenu final du rapport. En effet, alors que les fuites organisées jusqu’ici avaient plutôt laissé le sentiment que le contenu du rapport serait assez neutre, la rédaction finale a inclus une disposition qui n’était pas claire jusqu’ici : le retour des désignations en prévoyance comme mode normal d’organisation du risque.

Une guerre larvée contre le Conseil Constitutionnel

L’objet du rapport consiste donc bel et bien à contourner autant que faire se peut la décision du Conseil Constitutionnel du 13 juin 2013.

Pour y parvenir, le rapport répète sans aucun recul critique la vulgate habituelle, même s’il s’agit d’une contrevérité manifeste. Ainsi, alors que les prix de la complémentaire santé baissent de façon évidente et forte depuis la disparition des clauses de désignation, Libault ressort à nouveau la soupe de l’augmentation des coûts de gestion. Il faut évidemment une impressionnante mauvaise foi ou une méconnaissance du terrain pour soutenir que ces coûts étaient moins élevés avant l’ouverture à la concurrence : il suffit de voir les dépenses somptuaires de certains, les partenariats dans le cyclisme et autres investissements permis par des marges trop confortables pour savoir que tous ces arguments sont faux.

Tout cela n’est évidemment qu’un prétexte pour refuser l’autorité d’une décision qui a déplu et pour rétablir des pratiques anachroniques fondées sur la combinazione à propos de laquelle il faudra bien un jour que le marché parle pour remettre les poins sur les I.

La désignation pour les multi-employeurs

Sans surprise, le rapport confirme que la désignation serait possible pour les branches où existent de multi-employeurs. Ce serait notamment le cas pour les journalistes pigistes, comme nous l’évoquions il y a quelques jours, où Audiens devrait être désignée.

La désignation en prévoyance

Le rapport propose de façon plus surprenante le maintien des désignations pour des raisons économiques totalement folkloriques dans le domaine de la prévoyance. Cette revendication classique des défenseurs de la branche professionnelle vise à préserver le matelas de provisions là où il se trouve aujourd’hui. Il est assez curieux de voir que les arguments qui prétendaient justifier les désignations en santé ont été ici repris mot pour mot pour justifier les désignations dans la prévoyance.

On voit mal comment ils pourraient résister au Conseil Constitutionnel.

Les conventions collectives de sécurité sociale, nouveau barbarisme

Le rapport Libault innove en outre en proposant la création de « conventions collectives de sécurité sociale ». Ce mécanisme compliqué viserait à permettre une désignation pour les branches prévoyant des mécanismes de solidarité portant sur plus de 10 % des cotisations. On voit bien ici la manœuvre consistant à demander aux entreprises et aux salariés de financer des mesures qui ne bénéficieraient in fine qu’à certains d’entre eux.

Une reprise dans le PLFSS

Selon nos informations, ces dispositions devraient être reprises dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale présenté aujourd’hui. Là encore, la méthode risque de susciter pas mal de remous.

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  • et comme d’habitude les retraités (certains) vont devoir mettre la main a la poche !
    une mutuelle a titre individuelle est elle déductible des revenus …. toujours pas , le retraité est toujours une vache a lait !

  • Scandaleux en effet. Mais que pouvait on attendre d’autre d’un notable de la sécurité sociale? L’idee même que la libre concurrence puisse avoir des avantages ne l’effleure pas…

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